Ses composés interhalogènes
Il existe une multitude de composés interhalogènes de cet élément. Ainsi, on peut citer le monochlorure (ICl3), le pentafluorure (IF5) et l’heptafluorure d’iode (IF7). Il s’agit d’exemples habituels de molécules hypervalentes à liaisons 3c-4e une fois qu’elles se composent de plus de deux atomes.
Les composés organiques de l’élément
Les organismes marins et les micro-organismes des rizières libèrent dans l’atmosphère 214 000 t d’iodométhane (CH3I, iodure de méthyle) par an. Dans le cadre d’un cycle de l’I global, cet iodométhane est rapidement oxydé.
L’iodométhane contribue aux réactions de synthèse industrielles. D’autres organoiodés y participent également. On a le diiodométhane CH2I2 (iodure de méthylène), le triiodométhane CHI3 (iodoforme) et le tétraiodométhane CI4 (tétraiodure de carbone). La raison à cela est la facilité dont la liaison C-I se forme et se défait. Il s’agit de la plus faible des liaisons carbone-halogène. À cet effet, l’intensité de celles-ci, rangées dans l’ordre de l’électronégativité des halogènes est : chlore > brome > iode. On a également un résultat intéressant dans l’ordre inverse de leur rayon atomique et de la longueur de la liaison C-X. En l’occurrence, X est un halogène quelconque. Ici, on obtient une teinte jaune aux composés organoiodés par la faiblesse de cette liaison à cause des impuretés de diiode.
Ces composés sont très denses. En raison de l’atome d’iode, la masse volumique de l’iodométhane à 20 °C est de 2,28 g/cm3. Celle du diiodométhane, quant à elle, atteint les 3,32 g/cm3.
La plupart des composés organoiodés disposent d’un ion iodure lié à un atome de carbone. En outre, ils sont presque toujours rangés parmi les iodures. Quelques rares organoiodés présentent cependant de l’iode à l’état d’oxydation plus élevée (III ou V). Ils sont alors connus sous l’appellation « periodane » et constituent des oxydants doux comme l’acide 2-iodoxybenzoïque (IBX).
Il est possible d’utiliser des composés organopolyiodés en tant qu’agents de contraste en fluoroscopie. Il s’agit d’une technique d’imagerie médicale. Elle se sert de l’absorption des rayons X du noyau des atomes d’I pour leur masse atomique élevée. La majorité de ces agents est issue du 1,3,5-triiodobenzène. Ils disposent d’environ 50 % d’I en masse. L’Ioversol figure parmi ces agents de contraste.
Les composés biologiques de l’iode
En médecine, les composés biologiques de l’iode dans la physiologie humaine sont les hormones thyroïdiennes. Il s’agit de la thyroxine (T4) et de la triiodothyronine (T3). Ils influencent généralement toutes les cellules du corps. À cet effet, ils augmentent le métabolisme de base et contribuent à la biosynthèse des protéines. Ils aident aussi à la croissance des os longs (simultanément avec l’hormone de croissance) et au développement neuronal. Ils participent également à la sensibilité aux catécholamines, dont l’adrénaline.
Isotopes de l’élément
L’iode dispose de 37 isotopes connus. Leur nombre de masse varie de 108 à 144. L’élément possède aussi 16 isomères nucléaires. Le 127I est le seul isotope stable. Il représente la totalité de l’I naturel. À cet effet, il s’agit d’un élément monoisotopique et mononucléidique. La masse atomique standard de l’I est de 126,904 47 u, correspondant à celle du 127I.
Protection de la thyroïde contre l’iode radioactif
Il est possible d’utiliser l’iodure de potassium naturel à base de 127I stable sous différentes formes. Cela peut être des comprimés (pour un effet progressif) ou une solution dite « SSKI » (pour les urgences). Ces formes permettent de saturer temporairement la capacité d’absorption d’iode par la thyroïde. Cela se fait dans le but de bloquer la fixation éventuelle du 131I pendant quelques heures dans cette glande. Le cas s’applique surtout afin de se prémunir des conséquences des retombées d’I radioactif d’une bombe A ou en cas d’accident nucléaire.
Selon l’OMS, la dose recommandée d’iodure de potassium en cas d’émission d’I radioactif ne doit pas dépasser les 130 mg/j. Cela est notamment valable pour les personnes âgées de plus de 12 ans. Pour celles de plus de trois ans, la dose est de 65 mg/j. Une fois passé l’âge de 40 ans, il est préférable de ne pas prendre des comprimés d’iodure de potassium à titre préventif. La raison à cela est que les effets indésirables augmentent avec l’âge et peuvent dépasser les vertus protectrices. L’administration reste cependant faisable en cas de contamination effective afin de protéger la thyroïde.
Il faut noter que le comprimé d’iodure de potassium agit deux heures après sa prise au maximum. Par ailleurs, ses effets cessent après une journée.
En Belgique, le Conseil supérieur de la santé tire les premières leçons de l’accident de Fukushima sur les plans d’urgence nucléaire belges. Il publie alors un avis en 2015. Le titre est notamment : « Accidents nucléaires, environnement et santé à l’ère post-Fukushima. Partim : Protection de la thyroïde ».
De ce fait, en cas d’accident nucléaire, le Conseil recommande l’administration d’iode stable aux groupes à risque. En d’autres termes, il convient de donner de l’iodure de potassium aux enfants, aux femmes enceintes et aux femmes allaitantes. Cela doit se faire dans un rayon allant jusqu’à 100 km autour des installations nucléaires. Par contre, dans un rayon de 20 km, il faut administrer la substance à toutes les personnes, sauf contre-indication.
Les réactions allergiques à l’iode sont rares. En outre, les antécédents de réactions allergiques à des produits de contraste iodés ne constituent pas des contre-indications. Il en va de même pour les effets après application locale de povidone iodée. Cependant, les patients de plus de 40 ans doivent faire attention à l’existence éventuelle de pathologies thyroïdiennes. En effet, cela peut contre-indiquer l’administration d’une dose d’iode élevée.
Le Centre Belge d’Information Pharmacothérapeutique (CBIP) ajoute des recommandations pratiques concernant la prise de l’élément à cette déclaration. Cela confirme l’importance de l’avis d’un médecin avant la prise de la substance pour les personnes de plus de 40 ans avec des problèmes de thyroïde. La Belgique recommande aussi l’usage des comprimés de 65 mg d’iodure de potassium (avec environ 50 mg d’iode). La posologie est d’un quart de comprimé pour les bébés de zéro à un mois. Elle est d’un demi-comprimé pour les enfants d’un à 36 mois. On compte, par contre, un comprimé entier pour les enfants de trois à 12 ans. Les personnes de 13 à 40 ans doivent, quant à elles, prendre deux comprimés. Il en va de même pour les femmes enceintes ou allaitantes, même celles âgées de plus de 40 ans.