Historique et état de la recherche sur les propriétés du sureau noir
Au début du XXe siècle, les habitants de Bagnes, une région en Suisse, mélangeaient cette plante avec la benoîte, puis l’appliquaient en compresse pour apaiser les varices. Le Sambucus nigra y était en effet réputé pour ses bienfaits sur la circulation sanguine.
Ces personnes se servaient en outre des fleurs pour soigner le rhume et les refroidissements. Elles avaient recours à deux approches : la préparation de tisanes et l’inhalation. Elles transformaient également les fruits en sirop afin de traiter ces affections.
Au XXe siècle
En 1986, la commission E, un organisme gouvernemental allemand, a accordé son aval quant à l’utilisation médicinale des fleurs de sureau pour traiter le rhume.
En 1995, pendant une épidémie de grippe au sein d’un kibboutz israélien, une étude clinique à double insu a été menée. L’objectif était d’évaluer l’efficience d’un extrait de baies de sureau par rapport à un placebo pour apaiser les symptômes de la grippe. Les résultats ont démontré que l’extrait de baies était bien plus efficace que le placebo pour atténuer les symptômes. En seulement deux jours, 93,3 % des sujets traités au sureau ont constaté un soulagement significatif. Chez les personnes sous placebo, il a fallu six jours pour que 91,7 % d’entre elles éprouvent une amélioration similaire.
En 1999, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a reconnu l’usage habituel de ces fleurs en tant qu’expectorant. Elles facilitent en effet l’élimination du mucus de la trachée et des bronches par le biais de l’expectoration ou de la toux. De plus, l’OMS les a également qualifiées de diaphorétiques, c’est-à-dire qu’elles peuvent provoquer la sudation.
Dans différentes parties du globe, les fleurs du sureau noir ont été traditionnellement employées et continuent de l’être comme diaphorétique. Elles sont infusées en tisane ou en thé pour lutter contre la grippe et les refroidissements. Par ailleurs, le thé à base des fruits est aussi utilisé pour combattre le rhume et ses symptômes, notamment la fièvre.
Au XXIe siècle
En 2001, une étude a démontré que le sureau noir pourrait renforcer le système immunitaire en régulant la production de cytokines pro-inflammatoires.
En 2002, une étude de pharmacovigilance a été menée auprès de 762 femmes enceintes. Elles ont pris une préparation contenant des fleurs de sureau, ainsi que d’autres plantes, pendant leur grossesse. Les résultats ont révélé qu’aucun effet embryotoxique ou tératogène n’a été observé.
Exploration des potentialités médicinales du Sambucus nigra : revue de littérature datant de 2010
Une revue de littérature biomédicale intitulée A systematic review on the sambuci fructus effect and efficacy profiles, publiée en 2010, a révélé les résultats suivants.
Sur un rat de laboratoire, l’administration d’un extrait éthanolique de baies de sureau a amélioré une inflammation du côlon engendrée par de l’acide acétique. Parallèlement, l’utilisation d’un extrait aqueux de ces fruits a démontré des propriétés analgésiques, réduisant ainsi la sensibilité à la douleur. Toutefois, cette solution a également induit une dépression centrale chez le sujet testé.
Une expérimentation in vitro sur un modèle animal a établi que les baies du sureau noir possèdent des propriétés antivirales, antioxydantes et antiprolifératives très prometteuses. Un faible effet antilipidémique a été constaté lors d’une recherche clinique menée sur l’homme ainsi que chez l’animal. Des signes d’effets antibactériens et anti-inflammatoires ont également été observés, mais ils n’ont pas été vérifiés de manière concluante.
Le sambucol, un extrait aqueux de sureau, s’est révélé utile dans le traitement des infections virales de la grippe. Cette conclusion a été établie à la suite de plusieurs études in vitro, deux expériences exploratoires réalisées chez l’homme ainsi que d’une recherche ouverte chez le chimpanzé.
Néanmoins, cette revue souligne que l’efficacité des préparations à base des fruits du Sambucus nigra doit être confirmée par des essais plus rigoureux. Cette approche est nécessaire avant de les intégrer officiellement dans des schémas préventifs et thérapeutiques.
2014 : Le sureau comme source d’antiviraux
En 2014, le Natural Standard Research Collaboration, projet réunissant des chercheurs internationaux, a diffusé une étude systématique portant sur les propriétés des fleurs et des baies de sureau, étayée par des preuves solides.
Cette recherche a regroupé les informations sur leur efficacité et leur innocuité provenant de la littérature scientifique, en se basant sur une méthode de classification validée et reproductible. Elle a révélé que de nombreux essais ont démontré les propriétés antivirales des extraits de baies et de fleurs de sureau. Les effets ont été constatés à partir des symptômes de diverses maladies virales, qu’elles soient dues à des virus humains, animaux ou zoonotiques.
2015 : Vers une santé métabolique optimale grâce au Sambucus Nigra
En 2015, des chercheurs ont rapporté que les extraits du Sambucus nigra ont la capacité de réguler le métabolisme du glucose, du cholestérol et des graisses. Ces produits ont également montré une influence sur la stabilisation de l’insuline chez les individus souffrant de diabète ou d’obésité. Ils ont conduit à une réduction significative des taux de cholestérol et de lipides.
2020 : Le sureau noir entre dans la catégorie des plantes prometteuses contre les maladies émergentes ou réémergentes
En 2020, le sureau noir est considéré comme une plante prometteuse dans la lutte contre certaines maladies émergentes ou réémergentes. Des essais antérieurs ont en effet démontré qu’il possède un certain degré d’efficacité contre le virus de la grippe A et B, ainsi que contre le virus de la dengue (DENV-2). Il en est de même contre le virus de la bronchite infectieuse, le coronavirus NL63 (HCoV-NL63), le virus de l’herpès humain de type 1 (HSV-1) et le VIH.
2022 : Confirmation des propriétés de fruits du sureau noir
En 2022, deux chercheurs publient un article dans la revue intitulée Elderberries : A Source of Bioactive Compounds with Antiviral Action. Les deux auteurs soulignent que les fruits possèdent des molécules d’intérêt phytothérapeutiques qui leur confèrent des propriétés antibactériennes, antioxydantes, immunostimulantes, antivirales, antidiabétiques et antidépressives. Ils mentionnent également un potentiel antitumoral ainsi qu’un certain impact sur l’obésité et les dysfonctionnements métaboliques.