Les fleurs sont disposées de manière hélicoïdale et sont directement attachées à la tige. Elles possèdent une corolle cylindrique et en forme de cloche, similaire à celle d’une campanule, mesurant entre 2 et 3 cm, et couronnée de cinq lobes circulaires. De forme tubuleuse entre 10 et 15 mm, le calice est de couleur verte et présente cinq dents. La corolle est radialement symétrique et présente une légère fusion au niveau des deux pétales inférieurs. La fleur est de couleur jaune pâle, avec des nervures pourpres ou violettes. Les cinq étamines dépassent légèrement la gorge de la fleur. La jusquiame noire fleurit de mai à septembre, offrant une période de floraison spectaculaire.
Cette plante produit un pyxide, un fruit sec qui s’ouvre pour libérer les graines à maturité. Ces dernières ont une teinte jaune-brun en forme de disque, mesurant environ 1 mm.
Variétés
Il existe deux variétés de jusquiame noire : biennis, qui est bisannuelle, et annua, qui est annuelle. Cette dernière est cultivée en Europe de l’Est.
Histoire de la jusquiame noire
L’histoire de la plante, anciennement appelée hanebane, remonte à l’Antiquité, où elle a acquis une réputation d’hallucinogène. Les premiers écrits concernant la pharmacopée, provenant de la Mésopotamie et de l’Égypte, font mention de la jusquiame. Les tablettes sumériennes révèlent son utilisation comme hallucinogène, tandis que le papyrus Ebers énumère la jusquiame parmi de nombreuses autres drogues telles que le ricin, le séné, et l’opium. À l’Âge de Bronze, en Scandinavie, on a découvert une bière aromatisée à base de jusquiame noire, consommée dans le but d’amplifier les effets de l’ivresse. On suppose même que les guerriers vikings ont bu cette boisson.
Dans la Grèce antique, on retrouvait de la jusquiame dans les hydromels antiques, ingérés pendant les rituels de divination. Le médecin grec Dioscoride, au premier siècle, mentionne la jusquiame dans son traité sur les plantes médicinales, De Materia Medica. Il souligne l’efficacité du jus et des graines comme antalgiques pour les douleurs auriculaires et utérines. Une infusion de racines dans du vinaigre était recommandée comme bain de bouche pour soulager les maux de dents. Les graines étaient prescrites pour traiter les irritations des pieds et des yeux.
Le naturaliste romain Pline, mentionne, quant à lui, que l’hyoscyamus (jusquiame) peut provoquer une dilatation des pupilles. En effet, il rapporte que cette plante déclenche la folie et des vertiges. Il souligne les effets perturbateurs sur l’esprit et met en garde contre son utilisation hasardeuse. Malgré ces avertissements, la jusquiame est restée un remède prescrit pendant des siècles et son pouvoir anesthésique a été apprécié jusqu’à l’époque moderne. En Europe, à partir du IXe siècle, le jusquiame a servi dans la fabrication d’un soporifique, avec l’opium, le mandragore et d’autres substances. Des recettes de cette éponge soporifique provenant de divers pays ont été consignées dans des livres de chirurgie et d’antidote.
Le Grand Albert, livre de magie populaire daté du XIIIe siècle, mentionne la jusquiame noire comme « l’herbe au somme ». Elle fut longtemps considérée comme une plante aphrodisiaque magique.
Etymologie
Le nom scientifique Hyoscyamus est dérivé du grec hyos, qui est traduit littéralement en « porc », et de cyamos qui veut dire « fève ». C’est pourquoi il est parfois appelé « fève de porc ». Cette dénomination est reliée à l’histoire de l’Odyssée, lorsque la déesse Circé reçoit Ulysse et ses fidèles avec un festin empoisonné à la jusquiame et à d’autres substances. Après le repas, ils ont tous été transformés en porcs.
La plante est parfois nommée “Herbe aux dents” ou “Herbe aux chevaux”.