Caractéristiques du Chélidoine
- Nom : Chélidoine
- Règne : Plantae
- Sous-règne : –
- Division : –
- Classe : Magnoliopsida
- Sous-Classe : –
- Ordre : Papaverales
- Famille : Papaveraceae
- Sous-famille :–
- Genre : Chelidonium
- Espèce : Chelidonium majus
Cette plante à fleurs est connue sous l’appellation “grande chélidoine” (prononcé « kelidwan ») ou grande éclaire. Cette dernière appellation vient du latin Chelidonium majus qui veut dire « grande hirondelle ». Herbe aux verrues et herbe à verrues constituent également d’autres noms de ce végétal. Cela s’explique par son latex jaune orangé toxique qui permet de se débarrasser des verrues. Il convient de ne pas confondre la chélidoine avec l’Euphorbia helioscopia. En effet, ces deux plantes partagent le même nom vernaculaire. L’herbe à verrues fait partie de la famille des Papavéracées. Il s’agit de la famille botanique du pavot et du coquelicot.
Cette plante possède plusieurs noms. Certains d’entre eux ont une histoire particulière.
Le nom de la chélidoine vient du grec ancien χελιδών et du latin chelidonium qui signifie hirondelle. En effet, sa floraison coïncide avec l’arrivée de ces oiseaux et sa fanaison se passe lorsqu’ils s’en vont. Par ailleurs, les hirondelles utilisent le végétal pour rendre la vue à leurs petits. Pline l’Ancien rapporte la légende de Maurice Mességué qui décrit ce fait. À l’évidence, le latex caustique aide à ouvrir l’ourlet de peau chez les petites hirondelles.
Mis à part ses noms habituels, cette plante possède d’autres appellations particulières : chélidoine majeure, herbe de l’hirondelle, herbe aux boucs, grande éclaire ou herbe de Saint-Clair. Cependant, elle est aussi connue sous les patronymes de lait de démon ou lait de sorcières, herbe du diable, félongène, felougne, sologne. D’ailleurs, le végétal fait référence au diable dans la légende de Nahash. Ce dernier est un serpent parlant, condamné à ramper pour avoir séduit Ève. L’animal dépité produit de la chélidoine, du datura et de la jusquiame après avoir craché son venin trois fois.
L’appellation grande éclaire est due aux fleurs jaune vif de la plante qui « éclairent la venue du printemps ». En effet, ces fleurs sont considérées comme des sources de lumière ou de véritables soleils végétaux miniatures.
Depuis la nuit des temps, la chélidoine est associée à la magie noire. Par ailleurs, les alchimistes du Moyen Âge se servaient de sa sève jaune afin de transformer les vils métaux en or. La plante a alors reçu le surnom de « don du ciel ».
Dans le calendrier républicain, le 29e jour du mois de pluviôse désigne la chélidoine. Le jour correspondant dans le calendrier grégorien est le 17 février.
Ce végétal est assez petit. Il se distingue notamment par ses fleurs et ses feuilles.
Cette plante vivace vit en touffes, notamment grâce à un épais rhizome souterrain pouvant atteindre 90 cm de haut. Elle possède une tige ramifiée d’une hauteur de 30 à 50 cm. Celle-ci est de forme cylindrique, creuse, cassante et hérissée. Elle dispose également de poils épars. Par ailleurs, des feuilles alternes se placent sur ses articulations noueuses.
Les feuilles et les tiges sont sectionnées et produisent un latex de couleur entre le jaune et l’orange. Cette couleur s’explique par le pigment (la chélidoxanthine) présent dans la plante qui s’oxyde une fois au contact de l’air. Son odeur est vireuse.
L’hétérophyllie de la chélidoine est marquée. Ses feuilles inférieures en rosette sont pétiolées, tandis que celles caulinaires du sommet sont sessiles, alternes et pennatiséquées. Elles comportent entre cinq et sept segments ovales. Le segment terminal est plus développé et est cunéiforme. Elles sont aussi incisées-lobées, molles, crénelées et imparipennées. Parfois, ces feuilles peuvent présenter des dents. Leur couleur tend à être olivâtre, notamment en dessous.
La période de floraison de la plante se situe entre avril et octobre. Les fleurs sont actinomorphes et leurs extrémités sont équipées de longs pédoncules inégaux. Ces derniers se regroupent en cyme contractée ombelliforme pauciflore. La chélidoine compte donc deux à sept fleurs. Ces dernières font 2 cm de diamètre et possèdent un calice velu avec deux sépales caducs de couleur verte.
La corolle bénéficie de quatre pétales jaunes qui deviennent rapidement caducs. Il est possible de trouver plus de 15 étamines mesurant 8 mm de long dans l’androcée. Sa couleur est la même que celle des pétales. Elle dispose d’un filet élargi vers le haut qui rétrécit une fois près de l’anthère.
Le pistil est équipé d’un style relativement court au-dessus de 1 mm de long. Il possède également deux stigmates obliques.
Une fois la fécondation terminée, l’ovaire se transforme en capsule longue, linéaire et glabre qui mesure entre 3 et 5 cm. Elle est très similaire à une gousse ou une silique glabre non cloisonnée. En effet, l’ouverture de ses deux valves va de bas en haut.
La capsule renferme de petites bosses irrégulières en raison des graines noires minuscules réniformes placées sur deux rangs. Ces dernières disposent d’un élaïosome blanc jaunâtre qui attire les fourmis. Celles-ci dispersent les graines de mur en mur par la myrmécochorie.
Il s’agit d’un genre monospécifique. En effet, la grande chélidoine représente la seule espèce du genre Chelidonium. Cependant, il existe plus d’une vingtaine de variétés de la plante, pour ne citer que celle à fleurs doubles appelée Chelidonium majus « Flore Pleno ».
Cette plante s’observe majoritairement en Eurasie. Elle est aussi présente dans tout le continent européen. Sur certaines îles, cependant, la chélidoine a seulement été introduite. Cela vaut particulièrement pour l’Angleterre et l’Irlande.
Ce végétal est un hémicryptophyte érigé, en forme de rosette. En outre, il s’agit d’une plante bio-indicatrice. Elle commence à pousser au printemps sur le bord des routes et dans les décombres ou le long des murs. Il est aussi fréquent de trouver des herbes à verrues poussant à l’orée des forêts riveraines et rudéralisées. La chélidoine fait partie des plantes classées Parietarietea judaicae. Il s’agit de végétations nitrophiles à parois assez exposées au soleil. La plante est nitrophyte. Elle est indicatrice d’azote. Son habitat est principalement constitué de zones semi-ombragées. Le type de sol idéal pour la grande éclaire est calcaire. Le végétal se développe davantage dans les terres acides ou neutres avec des roches calcaires introduites.
Cette plante renferme :
Ces composés jouent un rôle important dans les propriétés du végétal.
La plante possède des propriétés diurétiques, analgésiques, cholérétiques, mais surtout, antispasmodiques. Elle dispose aussi d’une action antitumorale. Elle est fréquemment utilisée pour traiter les verrues.
La chélidoine possède des propriétés cholérétiques qui contribuent à la sécrétion de la bile. À cet effet, l’évacuation vers l’intestin devient plus facile. La plante compte également des propriétés sédatives, très utiles pour réduire les douleurs hépatiques. Elle est aussi un antispasmodique efficace pour soulager les affections des voies biliaires.
La chélidoine possède un effet spasmolytique qui agit sur le muscle lisse. Cela s’ajoute à ses propriétés sédatives et analgésiques qui interviennent sur le système nerveux central.
Par ailleurs, l’ESCOP (European Scientific Cooperative on Phytotherapy) recommande l’usage de cette plante pour son activité sédative légère. En effet, elle contribue à détendre les spasmes intestinaux et à relâcher les muscles des bronches.
Grâce aux alcaloïdes présents dans le suc de la chélidoine, la plante possède des propriétés antivirales et antibactériennes. Ces éléments contribuent à l’activation des enzymes qui ralentissent la croissance des cellules. Cela explique l’action du végétal sur les verrues. Il suffit de frotter le latex tout frais sur la partie où se trouve la verrue pour que celle-ci se dessèche. Appliqué répétitivement, le latex peut soulager les teignes, les cors et certaines affections cutanées telles que l’eczéma.
La chélidoine possède des propriétés calmantes du système nerveux central.
Le suc jaunâtre de saveur amère et âcre que la plante produit peut constituer un collyre. Pour cela, il convient de le diluer dans de l’eau bouillie ou de le mélanger à de l’eau de rose.
Dans la médecine traditionnelle, ce mélange à base de chélidoine servait à soigner les ulcérations des paupières, les conjonctivites et les blépharites. Cependant, cette pratique reste risquée en raison de la toxicité du végétal.
Selon la théorie des signatures, l’herbe de l’hirondelle pourrait même rendre la vue aux personnes aveugles.
Il est possible d’agir sur le cholestérol sérique en utilisant des extraits de racines de chélidoine. La plante inhibe notamment l’augmentation de celui-ci durant les régimes alimentaires impliquant la consommation de nourriture riche en graisse.
En phytothérapie, les parties utilisées et la forme d’usage diffèrent selon l’affection à soulager.
Il est possible de se servir de la plante entière. À cet effet, son suc est un élément disposant de nombreux avantages. Celui-ci s’utilise frais. Cependant, il est également envisageable de mettre la chélidoine à sécher. Cela doit se faire avant que la floraison commence pour pouvoir l’utiliser convenablement. L’idéal est de cueillir les parties aériennes vers la fin du printemps ou au début de l’été pour profiter de toutes les vertus du végétal.
Les utilisations de cette plante sont multiples. Elle peut être utilisée en phytothérapie par voie interne ou externe. D’autres utilisations de la chélidoine sont également à mentionner.
Les infusions d’herbe de l’hirondelle sont les plus efficaces contre le désordre nerveux et les troubles hépato-biliaires. Néanmoins, il est préférable de prendre l’avis d’un médecin avant d’en boire. Pour la préparation, ajouter une demi-cuillère à une cuillère à café de plantes séchées à une tasse d’eau frémissante. Laisser infuser le mélange durant 10 minutes. Boire ensuite deux tasses par jour. La dose journalière maximale est de 5 g. Cela correspond à 30 mg d’alcaloïdes exprimés en chélidonine.
Il est également envisageable d’utiliser des extraits secs de chélidoine. Cette utilisation est très efficace contre les verrues, mais doit faire l’objet d’un avis du médecin en amont. Ici, la plante est mélangée à d’autres herbes. Le dosage recommandé est de 100 mg sans excéder deux fois par jour.
En teinture mère homéopathique, prendre 15 gouttes trois fois par jour.
Dans les préparations en gouttes, cette plante peut être associée au curcuma ou au pissenlit.
Le suc frais de chélidoine agit directement sur les verrues et les psoriasis. En l’occurrence, il est important de l’appliquer sur ces derniers trois fois par jour. Cependant, éviter d’appliquer le latex frais sur une plaie.
Samuel Hahnemann, un médecin allemand, et ses élèves ont réalisé des expérimentations sur la plante dans l’homéopathie. Celle-ci possède également des actions connues sur la circulation sanguine. En effet, elle élargit les coronaires et augmente légèrement la tension. Il est aussi important de noter que les alcaloïdes contenus dans la chélidoine possèdent des propriétés bactéricides.
Cette plante est également utilisée pour soulager les rhumatismes. Elle peut contribuer à la défense contre la peste.
Le suc contenu dans les feuilles et les tiges contient une trentaine d’alcaloïdes toxiques. Ceux-ci permettent aux plantes de se défendre contre les herbivores. Parmi ces alcaloïdes, la coptisine, aux effets antimitotiques, et la spartéine, un antiarythmique.
Les alcaloïdes isoquinoléiques présents dans la plante expliquent sa toxicité. Il s’agit notamment de la chélidonine, de la sanguinarine, de la chélérythrine et de la berbérine. Les enzymes et les substances biochimiques contenues dans la chélidoine rendent également son utilisation nocive. Il est donc essentiel d’accorder la plus grande attention à l’utilisation interne du grand éclair. Il faut également veiller au dosage lors de l’utilisation de la plante séchée.
La plante est rarement consommée directement en raison de son goût et de son odeur désagréables. D’où son surnom d’herbe du bouc. Néanmoins, l’ingestion de chélidoine peut provoquer des nausées accompagnées de vomissements, de crampes abdominales, de diarrhée et de déshydratation.