Au XIXe siècle, Jan Evangelista Purkinje, physiologiste tchèque, avait continué les recherches sur la valeur médicinale de la racine.
Malheureusement, l’ipéca est aujourd’hui menacé d’extinction en raison de la détérioration de son habitat naturel et de la collecte excessive. Depuis le début du XXe siècle, la surexploitation de cette plante n’a cessé de croître en raison de ses vertus en phytothérapie. Toutefois, des projets de domestication et des programmes de conservation ont été mis en place en Amérique du Sud.
Composants actifs de l’ipéca
Une fois séchées, les racines sont utilisées en vue de créer un médicament végétal connu sous le nom d’Ipecacuanhae radix, présentant une composition complexe. Environ 5 à 10 % du poids de cette partie de la plante est constitué d’eau. L’amidon et les éléments minéraux représentent respectivement 30 à 40 % et 4 à 5 %. Cependant, les molécules spécifiques contenues dans les racines d’ipéca en font une plante médicinale spécifique.
Voici un aperçu des principaux composants actifs :
- les tanins ;
- une glycoprotéine allergisante ;
- les hétérosides isoquinoléino-monoterpéniques ;
- les alcaloïdes, dont les principaux sont l’émétine, la psychotrine et la céphéline.
Outre ces principaux alcaloïdes, d’autres dérivés tels que l’émétamine, l’O-méthylpsychotrine et la protoémétine peuvent également être présents dans les racines d’ipéca. Ces composés contribuent à la complexité des actions curatives de la plante.
Vertus thérapeutiques de l’ipéca
L’ipéca comme antidote
Pendant de nombreuses années, la Carapichea ipecacuanha a été appliquée comme remède pour provoquer des vomissements chez les personnes empoisonnées. Cependant, des études récentes ont évalué son efficacité dans ce contexte. Elles ont permis de conclure que les preuves significatives sur l’efficacité de l’ipéca auprès des personnes empoisonnées sont inexistantes. De plus, il pourrait interférer avec d’autres traitements, tels que le charbon actif et les antidotes oraux. Ainsi, ces résultats remettent en question son usage systématique dans les cas d’ingestion de poison.
Face à ces conclusions, les recommandations médicales ont évolué. Au Québec, dans le cas d’un empoisonnement par voie orale, le sirop d’ipéca n’est plus utilisé dans la décontamination du système digestif. Néanmoins, il reste disponible sans ordonnance au Canada, bien qu’il soit vendu exclusivement par des pharmaciens agréés.
Outre son usage dans le traitement des intoxications, ce médicament est également connu dans les milieux psychiatriques. Il est parfois recommandé aux personnes atteintes de boulimie, un trouble alimentaire caractérisé par des crises de suralimentation. Dans ce contexte, le sirop d’ipéca est administré comme un vomitif afin d’éliminer la nourriture absorbée. Cela permet d’éviter une prise de poids du patient.