Le mélèze d’Europe : son histoire, sa nomenclature, sa description, ses variétés, son habitat, son statut de protection, sa culture, ses composants et ses utilisations

Les légendes autour du mélèze d’Europe

Cet arbre attise la curiosité et est source de fascination à travers les civilisations. Pline l’Ancien, écrivain et naturaliste romain du I^er siècle, le considère comme arbre ignifuge. Il est même allé jusqu’à le comparer à une pierre insensible au feu et à la chaleur intense. Ainsi, il était vénéré par les Romains, qui le considéraient comme un arbre sacré et protecteur.

Des légendes autrichiennes parlent de « femmes des Mélèzes » qui œuvrent assidûment pour la protection de ce conifère. Dans le land du Tyrol, en hautes montagnes, on dit que ces dames séduisent des bergers et des chasseurs. Elles les invitent à les rejoindre dans leur grotte, et se montrent aimables et bienveillantes. Elles incitent surtout ces hommes à respecter la nature, les animaux et les végétaux afin de mieux les préserver.

En Allemagne, durant le Moyen Âge, le mélèze d’Europe a été utilisé comme protection contre les mauvais esprits. Aussi, des rameaux de cet arbre étaient suspendus aux portes et aux fenêtres pendant la « nuit de Walpurgis ». Cette fête païenne marque l’arrivée du printemps et se célèbre du 30 avril au 1^er mai. Elle coïncide avec le « sabbat des sorcières ». Voilà pourquoi il est d’usage de prendre des précautions pour se protéger des esprits malins pendant cette fête populaire.

Le mélèze d’Europe comme remède naturel

Cet arbre est cité par l’historien et écrivain français Nicolas Chorier dans son ouvrage « Histoire générale de Dauphiné », publié en 1665. Cet auteur parle notamment de la fameuse « manne de Briançon » résultant de l’écoulement de résine provenant des aiguilles de ce conifère. Cette manne est récoltée sous forme de petits grains gluants. La récolte se fait le matin, avant les premiers rayons du soleil. Elle est utilisée comme formule immunostimulante en raison de sa capacité à booster la production de globules blancs dans la moelle osseuse.

Les recherches en phytothérapie continuent toujours pour mieux connaître toutes les propriétés thérapeutiques de ce conifère. Les scientifiques s’intéressent notamment aux propriétés médicinales de l’oléorésine contenue dans l’écorce et dans les aiguilles de ce conifère.

Les parties aériennes

Le mélèze d’Europe présente un port conique ou pyramidal. Il présente des aiguilles souples assemblées par bouquets de 35 à 40 éléments le long des rameaux. Ces aiguilles se parent d’une jolie couleur verte au printemps. Elles revêtent une couleur jaune dorée en automne avant de chuter au cours de l’hiver.

Cet arbre est une espèce monoïque. À la fin du printemps, il commence à produire des chatons.

Les chatons mâles sont de couleur jaune et pendent sous les rameaux. Les chatons femelles sont rouge vif et ont tendance à se dresser au cours de leur développement.

La pollinisation se fait essentiellement par l’action du vent. Les branches de cet arbre croissent plus vite une fois que les chatons femelles sont pollinisés.

À maturité, les chatons deviennent des cônes. Les mâles sont petits et jaune verdâtre, tandis que les cônes femelles sont bruns et ovoïdes. Ces derniers maintiennent cette position dressée et présentent des écailles minces.

À la fin de l’été, les cônes produisent des graines. Elles sont brunes et petites, et sont disséminées par des animaux comme les piverts et les écureuils.

Le tronc et l’écorce

Le mélèze d’Europe présente un tronc élancé et rectiligne. La vitesse de croissance est moyenne, puisque cet arbre atteint la maturité vers 15 ans. Le diamètre du tronc est de 1,5 à 2 m à la base.

Une écorce grisâtre recouvre et protège le tronc. Elle devient écailleuse et présente des crevasses quand l’arbre grandit. Elle s’épaissit également au fil du temps. Elle intègre de l’oléorésine appelée « térébenthine de Venise ».

L’extraction de l’oléorésine de l’écorce se fait par procédé de gemmage. Il s’agit d’entailler l’écorce de l’arbre pour laisser couler la résine et ensuite la récupérer.

Variétés du mélèze d’Europe

Le genre Larix compte environ 12 espèces de mélèzes. Il est recommandé d’en connaître certaines afin de mieux relever les particularités du mélèze d’Europe dans cet ensemble.

• Le Larix kaempferi qui est originaire de l’île de Honshū, au Japon.
• Le Larix lyallii qui vient de l’Amérique du Nord.
• Le Larix occidentalis ou mélèze de l’Ouest qui peut atteindre 60 m à l’âge adulte.
• Le Larix gmelinii ou mélèze de Dahurie supportant un froid extrême jusqu’à -70 °C.
• Le Larix sibirica ou mélèze de Sibérie, dont le bois solide et durable est largement apprécié en menuiserie et dans le domaine de la construction.

Le mélèze d’Europe permet de créer des nouvelles espèces et des cultivars par hybridation avec d’autres arbres du genre Larix.

Statut de protection du Mélèze d’Europe

Le mélèze d’Europe ne fait l’objet d’aucune mesure de protection en particulier. La raison en est qu’il n’est pas exposé à des menaces à même d’entraîner sa raréfaction et sa disparition. En tant qu’espèce pionnière, ce conifère peut pousser et se développer dans des pâturages abandonnés, dans des prairies, dans des parcelles pauvres des forêts…

En France, des agriculteurs s’efforcent de faire une culture encadrée de cet arbre. Cette démarche vise notamment à fournir une quantité suffisante pour l’utilisation de ce végétal en menuiserie, dans la construction, dans la médecine naturelle…

Des botanistes promeuvent également ce genre de culture contrôlée. Le but est de conserver le patrimoine génétique du mélèze d’Europe face à l’apparition de nombreux hybrides et cultivars.

Culture du mélèze d’Europe

Cet arbre pousse dans les sols rocailleux, argileux, calcaires, limoneux, humifères… Le plus important est de garder le sol humide et frais.

Avant de planter un mélèze d’Europe, il faut choisir un grand terrain pour qu’il puisse s’enraciner, pousser et se développer correctement.

La plantation est à faire entre mars et mai. Il est aussi possible de la faire en automne. Le plus important, c’est d’éviter la période hivernale. Même si cet arbre est rustique, les jeunes pousses peuvent ne pas supporter les longues périodes de gel.

Vous pouvez recourir au semis de graines pour la plantation. Cependant, la façon la plus simple est le bouturage. Pour cette méthode en particulier, la plantation est à faire à la fin de l’été.

La démarche pour le bouturage consiste à prélever un rameau frais d’un mélèze d’Europe adulte. Ensuite, il convient de le tremper dans de l’hormone de bouturage avant de le planter.

L’arrosage régulier est indispensable pour garder le sol frais et hydraté. Malgré tout, le terrain doit toujours être bien drainé. L’humidité accrue peut, en effet, affaiblir l’arbre. Cela va entraîner l’apparition et le développement de certaines maladies, dont le « chancre du mélèze ». Cette affection est causée par un champignon pathogène appelé Lachnellula willkommii.

Il faut aussi veiller à une bonne exposition au soleil ou à mi-ombre du mélèze d’Europe afin de veiller à son bon développement.

Une fois que ce conifère grandit, il est possible de tailler le houppier. Il s’agit d’une bonne façon de gérer son expansion et de prévenir l’envahissement. C’est aussi l’occasion d’éliminer les rameaux desséchés qui nuisent à l’esthétique du houppier. Cette opération est à faire en hiver, pendant que le mélèze d’Europe est dans un état de repos végétatif.

Utilisations du mélèze d’Europe en phytothérapie

Cet arbre est connu pour ses nombreux bienfaits dans l’entretien du bien-être chez l’Homme. Il est employé dans l’élaboration de remèdes naturels pour traiter des troubles physiques et émotionnels. Il sert aussi pour la conception de fortifiants et de compléments alimentaires pour le regain de vitalité.

Indications

Le mélèze de l’Europe est indiqué dans le traitement de douleurs musculaires et articulaires. Il permet aussi de soulager la fatigue et de lutter contre la baisse de tonus.

Cette plante est recommandée dans le traitement des œdèmes et des enflures. Différentes formes galéniques sont disponibles en herboristerie pour mieux répondre à vos besoins : crèmes, huiles végétales…

Cet arbre est préconisé dans le maintien du système musculo-squelettique en raison de la présence de 3-carène et de pyrones en son sein. Il prévient des troubles comme l’ostéoporose, la tendinite, la réduction de la force musculaire…

Ce végétal entre dans la composition de différents remèdes anti-infectieux et cicatrisants en raison de sa teneur importante en tanin.

Il s’agit aussi d’un excellent antifongique. Des remèdes à base de cet arbre soulagent les démangeaisons causées par des champignons comme les mycoses. Ils permettent aussi de s’en débarrasser en quelques jours.

Le mélèze d’Europe est indiqué dans le traitement des troubles des voies respiratoires. Il lutte contre des affections comme le rhume, la bronchiolite, la pneumonie…

Les polysaccharides contenus dans cet arbre contribuent à améliorer le transit intestinal. C’est essentiel pour l’entretien des intestins et pour la prévention de troubles comme la constipation, la diarrhée, etc.

Utilisations et dosage

Pour le traitement des plaies et des infections à champignon au niveau de la peau, vous pouvez préparer une décoction à base d’aiguilles de mélèze d’Europe. Pour ce faire, faites bouillir environ 30 g d’aiguilles fraîches dans 1 L d’eau. Laissez infuser pendant 15 minutes. Quand la température apparaît supportable, nettoyez les affections cutanées avec cette solution.

La décoction à base d’aiguilles de ce conifère permet aussi de faire un bain contraste pour traiter une enflure au niveau du bras, des jambes, des pieds… Utilisez simplement une petite cuvette pour l’immersion des parties enflées et douloureuses dans cette solution chaude. La température adéquate pour ce genre de soin est de 34 à 38 °C.

Pour profiter des bienfaits des remèdes à base de cet arbre, il convient de se rendre dans un magasin spécialisé en phytothérapie.

Vous pouvez vous offrir de l’huile essentielle de térébenthine de Venise. Ce produit est élaboré à partir de l’oléorésine provenant du mélèze d’Europe. Il entretient les voies respiratoires et renforce les défenses immunitaires.

Il existe d’autres formes galéniques de ce conifère : gélules, pilules, hydrolats, crèmes, lotions, compléments alimentaires, probiotiques… Il vous est même possible de trouver des friandises à manne de Briançon en herboristerie ou dans un magasin spécialisé dans les soins par les plantes.

La notice disponible dans chaque remède vous aide à connaître ses indications ainsi que les dosages adéquats. Pour le confort et la sécurité, il est conseillé de consulter un phytothérapeute avant de suivre un traitement avec des soins à base de ce conifère.

Le bois de mélèze

Le mélèze d’Europe est grandement utilisé dans la construction et dans la menuiserie. Il produit, en effet, du bois droit, épais, moyennement dur et facile à travailler.

Le bois de mélèze est également très dense. La résine qu’il contient contribue à optimiser son étanchéité. Voilà pourquoi il est utilisé comme toit des granges dans les régions alpines.

Le bois de cet arbre est utilisé dans la structuration de bâtiments. Il se décline en des madriers, des bardeaux, des plaquettes de parement…

Il est prisé en menuiserie pour construire des tables, des chaises, des étagères…

Il est aussi utilisé dans l’art de la taille du bois. Il sert notamment pour l’élaboration de figurines, statuettes et divers objets décoratifs.

La térébenthine de Venise

La térébenthine de Venise est prélevée de l’écorce du mélèze d’Europe. L’essence de térébenthine obtenue par distillation de cette oléorésine est utilisée dans l’élaboration de peintures, de couches d’apprêt, de solvants, etc. Elle entre aussi dans la composition de produits comme des insecticides et des colles.

Cette solution spéciale entre également dans la composition des produits nettoyants pour du cuir et du simili.

Le mélèze d’Europe en cosmétologie

Ce conifère est apprécié en cosmétologie et en parfumerie. Son oléorésine permet d’élaborer des vernis et différents types de parfums.

L’oléorésine de cet arbre et la fameuse manne de Briançon entrent aussi dans la composition de différents produits pour les soins de la peau. Le tanin en leur sein entretient la souplesse de la peau et prévient l’affaissement cutané.