La petite pervenche : étymologie et dénominations, histoire, description, habitat et culture, composition chimique, indications et précautions d’usage en phytothérapie

La petite pervenche à travers le temps

Symboles et traditions

Dans les traditions populaires européennes, la petite pervenche est considérée comme étant une plante indispensable et riche en significations. Elle symbolise, notamment, l’amour, les pouvoirs mentaux et la luxure. Elle était aussi connue pour ses capacités à chasser les esprits malveillants. Certains sorciers affirmaient, d’ailleurs, qu’en brûlant ses feuilles, ils pouvaient apercevoir les âmes des défunts dans la fumée qui s’en dégage.

La petite pervenche ne perd jamais ses feuilles, et ce, quelle que soit la période de l’année. Par conséquent, elle était automatiquement associée à l’éternité et aux souvenirs. En Italie, il était courant de fabriquer une couronne avec les rameaux de cette plante. On en déposait, ensuite, sur les cercueils, ainsi que sur la tombe des enfants et des adolescents. Le but étant de rendre hommage aux disparus.

Dans d’autres pays comme la France, la pervenche mineure est un symbole d’amitié sincère.

En Flandre, elle est synonyme de fidélité. Une des coutumes maritales de ce pays implique, d’ailleurs, l’usage de cette plante. Les villageois ou les organisateurs de cérémonie tapissaient le chemin des futurs mariés, depuis leur maison vers l’église, avec des rameaux. Dans ce contexte, les feuilles symbolisent l’immortalité des sentiments amoureux entre les deux protagonistes. Quant aux fleurs, elles représentent l’innocence et la pureté de la fiancée.

Histoire

La petite pervenche est présentée comme étant une plante aux mille vertus, utilisée notamment pour traiter divers maux.

En 1684, par exemple, elle est mentionnée dans une missive échangée entre Madame de Sévigné et sa fille, la comtesse de Grignan. La mère, via sa lettre, conseillait à son enfant d’utiliser cette herbacée pour soulager sa poitrine enflammée.

Autrefois, de par sa propriété antihémorragique, cette plante permettait d’empêcher les avortements. Pour ce faire, elle était attachée aux cuisses des femmes enceintes. Elle aidait aussi à traiter les cas d’hémorragies intestinales et pulmonaires, ainsi que les troubles touchant le système nerveux.

Enfin, en Italie, elle contribuait à la prévention des affections oculaires chez les bovins. C’est pour cette raison que les vaches portaient des colliers de petite pervenche.

Différentes variétés de petite pervenche

Les variétés les plus cultivées sont :

• la Vinca minor « Anna » ;
• la Vinca minor « Josefine » ;
• la Vinca minor « Valentin » ;
• la Vinca minor « Ralph Shugert » ;
• la Vinca minor « Marie » : fleurs petites, rondes et d’un bleu plus prononcé ;
• la Vinca minor « Atropurpurea » : à petites fleurs de couleur pourpre ;
• la Vinca minor « Argenteovariegata », « Illumination » et « Aureo Variegata » : variétés à feuilles panachées et à petites fleurs ;
• la Vinca minor « White Power », « Gertrude Jekyll » et « Alba ».

Ces dernières variétés sont des cultivars à petites fleurs blanches.

Habitat et conditions de culture de la petite pervenche

Habitat

La petite pervenche n’est pas difficile en matière de profils de sol. En effet, elle peut se développer sur tout type de terrain : argileux, caillouteux, limoneux, argilo-limoneux, neutre, alcalin ou encore calcaire. Elle a, cependant, besoin d’un sol bien drainé et frais.

En termes de luminosité, elle pousse dans des endroits ombragés, mi-ombragés ou bien exposés au soleil. Toutefois, elle affiche une préférence pour la mi-ombre, et plus précisément, sous les autres arbres du jardin.

Culture et multiplication

Pour cette plante, la culture se fait par division, par marcottage ou par bouturage.

Idéalement, il convient de procéder à la plantation entre le mois de mars et le mois de mai. Il est aussi possible de l’effectuer de septembre à novembre.

Au début, préférez un endroit partiellement exposé. Cela permet de stimuler la croissance de la plante, et de prévenir l’apparition de jeunes pousses jaunes.

Commencez par creuser un trou faisant 15 cm de profondeur, puis plantez-y votre godet. Ajoutez, ensuite, du compost légèrement acide, et arrosez abondamment. Pour une culture en extérieur, observez un espace de 30 à 40 cm entre chaque pied.

La floraison survient généralement entre le mois de mars et le mois d’octobre.

Maladies et nuisibles

Rouille

La rouille est une infection courante chez les plantes vivaces. Elle est causée par des champignons microscopiques, et se manifeste par l’apparition de taches brunes sur le revers des feuilles.  Des plaques décolorées apparaissent également sur la face supérieure.

Quand la maladie devient importante, le feuillage finit par tomber. Toutefois, elle conduit rarement à la mort de la plante.

Pour prévenir le développement de la rouille, il convient d’éviter un arrosage excessif de la petite pervenche.

Dans le cas où les symptômes se manifestent déjà, la solution pour en venir à bout consiste à pulvériser la plante atteinte avec des fongicides. Il est aussi possible d’asperger le pied malade avec une décoction de prêles, un purin d’ortie ou encore une solution à base de soufre.

Sinon, il suffit de supprimer les feuilles ou les branches infectées à l’aide d’une cisaille ou d’un sécateur. Il est conseillé de procéder à la stérilisation de vos outils après le taillage. Le but est de limiter les risques de propagation de la rouille d’une plante à une autre.

Oïdium

À l’instar de la rouille, l’oïdium est une maladie causée par des champignons. Les principaux symptômes sont la présence de taches jaune pâle ou blanches sur les feuilles. Ces marques ressemblent à des moisissures, et ont tendance à se propager sur toute la surface de l’organe foliaire infesté. Dans d’autres cas plus graves, les boutons floraux peuvent aussi être atteints.

L’oïdium n’a aucune incidence sur la durée de vie de la plante. Dans le cas d’une espèce ornementale comme la petite pervenche, les dégâts sont plutôt d’ordre esthétique.

Pour lutter contre cette maladie, la solution consiste à pulvériser la plante infectée avec des solutions fongicides et insecticides. Ci-dessous quelques suggestions :

• préparation à base de soufre : 7.5 g de poudre à diluer dans 1 L d’eau ;
• fongicide contenant du bicarbonate de soude : 5 cuillères à café de bicarbonate et 3 cuillères à soupe de savon noir pour 5 L d’eau ;
• lait de vache écrémé, périmé ou non, à mélanger à parts égales avec de l’eau ;
• macération huileuse d’ail.

Pour la préparation de cette dernière, faites macérer 100 g d’ail pendant 24 h dans de l’huile de colza ou de tournesol. Ajoutez, ensuite, 1 cuillère à café de savon noir et 1 L d’eau au mélange. Avant la pulvérisation, diluez 50 ml du macérât obtenu avec 1 L d’eau.

Chenilles et chrysomèles

Les chrysomèles sont une famille de coléoptères comptant plus de 30 000 espèces phytophages et oligophages. Quant aux chenilles, il s’agit de larves de papillons.

Ces deux nuisibles s’attaquent à différentes parties de la plante colonisée. Les organes les plus touchés sont les feuilles, mais ils peuvent aussi s’en prendre aux fleurs ou à la racine.

Les dommages causés sont principalement d’ordre esthétique. Cependant, dans certains cas, la colonisation peut affaiblir la plante, la rendant ainsi sensible aux maladies.

Pour lutter contre les chenilles et les chrysomèles, vous pouvez les récolter à la main dès que vous en apercevez une. Il est également possible d’utiliser des répulsifs à base d’huile essentielle ou d’orties.

Propriétés et indications en phytothérapie de la petite pervenche

La vincamine, principal alcaloïde de la petite pervenche, possède des propriétés intéressantes en phytothérapie. Elle se révèle, notamment, utile dans le traitement des troubles qui ont tendance à se développer chez les personnes âgées. On peut citer la défaillance de mémoire, les vertiges, les acouphènes, ainsi que l’altération des réflexes et de la vigilance.

Cette substance active améliore aussi le débit sanguin cérébral. Elle aide ainsi à traiter l’ischémie localisée au niveau du cerveau.

Les autres indications de la petite pervenche pour une administration interne sont :

• l’hypertension artérielle ;
• l’artériosclérose ;
• les séquelles suite à un accident vasculaire cérébral ;
• les séquelles développées après un traumatisme crânien ;
• les affections rétiniennes faisant suite à une perturbation de l’apport sanguin au cerveau ;
• les migraines et les céphalées congestives ;
• les troubles relatifs à l’oreille interne (cochlée et vestibule) ;
• la maladie de Raynaud.

En administration externe, cette plante contribue à l’atténuation des inflammations localisées aux alentours de la bouche. Il s’agit, notamment, des aphtes, des gingivites, des amygdalites et des angines. Au niveau de la peau, elle aide à soulager la douleur et à réduire les marques d’ecchymoses.

Enfin, la petite pervenche peut aussi être utilisée en cas d’hémorragies, de plaies, d’engorgement des seins et de pertes blanches.

Mode d’administration, formes galéniques et posologie usuelle de la petite pervenche

Décoction

Dans 1 L d’eau, faites bouillir pendant 5 à 6 min, 50 g de feuilles de petite pervenche séchées. Filtrez, puis avec une compresse stérile, appliquez cette décoction concentrée sur la zone de la peau lésée. Ce cataplasme permet d’accélérer la cicatrisation de la plaie et vise aussi à atténuer la douleur et les traces d’ecchymose.

En gargarisme, cette solution contribue à la réduction des inflammations au niveau de la bouche et de la gorge.

Extrait de plante fraîche

L’extrait de plante fraîche est une solution à diluer dans un fond d’eau minérale. La posologie conseillée est de 15 gouttes, matin et soir. Cela peut, cependant, varier en fonction de la provenance du produit. Il convient ainsi de bien lire la notice avant chaque prise.

Gélules

Selon le laboratoire producteur, une gélule de Vinca minor peut contenir entre 250 et 300 mg d’extrait de petite pervenche. Il convient d’en prendre une, environ 30 min avant chaque repas. Il s’agit du dosage généralement recommandé, mais il est préférable de consulter préalablement un professionnel de santé.