La passiflore : son histoire, son origine, ses propriétés, ses utilisations, sa culture et ses précautions d’usage
La passiflore est le nom donné aux espèces de plantes appartenant à la famille des Passifloraceae. Elle regroupe plus de 500 espèces dans le monde, dont les plus connues sont la Passiflora edulis et la Passiflora incarnata. La première, communément appelée grenadille, est réputée pour ses fameux fruits de la passion, au goût légèrement acidulé. Quant à la seconde, elle est largement exploitée en phytothérapie pour ses vertus sédatives et anxiolytiques.
Histoire et origine de la passiflore
La passiflore tire son nom des termes latins passio, signifiant « passion », et de flos, qui se traduit par « fleur ».
Les premiers récits évoquant la plante figurent dans la description de la ville de Cali en Colombie en 1553. Le conquistador espagnol Pedro Cieza de Leon parle des fruits de granadilla dans les vergers du village. Plus tard, des informations plus précises concernant la plante voient le jour. Elles ont été fournies par le botaniste espagnol Nicolas Monardes. Bien qu’il ne soit jamais allé en Amérique, il a pu fournir des informations détaillées grâce aux échantillons ramenés des Indes occidentales. Il fut le premier à se servir des mots flos passionis ou « fleur de la passion » pour se référer à la plante. Selon lui, sa fleur était une représentation de la Passion du Christ.
Cela s’explique par certaines caractéristiques qui lui sont attribuées :
les cinq étamines font référence aux cinq stigmates de Jésus.
Les dix sépales et pétales rappellent les dix apôtres de Jésus (sans Judas et Pierre).
Les trois stigmates sur le pistil symbolisent les clous de la croix.
Le milieu de la fleur représente le Saint Graal.
Les 72 filaments enveloppant la coupe centrale font allusion aux 72 épines de la couronne.
Les feuilles aux extrémités pointues sont associées à la lance qui aurait percé le flanc de Jésus.
Les taches rondes sur la fleur suggèrent les 30 pièces d’argent offertes à Judas pour sa trahison.
Les vrilles représentent le fouet avec lequel Jésus a été frappé.
En 1628, le nom Passiflora a été inventé par le naturaliste et scientifique italien Federico Cesi. Après cela, d’autres espèces ont été décrites par des botanistes comme Leonard Plukenet, Joseph Pitton de Tournefort, Charles Plumier, Francisco Hernandez et Carl von Linné.
L’utilisation de la passiflore officinale ou Passiflora incarnata s’est répandue dans plusieurs régions et à travers de nombreuses traditions. Les Aztèques étaient les premiers à exploiter ses propriétés relaxantes. Les Amérindiens d’Amérique du Nord s’en servaient pour confectionner une tisane à base des fruits et des racines de la plante. Cette préparation avait le pouvoir de maintenir une bonne circulation sanguine.
Chez les Européens, les organes aériens de la plante contribuent à traiter les troubles émotionnels et les troubles du sommeil. Après son importation sur le continent européen, elle a été introduite dans la Pharmacopée française en 1937.
Description de la passiflore
Cette plante est également connue sous les appellations « fleur de la passion », « grenadille » ou « fleur-horloge ». Les espèces regroupées dans le genre Passiflora sont essentiellement des plantes grimpantes annuelles ou pérennes. Elles ont une particularité identique : des fleurs exubérantes qui ne supportent pas le gel.
La passiflore se caractérise par des vrilles axillaires lui permettant de s’accrocher à n’importe quel type de support. Grâce à ces attaches, elle peut facilement être installée sur des poteaux, des grillages, des pergolas, des troncs, etc. La plante présente des tiges ramifiées mesurant environ 10 m de long.
Selon l’espèce et l’endroit où elle est implantée, ses feuilles peuvent être caduques ou persistantes. D’une manière générale, elles sont palmées et présentent un contour entier. Toutefois, la forme des feuilles peut varier en raison de la présence des Heliconius. Ces papillons y pondent leurs œufs. La consommation de ses feuilles par les chenilles pousse la plante à créer d’autres formes originales.
Ses grandes fleurs de 4 à 5 cm de diamètre apparaissent de juillet à septembre. Elles présentent une palette de couleur particulièrement étendue : rose, bleu, blanc, orange, jaune, rouge, etc. Son pistil contient un ovaire à une loge qui s’insère au-dessus du calice et de la corolle.
Cette plante produit des baies sphériques, dont la chair est charnue. Chez certaines espèces, ces fruits sont comestibles et permettent de fabriquer du jus.
Habitat, culture et multiplication de la passiflore
Cette plante originaire du Mexique et du sud-est des États-Unis se retrouve également en Australie, en Asie et en Afrique tropicale. Elle est aussi présente dans le sud de l’Europe, à savoir en Italie, au Portugal, en Espagne et dans le sud de la France.
Elle prospère dans un sol léger, bien drainé, avec une exposition ensoleillée. Le végétal s’adapte à tout type de sols hormis les terrains secs ou alcalins. Certaines espèces, se développant en forêt tropicale, préfèrent être cultivées en serre, car elles ne tolèrent pas le froid extérieur. En revanche, d’autres espèces des régions subtropicales tolèrent particulièrement bien le climat doux de la France. La Passiflora caerulea ou passiflore bleue en fait partie.
La multiplication de la passiflore se fait par bouture en été. Il convient de tailler les anciens plants au ras du sol. Cette opération est nécessaire afin de laisser la place aux nouvelles pousses. De même, il est conseillé de retirer les tiges dépassant l’espace disponible.
Composition et vertus de la passiflore
Les principaux composants actifs de la Passiflora incarnata sont :
Les flavonoïdes à hauteur de 2,5 %, dont la vitexine, l’apigénine, la quercétine, le kaempférol, l’isovitexine. Ces molécules sont reconnues pour leurs actions antioxydantes et anti-inflammatoires. Elles régulent et protègent le système immunitaire.
Les composés phénoliques, dont le maltol. Ce dernier dispose de propriétés antispasmodiques qui agissent sur le système nerveux. Ainsi, ces substances jouent un rôle important dans la relaxation musculaire et dans la réduction des douleurs menstruelles, des crampes, etc.
Les alcaloïdes indoliques, dont les bêta-carbolines. Ils possèdent des vertus analgésiques et sédatives : harmaline, harmalol, harmol, harmine, harmane…
Parmi ses constituants figurent aussi des coumarines, des glucides, des acides aminés, des huiles essentielles, de l’acide linoléique et de l’acide linolénique.
Utilisations de la passiflore
La passiflore procure de nombreux bienfaits pour la santé qui justifient son intérêt en phytothérapie. Elle agit sur :
Le stress et l’anxiété
Les produits dérivés de la plante participent à la lutte contre l’anxiété et la nervosité grâce à sa teneur en flavonoïdes et en composés phénoliques. Ceux-ci contribuent à la diminution du stress avant une opération chirurgicale.
L’agitation
Ses vertus anxiolytiques sont efficaces pour combattre l’agitation. À ce jour, les études menées n’ont pas encore pu établir les composants à l’origine de cette propriété.
La dépression
La passiflore prévient les états dépressifs. Les éléments qu’elle contient agissent sur l’irritabilité et la tension nerveuse. Son efficacité a été prouvée sur les troubles de l’humeur liés à différentes situations comme la ménopause.
Le sommeil
Cette plante aide à mieux dormir et favorise un sommeil réparateur. Cette action résulte de ses effets calmants sur le système nerveux.
L’asthme
Ses extraits constituent des expectorants utilisés pour soulager les crises d’asthme. Après quelques semaines d’utilisation, la fréquence et l’intensité des symptômes diminuent significativement.
Les douleurs
La passiflore soulage les douleurs grâce à son pouvoir anti-inflammatoire. Elle agit contre les fortes migraines, les rages de dents et les règles douloureuses. Selon la commission E et l’ESCOP, elle agit efficacement contre les spasmes musculaires et les douleurs névralgiques.
La pression artérielle
Les molécules antioxydantes contenues dans le végétal luttent contre les radicaux libres, réduisant ainsi les risques de maladies cardiovasculaires. Elles régulent la pression artérielle afin d’éviter les maladies cardiaques et l’insuffisance rénale.
Posologie conseillée
La passiflore peut être consommée sous différentes formes : en poudre conditionnée en gélule, en infusion, en teinture mère et en extrait fluide. Il est important de se référer aux instructions du médecin quant au dosage et à la posologie adéquate.
En tisane et en infusion
Pour ce format, vous avez besoin de 2 à 3 g de fleurs coupées séchées à diluer dans une tasse d’eau chaude. Laissez infuser la boisson durant 10 à 15 min. Buvez 3 tasses par jour entre les repas.
En teinture mère
Le dosage habituel pour cette préparation est de 30 à 40 gouttes à mélanger dans un verre d’eau, à raison de 3 fois par jour. En cas de troubles du sommeil, buvez une tasse 30 min avant d’aller vous coucher.
En extrait sec
En général, les gélules contiennent 200 mg de poudre de fleurs séchées. La posologie recommandée est de 2 à 6 gélules par jour, à avaler avec un verre d’eau.
En extrait liquide
La posologie habituelle pour un extrait liquide est de 0,5 ml à 1 ml à diluer dans un verre d’eau, à prendre 1 à 4 fois par jour.
Précautions, contre-indications et effets secondaires
La passiflore est déconseillée aux personnes allergiques aux plantes de la famille des Passifloracées ainsi qu’aux individus souffrant de troubles hépatiques. Elle est également contre-indiquée chez les femmes enceintes et allaitantes.
Les solutions à base de cette plante peuvent interagir avec certains médicaments, notamment les somnifères, les antidépresseurs et les anxiolytiques. Si vous suivez un de ces traitements, prenez un avis médical avant de consommer de la passiflore.
De même, ce végétal peut avoir des effets sur le rythme cardiaque. Si vous souffrez de pathologies cardiaques, parlez à votre médecin avant d’utiliser des remèdes à base de cette plante.
Il convient de respecter minutieusement le dosage prescrit afin d’éviter tout éventuel effet indésirable. Il peut s’agir, entre autres, de maux de tête, de légère somnolence, d’agitation, de troubles de la vision et d’insomnie.
Dans de très rares cas, il est possible que des nausées, des réactions allergiques, des vomissements et des troubles digestifs apparaissent. Pendant le traitement, ne conduisez pas de véhicules à moteur et ne vous servez pas de machine-outil.