Dès le XIIe siècle, notamment après les Croisades, les Européens commencent aussi à y prêter attention. Néanmoins, ils la connaissaient depuis l’an -325, selon les textes de Néarque, compagnon de voyage de l’explorateur Alexandre Le Grand.
Par ailleurs, la plante n’existe presque plus à l’état sauvage et les champs de canne se multiplient partout. Par exemple, le Brésil représente depuis longtemps le premier producteur, ayant largement devancé l’Inde. Fernando de Noronha, armateur et commerçant originaire des îles Canaries, l’introduit dans les contrées brésiliennes en 1515. À partir de 1550, des familles néo-chrétiennes deviennent propriétaires d’importantes plantations. L’exploitation s’est intensifiée avec l’esclavage et la traite des Nègres.
En 1654, des Juifs chassés du Brésil débarquent en Martinique et aux Antilles. De la canne à sucre se trouvait à bord des vaisseaux qui les transportaient. Le premier label de rhum fabriqué à partir de la distillation de cette plante est attribué à la Martinique.
La connaissance du Saccharum officinarum et la fabrication de ses dérivés remontent à l’époque néolithique. Depuis le XIXe siècle jusqu’au XXIe siècle, cette herbacée vivace constitue la principale source de sucre, dont la production fraîche s’évalue à plus d’un milliard de tonnes. En France, les apothicaires occupent un rôle important dans la diffusion du sucre. Ses vertus s’étaient popularisées au XIIe siècle, son usage continue de se répandre avec l’essor du commerce au XIIIe siècle. Au XVIIe siècle, la France établit dans ses colonies la plantation de canne à sucre, dont l’acheminement maritime a été perturbé par la Révolution. Cette perturbation a eu comme conséquence majeure l’apparition d’une concurrence dans la matière première : la betterave.
Description de la canne à sucre
Le Saccharum officinarum s’apparente à une touffe de longs feuillages de 2,5 à 6 m de haut. Sa moelle constitue un important réservoir de saccharose, son précieux atout et principale raison d’exploitation. Il est composé d’une dizaine à une vingtaine de feuilles alternes disposées en files opposées ainsi que des racines profondes. Celles-ci prennent naissance au niveau de l’anneau radiculaire avant de se développer en racines superficielles. Ensuite, la canne à sucre atteint un enracinement jusqu’à 6 m de profondeur sous le sol. La plante comporte des tiges pleines de 1,5 à 6 cm de diamètre qui sont formées de nœuds et d’entre-nœuds. Un limbe de cette plante mesure environ 1 m de longueur pour 2 à 10 cm de largeur. Les graines, minuscules, sont produites par une panicule de fleurs. La couleur de la tige change selon la variété, pouvant être jaune, violette, rouge, brune ou encore verte.
Culture de la canne à sucre
La canne à sucre pousse sur tous types de sols, bien qu’elle préfère les terrains à pH neutre, un peu alcalin ou légèrement salin. Elle nécessite un drainage conséquent, outre un important besoin d’eau. Un plant offre un rendement entre 4 et 8 ans, dont une première récolte à partir du 10e mois. Certaines pratiques attendent le 14e, voire le 16e mois avant de récolter.
Il s’agit d’une plante en C4, c’est-à-dire capable d’absorber davantage de CO2 pour fournir en contrepartie un volume important d’oxygène. Elle partage cette caractéristique avec d’autres végétaux, dont le sorgho et le maïs. Sa production de biomasse s’avère également plus élevée que la moyenne par rapport aux autres plantes. La canne à sucre ne résiste pas aux températures froides, justifiant son besoin d’ensoleillement et sa qualité de plante tropicale. Son orientation idéale se situe entre 30° de latitude sud et 37° de latitude nord.
En tant que graminée, le Saccharum officinarum contient des graines, permettant ainsi une reproduction sexuée. En revanche, la pollinisation et les semis ont rarement opéré et sont peu intéressants pour les cultivateurs. La plante est surtout caractérisée par sa reproduction asexuée à travers le bouturage. La maturation a lieu pendant la saison sèche, manifestée par l’assèchement du feuillage. À l’intérieur, le pourcentage de sucre dans les tiges augmente considérablement. Il baisse progressivement à la floraison et lors de la production des graines. Par conséquent, les exploitants récoltent la canne à sucre avant la floraison pour obtenir un volume important de sucre.
De nombreux croisements ont abouti à des variétés hybrides, mais la principale espèce qui domine est le Saccharum officinarum. Néanmoins, il existe environ 4 000 variétés au moins, parmi lesquelles figurent le Mapou, l’Isautier, le Tamarin ou encore l’Otaiti.