Caractéristiques du Ciguë
- Nom : Ciguë
- Règne : Plantae
- Sous-règne : Tracheobionta
- Division : Magnoliophyta
- Classe : Magnoliopsida
- Sous-Classe : Rosidae
- Ordre : Apiales
- Famille : Apiaceae
- Sous-famille :–
- Genre : Conium
- Espèce : Conium maculatum
La ciguë maculée, également appelée ciguë tachetée ou grande ciguë, a pour nom scientifique Conium maculatum. Cette plante herbacée de la famille des Apiacées (communément appelée Ombellifères) est bisanuelle. Son caractère hautement toxique lui a valu une notoriété historique en tant que poison légal utilisé par les Athéniens pour les condamnations à mort. Le philosophe Socrate compte parmi les figures les plus célèbres ayant succombé à son effet mortel.
L’histoire de la ciguë est empreinte de tragédie. Le philosophe grec Socrate, condamné à mort, a été contraint de consommer ce poison. De manière similaire, Mithridate VI, souverain de la dynastie des Mithridatides, s’est immunisé en absorbant régulièrement des quantités de plus en plus importantes.
Autrefois, la Conium maculatum était associée à la magie noire, étant perçue comme une plante aux pouvoirs mystiques. Dans l’acte III de la pièce de théâtre Macbeth de Shakespeare, son utilisation est évoquée dans des potions maléfiques. Dans le roman Regain de Jean Giono, le personnage de l’enfant de Zia Mameche trouve la mort après avoir ingéré de la ciguë.
La ciguë est originaire d’Afrique du Nord et d’Europe. Il s’agit d’une plante particulièrement résistante qui peut s’épanouir dans divers milieux. Elle s’est répandue au-delà de son aire d’origine, colonisant des régions telles que l’Australie, l’Asie occidentale et les Amériques par introduction humaine. Dans ces nouveaux habitats, la ciguë peut devenir une mauvaise herbe envahissante en raison de sa grande capacité de propagation.
La ciguë présente une forme ronde et des tiges dressées mesurant de 1 à 2,5 m de hauteur. Les tiges lisses arborent une pruine bleuâtre. Elles sont creuses, cylindriques, détersiles et ramifiées. Des taches de couleur rouge pourpre sont visibles à la base.
Les feuilles, de forme triangulaire, sont laciniées et glauques. Elles sont entourées par un pétiole creux. Elles peuvent atteindre une longueur de 50 cm et une largeur de 40 cm.
Les petites fleurs blanches se regroupent en ombelles, formant 10 à 20 rayons inégaux. Les fruits sont de petites noix ovoïdes à dix côtes saillantes.
La ciguë émet une odeur désagréable semblable à celle de l’urine de souris ou de chat lorsqu’on la froisse. Une confusion est possible avec le cerfeuil des fous, qui se distingue par des feuilles velues et des pétales échancrés.
La ciguë pousse naturellement en Eurasie, en Afrique du Nord et sur le sous-continent indien. Elle s’est adaptée aisément à l’Amérique du Nord. Cette plante est commune dans les régions tempérées et se développe dans des environnements frais tels que les haies, les friches, les abords de chemins et de cours d’eau. En raison de sa nature envahissante, elle est presque omniprésente dans ces habitats.
Toutes les parties de la ciguë, y compris les fruits, renferment au moins cinq alcaloïdes hautement toxiques, dont la conine. Les autres alcaloïdes présents dans cette plante comprennent la conhydrine, la pipéridine, la pseudoconhydrine et le méthyl-éthyl-coniine. La concentration en alcaloïdes varie selon la partie de la plante, la maturité de celle-ci et le climat :
Les propriétés de la ciguë sont variées et comprennent des aspects toxiques ainsi que des utilisations potentiellement médicinales et historiques.
La ciguë peut causer des anomalies chez le porc, le mouton et le bœuf. Ces effets sont similaires à ceux du lupin, avec des fentes palatines et des déformations du squelette. Les oiseaux semblent résistants face à ce poison. Les doses létales varient : 3,3 mg/kg pour la vache, 15,5 mg/kg pour la jument et 44 mg/kg pour la brebis. Une intoxication à la ciguë induit des symptômes tels que des contractures musculaires, l’apparition d’écume, des spasmes, le coma et la mort. Toutes les parties aériennes sont toxiques. Cependant, leur toxicité est réduite lorsqu’elles sont séchées. Les intoxications sont rares en raison de l’odeur désagréable que la plante dégage après avoir été manipulée.
La ciguë, une fois ingérée, provoque des symptômes tels que des troubles digestifs, du vertige, une faiblesse musculaire, des convulsions, une insuffisance rénale et une paralysie respiratoire fatale. La toxicité varie selon le cycle végétatif et le lieu de développement de la plante.
La coniine entraîne une perturbation du système nerveux périphérique. Une faible dose de 0,2 g est suffisante pour causer une paralysie respiratoire et entraîner la mort. En outre, quelques grammes des fruits verts de la ciguë sont potentiellement mortels.
Les cas d’empoisonnements accidentels en lien avec la ciguë se produisent occasionnellement en raison de confusions avec d’autres plantes. En effet, cette espèce présente une ressemblance avec le panais, le céleri, le navet, le cerfeuil des bois, la carotte, et même le persil. Néanmoins, des critères permettent de distinguer la ciguë des autres plantes comestibles. En premier lieu, son odeur désagréable rappelant celle de l’urine de souris ou de chat. Ensuite, les pétioles et la tige de la ciguë sont dépourvus de poils. De même, de petites taches bordeaux sont présentes sur certaines parties de la plante.
Par le passé, la ciguë était utilisée à petite dose à des fins médicinales pour ses propriétés calmantes, sédatives et analgésiques. Elle était également employée pour soulager les douleurs persistantes des névralgies et des cancers. Elle aidait aussi dans le traitement de l’épilepsie. Les chirurgiens l’utilisaient même comme anesthésiant local avant les amputations. Elle était consommée sous forme de teinture mère ou de poudre. En outre, elle s’appliquait en externe sous forme de cataplasmes et de pommades, car ses principes actifs pouvaient pénétrer la peau. Cependant, en raison de sa toxicité potentiellement mortelle, son utilisation médicinale a été abandonnée de nos jours. Malgré cela, en usage externe contrôlé, la ciguë pourrait avoir des propriétés antinévralgiques pour les douleurs musculaires et spasmodiques. Toutefois, une surveillance médicale étroite est conseillée.