En grec, le terme précis pour désigner l’Ambre est « élektron » ce qui donna un peu plus tard le mot « électricité » dans la langue française. Vous vous demandez certainement le lien entre l’électricité et le minerai. En poursuivant votre lecture, tout sera éclairé et vous comprendrez complètement. On estime que la résine naturelle était déjà utilisé à la Préhistoire. On connaît son utilisation pour la décoration et la bijouterie, mais on ignorait jusqu’à récemment qu’il était considéré comme une matière première comme les céréales. Des fragments ont été retrouvés dans des grottes qui étaient autrefois occupées par des tribus préhistoriques. On en trouve notamment dans les grottes d’Altamira, Magdalédiennes et d’Isturitz. Ces simples objets et fragments ont aujourd’hui une valeur inestimable. D’ailleurs, si vous avez la chance de visiter un musée qui s’intéresse à la Préhistoire, il y a de grandes chances pour que vous en rencontriez. Dès le VIème siècle avant J.-C., les Celtes ont fait preuve d’une grande originalité dans l’utilisation qu’ils en ont fait de la pierre Succin. Cette dernière était taillée sous la forme de perles.
La pierre a été incitée les civilisations à communiquer entre elles pour l’échanger et la commercialiser. Ainsi, pendant plusieurs siècles, et ce dès l’Antiquité, une route a été créée pour permettre l’acheminement d’un point à un autre. La Mer Baltique, où était exploitée massivement la résine, reliait directement la Mer Méditerranée pour desservir la France, l’Espagne, l’Italie ou encore la Grèce. La dynastie des Hans en Chine connaissait et utilisait déjà ce minerai deux siècles avant le début de notre ère. Évidemment, comme souvent, les Chinois y ont vu une opportunité médicale. Des bijoux ont été crées avec la pierre Succin pour pouvoir profiter de ses bienfaits en lithothérapie. On lui prêtait notamment le fait de pouvoir apporter la jeunesse éternelle à celui qui l’affectionne. Ce lien a été rapidement établit : dedans, on y trouve des fossiles d’insectes et de végétaux qui pouvaient être visibles à l’œil nu. En Asie, les hommes portaient un anneau avec un Succin accroché dessus pour garder confiance en eux notamment pendant les combats. On racontait alors qu’ils pouvaient conservés leur virilité. De même, les femmes pouvaient posséder une telle pierre taillée en petits animaux pour booster leur fécondité. Si la femme portait un bracelet avec cette pierre et attrapait des rougeurs, on racontait alors qu’elle était infidèle. À l’époque, l’infidélité de la femme pouvait être passible de la peine de mort et d’un bannissement à vie de la dynastie. Les Scandinaves y voient plutôt les larmes pétrifiées des Dieux à la suite des échecs guerriers ou d’une déception. Ils portaient alors un talisman avec un minerai au bout pour se protéger des difficultés de la vie qu’importe le domaine. Selon de nombreux écrits grecs, des grands auteurs comme Pline l’Ancien, Aristote, Homère et Ovide ont étudié la résine qui forme la pierre Succin. La pierre serait plutôt créée à partir d’une résine de peupliers et de pins. Les Égyptiens ont évidemment voulu se procurer quelques spécimens en utilisant la célèbre route mise en place pour le commerce de cette pierre.
Les légendes qui entourent le succin
En finnois, le Succin est surnommé « pierre de mer » puisqu’il se trouve près de l’eau salée de la mer. Pour les Baltes, la résine est associée à la déesse Juraté qui a été la fiancée du Dieu des Eaux. Selon les légendes, le couple vivait dans un palais entièrement fait de ce minerai au fin fond de la mer. Toutefois, un jour, Juraté, lassée de son époux, a décidé de prendre un amant qui était un humain. Elle l’a kidnappé pour l’enfermer sous l’eau. Son mari, fou de rage, a décidé d’enfermer sa femme dans le palais et de le détruire. Par la même occasion, il a tué cet amant. Juraté entra dans un chagrin immense. De ses larmes, des Succins en sont sortis. Dans la mythologie grecque, Hélios a donné l’autorisation à son fils de conduire le fameux char solaire. Cependant, ce dernier perd le contrôle. Le char s’est renversé avec toutes les récoltes perdues. Déméter, déesse de la terre, a été furieuse. Zeus a immédiatement été mis au courant et a foudroyé le fils d’Hélios. Toutes les divinités ont été affreusement tristes. Les Héliades ont pleuré pendant de longs jours jusqu’à ce que les Dieux de l’Olympe les transforment en peupliers. Ainsi, en pleurant, elles dégagèrent de la résine qui s’est transformée en pierre. Pour Sophocle, les sœurs de Méléagre ont été changées en oiseaux. Elles se sont mises à pleurer et des pierres en sont sorties. Les pêcheurs baltes ont ensuite pu les récupérer dans la mer.
En Chine, le Succin représente l’âme d’un tigre mort. Ainsi, si vous le portez, vous vous donnez du courage et de la force. Les Baltes et les Prusses se sont successivement attribués la pierre. Les fameuses « lois du Succin » étaient très strictes et pouvaient vous conduire directement sur le bûcher si vous les entraviez. Les contrebandiers étaient sévèrement punis par un bourreau qui s’occupait de cela à temps plein. Pendant longtemps, il fallait négocier à Kônigsberg pour se procurer un spécimen naturel. On raconte que 90 % des réserves naturelles sont issues des exploitations souterraines. On l’extrait généralement de l’argile. On trouve en moyenne 2 kilogrammes par mètre cube d’argile. Chaque année, on peut donc espérer récolter 500 tonnes. Toutefois, seules 20 % pourront être utilisées en joaillerie. Le reste partira dans le secteur de l’industrie chimique. Plusieurs méthodes sont envisageables pour l’extraire, mais comme en Lituanie, on utilise le plus souvent l’exploitation par carrières.
Le Succin que l’on appelle « Saint-Domingue » est originaire de la République dominicaine. Lors de son deuxième voyage vers les Indes orientales, Christophe Colomb l’a trouvé et a eu un véritable coup de cœur pour lui. On le trouve principalement à l’Est de l’île à des altitudes qui peuvent atteindre les 1 000 mètres et sur des terrains argileux difficiles d’accès. Si vous connaissez un peu l’île, vous reconnaîtrez certainement la cordillère El Seibo à travers cette description. L’exploitation se fait uniquement à la main à cause d’un manque de technologie et de conditions difficiles. En République dominicaine, les pluies sont torrentielles ce qui n’arrange rien. De même, il est important de ne pas déranger la faune et la flore qui y vivent. C’est certainement ces éléments qui font de la variété Saint-Domingue la plus belle. Elle est extrêmement rare et rien qu’en la tenant dans nos mains, nous savons que notre Succin a une grande valeur.
Avant la fin des années 1970, il fallait passer par des négociants d’Idar-Oberstein pour avoir une chance de se procurer une telle pierre Succin. Elle devait impérativement être achetée sous la forme d’une pierre brute. Toutefois, ces négociants avaient également la fâcheuse tendance de la mélanger avec celle qui vient de la Baltique. Désormais, la forme brute ne peut plus sortir du territoire dominicain sous la forme brute. Le minerai doit impérativement être travaillé. Ainsi, l’île a pu se dégager des négociants et a trouvé une identité commerciale qui lui est propre.