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Iode

element-chimique-53-iode

Caractéristiques du iode

  • Symbole : I
  • Masse atomique : 126,904 47 ± 0,000 03 u
  • NumĂ©ro CAS : 14362-44-8(Ă©lĂ©ment) 7553-56-2 (diiode)
  • Configuration Ă©lectronique : [Kr] 4d10 5s2 5p5
  • NumĂ©ro atomique : 53
  • Groupe : 17
  • Bloc : Bloc p
  • Famille d’Ă©lĂ©ments : HalogĂšne
  • ÉlectronĂ©gativitĂ© : 2,66
  • Point de fusion : 113,7 °C

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L’iode, Ă©lĂ©ment atomique n°53 de symbole I : ses caractĂ©ristiques, ses propriĂ©tĂ©s physiques et chimiques et ses isotopes et ses utilisations.

Les sources principales d’iode sont les ocĂ©ans. Cet Ă©lĂ©ment constitue un nutriment indispensable au bon fonctionnement du corps humain, Ă  l’instar du magnĂ©sium ou de la vitamine D. On l’utilise Ă©galement dans l’industrie pour la fabrication de lampes et d’acide acĂ©tique. Son usage s’étend aussi Ă  la mĂ©decine et au domaine hospitalier. Certaines caractĂ©ristiques de l’iode le rendent, malgrĂ© cela, nocif. Il est alors important de bien le connaĂźtre avant de s’en servir. Voici tout ce qu’il faut savoir dessus.

CaractĂ©ristiques de l’iode

Cet Ă©lĂ©ment chimique porte le numĂ©ro atomique 53. Son symbole est « I ». Il fait partie de la famille des halogĂšnes. À cet effet, il se prĂ©sente aussi sous forme diatomique (diiode) en tant que solide gris mĂ©tallique avec des vapeurs violettes.

L’iode est relativement rare dans le milieu naturel. Il se place d’ailleurs 47e quant Ă  son abondance sur l’écorce terrestre.

Gay-Lussac est celui qui a donnĂ© un nom Ă  la substance. Cela s’est fait aprĂšs l’avoir dĂ©couvert par le biais d’algues destinĂ©es Ă  la production de salpĂȘtre durant les guerres napolĂ©oniennes.

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L’iode est aussi l’oligoĂ©lĂ©ment le plus lourd se trouvant dans la majoritĂ© des formes de vie sur Terre. Le tungstĂšne est le seul Ă©lĂ©ment avec une masse supĂ©rieure, servant de cofacteur par certaines bactĂ©ries.

En plus de possĂ©der une faible toxicitĂ©, il se lie facilement aux composĂ©s organiques. Il dispose Ă©galement d’une masse atomique Ă©levĂ©e. Tout cela en fait un agent de contraste trĂšs utilisĂ© en radiographie.

Chez l’Homme et l’animal, l’excĂšs et la carence en iode provoquent des pathologies sĂ©vĂšres. Ainsi, une personne en manque de cet Ă©lĂ©ment voit sa croissance inhibĂ©e et prĂ©sente des nodules de la thyroĂŻde. Une carence grave peut d’ailleurs entraĂźner des dĂ©sordres mentaux, incluant principalement le crĂ©tinisme.

L’I est Ă©galement un des composants des hormones thyroĂŻdiennes synthĂ©tisĂ©es par la glande thyroĂŻde. Les radio-isotopes de l’élĂ©ment peuvent aussi provoquer un cancer de cette derniĂšre. En raison de sa radioactivitĂ© ÎČ, il s’agit de l’un des produits de fission nuclĂ©aire les plus cancĂ©rogĂšnes. Les comprimĂ©s faits avec l’élĂ©ment servent Ă  saturer la thyroĂŻde face Ă  une contamination Ă  l’iode due Ă  un accident nuclĂ©aire. Il faut notamment les prendre rapidement aprĂšs l’évĂ©nement.

Certaines molĂ©cules (toxiques) peuvent freiner ou bloquer l’entrĂ©e de l’I dans la thyroĂŻde. Il s’agit principalement des nitrates, des perchlorates et des thiocyanates qui sont connus pour ĂȘtre « goitrigĂšnes ».

Histoire de l’iode

Le chimiste et fabricant de salpĂȘtre Bernard Courtois est celui qui a dĂ©couvert cet Ă©lĂ©ment en 1811. Cela s’est fait Ă  partir de cendres d’algues marines.

On a longtemps suspectĂ© que la substance constitue un Ă©lĂ©ment chimique. NĂ©anmoins, seules les conclusions de Gay Lussac et de Davy ont pu affirmer l’hypothĂšse. Ceux-ci ont quasi simultanĂ©ment trouvĂ© le nouvel Ă©lĂ©ment. Suite Ă  cela, Gay Lussac, dans une publication du 1er aoĂ»t 1814, nomme la trouvaille « iode ». Cela est issu du grec Â«â€‰áŒ°ÎżÎ”ÎčÎŽÎźÏ‚â€‰Â» ou « ioeidᾗs » qui veut dire « de couleur violette ». La raison en est la couleur de la vapeur dĂ©gagĂ©e par l’élĂ©ment lorsqu’il est chauffĂ©.

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PropriĂ©tĂ©s physiques et chimiques de l’élĂ©ment

Cet halogĂšne est peu soluble dans l’eau. En revanche, ses sels (iodures et iodates) le sont. Par ailleurs, la concentration d’I est plus Ă©levĂ©e dans l’eau de mer que dans les roches. On compte notamment 50 contre 40 ppb.

Cet Ă©lĂ©ment adopte une multitude d’états d’oxydation. Il s’agit des suivants : -1, +1, +3, +5 et +7. Le premier est le plus significatif. Il s’agit de l’état d’oxydation de l’ion iodure I se trouvant dans les sels d’iode et dans les composĂ©s organo-iodĂ©s.

Parmi les minéraux contenant cet élément, on a le nitronatrite. Celui-ci se trouve majoritairement dans certaines roches sédimentaires telles que le caliche du Chili.

Des variĂ©tĂ©s de grandes algues (kelp) sont Ă©galement riches en I. Leur teneur en cet Ă©lĂ©ment va de 0,03 % Ă  5 % de leur poids sec. Cela correspond entre 1 000 et 150 000 fois la concentration de l’I dans l’eau de mer. Ces algues ont un effet Ă©quipement enzymatique, de type haloperoxidase, qui garantit premiĂšrement la capture des iodures de l’eau de mer. Ceux-ci s’accumulent notamment sur la paroi cellulaire exposĂ©e aux stress biotiques et abiotiques. DeuxiĂšmement, on a la biosynthĂšse de composĂ©s volatils iodĂ©s. Il s’agit du phĂ©nomĂšne d’iodovolatilisation engendrant la condensation de l’eau, des nuages et de l’air iodĂ©. Cela constitue une stratĂ©gie que les algues dĂ©veloppent afin de se protĂ©ger de ces stress. Les bactĂ©ries du sol jouent Ă©galement un rĂŽle dans le cycle biogĂ©ochimique de l’élĂ©ment en forĂȘt.

Le diiode

Le diiode est un solide gris-noir aux Ă©clats mĂ©talliques violets dans les conditions normales de tempĂ©rature et de pression, il se prĂ©sente avec des molĂ©cules homonuclĂ©aires. Une fois Ă  tempĂ©rature ambiante, il sublime progressivement. À 113,7 °C, il fond. Il bout Ă  184,3 °C et produit un gaz violet extrĂȘmement irritant.

Le diiode commercialisĂ© prĂ©sente souvent beaucoup d’impuretĂ©s. Heureusement, il est possible d’éliminer ces derniĂšres par sublimation. Il est aussi possible de le prĂ©parer sous forme ultra-pure en faisant rĂ©agir de l’iodure de potassium (KI) avec du sulfate de cuivre (CuSO4). On obtient alors de l’iodure de cuivre (II) (CuI2), qui va se dĂ©composer en iodure de cuivre (I) (CuI) et en diiode (I2). Les rĂ©actions sont les suivantes :

Cu2+ + 2I → CuI2,

2CuI2 → 2CuI + I2.

Il est aussi possible de recourir Ă  d’autres mĂ©thodes pour isoler l’iode en laboratoire. Cela se fait par oxydation de l’ion iodure (I) en iodure d’hydrogĂšne (HI) avec du dioxyde de manganĂšse (MnO2).

L’iodure et les polyiodures

L’ion iodure (I) rĂ©agit rĂ©versiblement avec le diiode (I2) pour former l’ion triiodure (I3-). En gĂ©nĂ©ral, on peut trouver des ions polyiodure de forme Inm- tels que les ions I5- ou I82-. Cela constitue une des principales propriĂ©tĂ©s de l’iode.

L’oxydorĂ©duction de l’iode

Sous l’effet de l’oxygĂšne de l’atmosphĂšre, les iodures s’oxydent lentement en libĂ©rant du diiode. VoilĂ  pourquoi on obtient progressivement une teinte jaune lors du vieillissement des sels d’iodure et des composĂ©s organoiodĂ©s. Cela provoque Ă©galement l’appauvrissement en I des sels iodĂ©s exposĂ©s Ă  l’air libre. Certains sels sont enrichis en I avec des ions (IO3-) et en iodure (I) afin d’éviter cette rĂ©duction de l’iode avec le temps.

Cet Ă©lĂ©ment s’oxyde et se rĂ©duit facilement. Le phĂ©nomĂšne d’oxydorĂ©duction que l’on rencontre le plus souvent est l’interconversion des espĂšces. Cela concerne notamment l’I et l’I2 avec le chlore (Cl2) et le dioxyde de manganĂšse (MnO2). Les rĂ©actions chimiques sont les suivantes :

2I + Cl2 → I2 + 2Cl.

2I + 4H+ + MnO2 → I2 + 2H2O + Mn2+.

Le sulfure d’hydrogĂšne (H2S) et l’hydrazine (N2H4) rĂ©duit le diiode en iodure d’hydrogĂšne (HI) par les rĂ©actions suivantes :

I2 + H2S → 2HI + 1/8 S8.

2I2 + N2H4 → 4HI + N2.

On obtient une solution d’un bleu intense lorsqu’on dissout de l’iode dans de l’acide sulfurique fumant (olĂ©um Ă  65 %). La raison de cette couleur est la prĂ©sence du cation I2+ issu de l’oxydation par le trioxyde de soufre (SO3) :

2I2 + 2SO3 + H2SO4 → 2I2+ + SO2 + 2HSO4-.

Le cation I2+ se forme aussi lors de l’oxydation du diiode par le pentafluorure d’antimoine (SbF5) et de tantale (TaF5). Des cristaux de couleur bleu profond voient Ă©galement le jour. Leurs formules correspondant aux deux pentafluorures prĂ©cĂ©demment citĂ©s sont I2+Sb2F11- et I2+Ta2F11-. Les solutions de ces sels deviennent rouges une fois au-dessous de -60 °C, suite Ă  la crĂ©ation du cation I42+ :

2I2+ ⇌ I42+.

En milieu basique, le cation I42+ se dismute en I3+ avec un composĂ© d’I(III). Un excĂšs d’I rĂ©agit avec l’I3+ et forme le cation I5+ (vert) puis l’I153+ (noir).

Les oxydes et oxoacides

Les anions IO3- et IO4- sont les oxydes d’iode les plus communs. Parmi les autres oxydes que l’on rencontre rarement, on a le pentoxyde de diiode (I2O5), un oxydant fort. On a Ă©galement l’anhydride de l’acide iodique (HIO3).

À l’inverse du chlore, en solution aqueuse neutre d’I, l’ion hypoiodeux IO est nĂ©gligeable. Voici la rĂ©action qui l’illustre :

I2 + H2O ⇌ H+ + I + HIO (K = 2,0 × 10-13).

Avec de l’hydroxyde de sodium (NaOH), en solution basique, le diiode prĂ©sente de l’iodure I et de l’iodate (IO3-) en deux Ă©tapes :

I2 + 2OH → I + IO + H2O (K = 30).

3IO → 2I + IO3- (K = 1020).

En chimie organique, on se sert notamment de dĂ©rivĂ©s organiques d’ion hypoiodeux. Il peut s’agir d’acide 2-iodoxybenzoĂŻque et de periodinane de Dess-Martin.

L’acide iodique (HIO3) et l’acide periodique (HIO4) ainsi que leurs sels constituent des oxydants forts qui servent dans le systùme organique.

L’acide nitrique (HNO3) et les chlorates (ClO3-) oxydent le diiode en iodate (IO3-) :

I2 + 10HNO3 → 2HIO3 + 10NO2 + 4H2O.

I2 + 2ClO3- → 2IO3- + Cl2.

Les composĂ©s inorganiques de l’iode

L’iode forme des composĂ©s avec tous les Ă©lĂ©ments, sauf les gaz rares. L’acide iodhydrique, une solution aqueuse d’iodure d’hydrogĂšne (HI), constitue un rĂ©actif industriel important. On l’utilise notamment comme co-catalyseur dans le procĂ©dĂ© Cativa pour la production d’acide acĂ©tique CH3COOH.

Par rapport aux autres halogĂšnes, l’I est moins Ă©lectronĂ©gatif. Par ailleurs, il rĂ©agit violemment avec certains mĂ©taux tels que l’aluminium :

3I2 + 2Al → 2AlI3.

La rĂ©action libĂšre 314 kJ/mol d’aluminium. Cette valeur se rapproche de celle de la thermite qui est de 425 kJ/mol. La rĂ©action dĂ©marre naturellement et n’est pas confinĂ©e en volume. Cela est dĂ» au nuage d’iode produit par la tempĂ©rature Ă©levĂ©e.

On se sert aussi du tĂ©traiodure de titane (TiI4) et de l’iodure d’aluminium (AlI3) pour obtenir du butadiĂšne (H2C=CH2-CH2=CH2). Ce dernier est notamment nĂ©cessaire Ă  la fabrication de nombreux matĂ©riaux Ă©lastomĂšres tels que des caoutchoucs synthĂ©tiques.

Les sels mĂ©talliques alcalins correspondent Ă  des solides incolores extrĂȘmement solubles dans l’eau. Par ailleurs, l’iodure de potassium (KI) constitue une source d’ions iodure (I), moins hygroscopique que l’iodure de sodium (NaI). Il prĂ©sente Ă©galement l’avantage d’ĂȘtre plus facile Ă  manipuler.

Ces deux sels peuvent produire du sel iodĂ© nĂ©cessaire pour Ă©viter la carence en iode chez les populations vivant loin des cĂŽtes. L’iodure de sodium sert majoritairement dans la rĂ©action de Finkelstein puisqu’il est plus soluble que l’iodure de potassium dans l’acĂ©tone. Dans le procĂ©dĂ©, le chlorure d’alkyle devient de l’iodure d’alkyle. Le fait que le chlorure de sodium produit soit insoluble dans l’acĂ©tone confirme la rĂ©action :

R-Cl(acĂ©tone) + NaI(acĂ©tone) → R-I(acĂ©tone) + NaCl(s) ↓.

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Ses composés interhalogÚnes

Il existe une multitude de composĂ©s interhalogĂšnes de cet Ă©lĂ©ment. Ainsi, on peut citer le monochlorure (ICl3), le pentafluorure (IF5) et l’heptafluorure d’iode (IF7). Il s’agit d’exemples habituels de molĂ©cules hypervalentes Ă  liaisons 3c-4e une fois qu’elles se composent de plus de deux atomes.

Les composĂ©s organiques de l’élĂ©ment

Les organismes marins et les micro-organismes des riziĂšres libĂšrent dans l’atmosphĂšre 214 000 t d’iodomĂ©thane (CH3I, iodure de mĂ©thyle) par an. Dans le cadre d’un cycle de l’I global, cet iodomĂ©thane est rapidement oxydĂ©.

L’iodomĂ©thane contribue aux rĂ©actions de synthĂšse industrielles. D’autres organoiodĂ©s y participent Ă©galement. On a le diiodomĂ©thane CH2I2 (iodure de mĂ©thylĂšne), le triiodomĂ©thane CHI3 (iodoforme) et le tĂ©traiodomĂ©thane CI4 (tĂ©traiodure de carbone). La raison Ă  cela est la facilitĂ© dont la liaison C-I se forme et se dĂ©fait. Il s’agit de la plus faible des liaisons carbone-halogĂšne. À cet effet, l’intensitĂ© de celles-ci, rangĂ©es dans l’ordre de l’électronĂ©gativitĂ© des halogĂšnes est : chlore > brome > iode. On a Ă©galement un rĂ©sultat intĂ©ressant dans l’ordre inverse de leur rayon atomique et de la longueur de la liaison C-X. En l’occurrence, X est un halogĂšne quelconque. Ici, on obtient une teinte jaune aux composĂ©s organoiodĂ©s par la faiblesse de cette liaison Ă  cause des impuretĂ©s de diiode.

Ces composĂ©s sont trĂšs denses. En raison de l’atome d’iode, la masse volumique de l’iodomĂ©thane Ă  20 °C est de 2,28 g/cm3. Celle du diiodomĂ©thane, quant Ă  elle, atteint les 3,32 g/cm3.

La plupart des composĂ©s organoiodĂ©s disposent d’un ion iodure liĂ© Ă  un atome de carbone. En outre, ils sont presque toujours rangĂ©s parmi les iodures. Quelques rares organoiodĂ©s prĂ©sentent cependant de l’iode Ă  l’état d’oxydation plus Ă©levĂ©e (III ou V). Ils sont alors connus sous l’appellation « periodane » et constituent des oxydants doux comme l’acide 2-iodoxybenzoĂŻque (IBX).

Il est possible d’utiliser des composĂ©s organopolyiodĂ©s en tant qu’agents de contraste en fluoroscopie. Il s’agit d’une technique d’imagerie mĂ©dicale. Elle se sert de l’absorption des rayons X du noyau des atomes d’I pour leur masse atomique Ă©levĂ©e. La majoritĂ© de ces agents est issue du 1,3,5-triiodobenzĂšne. Ils disposent d’environ 50 % d’I en masse. L’Ioversol figure parmi ces agents de contraste.

Les composĂ©s biologiques de l’iode

En mĂ©decine, les composĂ©s biologiques de l’iode dans la physiologie humaine sont les hormones thyroĂŻdiennes. Il s’agit de la thyroxine (T4) et de la triiodothyronine (T3). Ils influencent gĂ©nĂ©ralement toutes les cellules du corps. À cet effet, ils augmentent le mĂ©tabolisme de base et contribuent Ă  la biosynthĂšse des protĂ©ines. Ils aident aussi Ă  la croissance des os longs (simultanĂ©ment avec l’hormone de croissance) et au dĂ©veloppement neuronal. Ils participent Ă©galement Ă  la sensibilitĂ© aux catĂ©cholamines, dont l’adrĂ©naline.

Isotopes de l’élĂ©ment

L’iode dispose de 37 isotopes connus. Leur nombre de masse varie de 108 Ă  144. L’élĂ©ment possĂšde aussi 16 isomĂšres nuclĂ©aires. Le 127I est le seul isotope stable. Il reprĂ©sente la totalitĂ© de l’I naturel. À cet effet, il s’agit d’un Ă©lĂ©ment monoisotopique et mononuclĂ©idique. La masse atomique standard de l’I est de 126,904 47 u, correspondant Ă  celle du 127I.

Protection de la thyroïde contre l’iode radioactif

Il est possible d’utiliser l’iodure de potassium naturel Ă  base de 127I stable sous diffĂ©rentes formes. Cela peut ĂȘtre des comprimĂ©s (pour un effet progressif) ou une solution dite « SSKI » (pour les urgences). Ces formes permettent de saturer temporairement la capacitĂ© d’absorption d’iode par la thyroĂŻde. Cela se fait dans le but de bloquer la fixation Ă©ventuelle du 131I pendant quelques heures dans cette glande. Le cas s’applique surtout afin de se prĂ©munir des consĂ©quences des retombĂ©es d’I radioactif d’une bombe A ou en cas d’accident nuclĂ©aire.

Selon l’OMS, la dose recommandĂ©e d’iodure de potassium en cas d’émission d’I radioactif ne doit pas dĂ©passer les 130 mg/j. Cela est notamment valable pour les personnes ĂągĂ©es de plus de 12 ans. Pour celles de plus de trois ans, la dose est de 65 mg/j. Une fois passĂ© l’ñge de 40 ans, il est prĂ©fĂ©rable de ne pas prendre des comprimĂ©s d’iodure de potassium Ă  titre prĂ©ventif. La raison Ă  cela est que les effets indĂ©sirables augmentent avec l’ñge et peuvent dĂ©passer les vertus protectrices. L’administration reste cependant faisable en cas de contamination effective afin de protĂ©ger la thyroĂŻde.

Il faut noter que le comprimĂ© d’iodure de potassium agit deux heures aprĂšs sa prise au maximum. Par ailleurs, ses effets cessent aprĂšs une journĂ©e.

En Belgique, le Conseil supĂ©rieur de la santĂ© tire les premiĂšres leçons de l’accident de Fukushima sur les plans d’urgence nuclĂ©aire belges. Il publie alors un avis en 2015. Le titre est notamment : « Accidents nuclĂ©aires, environnement et santĂ© Ă  l’ùre post-Fukushima. Partim : Protection de la thyroĂŻde ».

De ce fait, en cas d’accident nuclĂ©aire, le Conseil recommande l’administration d’iode stable aux groupes Ă  risque. En d’autres termes, il convient de donner de l’iodure de potassium aux enfants, aux femmes enceintes et aux femmes allaitantes. Cela doit se faire dans un rayon allant jusqu’à 100 km autour des installations nuclĂ©aires. Par contre, dans un rayon de 20 km, il faut administrer la substance Ă  toutes les personnes, sauf contre-indication.

Les rĂ©actions allergiques Ă  l’iode sont rares. En outre, les antĂ©cĂ©dents de rĂ©actions allergiques Ă  des produits de contraste iodĂ©s ne constituent pas des contre-indications. Il en va de mĂȘme pour les effets aprĂšs application locale de povidone iodĂ©e. Cependant, les patients de plus de 40 ans doivent faire attention Ă  l’existence Ă©ventuelle de pathologies thyroĂŻdiennes. En effet, cela peut contre-indiquer l’administration d’une dose d’iode Ă©levĂ©e.

Le Centre Belge d’Information PharmacothĂ©rapeutique (CBIP) ajoute des recommandations pratiques concernant la prise de l’élĂ©ment Ă  cette dĂ©claration. Cela confirme l’importance de l’avis d’un mĂ©decin avant la prise de la substance pour les personnes de plus de 40 ans avec des problĂšmes de thyroĂŻde. La Belgique recommande aussi l’usage des comprimĂ©s de 65 mg d’iodure de potassium (avec environ 50 mg d’iode). La posologie est d’un quart de comprimĂ© pour les bĂ©bĂ©s de zĂ©ro Ă  un mois. Elle est d’un demi-comprimĂ© pour les enfants d’un Ă  36 mois. On compte, par contre, un comprimĂ© entier pour les enfants de trois Ă  12 ans. Les personnes de 13 Ă  40 ans doivent, quant Ă  elles, prendre deux comprimĂ©s. Il en va de mĂȘme pour les femmes enceintes ou allaitantes, mĂȘme celles ĂągĂ©es de plus de 40 ans.

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Gisements miniers et production d’iode

Il n’existe que deux types de sources naturelles d’iode exploitĂ©es commercialement. On a le caliche au Chili, qui est une roche complexe constituĂ©e d’un mĂ©lange de sable et de sels. On y extrait principalement du nitrate de sodium. On peut aussi citer les saumures riches en I situĂ©s dans les champs pĂ©trolifĂšres et gaziers du Japon et des États-Unis. Il s’agit plus prĂ©cisĂ©ment des champs de gaz naturel de Minami Ă  l’est de Tokyo. Cela concerne aussi le bassin d’Anadarko l’Oklahoma aux États-Unis. Il faut noter que l’USGS tient la production d’iode en AmĂ©rique secrĂšte.

Les saumures atteignent une tempĂ©rature de plus de 60 °C dans ces sources situĂ©es en profondeur. On les traite et les purifie Ă  l’aide d’acide sulfurique (H2SO4). Puis, l’iodure d’hydrogĂšne (HI) qui en rĂ©sulte se voit oxydĂ© en diiode par action de chlore (CL2). Il suffit ensuite de le rĂ©cupĂ©rer Ă  travers une tour d’absorption contenant du dioxyde de soufre (SO2). Les rĂ©actions sont les suivantes :

2HI + Cl2 → I2 ↑ + 2HCl,

I2 + 2H2O + SO2 → 2HI + H2SO4,

2HI + Cl2 → I2 ↓ + 2HCl.

Par ailleurs, on sait que la concentration de l’élĂ©ment dans l’eau de mer est insuffisante pour que l’extraction soit rentable. On a exploitĂ© les grandes algues marines (kelp) au XVIIIe et au XIXe siĂšcle. L’I a d’ailleurs Ă©tĂ© isolĂ© pour la premiĂšre fois Ă  partir de celles-ci. Cependant, de nos jours, cela n’est plus viable Ă©conomiquement.

Utilisations de l’iode

L’iode est un Ă©lĂ©ment nĂ©cessaire dans de nombreux domaines. Cela va de l’industrie Ă  la mĂ©decine. Voici quelques dĂ©tails.

L’histoire de l’utilisation de l’iode

Tout commence dans la mĂ©decine traditionnelle chinoise. La poudre issue d’éponge marine (riche en I) brĂ»lĂ©e sert notamment Ă  lutter contre les goitres. Cela s’est passĂ© bien avant que les chercheurs europĂ©ens aient pu remarquer en 1830 que l’élĂ©ment possĂšde cette vertu. Cette dĂ©couverte a d’ailleurs engendrĂ© une sĂ©rie d’intoxications en raison d’un usage trop frĂ©quent et trop enthousiaste de la substance. F. Rilliet a pu constater que ces cas Ă©taient survenus Ă  cause de l’iode administrĂ© en petites doses pendant une longue pĂ©riode en continu. Cela s’est fait au milieu du XIXe siĂšcle. Les intoxications Ă©taient assez graves pour que la prophylaxie Ă  l’iode soit abandonnĂ©e durant plusieurs dĂ©cennies.

En 1896, Eugen Baumann affirme que la thyroĂŻde contient normalement un composĂ© organique de l’élĂ©ment. Cette dĂ©couverte relance le traitement et la prĂ©vention du goitre par ce dernier. En effet, les chercheurs ont enfin pu comprendre qu’il s’agit d’un oligoĂ©lĂ©ment qui ne doit pas ĂȘtre absorbĂ© en grande quantitĂ©.

Le mĂ©decin suisse Otto Bayard est le premier Ă  avoir mĂ©langĂ© de l’I avec du sel de cuisine. Cela s’est fait dans le but de lutter contre les carences en I chez les populations montagnardes. L’action est reprise dans toute la Suisse pour ensuite s’étendre dans d’autres pays. C’est le dĂ©but de la prophylaxie par l’iode.

Durant la PremiĂšre Guerre mondiale, en 1917, le sel iodĂ© Ă©tait distribuĂ© aux personnes atteintes de goitres et dans des rĂ©gions concernĂ©es. Il s’agissait d’une dĂ©marche efficace destinĂ©e Ă  prĂ©venir le goitre endĂ©mique et le risque de crĂ©tinisme.

La production d’acide acĂ©tique

L’iode sert majoritairement Ă  catalyser la production d’acide acĂ©tique (CH3COOH). Cela se fait par les procĂ©dĂ©s Monsanto et Cativa. Afin de rĂ©pondre Ă  la demande mondiale en acide acĂ©tique, l’acide iodhydrique (HI) convertit le mĂ©thanol (CH3OH) en iodure de mĂ©thyle (CH3I). Celui-ci est ensuite carbonylĂ© en iodure d’acĂ©tyle (CH3COI), hydrolysĂ© en acide acĂ©tique et en acide iodhydrique qui se voit rĂ©gĂ©nĂ©rĂ©.

L’iode en tant que complĂ©ment alimentaire pour le bĂ©tail

Une grande partie de l’iode produit s’utilise sous forme d’EDDI ou de diiodure d’éthylĂšnediammonium de formule I-H3N+-CH2-CH2-NH3+I. Il s’agit d’un complĂ©ment alimentaire destinĂ© au bĂ©tail et aux animaux domestiques afin de prĂ©venir toute carence Ă©ventuelle en I.

La lampe halogĂšne

Il s’agit d’une lampe incandescente contenant un gaz inerte ainsi que de l’I ou de l’iodure de mĂ©thyle. Une fois arrivĂ©e Ă  tempĂ©rature trĂšs Ă©levĂ©e, une partie du filament en tungstĂšne s’évapore. Par consĂ©quent, un dĂ©pĂŽt mĂ©tallique se forme sur la paroi de l’ampoule. Ce dernier rĂ©agit avec l’iode pour former des iodures mĂ©talliques volatiles. Ces composĂ©s sont dĂ©truits lorsqu’ils sont en contact avec le filament. Cela entraĂźne le retour du mĂ©tal Ă  sa source. Ainsi, il est possible d’augmenter la durĂ©e de vie et la tempĂ©rature de fonctionnement.

Un filament Ă  tempĂ©rature plus Ă©levĂ©e prĂ©sente l’avantage d’offrir une lumiĂšre blanche. Par contre, cela engendre une proportion importante d’ultraviolet.

Afin de rĂ©sister aux hautes tempĂ©ratures, l’ampoule utilisĂ©e est en verre de silice, avec du quartz fondu, transparent aux UV. Un Ă©cran de verre ordinaire qui peut filtrer les UV est aussi indispensable autour de l’ampoule halogĂšne. Cela permet d’éviter que le sodium de la sueur et des doigts ne catalyse une recristallisation de la silice, risquant de dĂ©truire l’ampoule. On peut Ă©galement se servir du bromure de mĂ©thyle (CH3Br) ou du dibromure de mĂ©thyle (CH2Br2).

Les lampes à halogénures métalliques

Il s’agit de lampes contenant des halogĂ©nures (notamment des iodures et non de l’iode). Celles-ci sont en terres rares (yttrium, dysprosium, scandium, thallium). Ces lampes se composent aussi d’autres mĂ©taux tels que l’indium et le lithium ainsi que de mercure sous pression. L’arc Ă©lectrique produit excite la combinaison d’atomes mĂ©talliques, permettant de recrĂ©er la lumiĂšre du jour.

Les autres utilisations de l’iode

L’élĂ©ment montre une forte opacitĂ© aux rayons X. À cet effet, on l’utilise en tant qu’agent de contraste sous forme injectable. Des molĂ©cules organo-iodĂ©s servent aussi Ă  opacifier des organes tels que les artĂšres, les veines, les reins, le cerveau ou la vĂ©sicule biliaire. Cela se fait notamment dans l’imagerie mĂ©dicale.

Les principales sociétés pharmaceutiques qui fabriquent des agents de contraste sont Guerbet (France), Schering (Allemagne), Squibb (USA) et Bracco (Italie).

En scintigraphie et en imagerie mĂ©dicale, les isotopes radioactifs de l’iode servent comme radiotraceurs dans le corps humain. Cela est nĂ©cessaire pour les examens mĂ©dicaux tels que la scintigraphie de la thyroĂŻde.

Cet Ă©lĂ©ment sert Ă©galement dans le traitement anticancĂ©reux. Principalement, pour le cancer de la thyroĂŻde par radiothĂ©rapie. Le 131I radioactif se fixe de prĂ©fĂ©rence sur la thyroĂŻde malade ainsi que sur les cellules mĂ©tastatiques et les dĂ©truit. En revanche, il expose les autres cellules Ă  un rayonnement interne. Il a aussi fait l’objet d’une remise en cause rĂ©cente dans le cadre du traitement des cancers de petite taille. En effet, son usage augmente le risque d’apparition d’un second cancer suite au traitement.

Par ailleurs, il est possible de dĂ©clencher une pluie artificielle grĂące Ă  l’I sous forme d’iodure d’argent (AgI). Cela se fait notamment par le biais de l’ensemencement des nuages.

Les amidonniers ont utilisĂ© depuis longtemps la rĂ©action spĂ©cifique de l’amidon avec l’élĂ©ment dans le but de colorer les grains. Le test Ă  l’iode-amidon donne une couleur qui dĂ©pend du ratio d’amylose et d’amylopectine contenues dans ces derniers.

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Iode et ĂȘtre humain

Cet Ă©lĂ©ment constitue un micronutriment indispensable au fonctionnement du corps humain. Cependant, Ă  certaines doses, il peut ĂȘtre dangereux pour celui-ci. Voici quelques dĂ©tails.

L’iode en guise d’oligoĂ©lĂ©ment

L’I est majoritairement issu de la mer. L’élĂ©ment se trouve aussi distribuĂ© inĂ©galement dans les terres et dans les plantes que l’on consomme par la pluie. Dans les pays europĂ©ens et aux États-Unis, les poissons, les fruits de mer et les algues sont les principales sources d’iode alimentaire. Plusieurs autres types de nourritures contiennent nĂ©anmoins cet Ă©lĂ©ment. Il s’agit de la morue, de l’aiglefin, du fromage cottage et des fĂšves de soja. Le yogourt, le lait entier, les biscuits soda, le pain, les haricots et les Ɠufs en disposent Ă©galement.

L’estomac et le duodĂ©num absorbent la substance sous forme d’ions. La thyroĂŻde stocke ensuite celle-ci, puis elle se voit Ă©liminĂ©e par l’urine. Le mĂ©tabolisme du sĂ©lĂ©nium possĂšde une interrelation relativement Ă©troite avec celui de l’I.

L’iode constitue un oligoĂ©lĂ©ment essentiel Ă  la vie humaine. En l’occurrence, l’adulte a besoin d’une dose de 150 ”g par jour. Pour la femme enceinte, on compte 200 Ă  290 ”g. La substance est notamment nĂ©cessaire pour fabriquer les hormones thyroĂŻdiennes telles que la thyroxine. L’élĂ©ment est souvent ajoutĂ© au sel de cuisine et parfois au lait (principalement au Royaume-Uni) afin d’éviter toute carence. On estime l’absorption quotidienne d’I entre 0,05 et 0,1 mg. Les besoins pour toute une vie sont alors d’à peine 2 Ă  4 g. Cela Ă©quivaut Ă  une quantitĂ© d’une cuillĂšre Ă  cafĂ©. Cela semble assez faible. Pourtant, une dose supĂ©rieure peut ĂȘtre dangereuse pour l’organisme. D’autant plus que celui-ci ne sait pas stocker cet oligoĂ©lĂ©ment de maniĂšre prolongĂ©e.

Le manque d’iode entraĂźne une turgescence de la glande thyroĂŻdienne qui se manifeste par un goitre. La carence peut Ă©galement engendrer un retard de croissance et divers troubles mentaux.

À cause du lessivage des sols par les anciens glaciers, il existe des rĂ©gions montagnardes pauvres en I. En consĂ©quence, les paysans alpins prĂ©sentent gĂ©nĂ©ralement des cas de difformitĂ©s et de nanisme. Dans les Alpes, la population isolĂ©e des vallĂ©es est d’autant plus souvent atteinte de dĂ©sordres liĂ©s Ă  la carence en iode. Face Ă  cela, l’encyclopĂ©die des sciences, des arts et des mĂ©tiers (1754) de Diderot donne alors la premiĂšre dĂ©finition d’un « crĂ©tin goitreux ». On utilise aussi frĂ©quemment l’expression « crĂ©tin des Alpes ». Le crĂ©tinisme est une forme de dĂ©bilitĂ© mentale et de dĂ©gĂ©nĂ©rescence physique issue d’une insuffisance thyroĂŻdienne.

Par ailleurs, l’I est essentiel Ă  la maturation du systĂšme nerveux du fƓtus. Une carence entraĂźne un ralentissement sur le dĂ©veloppement cĂ©rĂ©bral.

En 2007, deux milliards de personnes, dont un tiers d’ñge scolaire, prĂ©sentaient un dĂ©ficit en I. Il s’agissait Ă  l’époque d’un des problĂšmes majeurs de santĂ© publique. En guise de solution, les responsables se sont tournĂ©s vers l’ajout d’I dans le sel de consommation.

En Belgique, le Conseil SupĂ©rieur de la SantĂ© a publiĂ© un avis en 2014. Le titre est notamment « StratĂ©gies visant Ă  augmenter l’apport iodĂ© en Belgique, Ă©valuation et recommandations ». Dans ce document, on a pu constater que le statut iodĂ© de la population belge est sous contrĂŽle. La prise de complĂ©ment alimentaire iodĂ© est alors rĂ©servĂ©e aux femmes enceintes et Ă  celles qui dĂ©sirent avoir un enfant. La teneur est aussi modĂ©rĂ©e. Elle se situe entre 10 et 15 mg/kg. La perte en I dans les aliments diffĂšre selon le type et le temps de cuisson. Voici un tableau l’illustrant.


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