Électrolyte pour multiplicateurs
Le césium est parfois utilisé comme électrolyte dans les accumulateurs. Les électrolytes sont des substances qui permettent aux ions de se déplacer entre les deux électrodes d’une batterie pendant la charge et la décharge. Le césium est choisi pour son excellente conductivité électrique et sa capacité à former des composés ioniques stables. Lorsqu’il est utilisé comme électrolyte, il peut aider à améliorer la durée de vie de la batterie et à réduire la résistance interne.
Promoteur de conversion chimique
Le césium a plusieurs applications en tant que catalyseur ou promoteur de conversion chimique. Par exemple, il peut être utilisé pour remplacer partiellement le potassium afin de faciliter la conversion de SO2 en SO3. Il peut également servir de catalyseur de polymérisation sous forme d’hydroxyde de césium, tel que le CsOH. Le césium peut aussi être utilisé comme propulseur de moteur ionique, à condition d’être ionisé au préalable.
Synthèse organique
Le carbonate de césium CsCO3 sert de base pour la synthèse organique. Il est mieux solubilisé dans les solvants organiques que les autres carbonates tels que le carbonate de potassium. Les solvants organiques sont des liquides à base de carbone qui sont utilisés en chimie organique pour dissoudre les composés organiques.
Halogénures
Le césium et ses composés sont largement utilisés dans diverses applications technologiques, en raison de leurs propriétés physiques et chimiques uniques.
Le bromure de césium (CsBr) est utilisé comme matériau de base dans les écrans fluorescents utilisés en radiographie. Les écrans fluorescents contenant du CsBr sont capables de convertir les rayons X en lumière visible, permettant ainsi de produire une image claire et précise. Le CsBr est également utilisé dans la fabrication de prismes pour spectromètres infrarouges, ainsi que dans les fenêtres de cellules pour spectroscopie d’absorption infrarouge.
Le chlorure de césium (CsCl) sert d’agent contrastant en radiographie. Lorsqu’il est injecté dans le corps d’un patient, le CsCl se concentre dans les tissus mous. Ainsi, les radiologues peuvent mieux visualiser les structures internes lors de la prise d’images.
L’iodure de césium (CsI) est souvent utilisé dans les prismes de spectromètres infrarouges pour séparer les différentes longueurs d’onde de la lumière. Il est également utilisé dans les compteurs à scintillation, qui sont des détecteurs de rayonnement de particules ionisantes, de rayons gamma et de rayons X. Le CsI est aussi présent dans certains écrans fluorescents aux rayons X.
Le fluorure de césium (CsF) est un composé important en chimie des organofluorés. Il est utilisé comme source de production d’ions fluorure dans diverses réactions chimiques. Le CsF sert de base pour la condensation de Knoevenagel, une réaction de synthèse organique importante dans la production des composés à base de carbone. En outre, le CsF aide à l’élimination des groupements protecteurs dans diverses synthèses organiques.
Césium 137
L’isotope 137Cs agit comme une source radioactive.
Il se désintègre en émettant des électrons connus comme les particules bêta. Dans les laboratoires de physique, les impulsions électriques générées par ces désintégrations sont alors comptées, permettant de calculer la radioactivité de l’échantillon de césium 137. Cette technique est utilisée pour démontrer le caractère aléatoire de la désintégration radioactive, qui est une propriété fondamentale de la physique nucléaire.
Dans les irradiateurs industriels pour la radio-stérilisation des aliments, il émet des rayonnements ionisants qui tuent les bactéries et les micro-organismes présents sur les produits alimentaires. Cela permet de conserver les produits plus longtemps. Il est également utilisé dans des jauges de convoyeurs et de masse volumique. La quantité de rayonnement émis par le césium permet d’évaluer la densité ou l’épaisseur du matériau traversé par le rayonnement. Dans les systèmes d’étalonnage, le césium 137 émet des rayonnements de manière stable et prévisible. Ce qui permet de calibrer des instruments de mesure tels que des détecteurs de rayonnement ou des compteurs Geiger.
En médecine, la source radioactive du césium 137 est utilisée pour traiter certains types de cancer tels que celui du col de l’utérus ou de la vessie. Elle est placée directement en contact avec la tumeur pour délivrer une dose de rayonnement qui détruit les cellules cancéreuses. Le chlorure de césium est d’ailleurs proposé en médecine alternative pour arrêter la progression des métastases. Toutefois, malgré cette hypothèse, l’utilisation de cette substance a été associée à des effets cardiotoxiques et ne présente pas d’efficacité notable dans le traitement du cancer. D’autre part, du césium 137 plus actif est utilisé pour irradier le sang afin qu’une transfusion sanguine soit sans danger pour les personnes souffrant de déficit immunitaire.
Enfin, les niveaux de 137Cs dans l’environnement sont souvent utilisés comme indicateur de la gravité de la contamination radioactive et des risques pour la santé humaine et l’environnement.
Cinétique environnementale
Les études de comportement des isotopes du césium dans l’environnement visent à comprendre comment ces éléments se déplacent dans l’environnement. Et notamment, comment ils sont transportés par l’eau, par l’air ou par les sols, ou encore comment ils sont absorbés et accumulés dans les organismes vivants. Ces études ont pris de l’ampleur depuis la catastrophe de Tchernobyl en 1986. Elles aident à déterminer les niveaux de contamination dans l’environnement et à élaborer des stratégies pour minimiser l’exposition humaine à ces éléments dangereux.
Les ions de césium présents dans l’eau peuvent s’accrocher à certains matériaux de construction tels que les briques et les mortiers, ou se coller sur les ciments et bétons. Cette adsorption dépend de la température, du temps d’exposition et de la quantité de césium dans l’eau. Plus l’eau contient de césium, plus les ions de césium se colleront aux matériaux de construction. Les scientifiques ont trouvé un modèle mathématique pour expliquer ce phénomène, appelé le modèle de Freundlich. Les chercheurs ont également observé que la température influe sur l’adsorption de césium : plus elle est élevée, plus le césium se colle rapidement aux matériaux de construction.
Récupération du césium
Pour nettoyer les zones les plus contaminées suite à l’explosion nucléaire de Fukushima, un robot hydrodécapeur a été développé. Ce robot utilise l’hydrodécapage à très haute pression, qui consiste à projeter de l’eau sous pression très élevée sur les surfaces contaminées pour les nettoyer. Cela peut arracher la peinture et la surface du béton ou de l’asphalte, mais permet également de retirer la contamination radioactive. Les résidus aqueux qui en résultent, dont des éléments radioactifs tels que le césium, sont ensuite récupérés et traités afin de ne pas contaminer davantage l’environnement.
Des scientifiques ont également expérimenté des méthodes pour réduire la radioactivité des déchets nucléaires. L’une de ces méthodes est l’extraction sélective par solvant, consistant à utiliser le césium 137 et le strontium 90 pour extraire les éléments radioactifs. Cette méthode utilise le Calix[4]arene-crown-6, un composé organique qui forme une liaison avec les ions de césium et de strontium, pour l’extraction.
Occurrence du césium dans l’écosystème
Lorsque le césium radioactif est libéré dans un sol argileux et nu, il est fortement absorbé par les particules d’argile présentes dans le sol. Les argiles sont des minéraux qui ont une grande capacité d’adsorption. Par conséquent, le radiocésium se déplace difficilement vers les eaux profondes ou superficielles. Les nappes d’eau souterraines et les rivières sont rarement contaminées par le radiocésium, sauf en cas d’érosion qui peut transporter les particules d’argile contaminées.
Le césium est beaucoup plus présent dans la couche supérieure des sols. Dans ces couches, il peut être absorbé par les racines et les rhizomes de certaines plantes. Les fougères, les truffes, les champignons peuvent, par exemple, concentrer le césium dans leurs tissus.
Dans les années 1990, des scientifiques de l’Institut national de la recherche agronomique de Montpellier ont étudié comment le césium se déplaçait dans les plantes et le sol. Ils ont découvert que différentes espèces de plantes absorbent le césium à des vitesses différentes. La quantité de potassium dans le sol, la densité et la profondeur des racines de la plante affectent également la vitesse à laquelle le césium est absorbé. Selon les résultats, le césium est véhiculé plus facilement grâce à la présence de matière organique dans l’argile. La plante peut ainsi en absorber plus de 90%. Cependant, une grande partie du césium qui est absorbé par la plante est éliminée, mais ne se retrouve pas dans les parties supérieures de la plante.
Après un contact externe avec le césium, les plantes à racines superficielles sont souvent contaminées en premier. Ensuite, environ 10 à 20 ans plus tard, ce sont les plantes qui ont des racines plus profondes et certains champignons qui sont contaminés. Les animaux qui vivent en liberté et se nourrissent de plantes contaminées subissent également une contamination. Cependant, le degré varie en fonction de leur position dans la chaîne alimentaire. Quant à la durée de contamination des arbres, elle reste encore indéterminée.
Le césium 137 a été libéré en quantité dans l’environnement à la suite de l’accident de la centrale nucléaire de Tchernobyl en 1986. Il est particulièrement présent et stable dans les écosystèmes forestiers, en particulier dans les régions où il a plu lors de l’accident. Il s’est accumulé dans les sols forestiers, en particulier dans les creux et les parties inférieures des montagnes. Les analyses effectuées depuis l’accident ont révélé un taux de contamination élevé de césium radioactif dans les produits de forêt de ces zones.
Occurrence du césium dans la chaîne alimentaire
Les racines, les rhizomes, les tubercules, et notamment les champignons peuvent être contaminés, si le sol dans lequel ils poussent est déjà rempli de substances radioactives. Les animaux qui les consomment peuvent ensuite être contaminés à leur tour, et cela de manière durable. Le sanglier est particulièrement vulnérable à la bioaccumulation du césium 137. En effet, il accumule cet élément dans son organisme tout au long de sa vie. En effet, non seulement il se nourrit de champignons et de racines, mais il fouille également le sol pour chercher de la nourriture. Il est également un animal nécrophage.
Une étude menée en Allemagne montre que la radioactivité moyenne de la viande de chevreuil a diminué au fil des ans, mais pas celle du sanglier. Les analyses ont montré que la teneur en césium 137 chez les sangliers pouvait varier considérablement, entre 5 Bq/kg à plus de 8 000 Bq/kg. Les chercheurs ont constaté que les facteurs saisonniers et environnementaux, tels que les choix alimentaires et les conditions météorologiques, peuvent influencer la quantité de césium 137 que les sangliers absorbent.