L’époque gréco-romaine
Sur le site de Bahariya, des archéologues égyptiens découvrent récemment dans un cimetière ancien une momie de l’époque gréco-romaine. Elle est trouvée dans un sarcophage, constitué de gypsite elle-même, et également entouré de masques composés d’un mélange de gypsite et de stuc. A l’époque gréco-romaine on utilisait en effet la pierre Gypse pour en confectionner des masques mortuaires et funéraires. A cette époque, on se sert déjà de la pierre à plâtre en construction : crépis, scellements, enduits, parements et moulages sont réalisés en gypsite.
L’art byzantin
L’art byzantin se développe en suivant les traces de l’art romain sur lesquelles il s’appuie. L’art Romain avait lui-même évolué en se basant sur l’art grec par lequel il avait été profondément influencé. Et la pierre Gypse a suivi durant toutes ces évolutions et progressions. Elle n’a pas été abandonnée au cours de ce cheminement long, ni au cours des évolutions suivantes puisqu’elle a encore la part belle dans le bâtiment aujourd’hui. On retrouve donc la gypsite dans l’art byzantin et ce pendant près de 10 siècles. L’art Byzantin utilise la pierre à plâtre dans des décors de plâtre et de stuc. Ces décors portent le nom de « Djiss » dont on trouve de beaux exemples représentatifs avec le grand palais de l’Alhambra de Grenade en Espagne, avec également Zahra cet autre palais espagnol et avec la mosquée d’Echbatane, en Iran. On parle de « Gypserie » quand on désigne ces œuvres d’art confectionnées à partir de la gypsite. On trouve aujourd’hui des vestiges de plâtre en perse, en Mésopotamie, en Iran.
La pierre gypse ou le plâtre à travers l’histoire de France
En France, on trouve en région parisienne et dans le Sud, des preuves de l’utilisation de la pierre Gypse depuis la période du Moyen-Age tardif. La pierre à plâtre, appelée « Or blanc », est utilisée en grande proportion dans l’architecture parisienne (sur la Butte de Montmartre notamment où l’on trouve beaucoup de fours à chaux et où il y a eu une carrière de gypsite, fournissant les trois quarts des demandes de plâtres de Paris au XIXème siècle). On en fabrique des scellements, des carreaux, des colonnes, des décors, des moulures à partir du 1er siècle. Le torchis qui était utilisé jusqu’au Moyen-Age est remplacé par le plâtre. Il s’en différencie car il apporte sa contribution de réel matériau de maçonnerie. On en réalise des enduits sur les murs avec l’adjonction de chaux. On en fabrique aussi des plafonds, avec des structures de bois.
A la fin du 13ème siècle on compte presque une vingtaine de carrières de pierre à plâtre dans la région parisienne seule. Ces carrières en sus de l’extraction assurent la fabrication du plâtre, son transport et son commerce. Des plaques de rues ou places d’aujourd’hui doivent leur nom de « blanche » à la pierre Gypse. Dès le XVIème siècle, on utilise le plâtre dans l’architecture des maisons ainsi que leurs décors. A la fin du 17ème siècle, suite à un incendie on recommande et répand l’usage du plâtre comme matériau anti-feu pour les maisons constituées pour grande partie d’éléments de bois. On réalise les enduits extérieurs avec du plâtre et de la chaux dans les maisons du Sud de la France. Au début du 13ème siècle, la langue française fait apparaître les mots « gif », « gist » et « gip » qui nomment le plâtre et la gypsite.
Au Moyen-Age, le latin fait évoluer le nom vers « gips », qui deviendra « Gypse » en français. Nota :en anglais, on nomme toujours cette pierre gypsum, comme à ses origines. L’adjectif ne verra lui le jour qu’à la fin du 16ème siècle : « Gypseux ». La pierre à plâtre a été longtemps appelée pierre de Lune par les artisans du plâtre, car la transparence de certaines variétés de gypsite représentait pour eux l’image de la Lune, du minéral constituant la Lune. Cette appellation semble provenir de l’époque gréco-romaine. En effet, le mot grec utilisé pour désigner la Lune – Séléné- était une autre appellation de la Gypse. Le terme de sélénite pour désigner le gypse, issu du grec « selenites » est utilisé pour parler des minéraux, roches et formations à base de sulfate de calcium. L’anhydrite par exemple. Ensuite ce terme de Gypse délaisse tout type de formations de roches de sulfate de calcium pour ne désigner que la forme cristalline de pierre à plâtre. Dans son utilisation pour les ouvrages de construction, on a distingué déjà très tôt la pierre Gypseuse du plâtre cru, du plâtre vif et du plâtre à raviver et surtout du plâtre mort, plâtre qui n’a aucun pouvoir de prise. Il était en effet nécessaire de considérer les différentes espèces de pierre de gypsite pour un résultat concluant. A la fin du 18ème siècle, les chimistes qui étudiaient en France le plâtre de Paris et son comportement, désigneront officiellement le plâtre comme « hémihydrate » et le Gypse comme « dihydrate de sulfate de calcium ».