Caractéristiques du Datura
- Nom : Datura
- Règne : Plantae
- Sous-règne : Tracheobionta
- Division : Magnoliophyta
- Classe : Magnoliopsida
- Sous-Classe : Asteridae
- Ordre : Solanales
- Famille : Solanaceae
- Sous-famille :–
- Genre : Datura
- Espèce : –
Le genre Datura appartient à la grande famille des Solanaceae. Il compte environ une dizaine d’espèces, dont les plus connues sont Datura stramonium et Datura metel.
Cette plante, originaire d’Amérique du Nord, est facilement reconnaissable à ses fleurs en forme de clochettes ou de trompettes. Riche en alcaloïde, elle est extrêmement toxique, mais est intéressante dans le domaine médicinal et en parfumerie. Elle est aussi appréciée pour ses atouts ornementaux.
L’histoire du datura est attachée à son origine taxonomique et à son introduction dans plusieurs régions du monde. Elle met aussi en avant les récits sur les victimes de cette plante toxique. L’espèce est soumise à des recherches scientifiques afin de mieux comprendre les empoisonnements.
Le terme « datura » puise son origine dans la langue indienne ancienne, le sanskrit. En 1563, il a été communiqué et propagé par le médecin portugais Garcia da Orta, célèbre pour son traité de médecine tropicale à base de plantes. Par la suite, les herboristes et les droguistes se sont penchés sur sa vulgarisation en français. Sous l’appellation de « datthura », la plante apparaît dans des textes sacrés.
Les premiers faits enregistrés sur le dhattūra remontent au IVe siècle dans l’Arthashastra et le Kâmasûtra, des ouvrages indiens écrits en sanskrit. Il s’agit respectivement d’un traité de politique, d’économie et de stratégie militaire, et d’un traité sur la sexualité et l’art de vivre. Les récits mentionnent essentiellement sa toxicité. Celui-ci pouvait entraîner des maladies graves, voire la mort en cas d’ingestion. Ce n’est que quelques siècles plus tard que les médecins se sont intéressés à ses propriétés médicinales.
En médecine ayurvédique, les feuilles et les graines de la plante étaient utilisées pour lutter contre la rage. Ensuite, des solutions à base de datura étaient préconisées pour endiguer les crises de folie, traiter les maladies de peau et soulager les douleurs.
Le système de classification du botaniste et ethnologue américain Safford élaboré en 1921 a permis de distinguer les différentes espèces et les sous-groupes de datura. Parmi ces derniers se retrouve le Brugmansia, qui est un genre à part entière.Les descriptions émises concernant ces deux genres portent à confusion à cause de leur ressemblance accrue. Depuis, elles ont été révisées plusieurs fois en raison des connaissances réunies concernant les espèces arbustives ou herbacées.
Voici quelques éléments édités par Preissel, permettant de différencier le Datura du Brugmansia :
Datura | Brugmansia | |
Taille | Plante herbacée, jusqu’à 1,50 m | Plante arbustive vivace, jusqu’à 8 m |
Tiges | herbacées | ligneuses |
Fruits | capsules épineuses | baies sans épines |
Position de la fleur | fleurs érigées | fleurs retombantes |
Mise en fleurs | définie par le niveau de luminosité, sa durée et son intensité | définie par la température |
Durée de vie | annuelle | plusieurs décennies |
L’hybridation de ces deux plantes rend leur identification difficile. Un des hybrides les plus répandus est le Brugmansia x candida.
Bien que le datura soit natif du sud-ouest des USA et du Mexique, de nouvelles variétés ont été découvertes par les scientifiques dans d’autres régions du monde. Selon Gharaibeh et Geeta, ses graines auraient été introduites en Asie du Sud avant le IVe siècle. D’autres espèces sont repérées en Europe après le retour de Christophe Colomb. Le Datura stramonium, le Datura metel et le Datura ferox en font partie. Officiellement, la présence du Datura stramonium sur le sol européen est confirmée en 1577. D’après les sources, il aurait été introduit par les Espagnols.
Différents cas d’intoxication au datura ont été rapportés. Ces évènements ont incité les chercheurs en toxicologie à se pencher sur cette plante. Les études sur sa toxicité sont utiles afin de mieux cerner la menace qu’il représente sur la santé humaine.
Plusieurs personnes ont succombé à une intoxication au datura causée par sa consommation accidentelle. En 2020, une famille dans la région Grand-Est avait préparé des feuilles de datura pensant qu’il s’agissait de feuilles d’épinard d’été. Les symptômes d’intoxication étaient apparus instantanément, nécessitant une hospitalisation en urgence. Les personnes intoxiquées devaient subir un lavage d’estomac ou recevoir une injection de benzodiazépine. Fort heureusement, elles s’en sont sorties indemnes.
Des personnages historiques sont également concernés par cet empoisonnement, dont Nicolas de Condorcet. Les faits racontent qu’il serait mort en prison suite à la consommation de datura et d’opium. Cette tragédie repose sur des rumeurs jusqu’à aujourd’hui.
En France, le datura est réputé pour son pouvoir magique qui rentrait dans des cadres religieux et mystiques. Elle fait partie des plantes de sorcière avec la jusquiame, la belladone et la mandragore.
Lors de leur rite de passage vers l’âge adulte, les Indiens Algonquins ne juraient que par elle.
Les Yokuts, les Huichols et les Aztèques l’utilisaient également pour invoquer l’esprit des défunts. Il faisait office d’hallucinogène sacré.
L’écrivain français Marcel Proust faisait brûler des feuilles de datura dans son appartement à Paris pour combattre son asthme.
Le tableau de la peintre américaine Georgia O’Keeffe, intitulé ‘Jimson Weed’ (son nom en anglais), a été vendu à une somme colossale à une riche héritière.
En 1900, le vase en verre soufflé et moulé en forme de datura d’Émile Gallé a conquis tous les amateurs d’art. Depuis, il est exposé au Musée des Arts décoratifs.
Au premier abord, le terme « datura » ne présage en rien sa dangerosité. Bien qu’il soit un réel plaisir pour les yeux, il constitue un risque pour l’Homme. En rapport avec son potentiel dangereux, il est désigné par plusieurs noms communs, à savoir : herbe du diable, trompettes du diable, herbe à fou, chasse-taupe, herbe du sorcier, pomme poison, stramoine, herbe aux voleurs, trompette de la mort, fleur des magiciens ou encore endormeuse.
Le datura peut mesurer jusqu’à 2 m de haut. Selon les espèces, il peut être annuel ou pérenne. La plante forme un buisson aux fleurs dressées. Elle est couverte de trichomes glanduleux et collants pour repousser les attaques des insectes herbivores.
Ses longues racines de couleur blanche sont charnues et ramifiées. Quelques-unes d’entre elles portent les tubercules. Elles peuvent être pivotantes en fonction du sol où elles se sont enracinées.
Elles sont robustes et souvent bicolores, comme le cas du Datura discolor. À chaque embranchement, elles se sectionnent en deux.
Il présente de larges feuilles de couleur vert foncé et dont le bord est denté. Selon la région où l’espèce est implantée, celles-ci peuvent être caduques, semi-persistantes ou alternées. Elles comportent cinq à sept lobes et sont dépourvues de stipules.
Les fleurs émergent de la tige principale. En forme de clochettes dressées, elles mesurent entre 5 et 20 cm de long. Leur couleur varie du blanc au rosé, en passant par le jaune pâle et le mauve. En général, la durée de vie des fleurs est relativement courte, comprise entre un et trois jours.
Les fruits du datura sont des capsules ovoïdes de 5 à 10 cm. De la taille d’une grosse noix, ils sont enveloppés d’épines effilées. Les capsules renferment de nombreuses graines marron ou noires, prêtes à être fécondées. Elles sont propulsées par éclatement à la maturité des fruits.
Lorsque les feuilles sont froissées, elles dégagent un arôme désagréable ou une odeur de cacahuète. Ce n’est pas le cas des fleurs qui proposent un parfum délicat et subtil, attirant les insectes pollinisateurs. La reproduction de la plante est assurée par les sphinx du tabac (un papillon de la famille des Sphingidés), les chauves-souris et les papillons nocturnes.
Parmi les espèces les plus connues du datura, on peut citer :
Cette dernière espèce peut atteindre 1,5 m de haut.
Il convient de prendre connaissance du type de sol dans lequel le datura se développe.
Le datura se plaît sur les sols calcaires ou ceux riches en nitrates, présentant un bon drainage. Il se développe bien le long des rivières et rarement dans les marais. La plante est prospère dans des terres incultes, dans les friches, dans des terrains vagues et en bord de route. D’autres espèces sont aussi présentes dans les déserts. Parmi les plantes associées avec cette espèce, on retrouve le tabac sylvestre, la sauge arbustive et les descosmos.
Bien que l’herbe du sorcier soit considérée comme une espèce toxique, sa présence revêt un intérêt écologique. Elle indique la pollution du sol par des métaux lourds et des pesticides. Une fois implantée, elle permet d’assainir et de purifier toute la surface environnante.
Selon de nombreuses données, le datura proviendrait de l’Amérique, de l’Europe et de l’Asie. Les trois espèces étaient essentiellement dispersées dans l’Ancien Monde : le Datura stramonium en Eurasie, le Datura metel dans l’Asie sud-occidentale et le Datura ferox en Asie orientale. Plus tard, des études sur l’évolution du genre ont démenti ces informations. Elles ont conclu qu’il est issu uniquement du Nouveau Monde.
La répartition du datura s’est faite par le transfert de ses graines. Dans le cas du Datura metel, par exemple, elles ont été transportées de l’Inde ou de la Chine par des courants océaniques vers la Polynésie et l’Amérique du Sud. L’intervention humaine a permis de le répandre dans le reste du monde. Grâce à sa grande résistance, il peut s’adapter à différentes conditions édaphiques et climatiques.
La plantation du datura se fait par semis ou par bouturage. La période idéale est le printemps pour bénéficier d’un climat doux. Ainsi, il pourra s’enraciner et croître rapidement.
Il convient de respecter des étapes spécifiques pour mener à bien l’opération. En premier lieu, une préparation du sol est de mise en creusant un trou de plantation de 15 cm de profondeur. L’ajout de terreau, de terre de jardin et de compost est recommandé pour améliorer la qualité du sol. Placez ensuite les godets avec la motte et recouvrez le trou avec le mélange organique. Tassez légèrement et arrosez copieusement.
Sa croissance requiert un environnement ensoleillé ou une situation à mi-ombre. Évitez de l’installer dans des emplacements trop ventilés. Bien qu’il ne craigne pas la sécheresse, le paillage des pieds est nécessaire pour maintenir leur fraîcheur.
Les plants de datura sont particulièrement larges à leur floraison. C’est pourquoi il est nécessaire de laisser un intervalle de 60 cm entre chacun d’eux. Vous pouvez installer un tuteur afin de conserver leur port dressé.
Le datura peut être cultivé en isolé ou en massif. À défaut de jardin, il est possible de le faire pousser dans un pot de 30, voire 40 cm. Un mélange de terreau à 60 % et de sable à 40 % lui convient. Idéalement, pour favoriser l’évacuation d’eau, placez une couche d’argile au fond du pot.
Enfin, la manipulation de la plante se fait avec des gants, car elle peut provoquer des démangeaisons et des irritations. En cas de contact, lavez la partie touchée à grande eau.
Cette plante se ressème sans avoir besoin d’être cultivée. Sa croissance rapide lui permet de coloniser une grande surface en peu de temps. De nombreux agriculteurs le considèrent comme une plante invasive ou une mauvaise herbe. Au moment de la récolte, ils veillent à ne pas cueillir les plants de datura.
À la fin de l’été, les capsules libèrent les graines. Pour les conserver, posez-les dans un lieu sombre, à l’abri de l’humidité, en attendant de les planter au printemps suivant.
L’entretien du datura est relativement simple. Dans les régions où les hivers sont rudes, ils préfèrent la culture à l’intérieur, vu qu’ils ne tolèrent pas les températures trop basses. Un emplacement sous une serre ou sous une véranda lui permet de profiter d’une belle luminosité et d’un milieu frais. Vous pouvez également le recouvrir d’un voile d’hivernage s’il reste en extérieur.
En période estivale, il a besoin d’un drainage régulier, car il s’agit d’une espèce gourmande en eau.
Si vous envisagez de le tailler, l’idéal serait de le faire au début du printemps, c’est-à-dire en mars. Pensez à raccourcir les tiges pour lui donner une belle silhouette. Par la même occasion, retirez les fleurs fanées afin de laisser leur place aux suivantes.
Le datura sert d’hôte au Manduta sexta ou sphinx du tabac. Ce papillon est friand de plantes charnues et pond ses œufs sur les feuilles, qui servent de nourriture à ses chenilles. La plante dégage alors des effluences qui appâtent les punaises, qui mangent les larves et les œufs sur leur chemin.
En revanche, elle attire les larves de doryphores dans le potager. Ceux-ci abandonnent les fruits et les légumes pour se nourrir de ses feuilles, un aliment qui finit par les tuer.
Le datura est principalement constitué de :
Sa teneur en alcaloïdes est comprise entre 0,2 et 0,5 %.
Hormis sa capacité à soulager les douleurs, l’herbe du sorcier présente des vertus sédative, antispasmodique, bronchodilatatrice, anesthésique, etc.
Les alcaloïdes présents dans sa formule provoquent des hallucinations particulièrement anxiogènes. Le sujet n’arrive plus à discerner le monde réel de celui fictif. Les signes se manifestent par des troubles de la vision, une dilatation des pupilles et une extrême agitation.
Selon des études menées, la prise de datura soulage les crises d’asthme. Il est aussi utilisé dans la prévention des maladies respiratoires comme la toux, car il élimine les sécrétions bronchiques. Cet effet antispasmodique est dû à la paralysie engendrée par les alcaloïdes sur les muscles lisses des bronches.
Grâce à son action anesthésique, le datura est employé dans les actes chirurgicaux. Son utilisation aide à réduire les fractures.
Aujourd’hui, la plante intervient dans le traitement et la prévention de la maladie de Parkinson. Les particularités bio actives sont assignables à la scopolamine et à l’atropine. Certaines études rapportent également son efficacité en ophtalmologie et sur le mal des transports.
Le datura est utilisé dans plusieurs domaines, allant du secteur médical à celui de la parfumerie, entre autres.
Entre le Xe et le XVIIe siècle, les Chinois fabriquaient un remède miracle à base de vin (produit à partir des fleurs de la plante) et de cannabis. Il pouvait venir à bout de nombreux maux tels que l’asthme. Pour cela, les feuilles étaient séchées pour être fumées. Les cigarettes Louis-Legras en sont de bons exemples, mais la commercialisation a cessé en 1992.
Le datura est utilisé pour endormir le système nerveux central. Il est aussi indiqué pour traiter la nervosité, les névralgies et la transpiration abondante. Les médicaments à base d’herbe du sorcier permettent d’apaiser les crampes et de dénouer les contractions involontaires des muscles.
En application externe, il peut réduire les douleurs hépatiques et abdominales.
Sa fragrance subtile et délicate a donné naissance au parfum « datura noir » signé Serge Lutens. Il est célèbre pour ses notes à la fois hypnotiques et envoûtantes. Les plus grands couturiers l’ont aussi adopté pour créer d’autres substances odorantes comme « Mon Paris » d’Yves Saint Laurent, « Poême » de Lancôme et « Black XS l’Aphrodisiaque » de Paco Rabanne.
Sa présence peut sublimer vos jardins et terrasses. Les espèces les plus appréciées pour leur magnifique floraison sont le Datura wrightii, le Datura chlorantha, le Datura ceratocaula et le Datura metel.
D’après l’arrêté du 04 septembre 2020, le datura fait partie des espèces les plus toxiques en cas d’ingestion. Sa consommation doit être soumise à un avis médical. Les distributeurs de solutions à base de la plante doivent en informer les acheteurs au préalable. La liste des composants doit être parfaitement lisible et visible sur l’étiquette du produit.
Les effets secondaires du datura varient d’une personne à une autre. Son emploi à dose élevée (sous forme de liquide ou de solide) peut entraîner une paralysie totale ou partielle des muscles, une augmentation du rythme cardiaque, un assèchement des muqueuses, ainsi que des hallucinations prolongées et angoissantes.
L’endormeuse est contre-indiquée chez les femmes enceintes et allaitantes. En effet, son usage peut affecter le développement du fœtus ou la santé du nourrisson. Elle est également déconseillée aux enfants de bas âge.