
Caractéristiques de la Ronce
- Nom : Ronce
- Règne : Plantae
- Sous-règne : –
- Division : –
- Classe : Equisetopsida
- Sous-Classe : Magnoliidae
- Ordre : Rosales
- Famille : Rosaceae
- Sous-famille :–
- Genre : Rubus
- Espèce : –
La ronce est un nom générique qui désigne les espèces du genre Rubus. Elles sont classées dans la famille des Rosacées. Ces plantes se reconnaissent, pour une grande majorité, à leurs tiges ligneuses et épineuses. Elles portent aussi des baies comestibles appelées mûres. Celles-ci sont utilisées en phytothérapie, tout comme les feuilles et les jeunes pousses.
L’histoire de la ronce remonte à plusieurs siècles avant Jésus-Christ. Citée dans de nombreuses légendes, elle fait également partie des plantes médicinales utilisées à l’époque de la Grèce antique.
Les fouilles archéologiques ont permis de découvrir des graines datant du néolithique en Asie. Cela témoigne de l’exploitation de cette plante durant la préhistoire. Pline l’Ancien, Dioscoride et Théophraste l’ont utilisé à des fins thérapeutiques. De même, Hildegarde de Bingen a préconisé son utilisation à cet effet à partir du IVe siècle. Les espèces du genre Rubus ont servi, à cette époque, à lutter contre les maux de gorge et pour accélérer la cicatrisation des blessures. Dioscoride les exploitait pour soulager les hémorroïdes.
Chez les druides, la ronce est une plante sacrée ayant le pouvoir de protéger le royaume des fées. Selon une autre légende, ses feuilles auraient la capacité de repousser les mauvais esprits et de retourner le mal à celui qui l’a fait. Lorsqu’elles sont cueillies à la pleine lune, elles aideraient à combattre les runes maléfiques.
Le folklore anglais interdit la cueillette des fruits de ronce après Michaelmas (célébré le 29 septembre). À la suite de cet événement, ceux-ci porteraient la marque du diable, plus précisément son urine. En réalité, cette saison est caractérisée par un climat humide et frais, affectant la qualité de ces baies. Celles-ci sont facilement contaminées par les moisissures et deviennent grisâtres.
Le terme « ronce » est issu du latin rumex (ou rumicis), qui veut dire « dard ». Il fait référence aux aiguillons se trouvant au niveau des rameaux. Cette appellation a été utilisée pour la première fois en 1175.
Le nom scientifique du genre, Rubus, est dérivé du mot latin ruber. Ce dernier, signifiant « rouge », fait allusion à la couleur des fruits, voire celle des feuilles de certaines espèces. L’exemple parfait est le framboisier.
Conformément à la batologie (études scientifiques des Rubus), les espèces de ce genre, qui poussent en monticule ou en divagation, sont appelées ronces. Cette dénomination n’est cependant pas employée pour les variétés traînantes, prostrées ou celles ressemblant à des cannes dressées à maturité. Tel est le cas du framboisier.
Les espèces du genre Rubus sont généralement des arbrisseaux ligneux.
Les rameaux portent des aiguillons crochus (et non des épines). Ces derniers servent de protection pour la plante et lui permettent de devenir invasif. De ce fait, les ronces sont considérées comme de mauvaises herbes. Elles peuvent aussi être classées dans la catégorie des adventices. En effet, chaque pied produit des rejets qui donnent à leur tour des tiges bisannuelles lignifiées. Celles-ci peuvent être tombantes ou bien dressées. La tige des Rubus est dite radicante. Ses rameaux s’enracinent et se répandent sans se séparer de la plante mère.
Les feuilles des ronces sont pennées. Elles se terminent par des folioles impaires, au nombre de trois, cinq ou sept. Ces dernières sont grossièrement dentées et possèdent des stipules au niveau de leur pétiole. Le limbe est de couleur vert foncé sur sa face supérieure et blanche sur la face inférieure. En revanche, celui de l’espèce R. caesius est entièrement vert. Par ailleurs, des aiguillons sont disposés sous la nervure principale de chaque feuille.
Les espèces du genre Rubus sont majoritairement hermaphrodites, sauf R. chamaemorus. Celle-ci porte les fleurs mâles et femelles sur des pieds différents. Ces dernières sont composées de cinq pétales et de cinq sépales, ainsi que de nombreuses étamines. Elles sont isolées ou disposées en grappes et de couleur rouge, rose ou blanche.
Les fruits sont de petites drupes charnues comestibles. Ils sont disposés sur les rameaux, montés sur un réceptacle floral. Ressemblant de près aux fruits du mûrier (genre Morus), ils portent le nom de mûre ou de mûron. Ces deux plantes se différencient par la présence d’aiguillons sur les tiges. Plus la plante est épineuse, plus ses fruits sont parfumés.
Le genre Rubus compte 13 sous-genres. Chacun se divise en plusieurs sections. Ainsi, la taxonomie des ronces est large, avec plus de 200 espèces répertoriées. Neuf d’entre elles sont courantes en Europe :
Nom scientifique | Nom vernaculaire |
Rubus idaeus | Framboisier |
Rubus fruticosus | Ronce commune ou ronce des bois (espèce type) |
Rubus caesius | Ronce bleue |
Rubus saxatilis | Ronce des rochers |
Rubus chamaemorus | Ronce des tourbières ou ronce naine |
Rubus arcticus | Ronce arctique |
Rubus hirtus | Ronce hérissée |
Rubus ulmifolius | Ronce à feuilles d’orme |
Rubus canescens ou Rubus tomentosus | Ronce tomenteuse |
Le genre Rubus présente également différentes espèces hybrides. Il s’agit de croisements entre le mûrier sauvage et le framboisier.
Les ronces sont répandues en Asie, en Europe (notamment en France), ainsi que dans d’autres pays du monde. Elles sont naturalisées en Amérique. Ces plantes se rencontrent couramment le long des routes, en bordure de champ, près des cours d’eau, dans les bois ou dans les friches. Dans ces environnements, elles forment des buissons inextricables.
Bien que les conditions de culture aillent de pair avec les variétés, les ronces ne sont pas exigeantes. Rustiques, elles peuvent pousser même à de basses températures, allant jusqu’à -25 °C. Toutefois, elles préfèrent les milieux exposés ou semi-ombragés. Dans ces conditions, elles produisent des fruits de qualité. Leur plantation se fait sur un sol profond et riche avec une texture sableuse.
La période de culture de Rubus se situe entre septembre et avril. Elle s’effectue dans un espace suffisamment vaste compte tenu du port étalé de la plante. Dans le cas où cette dernière serait associée à d’autres végétaux, une distance de 2 à 3 m est à respecter entre les différents plants. Dans l’idéal, la culture se fait dans un coin, le long d’un mur. La mise en place de palissage ou de fils tendus est aussi préconisée pour faciliter la récolte et pour orienter la croissance des tiges.
La culture des ronces se fait à partir de motte. Celle-ci est à placer dans un trou équivalent à quatre fois sa largeur et deux à trois fois sa hauteur. Le sol est préalablement ameubli pour faciliter l’enracinement de la plante. Ainsi, elle produit rapidement de nouveaux drageons.
La base de la motte est mise en contact direct avec le sol. Le trou est ensuite rebouché (sans tasser) avec un mélange de terre et de fertilisant organique. Pour finir, un arrosage abondant est à prévoir. L’installation d’un paillage organique permet de conserver la fraîcheur du sol et de protéger le pied de la ronce. Il contribue aussi à l’enrichissement du sol.
Le bouturage est une autre méthode de multiplication recommandée. Il est réalisé avec un morceau de rameau de 20 cm environ. Ce dernier est planté dans un pot en hiver, puis mis en terre au printemps lorsque les feuilles apparaissent.
Les mesures d’entretien se résument à un apport en compost chaque année, à l’automne. Un paillage est de rigueur à la fin du printemps. À mesure que la plante grandit, les nouvelles tiges sont à attacher au palissage.
Les tiges, qui ont donné des fruits, ainsi que le bois mort, sont à couper à ras. Ainsi, les jeunes pousses disposent d’une place suffisante pour croître. Pour limiter le développement des ronces, les rameaux peuvent être taillés vers la fin de juin, et ce, pendant les trois premières années.
Voici un tableau présentant les principales maladies et ravageurs associés aux plantes du genre Rubus, ainsi que les mesures de traitement préventives et curatives.
Maladies/ravageurs | Symptômes | Traitement |
Ver des framboises | La larve s’immisce dans le fruit tandis que le coléoptère se nourrit des bourgeons. | Infusion de tanaisie lorsque la plante bourgeonne. |
Répulsif à base de décoction d’ail. | ||
Phytopte de la ronce | Les fruits ne mûrissent pas et tombent. | Décoction d’absinthe. |
Élimination des parties touchées par la maladie. | ||
Botrytis | Les différentes parties de la plante (tiges, feuilles et fruits) présentent un duvet grisâtre. | Assurer un bon drainage. |
Éviter de mouiller le feuillage. | ||
Tailler les buissons pour les aérer. |
Toutes les parties de la plante peuvent être exploitées en phytothérapie : les racines, les feuilles, les bourgeons et les fruits.
Les feuilles contiennent des flavonoïdes, des terpènes pentacycliques, des acides organiques, comme l’acide citrique (90 mg pour 100 g de matière) et des tanins hydrolysables.
Les fruits renferment :
Ils sont aussi constitués de minéraux comme le fer, le calcium, le magnésium, le potassium et le manganèse.
Les substances actives contenues dans les bourgeons sont les acides organiques, les acides phénoliques et les catéchines. Les racines sont composées de tanins.
En phytothérapie, les feuilles de ronce sont particulièrement valorisées. Leurs modes d’utilisation sont nombreux.
Cette propriété des feuilles est due à la forte teneur en tanins. Ces derniers favorisent le resserrement des tissus en cas d’inflammation. Ils aident à stopper les sécrétions liquides et les saignements.
Il n’est pas recommandé d’appliquer les feuilles de ronce dès les premiers signes d’inflammation. Elles peuvent devenir irritantes. Leur utilisation est réservée en cas de boursouflures et de suintements.
Dans ce cadre, les feuilles séchées sont préparées en décoction, à raison de 2 cuillères à soupe pour un bol d’eau. Le tout est porté à ébullition pendant environ 5 min. La solution, une fois refroidie, sert à imbiber les compresses qui seront appliquées sur les zones d’inflammation.
L’action anti-inflammatoire des feuilles de Rubus est bénéfique pour le système digestif. Celles-ci sont prescrites en cas de gastrite ou de diarrhée. Elles peuvent être complétées avec d’autres plantes anti-inflammatoires comme le plantain et le souci (à action réparatrice sur les muqueuses digestives) ainsi que la réglisse (anti-ulcéreuse). Cependant, cette dernière est déconseillée aux personnes souffrant d’hypertension artérielle. Il est aussi possible d’utiliser de la fleur de mauve. Pour concocter ce type de mélange, les feuilles de ronce seront faiblement dosées pour éviter les interactions.
En cas d’affection digestive, préparez une infusion à partir de 10 g de feuilles séchées et 250 ml d’eau bouillante. Cette tisane est à boire trois fois par jour après les repas.
Les gingivites se manifestent par des gencives enflées et rouges. Elles sont particulièrement sensibles et peuvent saigner facilement. Pour apaiser ces symptômes, la décoction de feuilles de ronce est utilisée en bain de bouche deux à trois fois par jour, après le brossage des dents. Cette même solution peut être employée en cas d’aphtes.
En cas de douleurs dentaires, l’utilisation de feuilles de Rubus constitue une solution d’urgence. Elle permet uniquement de soulager les maux et ne constitue pas un traitement de fond. Il est important de consulter le dentiste dès que possible.
Pour apaiser les maux de dents, la feuille fraîche est mâchée telle quelle puis appliquée sur la zone douloureuse pendant quelques minutes. Cette opération est à renouveler plusieurs fois par jour.
La ronce n’est pas recommandée pour un simple mal de gorge. Elle est plutôt indiquée en cas d’angine non infectieuse. Un diagnostic médical est préconisé pour détecter la présence de bactéries ou de virus. Le cas échéant, l’accompagnement d’un professionnel de la santé est incontournable pour éviter les complications.
La décoction de feuilles de ronce sert à soulager l’angine, à raison d’une cuillère à café pour 250 ml d’eau. Pour ce faire, elle s’utilise tiède, après un ajout de sel. Le mélange s’utilise en gargarisme plusieurs fois par jour.
Les feuilles du mûrier sauvage présentent une action hémostatique. Elles peuvent être écrasées pour une utilisation en cataplasme. Dans ce cas, vous veillerez à enlever toutes les épines sur le limbe pour ne pas aggraver les blessures. Par ailleurs, la décoction de ces feuilles convient pour imbiber les compresses employées en pansement. En usage interne, elle aide à traiter les saignements entre les menstruations.
La médecine traditionnelle française valorise la ronce dans le protocole de traitement du diabète. Cette plante possède des propriétés hypoglycémiantes. Elle permet ainsi de régulariser le taux de sucre dans le sang lorsqu’il est supérieur à la normale.
Ce remède naturel ne doit pas être utilisé avec des médicaments hypoglycémiants. Leurs actions combinées peuvent induire un accident hypoglycémique.
Le manque de tonus des veines provoque une accumulation de liquide dans les tissus, et surtout au niveau des membres inférieurs. Pour les tonifier, les préparations à base de feuilles de ronce sont indiquées. Riches en tanins condensés, elles offrent une action tonifiante qui contribue au retour veineux. Les flavonoïdes procurent aussi un effet vasoconstricteur. Pour plus d’efficacité, il est possible d’incorporer d’autres plantes comme le fragon petit-houx, le marronnier d’Inde ou la vigne rouge.
Les plantes du genre Rubus conviennent pour apaiser les crises hémorroïdaires. À cet effet, leurs feuilles sont utilisées en application externe ou en bain de siège.
Les feuilles de ronce ont un effet antimicrobien et antiviral. Elles sont préparées pour apaiser le rhume et les symptômes de la grippe. Pour cela, faites infuser 5 g de feuilles de mûrier sauvage avec la même quantité de thym dans 250 ml d’eau. Cette boisson est à prendre deux fois par jour.
Les baies de Rubus sont riches en antioxydants. Elles sont utilisées en soin du visage comme antirides ou pour estomper les marques de fatigue. Mixez 10 baies avec 2 cuillères à soupe de yaourt nature et 2 cuillères à café de miel d’acacia. La pâte obtenue est appliquée sur un visage propre le soir. Après un repos de 15 à 20 minutes, la peau peut être nettoyée à l’eau.
Grâce à la présence d’antioxydants, les mûrons aident aussi à prévenir les maladies cardiovasculaires et le cancer. Ils contribuent à la lutte contre le vieillissement précoce des tissus.
Ces baies constituent un remède naturel contre l’inflammation gastrique. Elles agissent contre l’Helicobacter pylori, une bactérie à l’origine des ulcères d’estomac.
Les bourgeons de ronce sont macérés dans un mélange de glycérine végétale et d’alcool. Il s’agit de la forme galénique de la plante. La solution obtenue est indiquée pour le traitement de la bronchite chronique. Elle peut également servir en cas de fatigue générale. Ainsi, vous versez 5 à 15 gouttes de macérat dans un verre d’eau. Ce mélange est à consommer une fois par jour, pendant trois semaines par mois, sur une période de trois mois.
Outre son utilisation en médecine naturelle, la ronce est appréciée en agriculture. Elle est plantée sur les sols appauvris pour en améliorer la texture et pour apporter de l’humus. Cette plante convient aussi pour corriger les excès d’azote.
Les Rubus sont les hôtes de plusieurs espèces animales telles que les petits mammifères et de nombreux oiseaux. Leurs déjections contribuent à enrichir le sol. De plus, la décomposition des feuilles et des tiges mortes permet de rétablir l’équilibre de ce dernier.
Les buissons de ronces sont communément utilisés comme serre de germination pour une flore diversifiée comme le chêne, le lierre grimpant ou l’aubépine. Ils protègent ces plantes des frottements et des herbivores.
Aucune toxicité n’est connue concernant les plantes du genre Rubus. Le mieux serait d’éviter de consommer les produits phytothérapeutiques à base de ces dernières durant la grossesse. Ils sont aussi déconseillés aux enfants de moins de sept ans.
Les tanins peuvent interférer avec l’absorption des nutriments et des principes actifs contenus dans les aliments et dans les médicaments. Ainsi, il convient d’éloigner la consommation de tisanes à base de ronce de la prise de ces derniers. En grande quantité, ces tanins peuvent entraîner des nausées et des vomissements chez les personnes sensibles.
Une consommation excessive des baies mûres est susceptible de causer des diarrhées. En revanche, les fruits immatures provoquent une constipation.