La camomille romaine : son étymologie, son origine, sa description, sa culture, ses bienfaits et ses effets indésirables.

Origine de la camomille romaine

Depuis l’Antiquité, la camomille romaine était utilisée par les Grecques pour ses nombreux bienfaits sur la santé. Elle aidait effectivement à faire baisser la fièvre, à lutter contre les insomnies, à atténuer les troubles digestifs et à calmer les maux dorsaux.

Les Égyptiens l’employaient dans le traitement des fièvres, des insolations, des courbatures et des troubles féminins. L’huile essentielle extraite de cette plante avait été utilisée pour embaumer le pharaon Ramsès II.

Au II^e siècle, le médecin grec Claude Galien conseillait l’usage de la camomille romaine contre les névralgies et les migraines. Au Moyen Âge (du V^e au XV^e siècle), cette plante remplissait les jardins dédiés aux plantes médicinales des moines. Elle servait essentiellement à réduire les insomnies, les symptômes d’indigestion et les maux dorsaux. Au XVIII^e siècle, l’un des tomes de la pharmacopée des médecins de Londres décrit ses vertus stomachiques, carminatives et antispasmodiques. Au début du XIX^e siècle, François-Joseph Cazin confirme l’efficacité de la camomille noble contre le manque d’appétit. Ce médecin français recommandait aussi l’utilisation de celle-ci dans le traitement des langueurs d’estomac et des coliques venteuses.

Description botanique de la camomille noble

La camomille romaine peut atteindre 10 à 50 cm de haut. Cette plante herbacée vivace se reproduit naturellement par les voies sexuée ou végétative. Si les stolons (les parties végétatives) s’affaissent sur le sol, les tiges florifères dotées de capitules floraux odorants sont souvent dressées ou ascendantes. De type pivot, l’appareil racinaire ne descend pas plus de 8 cm de profondeur en général.

Les stolons de cette camomille sont épais et de couleur rougeâtre. Ils se terminent par des bourgeons de feuilles et de racines qui servent d’organes végétatifs. Ils accueillent aussi des feuilles vert gris bi pennatiséquées à lobes courts et aigus qui mesurent 0,5 mm x 2,5 à 4 mm.

À partir de juin, les tiges florifères portent les inflorescences se présentant sous forme de petits capitules bombés de 2 à 3 cm de diamètre. Ces derniers sont composés de fleurs jaunes tubulées au centre et de fleurs blanches en languette en périphérie. Entre les fleurs du centre, le réceptacle conique porte aussi de larges et concaves écailles membraneuses qui sont lacérées au sommet. Il est entouré par des bractées qui forment un involucre hémisphérique. Les fleurs jaunes du centre des capitules se prolongent et recouvrent de manière régulière le sommet de l’ovaire sur toute sa périphérie. Chacune des fleurs tubulées produit un akène (fruit sec) mesurant 1 à 1,5 mm de long. Celui-ci est lisse, côtelé (à trois stries) et de couleur jaunâtre.

La floraison s’étend de juin à juillet. Toutefois, elle se poursuit jusqu’en septembre si les fleurs sont récoltées ou si les fleurs fanées sont enlevées. Après maturation totale des akènes, les fleurs ligulées blanches tombent. Les capitules encore dressés se ternissent et les pédicelles floraux se lignifient.

Variétés de camomille

La camomille noble est souvent confondue avec deux autres espèces lui ressemblant : le Matricaria chamomilla et le Tanacetum parthenium. Ci-dessous un tableau comparatif de ces trois plantes médicinales qui sont toutes appelées localement « camomilles ».

Par ailleurs, l’espèce Chamæmelum nobile compte trois variétés :

• Chamæmelum nobile ou camomille officinale : cette variété à fleurs simples ressemble à une marguerite. De couleur jaune d’or, elle peut se semer. Elle est généralement utilisée pour la production de gros capitules bombés.
• Chamæmelum Flore Pleno : ce cultivar à fleurs doubles est particulièrement connu des herboristes, des jardiniers et des laboratoires pharmaceutiques. Ses inflorescences sont généralement des fleurs ligulées blanches en forme de pompons blancs qui cachent le centre du capitule. L’absence quasi totale de fleurs jaunes fertiles explique la stérilité de cette variété, d’où sa multiplication par division de touffe.
• Chamæmelum nobibe Treneague : cette variété ne fleurit pas. Elle est également stérile, dans le sens où elle ne produit pas de tiges ni d’inflorescences. Toutefois, ce cultivar est particulièrement apprécié en horticulture, car il s’étale à même le sol et remplace facilement le gazon en terrain sablonneux. De plus, il ne nécessite aucune tonte.

Quelle que soit la variété, un groupe de camomilles romaines forme une pelouse ornementale avec un feuillage à l’odeur agréable.

Culture, plantation, entretien et récolte de la camomille romaine

La camomille romaine pousse aussi bien en pot qu’en terre, que ce soit dans des massifs, des bordures ou des rocailles. Ci-dessous les conditions environnementales et les étapes à suivre si vous souhaitez en planter vous-même.

Comment se reproduit la camomille ?

Cette plante se reproduit :

• par division de souche : pratiquée au printemps et à l’automne, cette méthode vise à rajeunir les vieux pieds et à multiplier les variétés stériles ;
• par bouturage : pratiquée en été ou au printemps avec des boutures herbacées de tête non fleuries, cette technique est utile pour les cultivars qui ne se sèment pas ;
• par semis : à réaliser au printemps, le semis concerne surtout la camomille à fleurs simples.

Quelle que soit la méthode de multiplication choisie, paillez et protégez votre camomille pendant l’hiver. Pour ce faire, utilisez du terreau ou bien du fumier décomposé.

Quid de la récolte de la camomille romaine ?

Récoltez vos camomilles deux ans après la plantation. Cueillez les fleurs en été avant que les capitules ne soient trop ouverts. Coupez-les juste sous les capitules.

Une récolte journalière est recommandée. Sans les empiler, laissez-les sécher sur une claie ou une toile à l’abri des poussières et du soleil pendant une dizaine de jours. Puis, stockez-les dans une boîte fermée en carton ou en papier dans un lieu sec et frais, toujours à l’abri des poussières et du soleil.

Composition de la camomille romaine

La partie de la camomille romaine la plus utilisée en phytothérapie est le capitule, c’est-à-dire la base sur laquelle la fleur repose.

Principes actifs

Le capitule de camomille contient plusieurs polyphénols, notamment des acides-phénols, des flavonoïdes, des composés phénoliques, des coumarines et des dérivés polyacétyléniques.

L’huile essentielle de camomille noble contient plus de 85 % d’esters, des composés chimiques lui conférant des propriétés spasmolytiques. Elle renferme aussi des acides angéliques et isobutanoïques, des monoterpènes, etc.

Principes toxiques

Cette plante produit des lactones sesquiterpéniques (la nobiline), des substances organiques allergènes qui lui donnent une certaine amertume.

Bienfaits de la camomille romaine

La camomille romaine est utilisée en cuisine, en cosmétique, en jardinage et en médecine.

Usage fongicide et horticole

En jardinage, asperger de la tisane de camomille romaine sur des semis diminuerait la fonte des semis (une maladie fongique due à des champignons pathogènes).

En Angleterre, la camomille est parfois mélangée à des graminées de gazon pour que la plante dégage son parfum.

Usage culinaire

Non seulement les capitules frais aromatisent les desserts, les salades et les plats en sauce, mais elles servent aussi pour préparer une tisane.

Le vin de camomille se consomme souvent comme apéritif.

Usage cosmétique

La camomille noble est généralement présente dans les crèmes, les lotions et les shampoings, surtout les produits pour cheveux blonds. Une astuce consiste également à l’utiliser comme colorant naturel pour cheveux si une personne souhaite se teindre en blond.

Il est aussi possible de se nettoyer la peau et les yeux avec une compresse imbibée de décoction de camomille.

Usage médicinal

La présence des principes actifs confère à la camomille diverses propriétés médicinales.

La camomille romaine apaise l’esprit

Grâce à ses propriétés sédatives et apaisantes, cette plante atténue l’anxiété, la colère, l’agitation, le surmenage, les troubles du sommeil… Elle permet aussi de lutter contre l’insomnie.

L’huile de massage à base de camomille procure un véritable moment de détente.

Elle favorise la digestion et améliore le transit

Grâce à son action antispasmodique et utérine, elle améliore le fonctionnement de l’appareil digestif. Elle soulage les douleurs de l’utérus et de l’estomac. Elle est aussi utilisée pour lutter contre les ballonnements et les nausées.

Elle apaise les douleurs lors des menstruations

L’apigénol (sous-classe des flavonoïdes) contenue dans cette plante calme les douleurs menstruelles en augmentant la fluidité sanguine. Elle régule également le flux menstruel.

Elle est antioxydante

Riche en antioxydants, elle aide à ralentir la destruction des cellules de l’organisme en allongeant leur durée de vie. Elle protège également le corps des radicaux libres.

Elle calme les maladies respiratoires

La camomille permet de réduire la bronchite et l’asthme.

Elle aide à lutter contre les maladies parodontales

Les maladies parodontales sont celles touchant et détruisant les gencives et les dents. La camomille romaine est aussi appréciée pour soulager les poussées dentaires.

Elle a de nombreux bienfaits pour la peau

Cette plante apaise les sensations de brûlure, lutte contre les inflammations cutanées et redonne de l’éclat aux peaux fatiguées.

Préparation et posologie

La camomille romaine se consomme essentiellement en tisane. Il convient d’infuser trois à quatre têtes de fleurs de camomille romaine dans une tasse d’eau bouillante pendant 10 à 15 min. Filtrez et buvez chaud ou tiède avant le repas. La décoction de camomille noble utilisée en lotion oculaire se prépare de la même manière qu’une tisane. Néanmoins, elle doit être refroidie avant utilisation.

Le vin de camomille se prépare avec 60 g de fleurs sèches, 50 ml de rhum et 30 g de miel. Vous avez aussi besoin d’un litre de vin blanc et d’une gousse de vanille. Macérez tous les ingrédients pendant deux semaines, puis filtrez avant de boire. Pour obtenir entre 400 et 900 ml d’huile essentielle de camomille, environ 100 kg de fleurs sont à distiller à la vapeur. En usage externe, celle-ci peut être utilisée pure ou diluée dans de l’huile végétale. En usage interne, il est conseillé de se limiter à deux ou trois gouttes par jour.

Si vous souhaitez préparer de l’huile de massage, mélangez 10 g de fleurs et 100 ml d’huile d’olive tiède. Macérez cette préparation à couvert pendant quatre ou cinq heures, puis filtrez avant utilisation.

Vous avez aussi la possibilité de préparer un bain apaisant à base de cette plante. Mélangez 60 g de fleurs de camomille romaine à 1 l d’eau, puis portez à ébullition. Vous pouvez aussi ajouter du serpolet, de l’origan et de la sauge si vous le souhaitez. Laissez infuser pendant une heure.

Contre-indications, effets indésirables et précautions d’emploi de la camomille romaine

La camomille romaine est déconseillée aux femmes enceintes, aux personnes allergiques aux pollens et aux individus asthmatiques. Sa consommation peut notamment entraîner des rhinites allergiques chez les personnes sensibles aux pollens d’armoise. Sa prise en dose excessive risque de causer des étourdissements, des vomissements, des vertiges ou des nausées. Son association avec la laitue vireuse, le chrysanthème, la matricaire et l’achillée millefeuille augmente le risque d’allergie. Les bébés de moins de trois mois ne doivent pas consommer d’huile essentielle de camomille.

Par ailleurs, la prise simultanée de camomille et de médicaments anticoagulants est à éviter. Quelle que soit la forme d’utilisation de la camomille, il est recommandé de demander conseil à un médecin et/ou de se conformer aux doses indiquées.