Histoire de la pierre staurolite
Jean-Claude Delamétherie, minéralogue français, a décrit cette pierre pour la première fois en 1792 et lui a donné le nom de Staurolite, du grec σταυρός stauros (« pieu pour le supplice »). Ce terme vient lui-même de la racine indo-européenne sta (« être debout »). Ce premier choix de nom a été gardé, même si René Just Haüy, un autre minéralogue, avait essayé de la rebaptiser Staurotide. Il arrive cependant encore de trouver les deux appellations pour cette pierre, ainsi que celles de “staurolithe” et “croisettes de Bretagne”. Elle a depuis toujours fasciné les hommes en raison de sa structure géométrique parfaite, parfois en croix, qui en fait un des éléments les plus surprenants du règne minéral. On peut trouver ces pierres vers Coray et Baud, deux gisements parmi les plus importants au niveau mondial.
On est tenté de se demander d’où viennent ces roches étranges qu’on trouve dans les champs et les rivières des Montagnes sombres. Il serait cependant bien malavisé de labourer les cultures des paysans pour aller les trouver. Cela risquerait de ne pas leur plaire ! Le Massif armoricain, lors de sa formation (il y a des millions d’années), a fait naître de nombreuses merveilles géologiques. Parmi ces curiosités se trouvent les Staurolites. Bien que la pierre soit trouvée principalement autour de Coray et Baud, la région de Scaër offre également quelques spécimens. Ces pierres ne se trouvent pas toujours sous les mêmes formes ni sous les mêmes dimensions, se présentant parfois en une macle penchée à 60° et parfois en crucifix de Saint André dont les angles sont compris entre 60 et 120°. On peut parfois les voir en macles en trois parties, penchés à 60°, mais c’est bien plus rare. Nous faisons ici référence au terme géologique de “macle” qui décrit un groupement de plus d’un cristal de même nature (voire de même longueur), ou “individus”, reliés l’un à l’autre de façon symétrique. Un cristal simple, à l’inverse, s’appelle un “tombeau”. Emmanuel Fritsch, géoloque français, explique au sujet de la Staurolite est un minéral étonnant dans le contexte de l’étude des cristaux, ses cristaux présentant très peu souvent de belles faces parfaites et lisses recherchées par les cristallographes. Sa morphologie offrant une difficulté particulière à la description, on l’a crue orthorhombique pendant longtemps, alors qu’elle est monoclinique. Il est bon d’ajouter à cette description que la couleur des Staurolithes change selon les gisements. Dans le gisement de Coray, les Staurolithes sont principalement brun foncé alors que dans le cas de celui de Baud, ces pierres ont plutôt une couleur brun rouge. Il est possible de repérer ces distinctions en comparant deux pierres venant de deux gisements différents, ou même à l’aide d’une simple photo.