La guimauve : son étymologie, sa description, son habitat, sa culture, ses compositions et ses bienfaits

Dans l’Europe occidentale ancienne, les officines – magasins où les herboristes et les apothicaires préparaient des remèdes – étaient relativement rares. Bien que les textes latins mentionnent ces ateliers dès le XIe siècle, les premières officines documentées sont apparues plus tard. À l’origine, le terme désignait les locaux où les apothicaires, les médecins puis les pharmaciens préparaient des remèdes. Pour les botanistes à l’époque de Linné, officinalis était utilisé pour décrire les plantes médicinales largement employées.

Synonymes de la guimauve

Selon la base de données en ligne « Plants of the World online » , le nom Althaea officinalis est associé à 15 autres équivalents. 

Les synonymes homotypiques incluent des noms tels que Malva althaea et Malva officinalis. Les synonymes hétérotypiques comprennent des noms moins familiers tels qu’Althaea balearica, Althaea kragujevacensis et Malva maritima. Ces termes différents sont utilisés pour désigner la même plante, Althaea officinalis, dans diverses régions et contextes botaniques.

Description de la guimauve

La guimauve officinale est une grande plante herbacée vivace qui peut atteindre une hauteur de 1 m à 1,5 m de hauteur. Ses tiges sont dressées et robustes. 

Les feuilles sont un peu particulières, couvertes de poils et d’une couleur allant du vert grisâtre au blanchâtre. Elles peuvent être soit entières, soit à trois lobes, avec une marge dentée à crénelée-dentée. Celles du haut sont plutôt ovales ou vaguement trilobées, tandis que celles du bas sont deltoïdes-ovales. Ces dernières mesurent 4 à 10 cm de long sur 2 à 7 cm de large.

Cette plante reste vivace grâce à sa souche dotée de bourgeons souterrains et de racines pivotantes qui s’enfoncent profondément dans le sol. 

Ses fleurs sont solitaires ou en petits groupes de deux à quatre à l’aisselle des feuilles. Elles ont un pédoncule court, d’environ 0,5 à 4 cm de long, et sont de couleur blanc rosé, plutôt pâles.

Les fleurs sont entourées d’un calicule composé de sept à neuf bractées étroites et velues, mesurant 4 mm de long. Le calice est persistant, velu, en forme de coupe, avec cinq sépales plus longs que les parties du calicule. La corolle, quant à elle, est formée de cinq pétales roses, parfois très pâles, mesurant environ 1,5 cm de long. En ce qui concerne les étamines, elles forment une colonne staminale de 3 à 5 mm, avec parfois quelques poils épars. Les anthères de couleur violet foncé se trouvent dans la moitié supérieure de la colonne, et à l’extrémité de celle-ci se dresse le style avec 15 à 20 branches.Enfin, le fruit de l’Althaea officinalis est un schizocarpe composé de nombreux carpelles, généralement entre 15 et 20, disposés en cercle et mesurant environ 8 mm de diamètre. Ils ont une couleur jaunâtre et les graines sont en forme de rein.

Les parties aériennes de la plante se fanent et meurent en automne. Cependant, il est possible de la cultiver grâce à sa racine pivotante. Vous pouvez choisir une jeune plante dont les racines ne sont pas encore complètement développées, ou utiliser un jeune tesson de racine.

Statut de protection

Dans le cadre de la préservation de la biodiversité, la guimauve jouit d’une protection particulière dans certaines régions françaises. Plus précisément, cette plante est classée comme protégée dans les régions de la Picardie, de la Lorraine et du Nord-Pas-de-Calais. Cette classification s’appuie sur une liste officielle établie par le gouvernement français. L’objectif est de garantir la survie de cette plante et de maintenir son rôle dans l’écosystème local. Cette mesure de protection a été officialisée dans un arrêté datant du 1ᵉʳ avril 1991.

Composition de la guimauve

La guimauve officinale est riche en composés actifs, notamment des polysaccharides présents dans toutes ses parties, principalement sous forme de mucilages. Ces polymères sont de longues chaînes capables d’absorber l’eau et de créer des gels. Ils sont célèbres pour leurs propriétés anti-inflammatoires et émollientes.

Les racines de la guimauve renferment un mucilage qui représente environ 25 à 35 % de leur contenu. Ces substances sont composés de D-galactose, de L-rhamnose, d’acides D-glucuronique et D-galacturonique. Ils partagent une parenté structurale avec les polysaccharides pectiques. Cela se manifeste par une chaîne rhamnogalacturonique et des ramifications par des acides uroniques et galactose.

En plus des mucilages, les racines, les fleurs et les feuilles de la guimauve contiennent des flavonoïdes. Il s’agit notamment de l’O-glucoside C8 de l’hypolétine. Des acides phénoliques et du scopolétol sont également présents.

Utilisations médicinales

La guimauve officinale a une longue histoire d’utilisation médicinale. Hildegarde de Bingen, une moniale bénédictine du Moyen Âge, la recommandait pour faire baisser la fièvre. La racine de guimauve est écrasée dans du vinaigre et bue deux fois par jour. Un mélange de guimauve broyée, de sauge et d’huile d’olive appliqué sur le front était de même prescrit pour soulager les maux de tête.

La guimauve est considérée comme une plante émolliente par excellence. Elle est riche en mucilages, ce qui lui confère la capacité d’adoucir les parties enflammées du corps. Les fleurs, bien qu’elles contiennent moins de mucilage que la racine, sont également utilisées en infusion, souvent pour des affections respiratoires. Elle apporte un soulagement aux troubles respiratoires, y compris la laryngite, l’asthme, l’angine et les toux sèches et irritantes.

Sa racine est parfois macérée dans de l’eau tiède. Cela donne un liquide moins épais que l’infusion chaude ou la décoction bouillante. Celle-ci est utile en usage externe, notamment pour apaiser les dermatoses et les furoncles, tout en favorisant leur maturation. Elle est également employée pour soulager les ampoules. En outre, la guimauve est utilisée pour fabriquer des pommades apaisantes.

Dans certaines pratiques populaires, les enfants reçoivent un morceau de racine de l’Althaea officinalis à mâcher lors de la poussée des dents. En herboristerie, cet ingrédient est courant dans les mélanges de fleurs pectorales. 

En ce qui concerne les soucis digestifs, la guimauve s’avère également efficace. Elle peut atténuer la colite, la rectite, la diarrhée, la constipation, la gastrite et même l’ulcère gastro-duodénal. Enfin, elle joue un rôle apaisant dans le traitement des cystites et des inflammations des voies urinaires.

Posologie et conseils d’utilisation de la guimauve en phytothérapie

L’utilisation médicinale de la guimauve officinale offre une variété d’options, bien que les doses exactes puissent varier. Il est important de noter que les études scientifiques, en particulier en pharmacologie, sont limitées en ce qui concerne les herbes. Il est donc recommandé de consulter un professionnel de la santé pour des conseils appropriés.

Recommandations d’utilisation

En cas de diarrhée, de cystite ou d’ulcère, vous pouvez consommer une tasse d’eau bouillie (200 ml) contenant 2 g de racine de guimauve séchée.

Le gargarisme est conseillé pour apaiser les inflammations bucco-pharyngées. Pour ce faire, préparez un verre d’eau chaude (200 ml) auquel vous ajouterez 1 à 2 g de racine séchée. Laisser infuser pendant deux heures. Il est recommandé de laisser macérer la racine à une température moyenne de 20 à 30 °C. Cela permet d’obtenir un liquide moins épais pour le gargarisme.

Vous pouvez également vous gargariser avec un verre d’eau chaude contenant 1 à 2 g de feuille de guimauve, trois fois par jour.

Pour soulager la toux chez les enfants de 3 à 6 ans, la dose quotidienne doit être inférieure à 3 g de plantes séchées. Pour les enfants âgés de 6 à 12 ans, la dose peut aller jusqu’à 4,5 g.

Précautions d’emploi et interactions de la guimauve

L’utilisation thérapeutique de la guimauve officinale nécessite quelques précautions importantes à prendre en compte. 

Évitez de consommer de la guimauve en même temps que de l’alcool ou du fer. Ceci s’applique également aux tanins présents dans des boissons comme le thé noir ou le vin rouge. Ces substances ont la capacité de précipiter les mucilages de la plante, et dans certains cas, elles peuvent la rendre toxique. 

Il est important de noter que l’Althaea officinalis peut potentiellement entraver l’absorption de certains médicaments par voie orale. Cette interaction n’a pas encore été confirmée par des études scientifiques. Cependant, par précaution, il est recommandé de prendre la guimauve plusieurs heures avant ou après la prise de médicaments ou de suppléments de fer.

Dans le cas d’une toux persistante, il est impératif de consulter un professionnel de la santé avant de vous automédiquer avec de la guimauve ou tout autre remède à base de plantes.