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Ipécacuanha

Ipecacuanha

Caractéristiques de l’Ipécacuanha

  • Nom : Ipécacuanha
  • Règne : Plantae
  • Sous-règne :
  • Division :
  • Classe : Equisetopsida
  • Sous-Classe : Magnoliidae
  • Ordre : Gentianales
  • Sous-Ordre :
  • Famille : Rubiaceae
  • Sous-Famille : Rubioideae
  • Genre : Carapichea
  • Espèce : Carapichea ipecacuanha

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L’ipécacuanha : sa description, ses origines, sa distribution, son statut de protection, ses vertus thérapeutiques et ses précautions d’emploi

L’ipécacuanha ou ipéca est scientifiquement connu sous le nom de Carapichea ipecacuanha. Cette variété de plantes dicotylédones appartient à la famille des Rubiaceae et à la sous-famille des Rubioideae. Elle est originaire des régions d’Amérique du Sud et d’Amérique centrale. Cette plante se développe dans les vallées des forêts humides. Les racines de ce sous-arbrisseau sont exploitées en grande partie en tant que médicaments émétiques.

Description de l’ipécacuanha

L’ipécacuanha est un arbrisseau qui mesure jusqu’à 50 cm de hauteur qui peut parfois présenter des ramifications. Il possède un rhizome. Ses branches varient en termes de pilosité, allant de pubescentes à pratiquement glabres.

Ses feuilles mesurent entre 7 et 17 cm de long pour 4 à 9 cm de large. Elles ont une forme elliptique à obovale, avec une extrémité légèrement pointue. Leur texture est soit mince, soit papyracée. Leur face supérieure est lisse, tandis que celle inférieure est couverte de poils fins qui disparaissent avec le temps. Les feuilles sont attachées à la tige par un pétiole de 3 à 8 mm de long et sont accompagnées de stipules. Ces derniers peuvent être persistants ou tomber avec le temps.

ipecacuanha-caracteristiques

Les parties de la plante responsables de la reproduction, appelées inflorescences, se trouvent à la pointe des tiges, parfois près des aisselles des feuilles. Elles sont recouvertes de poils fins ou lisses et de couleur verte. Elles sont constituées de petites têtes de fleurs presque sphériques, mesurant de 1,5 à 2,5 cm de diamètre. Celles-ci sont entourées par un ensemble de 2 à 6 bractées de 5 à 10 mm de long.

Les fleurs ne possèdent qu’un court pédoncule, voire aucun. Elles présentent un petit tube cylindrique d’environ 1 mm de long qui perd ses poils avec le temps. À l’extérieur, la corolle prend la forme d’un entonnoir pubescent ou presque lisse. Celle-ci est munie d’un tube mesurant entre 3 et 4 mm et de lobes triangulaires de 1,5 à 2,5 mm de long.

Les fruits de cette plante sont des drupes ellipsoïdales de 8 à 10 mm de long sur 4 à 8 mm de diamètre. Ils sont d’abord rouges, puis virent au noir à maturité.

Origine et découverte de l’ipécacuanha

En 1801, la Carapichea ipecacuanha a d’abord été baptisée Callicocca ipecacuanha par Felix de Avelar Brotero, botaniste portugais. Par la suite, elle a été reclassée dans le genre Carapichea par Bengt Lennart Andersson, un autre botaniste suédois. Cette classification a été publiée en 2002 dans la revue scientifique Kew Bulletin.

Étymologie

Le terme « ipécuana » désigne, non seulement la plante elle-même, mais aussi, par métonymie, ses racines. Il décrit aussi les préparations médicinales dérivées de ces parties. Ces dernières sont largement utilisées en tant qu’agents vomitifs et expectorants. Historiquement, ce mot désignait plusieurs espèces de plantes d’Amérique du Sud ou d’Amérique centrale qui contiennent de l’émétine ou d’autres principes actifs similaires.

ipecacuanha-utilisations

Évolution historique

La découverte de la racine d’ipécacuanha, nommée Igpecaya ou Pigaya, remonte au XVIe siècle, grâce à Miguel Tristram, un moine jésuite portugais. Il a vécu au Brésil entre 1570 et 1600.

En 1648, le médecin néerlandais Willem Piso et le naturaliste allemand Georg Markgraf ont émis une description plus détaillée de la plante. Ils ont précisé son efficacité contre la dysenterie dans leur ouvrage Historia naturalis Brasiliae.

Cependant, l’ipécacuanha n’a été employée en Europe qu’en 1672. Legras, un voyageur, a importé des racines de la plante d’Amérique du Sud à Paris. En 1680, un marchand parisien du nom de Garnier a acquis 150 livres de Carapichea ipecacuanha. Il a alors informé son assistant de ses propriétés contre la dysenterie, ainsi que le médecin Jean-Adrien Helvétius. Ce dernier l’a ensuite prescrite en tant que remède secret dans le traitement de la diarrhée sanglante. Cela a mené à la création de la base d’un médicament contre la dysenterie. Par ailleurs, il a réussi à remettre le roi Louis de France sur pied grâce à cette solution en 1686.

Suite à des tests de composition, Helvétius a obtenu l’exclusivité de la vente du remède de la part du roi Louis XIV. Quelques années plus tard, le gouvernement a acheté le secret pour 1 000 louis d’or. La formule a été rendue publique en 1688.

En 1733, un médecin anglais du nom de Thomas Dover a proposé une poudre à base d’ipécacuanha et d’opium comme expectorant. Cette formule est connue sous le nom de Pulvis Doveri ou poudre de Dover.

L’identification botanique de cette plante a suscité de nombreuses controverses. Elle n’a été réglée qu’en 1800 par Gomez, un médecin de la marine portugaise. En effet, il a apporté des échantillons authentiques du Brésil à Lisbonne afin de déterminer officiellement la carte botanique de la plante.

Au XIXe siècle, les recherches sur l’usage médical de la racine sont poursuivies par Jan Evangelista Purkinje, physiologiste tchèque.

Distribution et habitat de l’ipécacuanha

L’ipécacuanha est répartie dans plusieurs régions géographiques. Elle se retrouve en Amérique centrale et en Amérique du Sud, dont au Brésil et en Colombie.

Distribution

Les populations actuelles de Carapichea ipecacuanha sont principalement concentrées dans trois zones distinctes :

  • la zone amazonienne : elle est localisée dans la partie sud-ouest du biome amazonien, couvrant Mato Grosso et Rondônia, des États du Brésil ;
  • la zone côtière atlantique : elle est située au cœur du biome Mata Atlântica sur la côte brésilienne, englobant les États de Bahia, de Rio de Janeiro, de l’Espírito Santo et de Minas Gerais ;
  • la zone centraméricaine : elle marque la limite septentrionale de l’aire de répartition de la plante, englobant le Nicaragua, le Panama et le Costa Rica.

Les rendements importants d’ipécacuanha relevés dans les régions avoisinantes de la Colombie suggèrent que la zone centraméricaine pourrait toutefois s’étendre davantage vers le sud.

Par ailleurs, la plante est cultivée en Birmanie, en Malaisie et en Inde, dans les collines de Darjeeling, au Bengale-Occidental. La production est toutefois limitée dans ces régions.

Habitat

La Carapichea ipecacuanha prospère dans les sous-bois ombragés. Elle pousse notamment dans les forêts tropicales humides situées en Amérique centrale et en Amérique du Sud. Les spécimens originaires des forêts brésiliennes, dont du Mato Grosso et du Minas Gerais, sont communément appelés « ipéca brésilien » ou « ipéca de Rio ».

Statut de protection de l’ipécacuanha et écologie

Tout comme d’autres espèces indigènes du Brésil, l’ipécacuanha est confrontée à une menace croissante, due à la disparition progressive de son lieu d’habitat naturel. Celle-ci est causée, non seulement par la déforestation, mais également par la collecte excessive. Cette dernière réduit sa diversité génétique.

Depuis le début du XXe siècle, l’espèce a été fortement exploitée en raison de ses propriétés médicinales. En effet, elle est réputée pour ses effets émétiques, diaphorétiques, expectorants, amœbicides et d’autres applications traditionnelles. Malgré cela, elle n’a pas encore été classée par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).

Dans l’optique de freiner cette surexploitation des populations sauvages, des initiatives de domestication ont été lancées au Panama, au Costa Rica et au Nicaragua. Des programmes de conservation ont aussi été mis en œuvre au Brésil.

ipecacuanha-phytotherapie

Propriétés de l’ipécacuanha de l’ipécacuanha en phytothérapie

La racine de Carapichea ipecacuanha est riche en émétine, un alcaloïde à propriété vomitive. Elle est employée en médecine traditionnelle afin de provoquer des vomissements. En revanche, en homéopathie, elle est utilisée pour traiter les nausées et les vomissements.

Composants principaux

Les racines séchées d’ipécacuanha forment une drogue végétale appelée Ipecacuanhae radix. Elles ont une teneur en eau de 5 à 10 % et contiennent environ 4 à 5 % de matières minérales. En outre, elles présentent un taux d’amidon de 30 à 40 %.

De plus, elles renferment diverses substances, parmi lesquelles :

  • des tanins, dont l’acide ipécacuanhique ;
  • des hétérosides isoquinoléino-monoterpéniques, représentant environ 1 % de la matière végétale, tels que l’ipécoside et le désacétyl-iso-ipécoside ;
  • une glycoprotéine allergisante ;
  • des alcaloïdes isoquinoléiques, représentant de 1,8 % à 4 %, qui sont les principes actifs majeurs, dont les plus importants sont l’émétine, la psychotrine et la céphéline.

Ces derniers sont principalement localisés dans le parenchyme cortical de la racine et ne sont pas présents dans le bois. Il est important de noter que, contrairement à ce qui a été précédemment publié, la plante ne contient pas de saponosides.

Propriétés principales

L’ipécacuanha est réputé pour sa capacité à induire des vomissements en raison de la présence d’alcaloïdes, notamment de l’émétine. Cette action émétique résulte de la stimulation directe des nerfs glossopharyngiens et vagues. En effet, les substances de la plante influent sur les centres cérébraux responsables du réflexe de vomissement.

En outre, la plante intervient dans la régulation des voies respiratoires, dans l’amélioration des symptômes de grossesse et dans l’atténuation d’effets secondaires liés à des traitements médicaux.

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Indications

La Carapichea ipecacuanha est indiquée essentiellement en homéopathie en vue d’apaiser les symptômes suivants :

  • asthme accompagnée de toux sifflante, de spasmes bronchiques, de sibilants et de dyspnée ;
  • toux et bronchite ;
  • coqueluche ;
  • boulimie, perte d’appétit et anorexie ;
  • diarrhée et vomissements ;
  • hémorragie ;
  • hypertension ;
  • hémorroïdes ;
  • troubles menstruels ;
  • nausées et vomissements liés à la grossesse ;
  • ulcère gastrique ;
  • rhinite ;
  • nausées et troubles du voyageur.

La racine de la plante est aussi recommandée afin d’atténuer les effets secondaires de certains traitements, dont ceux anticancéreux, en particulier les nausées.

Formes commercialisées et posologie

L’ipécacuanha est disponible sous forme de globules, de granules et de solutions buvables, dont le sirop.

Sirop

Le sirop à base de Carapichea ipecacuanha renferme un extrait de la racine et provoque rapidement des vomissements intenses. Il est conseillé en vue d’éliminer certains produits toxiques de l’estomac. La dose varie de 5 à 30 ml selon l’âge du patient. Une deuxième prise est possible si aucun vomissement n’a eu lieu dans les vingt minutes qui suivent. Ce sirop est d’autant prescrit aux patients souffrant de boulimie dans les centres psychiatriques. À cette fin, il est utilisé en tant que vomitif afin d’expulser l’excès alimentaire suite à une crise.

En France, le sirop d’ipécacuanha n’est plus disponible en vente libre, mais il reste accessible sans prescription dans d’autres pays et en ligne. La réglementation française limite sa préparation sur ordonnance médicale aux pharmaciens. Seuls les médecins généralistes ou les urgentistes sont en droit d’en détenir, ce qui leur permet d’intervenir rapidement en cas d’empoisonnement par ingestion. Il est également appliqué dans certains protocoles de lavage gastrique en milieu hospitalier.

Au Québec, le sirop à base de cette plante n’est plus considéré comme un traitement de décontamination gastrique en cas d’empoisonnement par voie orale. Néanmoins, au Canada, il reste disponible sans ordonnance, sauf au Québec, où sa vente est restreinte aux pharmaciens agréés.

Granules

Les granules d’ipécacuanha sont indiqués en cas de crise d’asthme, de bronchite, d’anorexie et de vomissements. La posologie varie entre 2 et 5 granules, selon la gravité des symptômes. Elles sont aussi recommandées en vue d’apaiser les symptômes de grossesse, les diarrhées et les toux spasmodiques.

Propriété antipoison controversée

La capacité de l’ipécacuanha en tant qu’antipoison a été largement controversée. Des études menées par divers centres de toxicologie clinique n’ont pas fourni de preuves solides sur son efficacité sur des patients empoisonnés. De plus, la plante devient de moins en moins disponible.

En conséquence, son administration immédiate ou aux urgences est déconseillée, car cela risque de retarder ou de réduire l’efficacité d’autres traitements. Cependant, il existe des cas exceptionnels où la prise d’ipécacuanha peu de temps après l’ingestion de certains poisons spécifiques peut être envisagée.

Précautions d’emploi de l’ipécacuanha

En général, la consommation de médicaments à base de Carapichea ipecacuanha est sans risque tant que le dosage et les prescriptions médicales sont respectés. Toutefois, une quantité excessive de sirop à base de la plante risque de causer des effets indésirables. Ces derniers incluent des vertiges, des étourdissements, une baisse de la pression artérielle, de la difficulté à respirer et une accélération du rythme cardiaque.

En outre, comme tout remède émétique, l’usage de la plante est contre-indiqué en cas d’ingestion de produits moussants, d’hydrocarbures ou de produits caustiques. Elle est déconseillée dans toutes les situations présentant un risque d’inhalation des vomissements. Cela inclut les cas de convulsions, d’altération de la conscience ou de troubles cardiovasculaires. Les médicaments émétiques sont d’autant interdits si l’ingestion du produit toxique remonte à plusieurs heures. Enfin, les personnes âgées, les enfants de moins de six mois et les femmes enceintes doivent s’en abstenir.

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