La reine-des-prés : son origine, son histoire, ses caractéristiques, ses variétés et espèces, son habitat, sa culture, ses multiples usages, ses vertus en phytothérapie et ses contre-indications
La reine-des-prés, connue sous les noms de fausse spirée ou ulmaire, est une plante mellifère appartenant à la famille des Rosacées. Originaire d’Europe, son allure élégante évoque la grâce et la beauté des prairies et des zones humides. Elle offre un éventail de qualités ornementales, médicinales et culinaires qui la rendent unique en son genre.
Étymologie et histoire de la reine-des-près
Sur le plan scientifique, la reine-des-prés est appelée Filipendula ulmaria, avec Spiraea ulmaria L. comme synonyme. Elle a été baptisée par Carl von Linné en 1879.
Le terme « Filipendula » dérive du latin « filum », signifiant « fil » et « pendulum » ou « pendant ». En effet, les parties souterraines de la plante se composent de tubercules reliés par de minces racines semblables à des fils pendants. L’épithète ulmaria, « ressemble à l’orme », indique la forme des pétioles de ses feuilles.
Le nom « reine-des-prés » évoque la suprématie de cette espèce herbacée dans les mégaphorbiaies et les prairies humides abandonnées. Elle est responsable de la réduction de la diversité floristique de ces environnements.
Cette plante porte en outre différents noms vernaculaires tels que :
belle des prés ;
herbe aux abeilles ;
grande potentille ;
fleur des abeilles ;
barbe de bouc ;
vignette ;
spirée ulmaire ou filipendule ulmaire ;
etc.
Elle est aussi appelée spirée, car ses fruits sont spiralés.
Au Moyen Âge, la reine-des-prés était déjà appréciée pour ses vertus médicinales. Les celtes l’ont considérée comme une plante sacrée. Toutefois, ce n’est qu’au XIXe siècle que l’on a découvert que les fleurs de cette plante, tout comme l’écorce du saule blanc, renfermaient un composé essentiel, l’acide salicylique. Ce dernier a été synthétisé pour obtenir l’aspirine, un médicament anticoagulant.
Description botanique de la reine-des-prés
Le Filipendula ulmaria est une plante vivace herbacée, à la fois velue et feuillue, dont le rhizome est rampant. Il arbore une allure dressée jusqu’à une hauteur de 50 cm à 1,5 m.
Sa tige, de couleur rougeâtre, est anguleuse et lisse. Ses fleurs, d’un blanc crème, sont disposées en de fausses ombelles ramifiées. Elles embaument l’air environnant d’une odeur d’amande. Ses fruits adoptent une structure enroulée en forme d’hélice.
Les feuilles sont imparipennées. Elles ont une couleur vert sombre, avec une surface lisse sur le dessus et un revers feutré de blanc. Les folioles latérales se regroupent en deux à cinq paires le long du pétiole. La foliole terminale se déploie en trois ou cinq palmes.
Variétés et espèces de la reine-des-prés
Les variétés de la reine-des-prés ont chacune leurs caractéristiques propres. Parmi les espèces, on retrouve, entre autres, le Filipendula purpurea aux fleurs rouges et le Filipendula vulgaris à fleurs blanches.
Parmi les différentes variétés, on a :
« Aurea » se distingue par son feuillage doré au printemps, pour devenir vert pâle. Ses fleurs sont blanches.
« Plena » présente des fleurs doubles blanches.
« Rosea » possède des magnifiques fleurs roses.
« Variegata » se démarque par son feuillage d’un vert foncé panaché de crème, qui se marie bien avec ses fleurs blanches.
De par leur allure élancée et élégante, ces plantes entrent dans la composition d’un bouquet champêtre, par exemple.
Attraction florale : la reine-des-prés et les pollinisateurs
La reine-des-prés, mellifère, exerce une irrésistible attraction sur les abeilles et les insectes pollinisateurs. Elle joue un rôle dans le cycle de vie du Nacré de la sanguisorbe, un magnifique papillon de la famille des nymphalidés. Cet insecte la choisit comme lieu de ponte. Les chenilles qui en émergent l’utilisent ensuite en tant que refuge et source de nourriture.
Habitat
La reine-des-prés est une plante largement répandue en Eurasie. Elle évolue au sein des mégaphorbiaies des plaines, des prairies et des prés gorgés d’eau, ainsi que dans les lisières des aulnaies. Elle a une prédilection pour les milieux humides. Elle s’épanouit le long des cours d’eau et des fossés qui bordent les routes et les chemins.
On rencontre cette plante partout en France métropolitaine, sauf en Corse et en région méditerranéenne où elle se fait rare. Elle n’est pas considérée comme une espèce en danger. Néanmoins, elle a subi une régression significative dans de multiples contrées. Celle-ci est la conséquence directe de la diminution des zones humides engendrée par les activités de drainage et de comblement.
Conseils de plantation et d’entretien de la reine-des-prés
La reine-des-prés est une plante robuste qui résiste aux conditions climatiques rigoureuses pouvant aller jusqu’à -20 °C. Toutefois, il vaut mieux éviter les périodes de gel au moment de sa plantation. Pour favoriser sa croissance et sa floraison, le printemps ou l’automne sont les moments propices.
La reine-des-prés se cultive partout, dans les endroits mi-ombragés, bien éclairés et où le sol reste frais toute au long de l’année. Elle apprécie la proximité d’un point d’eau, ce qui évite les arrosages fréquents qu’elle nécessite.
Dans la terre humide, faîtes un trou un peu plus grand que la motte et placez le plant. Recouvrez de terre et nivelez à la surface du sol. Arrosez de suite et régulièrement, car la plante est avide d’eau, surtout pendant les périodes de forte chaleur.
Coupez systématiquement les tiges fanées. La floraison se déroule de juin à août.
À l’automne, ajoutez du compost au pied de la reine-des-prés pour garantir la floraison de l’année suivante.
La reine-des-prés face aux agents pathogènes
La reine-des-prés est sujette à plusieurs maladies. Parmi les plus courantes, on retrouve la rouille, causée par le champignon Triphragmium ulmariae. Ce pathogène a un impact néfaste sur les jeunes plants. Il se propage largement en Amérique du Nord, en Asie et en Europe.
Dans l’hémisphère nord, l’une des menaces redoutées est la Podosphaera filipendulae, un agent de l’oïdium. Ce champignon s’installe et s’étend insidieusement sur les parties aériennes en formant un réseau de mycélium blanc, dense et farineux. Il altère souvent la forme de l’inflorescence. En Europe, on peut rencontrer le Urocystis ulmariae, un champignon responsable de l’apparition du charbon. La maladie se manifeste par la formation caractéristique de renflements allongés dans les pétioles et les nervures des feuilles. Au fil du temps, ces sores se fendent longitudinalement, révélant une masse de spores d’un brun foncé.
Composition de la reine-des-prés
La reine-des-prés renferme des composants bénéfiques pour la santé. Parmi ceux-ci figurent :
l’acide salicylique ;
le calcium ;
les tanins ;
le fer ;
les flavonoïdes ;
la gaulthérine ;
les glucosides ;
l’héliotropine ;
le spiréine ;
le soufre ;
la vanilline ;
la vitamine C.
Cette plante regorge de dérivés salicylés. Pressée, la reine-des-prés dégage une odeur rappelant celle d’un vestiaire sportif. Elle trouve son origine dans la présence abondante d’acide salicylique et d’aldéhyde salicylique, des composés de la famille des tanins. Ils possèdent des propriétés analgésiques ainsi qu’une odeur, similaires à celles de l’acétylsalicylate, le principe actif de l’aspirine. Ils figurent parmi les ingrédients qui composent les crèmes destinées au traitement des contusions, courantes chez les sportifs.
La plante joue un rôle crucial dans la synthèse de l’aspirine, grâce à l’extraction de l’acide salicylique renfermé dans sa racine.
L’aspirine, dont le nom scientifique est une combinaison de différents éléments, a été déposée en tant que marque par Bayer en 1899. Le préfixe “A” fait référence à l’Acétyl (l’acétylation réduit le pouvoir irritant de la molécule tannique dans le tube digestif). Le terme “spir” provient de Spirsaüre, qui signifie “acide de la spirée” en allemand. Enfin, le suffixe “ine” qui est un suffixe couramment utilisé en chimie industrielle.
La reine-des-prés en cuisine
La reine-des-prés est couramment utilisée comme aromatisant dans diverses préparations, comme les desserts, les boissons et même les dentifrices. Les fleurs, une fois séchées, sont employées comme condiment pour rehausser la saveur des plats. Placées pendant un mois dans un bocal de sucre, elles confèrent à cet ingrédient une agréable senteur.
Par ailleurs, les feuilles et les fleurs peuvent être macérées dans de la bière, du vin et du lait pour les parfumer. Néanmoins, en raison de leur arôme assez fort, il convient de n’en mettre que très peu, au risque d’écœurer vos hôtes. Ainsi, une cuillère à soupe de fleurs séchées est amplement suffisante pour un demi-litre de lait. Puis, laissez infuser une nuit.
Vertus et bienfaits de la reine-des-prés pour la santé en phytothérapie
La reine-des-prés, véritable trésor de la pharmacopée française, est un remède en vente libre autorisée. Ses précieux flavonoïdes lui confèrent des propriétés drainantes qui contribuent à réduire les rétentions d’eau dans les membres.
Ses vertus anti-inflammatoires et antalgiques offrent un soulagement notable des symptômes du rhume, des maux de tête et des douleurs dentaires. Également, elle se révèle être une alliée de choix afin d’atténuer les douleurs articulaires, en particulier celles liées à l’arthrose et aux rhumatismes.
Cette plante se distingue en outre par sa capacité à agir comme une aspirine naturelle grâce à ses composants, notamment les salicylates. Elle favorise la transpiration et contribue à faire baisser la fièvre. Toutefois, contrairement à ce médicament, elle n’a aucun effet fluidifiant sur le sang et ne provoque aucune irritation des muqueuses de l’estomac et des intestins.
Une tisane de fleurs séchées de la reine-des-prés soulage le rhume et les douleurs articulaires mineures. Il suffit d’en verser une à deux cuillères à soupe dans 250 ml d’eau à 80 °C et de laisser infuser 8 à 10 minutes. Boire deux à trois fois par jour. Cela correspond à une consommation quotidienne de 2,5 à 6 g, répartis en doses de 2,5 à 3 g chacune.
Pour une infusion de l’herbe, la recommandation est de 2 à 18 g par jour, soit 1,5 à 6 g par dose.
Une autre alternative consiste à ingérer la poudre de la plante sous forme de gélule, avec un verre d’eau pendant les repas. Les quantités à respecter sont de 250 mg à 1,5 g par jour, soit une dose de 250 à 500 mg pour chaque prise. Le suivi scrupuleux des instructions indiquées sur l’étiquette du produit garantit un usage sûr et sécurisé.
Les cataplasmes chauds atténuent les douleurs rhumatismales. Pour cela, infuser 100 g de fleurs fraîches ou séchées dans un litre d’eau. Appliquée en compresse, cette préparation est également efficace pour traiter les plaies et les ulcères.
Précautions de la reine-des-prés
Une consultation médicale s’impose avant un traitement avec la reine-des-prés, car la dose recommandée diffère en fonction des parties utilisées.
Les produits alimentaires bénéfiques à la santé viennent en complément aux traitements préconisés par le médecin.
Contre-indications de la reine-des-prés
La reine-des-prés est contre-indiquée pour les enfants ainsi que les adolescents de moins de 18 ans. Cette recommandation s’applique également aux femmes enceintes et allaitantes, bien que les données sur le sujet soient insuffisantes. Les personnes présentant une allergie ou une hypersensibilité à l’aspirine et à l’acide salicylique devraient aussi éviter la consommation de cette plante.