L’argan fleurit de mai à juin. Une couleur blanche à jaune verdâtre remplit les populations d’arganiers en cette période. Le fruit apparaît au bout de 9 à 16 mois. Cette baie vert-jaunâtre constitue la principale partie valorisée de l’arganier. Sa forme et sa dimension sont variables. Sa taille varie entre celle de l’olive et celle de la noix, avec un aspect irrégulier. Elle renferme une pulpe charnue. À l’intérieur de ce péricarpe se trouve un noyau dur, dans lequel loge la graine ou l’amande. De cet organe central est extraite l’huile d’argan.
Origine, habitat et répartition géographique de l’argan
L’arganier est endémique de la région maghrébine. Des reboisements existent au niveau de ces berceaux.
Origine
L’Argania spinosa est un arbre originaire du Maroc et de l’Algérie. Ces deux arganeraies formaient probablement une même unité écologique à l’origine. La dernière glaciation, dénommée « Würm », a provoqué une réduction considérable de l’aire de répartition de l’arganier. L’avènement des périodes glaciaires a déplacé l’intégralité des plantations vers le sud marocain. Quelques populations isolées subsistent néanmoins dans le nord, près de Rabat et Oujda. L’écrasement vers le sud a entraîné un débordement sur la hamada de Tindouf. Cette dynamique témoigne de l’existence de la relique algérienne actuelle.
Au Maroc, l’arganier constitue une espèce emblématique. La plus grande arganeraie de Souss-Massa forme une Réserve de biosphère depuis 1988. En plus de la transmission des pratiques d’extraction de l’huile d’argan, les femmes berbères ont perpétué ses utilisations culinaires, médicinales et cosmétiques.
En Algérie, l’arganier se classe comme la deuxième essence forestière après l’Acacia raddiana. Le peuplement de la hamada de la région de Tindouf se caractérise par une dispersion et un regroupement suivant un mode contracté. Cette arganeraie se situe le long des berges des oueds.
La description des vertus de l’huile d’argan par un médecin arabe au XIVe siècle a contribué à la popularité de cette plante. Elle a été connue par les Européens dans les années quatre-vingt-dix.
Habitat de l’argan
Outre sa valeur économique, l’arganier assure différents rôles écologiques au sein de son écosystème.
Habitat et écologie de l’argan
Une pluviométrie annuelle et interannuelle variable caractérise le milieu de développement de l’arganier. Il s’installe dans une zone située entre le niveau de la mer et 1500 m d’altitude. Cette espèce est peu exigeante sur le plan pédologique. Il préfère l’air humide ayant une influence océanique. Le littoral abrite des peuplements constitués d’arbres de grande hauteur et au feuillage dense.
L’arganier est une essence forestière résistante. Il possède une durée de vie allant de 150 à 200 ans. Dans le contexte bioclimatique aride saharien, cet arbre détient des mécanismes physiologiques d’adaptation. Le système racinaire profond et dépourvu de poils absorbants permet une symbiose avec les champignons. L’arbre peut moduler la chute des feuilles. Ce phénomène s’opère de façon transitoire lors d’une sécheresse prolongée.
Rôle environnemental de l’arganier
Les caractéristiques physiologiques et écologiques de l’arganier lui confèrent un rôle de ceinture verte contre la désertification. Sa cime dense offre un ombrage qui protège la végétation de la région désertique, de la sécheresse et de la dessiccation solaire. Par ailleurs, il facilite la conservation du sol et des pâturages. Cet arbre à usages multiples contribue également à la lutte contre l’érosion.
Avec ses racines superficielles et traçantes développées, l’arganier peut récupérer un maximum d’eau de pluie. De même, cette partie de l’arbre participe à la récupération de l’eau contenue dans la rosée matinale. Le système racinaire pivotant arrive à puiser l’eau jusqu’à 30 m de profondeur.
Malgré cette utilité environnementale primordiale, l’arganier est sujet à de multiples pressions anthropiques. La production de charbon et le surpâturage constituent les principales menaces qui pèsent sur cette espèce. Par conséquent, la répartition spatiale de cette essence est profondément modifiée.
Répartition géographique de l’argan
Les peuplements d’arganiers existent principalement au sein de leurs régions d’origine. Les chercheurs et les techniciens de ces régions ont développé le reboisement de l’arganier afin d’étendre la surface couverte par cet arbre à usages multiples.
Arganeraies du Maroc
Les populations d’arganiers constituent le deuxième peuplement forestier le plus abondant au Maroc. Jadis, elles s’étendaient des environs immédiats de Safi à Tensift. L’arbre y est actuellement en voie de disparition. Lors du dernier inventaire de 2014, les arganiers recouvraient 830 000 hectares. Cette relique se situe dans divers endroits. D’abord, elle est représentée dans le Souss au sein des provinces d’Agadir-Ida Outanane, d’Inezgane-Aït Melloul et de Chtouka Aït Baha. L’arbre de fer prospère également dans les rizières des préfectures de Taroudant, de Tiznit et de Safi à Essaouira. Ensuite, il se développe dans l’oued Tensift et celui de Grou. Il pousse sur la Basse-Moulouya dans les monts Beni-Snassen au nord-est du pays. Enfin, l’arganier occupe une lisière du Sahara, dans le Drâa.
Arganeraies de l’Algérie
Selon Peltier en 1983, l’arganier était présent dans le Sahara algérien. Il se trouvait notamment sur la hamada de Tindouf ainsi qu’entre celle-ci et le Jebel Ouarkziz. Les forêts d’arganiers algériennes actuelles sont localisées à l’ouest du Sahara. Elles se situent au cœur des gorges hamadiennes du Drâa, des falaises de K’reb El-Hamada et de la dépression du nord de Tindouf. Trois unités hydrogéographiques déterminent la distribution des populations sur la carte : les périmètres Touaref Bou-âam, Merkala, et Targant. Par ailleurs, une plantation d’arganiers a été établie dans la wilaya de Mostaganem en 2012.
Reboisement d’arganier
Considérant les intérêts écologiques et économiques de l’arganier, le reboisement constitue un rempart aux pressions existantes. Au début, sa plantation menait à de piètres résultats. Les avancées de la recherche ont toutefois permis de lever les principaux blocages.
Les spécialistes préconisent aux services forestiers des investissements dans le reboisement de cet arbre. La reproduction peut en effet se réaliser par bouturage ou par germination des graines. L’arrosage des jeunes arbres s’impose pour assurer leur viabilité. La technique de l’irrigation par goutte-à-goutte convient en particulier à la culture de cette espèce. Les agronomes recommandent l’implication des agropasteurs dans la plantation et dans l’entretien des espaces qu’ils occupent.