Historique de la découverte du phosphore
L’alchimiste allemand Hennig Brandt a découvert le phosphore grâce à l’urine en 1669. Initialement, il était à la recherche de la pierre philosophale qui aurait la propriété de modifier certains métaux imparfaits en métaux précieux (en or ou en argent). Il a donc distillé dans une urine humaine ces métaux défectueux et il a obtenu quelques résidus solides. Dans ces résidus, des petits cristaux blancs apparaissent et brillent dans l’obscurité. Ils sont aussi brûlants lorsqu’ils émettent une lumière aveuglante. Le phosphore fut identifié à ce moment-là. Mais à cette époque, il n’a pas encore été reconnu comme étant un élément chimique qui constitue la classification périodique.
Ensuite, Brandt a envoyé une petite quantité de ce qu’il a découvert au chimiste allemand Johann Kunckel. Il s’agit d’un chercheur renommé qui travaillait à la cour du prince John George II de Saxe. Cependant, Brandt ne lui a pas révélé comment il a créé ces petits cristaux. À son tour, Kunckel les a montrés à son ami Kraft de Dresde. Celui-ci a été fasciné par ce spécimen. Il se rend alors à Hambourg où il a acheté le secret de la fabrication du phosphore à Brandt. Ce dernier, dans le besoin, lui a remis la formule en échange de l’équivalent de deux cent vingt-cinq euros. Toutefois, il a accepté cet échange à condition que Kraft de Dresde ne révèle à personne la formule.
Même s’il était l’ami de Kunckel, Kraft de Dresde ne lui a pas communiqué le secret de la fabrication du phosphore. Ainsi, Kunckel a essayé de trouver par lui-même l’élaboration du phosphore en menant plusieurs expériences. En 1674, il réussit à découvrir la formule.
Après cette découverte, plusieurs chimistes ont, à leur tour fait, des recherches sur cet élément à partir des résidus biologiques tels que les os et les urines. Diverses formules de préparation du phosphore ont été proposées. Néanmoins, à cette époque-là, le phosphore ne se trouvait que dans les laboratoires de certains chimistes ou dans les cabinets des personnes riches qui étaient des collectionneurs de nouveautés.
Ces chimistes ont donné différents noms du phosphore lors de sa découverte :
- Phosphorus fulgurans ;
- Lumen conflans ;
- Noctiluca aërea ;
- Lumière condensée ;
- Phosphorus igneus ;
- Phosphorus pyropus.
Ces noms sont inspirés par le fait que l’élément produit une forte lumière lorsqu’il est exposé à l’air libre.
Faire connaître au grand public le phosphore
En 1769, le minéralogiste suédois Johan Gottlieb Gahn a découvert la présence du phosphore dans des os calcinés et décomposés par l’acide sulfurique. Il a ensuite réussi à en récupérer une quantité importante par le biais d’os de moutons et de bœufs. Sa démarche se résume à brûler les os dans le but de les fragiliser. Puis, il les a mélangés avec du carbonate de calcium (CaCO3), de sels et de l’acide sulfurique. Après une réaction de ce mélange, il les a lavés et séchés avec du charbon. Il a ensuite chauffé le tout dans une cornue couverte d’eau. Il a également remarqué que le mélange de phosphore et d’hydrogène produit un gaz inflammable.
Cette expérience explique la présence des feux-follets dans les marais lorsque les matières riches en phosphore se décomposent. Elle démontre également l’origine de la lumière émise par certaines matières organiques dans les endroits sombres, à savoir :
- la substance cérébrale ou le foie de certains animaux ;
- la laitance et les œufs de poissons ;
- la chair de certaines huîtres ;
- les squelettes frais de poissons.
C’est également grâce à la présence du phosphore que certains organismes marins sont phosphorescents. Johan Gottlieb Gahn a publié cette découverte avec le chimiste suédois-allemand Carl Wilhelm Scheele.
C’est en 1803 que l’Anglais John Dalton a démontré que le phosphore est composé de plusieurs atomes. Cependant, c’est le travail de Lavoisier qui a fait connaître l’atome du phosphore et des autres éléments chimiques.
En 1867, une autre création du phosphore a été élaborée par les chimistes M. Boblique et E. Aubertin. Elle consiste à extraire le phosphore en chauffant les rochers entre 1 400 et 1 500 °C avec du sable et du coke. Ils obtiennent par la suite du phosphore blanc P4 qui a comme réaction :
2 Ca3(PO4)2 + 6 SiO2 + 10 C → 6 CaSiO3 + 10 CO + P4
Dans la pratique, habituellement, le minerai est une phosphorite avec une formule de :
3 Ca3(PO4)2, Ca(OH,F,Cl)2
Toutefois, l’hydroxyapatite représente le minerai le plus courant dont la réaction est :
3 Ca3(PO4)2, Ca(OH)2 + 10 SiO2 + 25 C → 10 CaSiO3 + 25 CO + H2 + 1,5 P4
Dans le cas où le minerai renfermerait du fluorapatite, sa réaction est la suivante :
3 Ca3(PO4)2, CaF2 + 9 SiO2 + 24 C → 9 CaSiO3 + CaF2 + 24 CO + 1,5 P4
En procédant ainsi, l’obtention d’une grande quantité de phosphore à un meilleur prix est envisageable.
En 1888, J.B. Readman a amélioré la formule initiale de l’élaboration du phosphore réalisée par M. Boblique et E. Aubertin en utilisant un four électrique. Grâce à cette technique, il a réussi à obtenir une tonne de phosphore blanc. Cependant, cela a dépensé 15 MWh d’énergie.
Tous ces travaux ont pu faciliter l’étude des propriétés du phosphore.
Les chimistes célèbres travaillant sur la combinaison du phosphore avec d’autres éléments
Par ailleurs, les chimistes les plus marquants qui ont fait des travaux d’association du phosphore avec d’autres éléments sont :
- En 1772, Lavoisier dépose à l’Académie Royale des Sciences ses idées sur le phosphore. Il s’agit de la combinaison du phosphore avec l’oxygène qui donnera par la suite ce qu’on appelle un oxyde.
- En 1795, Pelletier, à son tour, a soumis ses recherches à l’Académie Royale des Sciences. Il a présenté la réaction de la combinaison du phosphore avec d’autres métaux et la préparation des acides phosphoriques et phosphoreux.
- Entre 1813 et 1817, M. Dulong et M. Davy ont travaillé sur les acides phosphoriques.
- En 1843, M. Berzelius a fait des recherches sur la combinaison du soufre avec le phosphore.