Histoire
L’histoire de son introduction en Europe est tout aussi intéressante. En 1576, une graine sur le point de germer fut offerte à Charles de L’Écluse, ambassadeur à Vienne. Ce dernier réussit à l’acclimater en le semant très tôt pour préserver son pouvoir de germination. À partir de là, le marronnier se répand dans tout le continent européen et conquiert le grand public.
En 1615, il fait ses débuts à Paris grâce à un certain Bachelier qui l’avait rapporté de Constantinople. Cultivé dans la cour de l’hôtel de Soubise, l’arbre y a prospéré jusqu’en 1840, laissant derrière lui une empreinte durable. D’autres marronniers ont été plantés dans le Jardin des Plantes en 1650 et dans l’avenue des Tuileries en 1670, donnant à Paris son charme arboré. Par ailleurs, un spécimen de 417 ans, planté en 1606, est toujours présent sur le domaine d’un hôtel à Vézac, dans le Cantal.
Étymologie
Le nom générique Aesculus est un terme latin, utilisé pour désigner un chêne produisant des glands comestibles. Quant à l’épithète spécifique hippocastanum, il s’agit d’un amalgame de hippos (cheval) et de kastanon (châtaigne). Autrefois, on pensait que les marrons pouvaient être donnés aux chevaux. Ce fruit est d’ailleurs connu sous le nom anglais horsechestnut, qui se traduit littéralement par « marron de cheval ».
L’étymologie du nom vernaculaire « marron » serait tirée du ligurien mar, qui signifie « caillou ». En effet, l’apparence lisse et ronde du fruit rappelle celle d’un caillou. Au fil du temps, le terme « marronnier » a évolué. Au début, il englobait tous les arbres portant des marrons, y compris les châtaigniers. Il s’est ensuite spécifié pour désigner les cultivars du châtaignier, dont les fruits sont plus gros et comestibles.
L’expression « marronnier d’Inde » apparaît dans le Dictionnaire de l’Académie française en 1832 pour décrire un « grand et bel arbre » importé de Constantinople.
Le marronnier d’Inde est connu sous divers noms, à l’instar de « marronnier d’Europe », « marronnier blanc », « marronnier faux-châtaignier », « châtaignier des chevaux » et « châtaignier de mer ».
Description du marronnier d’Inde
Le marronnier blanc est un grand arbre d’ornement qui vit facilement plus de 150 ans en milieu rural, atteignant parfois 300 ans. Sa hauteur peut atteindre 30 m, mais elle dépasse rarement les 12 m, avec une largeur entre 3 et 4 m. Il se distingue par l’odeur distinctive et le goût légèrement amer de la sève, de la graine et de l’enveloppe épineuse appelée « boque » et qui recouvre le fruit.
L’écorce du jeune arbre est lisse, de couleur brune à légèrement rougeâtre. Elle se fissure en vieillissant, se détachant par petites plaques.
Ses fleurs blanches ou roses, tachetées de rouge, sont disposées en grappes denses et allongées, avec une forme pyramidale ou autre selon les variantes. Les fleurs ont différentes couleurs au centre : le rouge signale aux insectes qu’elle est déjà pollinisée, tandis que le jaune indique qu’elle est propice à la visite.
Le feuillage vert sombre du marronnier est caduc. Il est caractérisé par de grandes feuilles disposées en face l’une de l’autre, de forme palmée, avec un long pétiole, et composées de 5 à 7 folioles dentelées.
En automne, des bourgeons pointus apparaissent, protégés par une résine fortement adhésive.
Le fruit du marronnier commun est une capsule résistante et hérissée. Cette dernière renferme une ou deux graines brunes, lisses, grosses, luisantes et toxiques, appelées « marrons d’Inde ». Elles sont libérées en octobre.
Le marronnier d’Inde ne doit pas être confondu avec le châtaignier commun. Pour les distinguer, il suffit de se rappeler que les marrons sont ronds, tandis que les châtaignes ont une face plate lorsqu’on les trouve dans la nature. Par ailleurs, les marrons d’Inde vendus dans le commerce et qui sont comestibles, sont en réalité des châtaignes provenant de la Castanea sativa, une variété de châtaigniers.
Habitat et culture du marronnier d’Inde
Le marronnier d’Inde, originaire du sud-est de l’Europe, se trouve principalement en Grèce, en Albanie, en Macédoine et en Bulgarie, dans les massifs montagneux du sud des Balkans.
Où prospère-t-il ?
Il prospère dans les forêts mélangées de feuillus, généralement aux altitudes comprises entre 700 et 1 200 mètres, sur des sols riches et humides. Cette aire de répartition restreinte résulte des effets des glaciations passées, maintenant l’arbre dans le sud des Balkans malgré un climat favorable ailleurs en Europe.
La dispersion des marrons est d’autant entravée par leur forte sensibilité à la sécheresse. En effet, les graines ne peuvent pas germer dans des sols secs.
De nos jours, l’intervention humaine a contribué à disséminer l’espèce dans toute l’Europe. Le marronnier commun a été largement planté pour des raisons esthétiques dans les villes et les parcs. Les enfants qui jouent avec les marrons ont participé à la propagation de l’arbre, en semant les graines dans les environs et au-delà.
Par conséquent, l’espèce est désormais présente naturellement dans de nombreuses régions d’Europe.