Avec le chimiste anglais Edward Frankland, Lockyer l’avait nommée « ἥλιος » ou « hélios » qui signifie « Soleil ». En 1882, Luigi Palmieri avait démontré pour la première fois la présence de l’hélium sur la Terre. Pour y arriver, ce volcanologue et météorologue italien avait réalisé l’analyse spectrale de la lave du Vésuve.
Les autres scientifiques qui avaient découvert l’hélium
Le 26 mars 1895, le chimiste anglais William Ramsay avait procédé à l’isolation de l’hélium sur la Terre. Il avait traité la clévéite avec des acides minéraux. La clévéite est, par définition, une sorte de pechblende qui renferme au moins 10 % de terres rares. Lors de sa recherche, Ramsay visait initialement à trouver de l’argon. Le diazote et le dioxygène étaient séparés du gaz sous l’influence de l’acide sulfurique. Après cette étape, le chercheur avait constaté au spectroscope une raie jaune brillante ressemblant à la raie D3 qui avait été observée dans le spectre solaire. L’astronome Lockyer et le physicien anglais William Crookes avaient reconnu ces échantillons comme de l’hélium.
En 1895, les chimistes Abraham Langlet et Theodor Cleve à Uppsala avaient également isolé l’hélium de clévéite. Ils avaient accumulé des quantités suffisantes de gaz, leur permettant d’être plus précis sur la masse atomique de l’élément. Par ailleurs, quelques années avant que Ramsay avait découvert l’hélium, le géochimiste américain William Francis Hillebrand avait déjà détecté cet élément chimique. Il disait avoir remarqué des raies spectrales exceptionnelles au cours de l’analyse d’un échantillon d’uraninite. Il les avait confondues avec des raies du diazote.
Les premières expériences sur l’hélium
En 1907, Thomas Royds et Ernest Rutherford avaient découvert que les noyaux d’hélium sont constitués de particules α. Ils avaient permis à ces particules de passer par une fine fenêtre vitrée d’un tube vidé. Ils avaient généré une décharge dans ce tube, en vue d’analyser le spectre du gaz qui s’y trouvait.
En 1908, on avait liquéfié pour la première fois l’hélium. Cette opération était réalisée par le physicien néerlandais Heike Kamerlingh Onnes. Ce dernier avait soumis ce gaz à une température inférieure à 1 K. À cette époque, ce chercheur avait également essayé de solidifier l’hélium sous une température encore plus basse. Cependant, il avait échoué dans cette expérience, car cet élément est dépourvu de point triple. C’était l’étudiant en physique Willem Hendrik Keesom qui avait réussi en 1926 la solidification de l’hélium en le mettant sous pression.
En 1938, Pyotr Leonidovitch Kapitsa, physicien soviétique, avait découvert que la viscosité de l’hélium 4 (sous une température proche du zéro absolu) ne peut pas être mesurée. En 1972, les physiciens américains Douglas D. Osheroff, Robert C. Richardson et David M. Lee avaient constaté ce même phénomène dans l’hélium 3. Cette fois-ci, l’élément était soumis à une température qui se rapprochait plus du zéro absolu. Selon ces chercheurs, la réaction dans l’hélium 3 était due à la formation de paires d’atomes. Ces derniers seraient des fermions qui permettent de produire des bosons. Ils agissent de la même façon que les paires de Cooper d’électrons sur lesquelles est basée la supraconductivité (absence de résistance électrique et expulsion du champ magnétique).
Les usages de cet élément à travers le temps
L’hélium était fortement sollicité durant les périodes de guerre. De petites quantités étaient néanmoins allouées à des utilisations civiles et commerciales.
Pendant la Première Guerre mondiale
La marine des États-Unis avait financé trois petites usines expérimentales de production d’hélium. Ce programme visait à fournir ce gaz inflammable et léger aux ballons captifs de barrage. Il avait permis de produire jusqu’à 5 700 m3 d’hélium pur à 92 %. Cette production était utilisée en partie pour alimenter le C-7 de la marine américaine, premier dirigeable gonflé dans le monde. Le 1er décembre 1921, ce dirigeable à l’hélium réalisait son premier voyage de Hampton Roads à Washington, en Virginie. À l’époque, on ne recourait pas encore à l’extraction par liquéfaction du gaz à basse température. Cela n’avait pas empêché les États-Unis de poursuivre la production de l’hélium.
Entre les deux guerres
En 1925, le gouvernement américain avait créé une réserve nationale d’hélium, située à Amarillo, au Texas. Son objectif était d’approvisionner les aérostats militaires et civils. Lorsque l’Allemagne avait subi l’embargo militaire mis en place par les États-Unis en 1937, ce pays avait connu un problème de fourniture d’hélium. Il était ainsi contraint de gonfler à l’hydrogène le LZ 129 Hindenburg, le plus grand dirigeable commercial au monde. Cette décision avait cependant causé un terrible accident lors de l’atterrissage de ce dirigeable à Lakehurst, dans le New Jersey.
Pendant la Seconde Guerre mondiale
Ce gaz noble servait essentiellement à gonfler les aérostats. Grâce à ce nouvel usage, la demande avait significativement augmenté durant la Seconde Guerre mondiale. De même, le recours au spectromètre de masse à l’hélium était crucial pour le projet de recherche sur la production de la première bombe atomique. Le spectromètre de masse est une technique de détection de fuite à très haute sensibilité.
Il est à noter que le taux de pureté de l’hélium produit à cette époque s’établissait à environ 98,3 % (avec moins de 2 % de diazote). Ce pourcentage est essentiel pour le bon fonctionnement des aérostats. En 1945, une petite production d’hélium pur à 99,9 % était employée dans le domaine de la soudure à l’arc. À partir de 1949, ce gaz purifié à 99,995 % (de qualité A) était disponible pour des usages commerciaux.
Dans les années 50
Après la Seconde Guerre mondiale, une baisse de la consommation d’hélium était observée. Toutefois, la réserve avait augmenté dans les années 50. Celle-ci servait surtout à approvisionner en hélium liquide pour lancer des fusées durant la guerre froide et la course à l’espace. En 1965, la consommation d’hélium des États-Unis était huit fois plus élevée que celle enregistrée pendant les guerres.
Les contraintes dans la production de l’hélium
Suite aux amendements sur les lois de l’hélium de 1960, le Bureau des mines des États-Unis avait installé cinq usines privées pour extraire cet élément chimique du gaz naturel. Ainsi, cet organisme avait érigé un immense gazoduc qui s’étend sur 684 km entre Bushton, au Kansas, et Cliffside, au Texas. On y transportait, injectait et stockait le mélange hélium-diazote. L’extraction et la purification étaient effectuées lorsqu’on en avait besoin.
En 1995, la réserve avait pu accueillir un milliard de mètres cubes de gaz. En même temps, elle avait malheureusement accumulé des dettes de 1,4 milliard de dollars US. De ce fait, le Congrès des États-Unis avait ordonné l’arrêt de l’activité en 1996. Selon la loi de Privatisation de l’hélium de 1996, le Département de l’Intérieur des États-Unis a commencé à vider la réserve à partir de 2005.
La production de l’hélium aux États-Unis
Lors d’un forage pétrolier à Dexter, au Kansas, en 1903, les techniciens avaient observé un jet de gaz incombustible. Le géologue américain Erasmus Haworth y avait recueilli des échantillons du gaz produit. Il les avait emmenées à l’université du Kansas, Lawrence. Avec l’aide des chimistes David McFarland et Hamilton Cady, Haworth avait déterminé que ce gaz était constitué à 72 % de diazote, à 15 % de méthane et à 12 % de gaz non identifiable. Grâce à une étude plus approfondie, ces chercheurs ont su que 1,8 % de l’échantillon de gaz non identifié était de l’hélium.
En effet, malgré la rareté globale de cet élément sur la Terre, on en trouve en grande concentration sous les Grandes Plaines des États-Unis. D’ailleurs, l’hélium y constitue un sous-produit du gaz naturel. Il est à noter que le gisement de Hugoton possède les plus importantes réserves d’hélium. Il convient également de citer les gisements du Kansas, ainsi que les prolongements dans les États du Texas et de l’Oklahoma. Tous ces gisements ont permis aux États-Unis d’avoir le statut de premier producteur d’hélium dans le monde.
Les autres sites de production d’hélium
Dans la moitié des années 1990, l’Algérie a commencé à produire de l’hélium dans une usine située à Arzew. La production annuelle de ce pays s’élevait en moyenne à 1,7 x 107 m3. Cette quantité était suffisante pour satisfaire la demande de l’Europe. Celle-ci représentait 16 % de la production mondiale. En revanche, la demande des États-Unis était supérieure à 15 000 t en 2000. Entre 2004 et 2006, deux usines supplémentaires ont été construites dans la ville qatarie de Ras Laffan et dans la ville algérienne de Skikda. Cette usine qatarie produisait 9,2 t d’hélium liquide par jour (1,88 × 107 m3 par an).
L’Algérie était qualifiée comme le deuxième producteur d’hélium à cette époque. En raison de la hausse des coûts de production, les prix de l’hélium avaient fortement grimpé entre 2002 et 2007. En 2008, les principaux distributeurs avaient appliqué une augmentation de prix d’environ 50 % sur seulement un an. Peu d’investisseurs voulaient se lancer dans la production d’hélium.
En 2010, le physicien américain Robert Richardson avait affirmé sa crainte sur le risque de pénurie d’hélium. Il avait interpellé la communauté internationale. Il se montrait favorable à l’augmentation des prix de cet élément rare. Selon lui, il était important d’éviter le gaspillage de cette ressource rare.
En octobre 2019, 45-8 Energy, société par actions simplifiée, a déposé à la préfecture de Metz un permis exclusif de recherches de mines d’hélium dans le sud-ouest de la Nièvre, en France. Cette entreprise est autorisée à réaliser cette activité depuis le 3 juin 2021. C’est la première société consacrée à l’exploration et à la production éco-responsable d’hélium en Europe. Son siège social est basé à Metz, en Moselle.
D’ici à 2025, la Tanzanie commencera aussi sa production d’hélium si les études préliminaires se déroulent bien. Ce pays possèderait approximativement 138 milliards de pieds cubes, soit les plus grandes réserves du monde.