La spiruline, son origine, son histoire, ses vertus en phytothérapie et ses contre-indications.
Origine de la spiruline
La spiruline fait partie des premiers organismes vivant sur la planète Terre. Elle serait le résultat de l’alliance des quatre éléments, à savoir la terre, l’eau, l’air et le feu. Elle fait partie des premières formes de vie précurseurs de la photosynthèse, un phénomène essentiel au développement des végétaux et des êtres vivants en général. Elle a donc participé à la grande oxygénation de l’atmosphère, rendant la vie possible sur la terre.
Cette création de la nature date d’il y a plus de trois-milliards d’années. Elle a la forme d’une microalgue et vit dans un milieu aquatique alcalin caractérisé par la forte présence de minéraux. La spiruline serait à la fois une espèce végétale et une espèce animale, à mi-chemin entre les deux. En tant qu’être vivant, elle est une cyanobactérie qui a la capacité exceptionnelle de réaliser la photosynthèse. En tant que plante, elle utilise la lumière comme source d’énergie grâce à ses pigments.
Histoire et découverte de la spiruline
Les explorateurs espagnols du XVIᵉ siècle avaient remarqué que le peuple aztèque se nourrissait d’une étrange galette bleue. Ils ont constaté l’importance de cette algue dans l’alimentation des habitants et dans l’économie. Les historiens de l’époque ont évoqué le sujet dans leurs écrits. Dans son ouvrage Historia general de las Indias (1552), Francisco López de Gómar parlait d’un produit que les Aztèques consommaient au quotidien. La comparaison avec fromage était évidente. Juan Bautista Pomar avait repris cette analogie en parlant de « queso de la tierra » ou fromage de la terre.
Le procédé a été décrit par le père Francisco Javier Clavijero. Selon ce prêtre jésuite, les Aztèques récoltaient une substance vaseuse flottant sur les eaux du lac. Ils la faisaient égoutter et sécher sous le soleil. Encore fraîche et de forme pâteuse, l’algue était pétrie pour avoir la forme de galette. Les Aztèques les utilisaient comme condiments nutritionnels. Ils appelaient cette algue bleue « tecuitlatl ». L’étymologie dans la langue nahuatl renvoie à « excrément du rocher », d’après le lexicologue Rémi Siméon (1988). Le mot « cuitlal » est en effet associé au terme « excrément ». L’avocat, linguiste et ethnologue mexicain, Cecilio Robelo (1839–1916), avait publié le Diccionario de aztequismos. Il insiste sur le préfixe « teotl » qui veut dire sacré. Le mot « tecuitlatl » pourrait donc signifier « excrément sacré ».
Les algues bleues ont disparu du lac de Texcoco à la suite du drainage opéré par les Espagnols. Dans les années 1970, après la redécouverte de la spiruline en Afrique et l’importation en Europe, les Mexicains ont développé la culture de l’Arthrospira maxima qui était encore abondante dans le lac Texcoco. La consommation de spiruline dans le pays est relancée, comme sur les autres continents à la même période.
Sur le continent africain, l’intégration de l’algue bleue dans l’alimentation remonterait au IXe siècle sur les abords du lac Tchad. À l’époque, les habitants de l’empire du Kanem confectionnaient un petit gâteau à base de spiruline, connu encore aujourd’hui sous le nom de « Dihé ». L’espèce utilisée par les Kanembou à cet effet est Arthrospira platensis. Dans les années 2000, ce peuple en consommait en abondance, à raison de 40 g par jour par adulte. L’algue bleue est donc un complément nutritionnel indispensable dans un pays comme le Tchad où l’agriculture est très limitée.
Les premiers intérêts scientifiques pour la spiruline
Le terme Spirulina est apparu dans la taxonomie pour classifier le genre auquel appartient la spiruline (Spirulina Turpin ex Gomont, 1892) et son espèce (Spirulina major Kütz ex Gomont, 1892). Ainsi, elle fait partie de la classe des Cyanophycées (Cyanophyceae Schaffner, 1909).
En Afrique, la récolte traditionnelle de cet élément nutritif a attiré l’intérêt des scientifiques dans les années 1960. Le botaniste Jean Léonard a étudié l’algue verte du bord du lac Tchad. Formellement identifiée, la spiruline a livré ses secrets à la science. Elle est présentée comme une cyanobactérie du genre Spirulina ou Arthrospira. Elle s’avère être un aliment très riche en protéines, en minéraux, en vitamines et en pigments.
À partir des années 1970, cette algue bleue représente le complément alimentaire idéal permettant de lutter contre la faim dans le monde. On lui prédit le destin d’améliorer la santé et la qualité de vie de l’être humain grâce à ses vertus thérapeutiques. Même les Nations Unies ont fait la promotion de ce superaliment qui pourrait sauver l’humanité de la famine.
À la fin des années 1980, la NASA a accordé un intérêt scientifique majeur à la spiruline. L’agence spatiale américaine avait comme projet de recréer les conditions terrestres et aquatiques dans l’espace pour cultiver la cyanobactérie. Amener cet écosystème dans l’espace offrirait la possibilité d’améliorer les apports nutritionnels des astronautes lors des missions longue durée. Un mini bassin aquacole contribuerait aussi à produire de l’oxygène à bord.
Des manuels pour la culture de spiruline
En Europe, il a fallu attendre les années 2000 avant de voir la filière spiruline se développer. Les travaux menés par le Dr Ripley Fox ont permis aux exploitants de lancer la culture de cette algue sur le continent. Les résultats de cette étude menée dans le laboratoire de la Roquette dans l’Hérault ont été présentés dans un ouvrage devenu une référence dans le domaine. Dans Spiruline : techniques, pratiques et promesses (Edisud, 1999), le Dr Fox décrit ce qu’il pense être la solution contre la malnutrition dans les pays en voie de développement.
Un autre scientifique du nom de Jean-Paul Jourdan a orienté ses travaux sur l’expérimentation de la culture de spiruline à Mallet, dans le Gard. Ce chimiste a publié l’ouvrage Manuel de culture artisanale, aujourd’hui incontournable sur les sites d’exploitation et dans les instituts de recherche.
Les pays développés se sont mis à cultiver des souches de cyanobactéries, notamment dans des bassins aquacoles à dimensions industrielles. De même, de petites exploitations produisant moins d’une tonne par an ont vu le jour. La Chine est le leader de cette industrie de l’algue bleue, avec une production dépassant les 5 000 tonnes par an.
Description de la spiruline
La spiruline ou Spirulina platensis est assimilée à une microalgue. En réalité, il s’agit d’un organisme procaryote photosynthétique. La spiruline est classée comme une cyanobactérie, un être vivant unicellulaire se distinguant par l’absence de noyau et par sa taille microscopique (environ un demi-millimètre). Cette bactérie partage des caractéristiques avec les plantes, dont sa capacité à se nourrir grâce à la photosynthèse.
Étant unicellulaire, la microalgue peut se déplacer librement dans son environnement. Sa forme rappelle celle d’un ressort ou d’une spirale. Elle est caractérisée par une série de filaments mobiles enroulés d’approximativement dix micromètres de diamètre. En latin, le terme enroulement veut dire « spira ». Pour avoir les six à sept spires nécessaires, l’algue doit pousser dans un environnement favorable. Protégée du soleil, elle peut atteindre les fonds des lacs et emmagasiner le maximum de nutriments. Les cellules composant la spiruline sont juxtaposées en deux souches. La première est la souche Lonar qui a des filaments en forme spiralée. La deuxième est la souche Paracas avec des filaments en forme ondulée.
Une classification difficile
Règne animal ou végétal, bactérie, difficile de trancher sur la classification de la spiruline. Considérée d’abord comme un végétal aquatique, Spirulina appartient à la classe des Cyanophycées. Dans ce sens, elle est alors qualifiée d’algue bleue de type procaryote. Les choses se précisent à partir de 1974 quand la qualification simpliste d’algue fait place à celle de cyanobactérie.
Ce micro-organisme est doté de phycocyanine, de chlorophylle et de caroténoïdes. Grâce à ces pigments, il peut produire de l’oxygène et réaliser la photosynthèse. Ses parois cellulaires ne comportent pas de cellulose. En tant que végétal, la spiruline est de ce fait très facile à digérer. Son côté bactérie lui donne la capacité d’échanger de l’information sur le plan génétique.
Le genre Arthrospira n’est pas à confondre avec n’importe laquelle des 2000 cyanobactéries existant dans le monde. En effet, il comprend 36 espèces consommables connues sous l’appellation « spiruline alimentaire ».
Les variétés de spiruline
De toutes les variétés de spiruline, deux sont mises en avant. L’une est aujourd’hui la plus répandue dans le monde, tandis que l’autre est la première à avoir été exploitée. Une troisième commence à se faire un nom.
Spiruline platensis
Étant la plus répandue, elle porte, par abus de langage, le nom du genre spiruline. Encore appelée Arthrospira platensis, cette microalgue se distingue par ses apports nutritionnels élevés en protéines, en minéraux et en antioxydants.
Spirulina maxima
Cette algue bleue découverte par les Aztèques a une teneur en substances nutritives plus élevée que l’Arthrospira platensis. Cette espèce se différencie par sa taille plus grande. L’Arthrospira maxima est riche en vitamine E, en vitamine B12 ainsi qu’en sélénium.
Spiruline fusiformis
Elle se distingue par sa richesse en protéines et en acides gras essentiels. L’Arthrospira fusiformis a une forme différente d’enroulement.
La classification de la spiruline n’est pas encore arrêtée. Les propositions continuent d’affluer, dans l’attente d’une convention ou d’un compromis. Cependant, certaines variétés commerciales ne sont pas liées à la cyanobactérie, mais à un produit fini avec un nom commercial attractif.
Une microalgue vert et bleu
La spirulineconnue principalement par sa variété Arthrospira platensis est une algue ayant une forme de filaments, visibles seulement au microscope. Ceux-ci sont enroulés en spirale et font des mouvements oscillatoires. Cette forme est à l’origine de l’appellation spiruline. Elle tient sa couleur verte de la chlorophylle contenue dans ses filaments. Elle est aussi appelée « algue bleue » à cause de sa teneur en phycocyanine, un pigment bleu. L’appellation « algue bleu-vert » est également utilisée, mais moins couramment.
Ce végétal ne possède pas de noyau défini. Les filaments ne se transforment pas durant le cycle de vie de l’algue bleue. Aucune feuille, aucune fleur, ni aucun fruit ne seront développés. Les spirulines n’ont pas de racines. Elles ne disposent pas de cellules sexuelles et se reproduisent par simple division cellulaire.
Dans la nature, la spiruline se développe dans les milieux aquatiques alcalins et fortement minéralisés. L’étendue d’eau qui l’abrite est reconnaissable à sa forme en cuvette et à son aspect saumâtre de celle-ci, dû à la présence d’argile. Cette algue bleue pousse dans les lacs particulièrement riches en nutriments et en azote. Pour avoir une bonne croissance, la température optimale de l’eau est de 30 à 40 °C. L’habitat naturel de la spiruline se trouve en Amérique centrale et en Afrique, là où passe la ceinture tropicale.
Une championne de la photosynthèse dans l’eau
La spiruline est connue comme étant une bactérie capable de capter l’énergie solaire et d’accomplir la photosynthèse. Elle absorbe l’azote dans l’air et transforme le gaz carbonique (CO2) en matière organique ou vivante. Elle dégage de l’oxygène (O2), jouant ainsi un rôle fondamental dans l’écosystème.
Ces algues unicellulaires ont des pigments bleus. Elles poussent à la limite du monde aérien et du monde aquatique. Les algues bleues combinent la photosynthèse dans l’air et la transformation de minéraux en matières organiques dans l’eau.
Composition de la spiruline
La spiruline est très riche en macronutriments indispensables aux fonctions vitales de l’organisme. Elle a un apport important en protéines et fournit également des glucides et des lipides. De même, cette algue est chargée en micronutriments présents en petite quantité dans le corps humain, notamment les vitamines et les minéraux.
Forte teneur en protéines
La spiruline est sans doute le végétal qui renferme le plus de protéines. Son apport protéique correspond à 60 %, voire jusqu’à 70 % de son poids à l’état sec. Son efficacité s’explique par son taux de digestibilité allant jusqu’à 90 %, exceptionnelle pour de la protéine végétale. Cette cyanophycée apporte les acides aminés essentiels que le corps ne peut fabriquer.
Dans 5 g de spiruline, on peut relever 2,5 à 3 g d’acides aminés répartis comme suit :
la leucine (270 mg) ;
la valine (200 mg) ;
la thréonine (160 mg) ;
la lysine (150 mg) ;
la phénylalanine (145 mg) ;
et l’isoleucine (175 mg).
Les autres protéines comme le tryptophane (45 mg), la méthionine (70) et l’histidine (50 mg) sont tout aussi capitales.
Du sucre rapide et de l’oméga 6
D’autres substances fondamentales comme des polysaccharides et bien d’autres sucres assimilables composent la spiruline. Cette algue contient du sucre rapide stocké sous forme de glycogène. Le corps dispose rapidement d’énergie après avoir digéré ce produit. La quantité de glucides dans 5 g de spiruline varie de 0,75 g à 1,25 g, soit 15 à 25 %.
Par ailleurs, les algues bleues contiennent des lipides, dont l’acide gamma-linolénique. La spiruline en est la deuxième source après le lait naturel. Elle a en général un bon apport en oméga 6. De plus, elle a une teneur intéressante en acide gras polyinsaturé linoléique. Dans 5 g de spiruline, la teneur en lipides est de 4 à 7 %, soit entre 0,30 et 0,35 g, dont 40 mg d’acide linoléique et 50 mg d’acide gamma-linolénique.
Riche en vitamines et oligoéléments
Selon une étude de la NASA, l’apport en vitamines et minéraux d’un kilogramme de spiruline séchée équivaut à celui d’une tonne de fruits et légumes variés. La présence d’une grande variété de ces oligo-éléments est à signaler.
Dans 5 g de cette algue verte, on a de la vitamine B1 ou thiamine (17 % des ANC ou apports nutritionnels conseillés) et de la vitamine B2 ou riboflavine (15 % des ANC). La vitamine B3 (niacine) fournit 5 % contre 2,5 % pour la B6 ou pyridoxine. L’acide pantothénique (B5), l’acide folique (B9) et la biotine (B8) couvrent moins de 1 % des apports journaliers. Toutefois, son apport en Vitamine B12 ou cobalamine (46 % des ANC) est important. Enfin, cette même quantité de spiruline fournit 5 % des ANC en Vitamine E et 200 % en vitamine K.
Grâce à la caractéristique de son milieu naturel, cette algue est très riche en oligoéléments. Elle renferme notamment du fer, dont l’apport est le plus élevé, couvrant jusqu’à 56 % des besoins quotidiens pour 5 g de spiruline. Le chrome, le cuivre, le manganèse et le zinc ont des apports moins importants. Les minéraux sont présents en petite quantité, entre 0,35 et 0,65 g pour 5 g de spiruline, loin de satisfaire l’apport conseillé. Néanmoins, les apports en potassium (70 mg), en calcium (5 mg), en magnésium (21 mg) et en sodium (45 mg) sont intéressants.
Des pigments et des couleurs
La spiruline contient trois sortes de pigment :
les caroténoïdes : ils donnent une couleur tirant du jaune au rouge. Ces provitamines A sont de type carotène ou cryptoxanthine dont l’apport est égal à celui d’une alimentation à base de carottes et de légumes à feuilles. De tous les aliments, la spiruline figure parmi ceux qui ont la plus grande teneur en bêta-carotène.
La chlorophylle : elle permet à ce micro-organisme de garder un équilibre acido-basique. Ce pigment s’associe à un cofacteur pour emprisonner et éliminer les métaux lourds. Il apporte la couleur verte et facilite la première étape de la photosynthèse. Il est présent à hauteur de 1 % dans la spiruline, un taux exceptionnellement élevé par rapport aux autres végétaux.
La phycocyanine : un pigment bleu cyan qui donne à l’algue sa couleur particulière. Proche des pigments biliaires, elle protège le foie et a une fonction détoxifiante. Elle n’est retrouvée que chez la spiruline. Pour 5 g de ce produit, la quantité de phycocyanine varie de 4 mg à 7,5 mg.
Récapitulatif des taux de nutriments dans la spiruline :
Protéines
55 – 70 %
Glucides
15 – 25 %
Lipides
4 – 7 %
Minéraux
7 – 13 %
Fibres
4 – 7 %
Une culture écologique
L’habitat naturel de la spiruline est constitué de lacs et d’étendues d’eau dans les pays tropicaux et subtropicaux. L’Arthrospira pousse naturellement dans certains plans d’eau qui ont marqué l’histoire de cette algue bleue. À part les lacs du Tchad et le lac Texcoco au Mexique, les lacs Lonar en Inde et Paracas au Pérou abritaient des cyanobactéries. Cependant, cette présence naturelle s’est raréfiée à cause de la dégradation de l’environnement et l’empreinte des activités de l’homme.
Cette cyanobactérie a pu voyager vers d’autres lieux grâce aux oiseaux. Les flamants roses participent au développement de leur culture dans un milieu aquatique en y apportant de la déjection. Cette matière organique est par la suite fermentée au fond du lac et permet un apport en azote minéral. D’autres micro-organismes interviennent pour que l’azote organique soit assimilable par la spiruline. Cette dernière se nourrit des minéraux présents dans son habitat. Le flamant rose remue doucement l’eau, provoquant une légère ondulation bénéfique à la croissance de l’algue bleue. Cet oiseau aquatique se nourrit aussi d’algues et filtre l’eau. En reprenant sa migration, il va apporter les cyanobactéries dans un autre lac, dans d’autres pays lointains. La spiruline voyage. En Afrique, des flamants nains colonisent certains lacs en Tanzanie, au Kenya et en Éthiopie.
La culture de spiruline dans le monde
Comme un symbole, la première exploitation industrielle s’est faite là où la spiruline a été découverte. Une entreprise de production de carbonate de sodium s’est diversifiée dans l’algoculture. Sosa Texcoco a exploité un milieu naturel de l’Arthrospira maxima pour en produire en quantité industrielle à partir de l’année 1970. En trois ans, la production est passée de 100 kg à une tonne par jour. Dix ans plus tard, les cultures hors-sol à grande échelle ont fait leur apparition aux États-Unis (en Californie et à Hawaï) et en Thaïlande (près de Bangkok).
Au milieu des années 1980, un institut privé indien a lancé la production artisanale de spiruline. Ces micro-exploitations se faisaient dans un milieu aquatique artificiel. Le bicarbonate de soude est utilisé pour l’alcalinité, de l’urée pour l’azote et du chlorure de sodium pour la salinité. De l’acide phosphorique et du nitrate de potassium y sont ajoutés. Ces fermes aquacoles fonctionnent selon un modèle d’entrepreneuriat social et solidaire.
La Chine a suivi les pas de l’Inde, mais a tout de suite vu les choses en grand. La première ferme aquacole chinoise était composée d’un bassin de 3 000 m². Dans les années 1990, la taille industrielle était généralisée pour les exploitations de cet aliment qualifié d’intérêt national. La Chine assure la moitié de la production mondiale.
Face au besoin élevé en nutriments, la production naturelle de spiruline est insuffisante. Depuis les années 2000, les bassins aquacoles se sont multipliés en France. La plupart des spiruliniers français sont à la tête d’une exploitation artisanale. Un bassin de moins de 1 000 m² et dépourvu de toute forme de technologie produit une tonne de spiruline paysanne destinée à un circuit court.
La plupart des petits exploitants membres de la Fédération des Spiruliniers de France font une activité saisonnière. Soixante pour cent d’entre eux produisent entre 20 et 500 kg de spiruline par an. Les exploitations intermédiaires sont dotées de moyens techniques et utilisent un bassin de plus de 1000 m². Une grande exploitation à l’échelle de la France produit 30 tonnes par an, bien loin des exploitations industrielles de 300 tonnes par an en Chine. L’Union européenne importe 80 % de sa consommation de spiruline.
Pratiquer l’algoculture en France
L’obstacle du froid en période hivernale a été franchi. Les horticulteurs ont reproduit les conditions naturelles des fonds de lac d’une région tropicale. En premier lieu, il faut apporter de l’alcalinité à l’eau. La concentration en minéraux doit être contrôlée pour rester dans une valeur comprise entre 0,1 mg et 2 mg par litre. Pour être favorable à la formation des bactéries, le pH de l’eau doit se situer entre 9 et 11.
Il faut ensuite apporter de la chaleur au milieu de culture afin d’obtenir une eau à température optimale. De même, les rayons de soleil doivent être suffisants pour provoquer la photosynthèse. Ainsi, des apports artificiels en chaleur et en lumière sont nécessaires, surtout quand il manque d’ensoleillement et quand il fait froid. Enfin, il faut agiter doucement et régulièrement l’eau de culture.
Pour réunir toutes ces conditions, la culture de spiruline se fait en hiver dans un bassin installé dans une serre chauffée et éclairée artificiellement. Les réglages de ces paramètres se font en fonction de l’ensoleillement et de la température ambiante. Grâce aux photobioréacteurs, un exploitant peut obtenir des récoltes onze mois sur douze. La production est plus élevée d’avril à septembre, en raison du climat chaud et ensoleillé.
Dans les régions tropicales ou chaudes, l’algoculture se pratique dans un bassin peu profond, couvert ou non. En se servant d’une eau à 35 °C et à pH 10, il est possible de produire l’équivalent en spiruline séchée de 6 g par mètre carré par jour. La spiruline pousse dans un écosystème extrême, particulièrement salin et basique. Elle se trouve alors dans une situation de monoculture puisque ni les autres algues ni les autres cyanophycées ne peuvent s’y développer.
De la récolte au conditionnement
La première étape de la récolte de spiruline est la filtration. Les algues passent par une membrane très fine tandis que l’eau retourne dans le bassin. Mouillées et non encore consommables, elles sont par la suite pressées de manière à les égoutter sans toutefois détruire la biomasse.
L’étape suivant le pressage consiste à découper l’algue fraîche pour en obtenir des pâtes ou des spaghettis. Le procédé d’extrudage facilite le séchage. Pour faire sécher la spiruline, elle est chauffée à basse température pendant 10 heures. Le séchage au soleil n’est pas recommandé en raison d’un ensoleillement irrégulier et du risque de voir les nutriments dénaturés. Ensuite, on procède à d’autres opérations comme le concassage et le broyage. La spiruline séchée est présentée sous forme de poudre ou en paillettes. L’ensachage peut se faire de manière artisanale. L’emballage est rempli à la main. Le sachet en aluminium est préconisé, car il protège le produit de la lumière et de la chaleur. Diverses présentations sont retrouvées dans le commerce, y compris le comprimé, la gélule et l’élixir. Le conditionnement s’apparente alors à celui des produits pharmaceutiques. Les produits à base de spiruline doivent être gardés dans un endroit sec et à l’abri de la lumière.
Propriétés
La spiruline est présentée comme un superaliment, une qualification qui n’est pas usurpée. Ses apports nutritifs sont indispensables au maintien, à la croissance et à la régénération de l’organisme des êtres vivants. Elle a été consommée par le peuple aztèque et certains peuples sahariens pour sa grande qualité nutritive.
De nos jours, la Spirulina platensis est proposée comme complément alimentaire. Elle vient combler toute forme d’insuffisance alimentaire, que ce soit la malnutrition ou la sous-alimentation. Ses composants couvrent les besoins en nutriments essentiels comme les protéines, les lipides, les glucides, les minéraux et les oligoéléments. Ce complément alimentaire convient à tous les âges. Il accompagne les nourrissons, les enfants et les adolescents durant la croissance. Il est idéal pour les sportifs et les femmes enceintes, les patients en convalescence et les personnes âgées qui ont besoin de réparer leur organisme et retrouver de la force. Il est aussi conseillé pour accompagner les traitements de certaines pathologies.
Vertus et utilisations de la spiruline en phytothérapie
En tant que superaliment et super cocktail d’éléments nutritifs naturels, la spiruline doit être utilisée de manière rationnelle en fonction de ses composants.
Utilisations thérapeutiques
Antifatigue
Les carences sont à la fois la cause et la conséquence de la fatigue. L’algue bleue apporte des éléments naturels permettant de se remettre d’aplomb, notamment les vitamines, les minéraux et les oligoéléments. Elle traite efficacement les différents symptômes de l’asthénie comme les problèmes de concentration, le stress, l’insomnie.
Antioxydant
La spiruline est une source importante d’antioxydants tels que la vitamine E, la phycocyanine et le bêta-carotène. Elle est riche en oligo-éléments aux propriétés antioxydantes comme le zinc, le sélénium et des minéraux. Elle offre la possibilité de combler une alimentation pauvre en antioxydants, une cause de nombreuses pathologies.
Renforcement du système immunitaire
La spiruline favorise la formation de nouvelles cellules sanguines, offrant ainsi à l’organisme la possibilité de se régénérer. Elle est riche en fer et en vitamines B. Elle stimule la production d’anticorps et améliore le fonctionnement du système immunitaire. En renforçant le corps et en détoxifiant les organes, la spiruline aide à résister aux infections et aux virus.
Antivirale
La Spirulane-calcium (Ca-Sp) est un polysaccharide sulfaté qui confère à la spiruline sa propriété antivirale. La Ca-Sp inhibe la pénétration des virus dans les cellules cibles. Elle est efficace contre les affections virales comme la grippe, les oreillons et la rougeole. La spiruline empêche la concentration de virus et réduit leur multiplication. Elle peut être ajoutée aux traitements des personnes vivant avec le VIH.
Anti-inflammatoire
La phycocyanine agit contre l’inflammation en empêchant la formation de cytokines. Elle limite l’action de la cyclooxygénase 2 qui est un médiateur de l’inflammation. Le bêta-carotène contribue aussi à inhiber l’expression de la COX-2.
Antiallergique
La spiruline joue un rôle crucial dans la prévention des manifestations allergiques comme les rhinites, l’asthme et les eczémas. Elle renforce le système immunitaire, limite la production d’acide arachidonique et empêche les mastocytes de relarguer l’histamine. Elle réduit le nombre de leucotriènes responsables des bronchospasmes. Elle fait baisser les taux sanguins d’immunoglobulines E.
Anticancéreuse
Dans les années 1990, une étude sur le cancer a été réalisée sur des animaux. Elle a démontré que la supplémentation en spiruline inhibe la carcinogenèse dans la cavité buccale et limite l’invasion tumorale. Le bêta-carotène, la Spirulane-calcium et le polysaccharide ont des propriétés anticancéreuses, empêchant la prolifération des cellules tumorales. La phycocyanine est associée avec des traitements médicamenteux.
Les maladies du cœur, du cerveau et du foie
Le mode de vie, l’alimentation et le stress quotidien sont des facteurs favorisant certaines pathologies graves devenues courantes. Accident vasculaire cérébral, infarctus du myocarde, maladie d’Alzheimer, troubles cognitifs, maladie de Parkinson, diabète constituent des problèmes de santé publique. La situation est préoccupante à travers le monde. La spiruline est utilisée pour soutenir les traitements médicamenteux. Cette algue fait l’objet de nombreuses recherches et observations cliniques. Elle renforce l’organisme et a la capacité de cibler certains facteurs responsables de la maladie.
Pathologies
Actions de la spiruline
Troubles cardiovasculaires
Artères bouchées par plaques d’athéromes dues aux mauvais cholestérols. Mauvaise fluidité du sang.
Hypocholestérolémiante Abaisse le taux de LDL (Low Density Lipoprotein) Augmente le bon cholestérol ou lipoprotéine à haute densité
Diminue de la viscosité du sang Améliore la fluidité membranaire du globule rouge Prévient la formation des caillots sur les parois vasculaires Augmente la souplesse des membranes cellulaires grâce aux acides gras essentiels
Troubles du système nerveux central
Maladie d’Alzheimer : affection neuropsychique, troubles cognitifs, lésions dans le cortex cérébral
Protège contre les lésions du cerveau Lutte contre l’inflammation Améliore l’apprentissage Antioxydant
Maladie de Parkinson maladie neurodégénérative, perte de la fonction motrice, destruction de la dopamine (neurotransmetteur)
Protège les neurones Réduit l’inflammation Bloque la mort neuronale par les antioxydants (vitamine E, polyphénol) Atténue les lésions apoptotiques par les flavonoïdes Réduit les anomalies protéiques
Diabète
Diabète de type 1 : diabète insulino-dépendant, incapacité du pancréas à synthétiser l’insuline
Protège le foie et ralentit la destruction des cellules bêta pancréatiques Fait baisser la glycémie Antioxydant
Diabète de type 2 : résistance à l’insuline, liée au surpoids
Protège le foie Fait baisser la glycémie et le cholestérol Anti-hyperlipidémique Antioxydant
Utilisation pour le bien-être et la santé
Supplémentation en nutriments
La spiruline est l’aliment miracle contre la faim et la famine. Grâce à sa haute teneur en protéine, sa consommation entraîne une sensation de satiété. Elle apporte aussi les substances nutritives dont le corps a besoin pour fonctionner et se régénérer. Favorisant la croissance chez les enfants et les adolescents, ce produit est une solution contre la malnutrition et la sous-alimentation dans les pays en voie de développement. Dans les pays développés, il peut servir pour lutter contre la dénutrition. Il amorce la perte de poids.
La santé de la femme
Ce complément alimentaire accompagne la femme dès la puberté jusqu’à la vieillesse, en passant par la ménopause. La spiruline intervient dans la régulation des hormones, de la glycémie et du système nerveux. Elle prévient les troubles cardiovasculaires. Elle est capable de limiter la rétention d’eau et, en même temps, évite le dessèchement des muqueuses.
Riche en protéines, en vitamines et en minéraux, la spiruline est un accompagnement nutritionnel intéressant pour la femme enceinte. Elle aide à atténuer les sensations de fatigue et les différents troubles liés à la grossesse. En intégrant ce superaliment à son alimentation, la mère se remet rapidement de l’accouchement.
La spiruline apporte à la jeune maman les éléments nécessaires pour renforcer sa défense immunitaire, gagner en énergie et résister à la fatigue. L’algue bleue est utile pendant la période d’allaitement, car elle favorise les montées de lait.
Les oligoéléments et les nutriments de la spiruline participent à la préservation de la beauté de la femme. Ce complément alimentaire est un allié de taille pour avoir des cheveux et des ongles forts ainsi qu’une belle peau, ferme et bien hydratée.
Complément alimentaire pour les sportifs
La spiruline améliore l’endurance et la performance en général. Ses protéines soutiennent la reconstruction des muscles après l’effort et augmentent la masse musculaire. La phycocyanine stimule une enzyme endogène. Celle-ci contribue à éviter les crampes en limitant l’accumulation de l’acide lactique. Elle renforce la production de globules rouges et améliore l’oxygénation des cellules. Elle agit contre les inflammations.
Le glycogène contenu dans la spiruline diminue la fatigue et accélère la récupération pendant la préparation physique.
Régime amincissant
La Spirulina platensis renferme desprotéines qui sont efficaces dans un régime minceur. Particulièrement digestes et assimilables, elles permettent de brûler les graisses et de faire baisser le taux de cholestérol LDL. Sa teneur en leucine et en chrome renforce les métabolismes des lipides et des glucides.
En augmentant la sensation de satiété, ces protéines jouent un rôle important dans la limitation de l’apport calorique. La consommation de la spiruline soutient l’organisme durant les régimes amaigrissants, les régimes alimentaires sélectifs ou ceux accompagnés de certaines privations. Les apports nutritifs de la spiruline sont utiles pour corriger les carences.
La spiruline dans l’alimentation
L’algue bleue n’est pas un ingrédient destiné à agrémenter une préparation culinaire. Elle peut cependant accompagner un plat chaud. Toutefois, il ne faut pas l’ajouter si la température de la nourriture est au-dessus de 40 °C. Les pigments, dont la chlorophylle, sont détériorés par la chaleur. La spiruline se consomme en ajoutant la poudre ou les paillettes dans une boisson, un yaourt ou une sauce.
En tant qu’algue renfermant des pigments, la Spirulina platensis est utilisée comme colorant naturel dans l’alimentation. L’algue bleue est la seule plante ayant obtenu l’autorisation d’apporter la coloration bleue. La chlorophylle permet d’obtenir une coloration verte.
Usage vétérinaire
La Spirulina platensis peut être incorporée dans les produits vétérinaires. En effet, cette algue contribue au bien-être des animaux. Comme chez les humains, elle renforce les défenses immunitaires. En cas de maladie, une prise de spiruline accélère la guérison. Elle redonne de l’énergie à l’animal.
L’algue bleue améliore la qualité des poils des animaux en leur donnant plus de brillance et de résistance. Les chats, les chiens et les chevaux peuvent en bénéficier. Ajoutée dans l’alimentation des poules, la spiruline permet d’avoir plus de chair et des œufs de meilleure qualité. Elle peut aussi être mélangée à la nourriture des oiseaux et des poissons.
Formes, dosage et posologie
Sur le marché, la spiruline est disponible fraîche ou séchée. Pour une utilisation externe, elle peut être transformée en boue, comme dans l’ancien temps. La poudre est la forme la plus répandue, présentée dans un emballage. Dans le commerce, les formes galéniques comme la gélule et le comprimé sont très courantes. La dernière forme est la paillette, elle donne du croquant au produit.
La prise de gélule a l’avantage d’avoir un dosage précis. Elle nous évite le désagrément du goût prononcé et de l’odeur désagréable de l’algue. La posologie pour avoir des apports nutritionnels satisfaisants est de 3 à 5 g par jour. Des effets positifs sont observables à partir de 1 g par jour. Les sportifs et les personnes convalescentes ont des besoins plus importants. Le dosage peut être augmenté progressivement jusqu’à 10 g/j.
La spiruline est à prendre de préférence en trois prises par jour.
Contre-indications et effets secondaires
La spiruline est un produit naturel facilement digestible. Elle peut être consommée par tous, sans restriction d’âge, du nourrisson aux personnes âgées. Elle est contre-indiquée chez les individus souffrant de phénylcétonurie au risque d’aggraver les troubles du métabolisme. Elle est déconseillée aux personnes ayant des troubles hépatiques en raison de la forte teneur en fer. De même, si le patient présente un terrain allergique, il vaut mieux s’abstenir de prendre de l’algue bleu-vert.
De légers effets secondaires peuvent être observés comme les maux de tête, des problèmes digestifs et quelques troubles intestinaux. Certaines personnes ne supportent pas une supplémentation soudaine et importante en spiruline. Il faut donc commencer par de faibles doses et augmenter progressivement jusqu’à atteindre l’apport souhaité. La spiruline peut représenter un danger si elle accumule des métaux lourds, des toxines et des bactéries nocives. Une surconsommation n’est pas bénéfique pour l’organisme. Elle peut accentuer les effets secondaires et les troubles qui vont avec. Les organes comme le foie et les reins pourraient se fatiguer.