En Europe occidentale, les mineurs médiévaux en quête de filons de minerais chalcophile, cuivreux, plombifère, cobaltifère ou argentifère, connaissaient parfaitement ce corps simple et ses composés les plus courants (ainsi que le soufre et l’oxygène), même s’ils ne les décrivaient pas dans leur pratique. Dans ces environnements miniers fréquemment confinés sous la terre, ce corps simple était souvent présent dans son état natif. La distinction était faite avec l’antimoine naturel qui semblait avoir été fréquemment confondu avec celui-ci au cours de l’antiquité, si bien qu’il aurait porté son nom dans sa souche inspirée de l’arabe. Aujourd’hui, sa réduction dans l’air est un domaine que les spécialistes des mines maîtrisent. Et depuis lors, il est utilisé dans la fabrication d’alliages. Il existe 35 isotopes connus de ce minerai dont la masse atomique varie de 184 à 218 u. Cependant, un seul isotope peut être réellement trouvé dans la nature (le bismuth-209), ce qui en fait une substance mononucléaire. Cet isotope a longtemps été considéré comme étant stable, et donc comme le plus lourd de tous les isotopes stables, faisant de lui le dernier maillon de la chaîne de désintégration du neptunium -237 (ou plutonium -241). En fait, une démonstration a été réalisée à l’Institut d’Astrophysique spatiale d’Orsay en 2003 montrant que cette substance était radioactive et avait une demi-vie remarquable de 19 × 1018 ans. Cela représente plus d’un milliard de fois l’âge de l’univers.
Son instabilité avait cependant été théoriquement prédite. Il se désintègre par une réaction α de 3,14 MeV d’énergie qui donne du thallium 205 stable. Cette découverte est scientifiquement pertinente, car elle confirme les hypothèses théoriques. Ainsi, du plomb-82 est la substance la plus lourde qui présente au moins un isotope stable. Sa production semi-industrielle a commencé dans les années 1860. Elle était produite à base de minerais sulfurés (principalement de la bismuthinite) et à défaut, avec les oxydes de minerais associés. De nos jours, elle a cessé de faire l’objet d’une production spécifique. En effet, il est depuis plus d’un siècle un coproduit de l’affinage du plomb-82, et dans une moindre mesure, du cuivre, de l’argent, de l’étain-50, de l’or et surtout du tungstène. Au cours des années 1990, trois pays (Bolivie, Mexique, Pérou) étaient les principaux producteurs de minerai, mais le Canada et le Japon — et dans une moindre mesure, la France, l’Allemagne et l’Espagne — étaient des acteurs industriels pour sa production (près de 10 000 tonnes/an dans le monde). Dans ces années 1990, les premiers pays ne disposaient pas tous des installations nécessaires au traitement des minerais, à savoir un enrichissement par flottation, une torréfaction des sulfures, la carbonisation et une fusion oxydative de la pierre bismuth.
En plus de la fusion par zone thermique, il est possible d’obtenir une version métallique raffinée, pure à plus de 99 pourcent en masse, par une électrolyse à sec. Les mines de Tasna en Bolivie et de Shizhuyuan en Chine seraient en 2010 les seuls sites d’extraction à produire principalement ce matériau. En 2010, la Chine était le plus gros producteur mondial et la récupération se faisait principalement par la flottation des minerais de wolframite — et non par fusion.
Sa présence dans l’environnement
Ce métal rare (le 73e des constituants en abondance dans la croûte terrestre) ne se trouve naturellement que dans une très faible partie de l’environnement. Étant donné qu’il est peu soluble, son mouvement est supposé faible, bien que certaines formes en soient volatiles. Quant à son cycle biogéochimique, il est très peu connu. Ne constituant pas un matériau recherché dans les études environnementales courantes de l’eau, de l’air, des sols ou des produits alimentaires, sa mobilité dans l’environnement est encore mal connue.
Dans l’air
Sa concentration est inférieure à 1 µ g/m3 dans l’air rural. Celle-ci est principalement issue des pluviolests et des émissions des volcans et (dans une bien moindre mesure) de l’érosion des sols. En outre, depuis quelques décennies, les sources anthropiques (industrie, combustion, etc.) se sont multipliées.
Dans les sols
Il se retrouve dans la croûte terrestre à une moyenne de 0,048μg/g, et dans les sols non pollués à une moyenne de 0,2μg/g (selon Bowen, 1979). Une autre source est celle des fongicides le renfermant, qui sont directement en contact avec les cultures vivrières, et de certains engrais naturellement qui en sont enrichis (engrais synthétiques ou naturels). Il faut toutefois noter que, selon Senesi & als, cette source demeurait négligeable en 1979 par rapport à celle de la géochimie de fond.
Dans l’eau
Sa présence est très faible) dans l’eau de consommation, qui fournit néanmoins 5 à 20 µg/jour).
Dans les plantes
On ne le trouve qu’à très faible dose dans les plantes — souvent à la limite de détection (< 0,06 μg/g) — même dans les plantes poussant sur un terrain contaminé. Cette teneur dans les plantes peut cependant augmenter de manière significative à proximité des sites miniers. Selon Li et Thornton, ce taux se situait en 1993 entre 0,01 et 0,18 μg/g en particulier et montrait que celui-ci était principalement concentré dans les feuilles — et non dans les fruits ou les graines — et que les coefficients de transfert des racines étaient très bas (10-5 à 10-4). Le plus souvent, les sols ont une teneur si faible que cette dernière dépasse rarement le seuil de phyto toxicité (entre 1 et 100 ppm, selon Senesi en 1979).