Les anciens Grecs et Romains eurent vent des vertus de cette plante et en usaient volontiers. Les chrétiens incluent les clous de girofle dans leurs traditions : ils servent ainsi de symbole végétal pour illustrer la Crucifixion du Christ.
Au Moyen Âge, l’utilisation de l’épice devint une mode pour la bourgeoisie européenne. Dans « L’Enfer » de la « Divine Comédie » de Dante, poète et écrivain italien, l’usage du clou de girofle est cité comme étant réservé uniquement aux riches de Sienne.
Les Portugais s’en assurèrent le monopole à leur arrivée dans l’archipel des Moluques vers l’année 1511. Ce monopole fut cédé par la suite aux Hollandais.
Au XVIIIe siècle, c’est à l’administrateur colonial français et botaniste Pierre Poivre que l’on attribue l’acclimatation de l’arbre sur l’île Maurice, puis aux Antilles. C’est au cours d’une expédition à Batavia qu’il réussit à prendre quelques plantes et les acclimate ensuite sur l’île Maurice, aux Mascareignes ainsi qu’aux Seychelles.
Le premier juillet du calendrier grégorien correspond au « jour du girofle » selon le calendrier révolutionnaire français. Dans ce dernier, il s’agit, dans le mois de messidor, du 13e jour.
Taxonomiquement, le giroflier fut décrit pour la première fois par le naturaliste suédois Carl Von Linné vers 1753. Celui-ci le classe dans le genre Caryophyllus, d’où son appellation à l’époque de Caryophyllus aromaticus. Plus tard, en 1939, la classification sous le genre Syzygium et le nom de Syzygium aromaticum furent établis par Lily May Perry et Elmer Drew Merrill, botanistes américains. Cette classification fut conservée comme étant officielle.
Description du giroflier
Le giroflier est un arbre touffu, haut de 8 à 20 m ; il ne pousse qu’en zone côtière.
Ses feuilles sont persistantes et à couronne moyenne. La forme de ces feuilles est elliptique, et les pétioles ont environ 14 cm de long. Ces feuilles sont de structure simple, de couleur vert vif et leur surface inférieure est munie de plusieurs glandes sécrétant de l’huile aromatique. Elles sont disposées en paires opposées le long de plusieurs petites branches. Les propriétés aromatiques sont en grande partie issues des feuilles et de l’écorce du giroflier.
Les fleurs du giroflier sont reconnues par leur disposition en petites grappes pendant leur développement. Les boutons floraux, en se développant, prennent plusieurs aspects. Au début, ils sont pâles, brillants et un peu charnus. Puis ils prennent une couleur verte, pour finalement devenir rouge vif, signifiant qu’ils sont mûrs.
L’ovaire, faisant partie du bouton floral, mesure environ 2 cm de long. Il est couronné de quatre sépales triangulaires faisant saillie vers l’extérieur à une extrémité. Au centre des sépales se trouve une petite boule de quatre pétales se chevauchant et faisant office de protection de la partie centrale de la fleur.
Au terme du développement de la fleur, les étamines vont se révéler. La pression qu’elles ont imposée aux pétales au fur et à mesure de leur développement fait en sorte que ces pétales tombent petit à petit, faisant ainsi exhiber cette partie mâle de la fleur. Ces étamines exhibées entourent la partie femelle qui est le stigmate étroit central.
Suivant la région où le giroflier est cultivé ainsi que les variations saisonnières, la période de floraison s’en trouve différente. Néanmoins, la récolte ne se fait que si la plante atteint quatre ans.
Après environ neuf mois de floraison, le fruit devient mature. L’ovaire rouge se teint progressivement en rouge violet, augmente de volume jusqu’à prendre la taille d’une olive. Sa forme devient oblongue et les sépales ont recouvert l’endroit où se trouvait la fleur. Une ou deux graines sont engainées dans le fruit ou « mère des clous de girofle ».