La toxicologie et l’écotoxicologie du tungstène
Les munitions utilisées lors de la guerre du Golfe et celle des Balkans contenaient de l’uranium appauvri. Cela a suscité beaucoup de discussions. Leurs conséquences toxicologiques et écotoxicologiques ont été mises en doute. Les alliages de tungstène (HMTA) étaient présentés comme alternatives « non toxiques » à l’uranium.
Les microparticules de HMTA contiennent 91,1 % de tungstène, 6 % de cobalt et 2,9 % de nickel. L’injection de ces microparticules chez des rats a rapidement provoqué le développement de cancers. Cependant, les mécanismes cellulaires et moléculaires en cause sont encore incompris. Ces expériences de laboratoire ont montré que ces cancers agressifs sont au stade métastatique. Les militaires, et même des civils lors des guerres, sont susceptibles d’inhaler du HMTA émis par l’impact des balles.
Le WNiCo contient 92 % de tungstène, 5 % de nickel et 3 % de cobalt. Le WNiFe se compose de 92 % de tungstène, 5 % de nickel et 3 % de fer. Une expérience a instillé par voie intratrachéale une substance qui a exposé une toxicité pulmonaire chez des rats. C’était un mélange homologue de poudres métalliques de WNiCo, de WNiFe, de métaux purs ou d’une solution saline. Cette toxicité a été évaluée à partir du fluide de lavage bronchoalvéolaire 24 h après instillation. Plusieurs paramètres ont été étudiés :
- l’analyse cytologique ;
- l’activité du lactate déshydrogénase ;
- la teneur en albumine ;
- le taux de cytokine inflammatoire.
Ces produits ont entraîné une inflammation pulmonaire. Ils ont notamment induit l’expression de marqueurs de stress oxydatif et métabolique, avec production de radicaux libres toxiques et lésions pulmonaires. Pour rechercher la cause de cluster de leucémies infantiles aux États-Unis, une étude a utilisé la dendrochimie. Elle consiste à mesurer les métaux et les métalloïdes dans les cernes des arbres durant leur croissance. Elle a ainsi été réalisée à Fallon, Sierra Vista et Elk Grove. Cette étude vise notamment à déterminer l’exposition anormale des enfants ou de leurs parents à un métal ou métalloïde. Cela a montré une élévation du taux de tungstène au fur et à mesure des années. Une étude sur des tissus humains a montré cette anomalie. Cette étude a été entreprise par les Centers for Disease Control and Prevention à Fallon. Dans la même ville, une étude de l’United States Geological Survey l’a aussi montré dans l’eau potable. À Sierra Vista, l’air extérieur contenait un taux élevé de tungstène. Beaucoup d’études ont révélé au moins un lien possible entre le tungstène et la leucémie.