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Amanite phalloïde

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Caractéristiques de l’Amanite phalloïde

  • Nom : Amanite phalloïde
  • Règne : Fungi
  • Sous-règne :
  • Division : Basidiomycota
  • Classe : Agaricomycetes
  • Sous-Classe : Agaricomycetidae
  • Ordre : Agaricales
  • Famille : Amanitaceae
  • Sous-famille :
  • Genre : Amanita
  • Espèce : Amanita phalloides

Voir les produits associés à l’Amanite phalloïde.

L’amanite phalloïde : son histoire, ses caractéristiques, son habitat, sa culture, ses variétés et ses précautions. 

L’amanite phalloïde (Amanita phalloides) fait partie des champignons de la famille des Amanitacées. Elle est mondialement connue pour sa toxicité. Elle est classée dans la section des Phalloideae qui regroupe les champignons mortels. Sa ressemblance avec d’autres espèces comestibles augmente les risques d’empoisonnement. 

Histoire de l’amanite phalloïde

L’histoire de l’amanite phalloïde est liée à la fois à son origine taxonomique et à son introduction dans différentes régions du monde. Elle retrace aussi les récits sur les célèbres victimes de ce champignon toxique. Des recherches ont été menées sur ces empoisonnements et sur leurs traitements.

Découverte

La première découverte de l’amanite phalloïde s’est faite en Europe, son continent d’origine. Néanmoins, les données y afférentes ne sont pas claires à cause du manque de connaissances et d’outils en ces temps-là. Les premiers faits enregistrés sur Amanita phalloides datent de la Grèce Antique et de l’Empire romain. Les récits concernant ce champignon mentionnent essentiellement des cas d’empoisonnement. Celui-ci a entraîné des maladies graves et parfois même la mort de ses victimes. Cependant, il est difficile de prouver que l’espèce fongique en cause était vraiment A. phalloides. Les descriptions émises étaient assez vagues et portent à confusion à cause des ressemblances avec d’autres champignons.

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Origine taxonomique

Le système de classification des êtres vivants du naturaliste Carl Linnæus, initié au cours du XVIIIe siècle, a permis de distinguer les différentes espèces de champignons. Les scientifiques ne se sont penchés sur l’identification de ces dernières, notamment celle de l’amanite phalloïde, que pendant cette période.

Sébastien Vaillant propose une première description du champignon en 1727 et le nomme Fungus phalloides, annulatus, sordide virescens et patulus. En 1797, cette espèce fongique est appelée Amanita viridis par Persoon. La description de ce champignon est ensuite révisée par Elias Magnus Fries en 1821. Il lui donne le nom d’Agaricus phalloides. En 1833, le nom scientifique actuel, Amanita phalloides, est présenté par Johann Heinrich Friedrich Link. Cette dénomination a déjà été avancée par Louis Secretan. Toutefois, les arguments qui la soutiennent n’ont pas su répondre aux exigences de la règle taxonomique.

D’autres appellations scientifiques ont été retenues pour désigner l’amanite phalloïde :

  • Agaricus vernalis Bolton (1788),
  • Agaricus bulbosus Bulliard (1793),
  • Agaricus irroratus Schumacher (1803),
  • Hypophyllum virosum Paulet (1808),
  • Agaricus virosus Vittadini (1835),
  • Amanita virescens Quélet (1888),
  • Amanita floccocephala G. F. Atkinson (1900),
  • Amanita lignophila G. F. Atkinson (1909),
  • Venenarius phalloides Fries (1912).

Introduction de l’amanite phalloïde

Bien que l’amanite phalloïde soit native d’Europe, des scientifiques ont découvert d’autres spécimens dans différentes régions du monde. En 1918, des champignons de cette espèce ont été repérés à l’est des États-Unis par G.F. Atkinson. Ils sont confondus avec A. brunnescens. D’autres pieds d’A. phalloides sont trouvés en Amérique du Nord par Charles Horton vers la fin du XIXe siècle. En 1970, leur présence sur le sol américain est confirmée. 

L’amanite phalloïde a été introduite de manière indirecte en Amérique par le biais des arbres importés comme le châtaignier. Ce dernier fait partie de l’écosystème de ce champignon. Cette espèce fongique a ainsi franchi les frontières des autres continents. 

En parallèle avec l’introduction de l’amanite phalloïde dans de nombreux pays, différents cas d’intoxications ont été rapportés. Ces événements ont incité les mycologues et les chercheurs en médecine et en toxicologie à s’intéresser à ce champignon. Les recherches sur la toxicité de cette espèce sont initiées afin de comprendre sa dangerosité. Elles ont pour objectifs d’expliciter son mode d’action et de trouver des traitements efficaces pour contrecarrer ses effets toxiques. 

Les intoxications historiques à l’amanite phalloïde

Plusieurs figures historiques ont succombé à une intoxication éventuelle à l’amanite phalloïde. L’empoisonnement est dû à une consommation accidentelle de ce champignon toxique ou de préparation qui en contenait. 

Parmi les victimes remarquables, on cite l’empereur romain Claude (10 av. J.-C. – 54 apr. J.-C.). Les faits racontent que ce dernier a ingéré un plat contenant des amanites phalloïdes en pensant qu’il s’agissait d’amanites des Césars. Cet argument est remis en cause par les historiens Tacite et Suétone. Ils avancent l’hypothèse d’un empoisonnement volontaire par ajout d’un produit toxique. Wasson soutient les deux idées en stipulant que la substance mortelle est un dérivé de l’amanite phalloïde. Elle a été complétée par une dose fatale de coloquinte. 

L’empereur Charles VI est mort d’une indigestion, dix jours après la consommation d’un plat de champignons contenant sans doute des amanites phalloïdes. Cette tragédie est à l’origine de la guerre de Succession d’Autriche. 

Proposition de traitement contre l’empoisonnement phalloïdien

Le médecin français Pierre Bastien a mis en place un protocole de traitement spécifique en cas d’empoisonnement au calice de la mort. Il est à appliquer au plus tard 12 heures après la consommation de ce champignon vénéneux. 

L’efficacité du protocole Bastien est prouvée à trois reprises. La première expérience a été réalisée en 1971, devant un huissier. Les deux autres ont été effectuées dans les mêmes conditions, respectivement en 1974 et en 1981. À l’issue de ces tests, le docteur Bastien a consommé des amanites phalloïdes de manière volontaire. La quantité enregistrée est de 70 g en 1981. Il s’est ensuite administré de la vitamine C, de la vitamine B, un désinfectant intestinal (le nifuroxazide), un antibiotique (la néomycine) et des levures. Le médecin a survécu. 

Ce protocole de traitement est publié dans une revue scientifique internationale. Il a été contesté par des toxicologues allemands. Ces derniers dénoncent que le délai entre la consommation des champignons et l’administration des médicaments est trop court. Il ne permet pas d’apprécier les effets du traitement lorsque les toxines phalloïdiennes s’attaquent au foie. Le protocole proposé n’est donc fiable que lors de la phase initiale. 

D’autres faits historiques

Les amanites phalloïdes forment un groupe en forme de cercle lorsqu’elles se multiplient dans la nature. Dans la mythologie, ce regroupement est considéré comme un anneau de fées. Il est repris dans différents contes fantastiques et folkloriques. 

En 1970, le film « Elle boit pas, elle fume pas, elle drague pas, mais… elle cause ! » de Michel Audiard est sorti. Dans le scénario, l’amanite phalloïde est utilisée pour concocter des poisons visant les maîtres chanteurs. 

En 1986, le chanteur Hubert-Félix Thiéfaine sort son album nommé « Météo für nada ». Il inclut le titre « Sweet amanite phalloïde queen ». 

Étymologie et nomenclature

La dénomination scientifique Amanita phalloides est composée de mots grecs. Le nom du genre vient du terme « amanitês » qui signifie « une sorte de champignon », ou « Amanos », le nom de la montagne de Cilicie. En effet, les amanites étaient considérées comme des champignons provenant du mont Amanos. En ce qui concerne le nom spécifique phalloides, il vient du mot grec « phallos » désignant l’organe sexuel masculin en érection. Ce dernier fait référence à la forme du champignon encore jeune.

En rapport avec ses caractéristiques morphologiques, l’amanite phalloïde est aussi connue sous les noms communs d’oronge verte, d’agaric bulbeux ou d’oronge cigüe. En raison de sa toxicité aiguë, elle détient le surnom de calice de la mort.

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Description de l’amanite phalloïde

Connaître les caractéristiques botaniques de l’amanite phalloïde permet de le distinguer des autres espèces de champignons du même genre ou issues d’autres familles. 

Le chapeau

Le chapeau de l’amanite phalloïde mesure 4 à 15 cm de diamètre. Il se détache du pied. Chez les jeunes spécimens, ce capuchon est en forme de dôme. Avec l’âge, il s’élargit et s’aplatit. De plus, sa marge, d’abord lisse, devient ondulée. 

L’A. phalloides se démarque des autres amanites par la couleur de son chapeau. Elle peut être vert olive ou vert pâle et parfois même jaunâtre. Sur certains spécimens, le capuchon est brun ou blanc, avec de fines rayures radiales ou des restes de voile blanc.

Le stipe ou pied

L’amanite phalloïde se dresse sur un stipe de forme cylindrique. Il est de couleur blanche et comporte des écailles gris olive. Il mesure environ 15 cm de long pour un diamètre de 1 à 2 cm.

À la base du pied se trouve un bulbe couvert par une volve. Il est souvent enfoui dans le sol et constitue un critère d’identification de l’espèce A. phalloides. Au fil du temps, le bulbe et la volve se détachent du pied ou se décomposent. Ils peuvent aussi être dévorés par les limaces. 

Les lamelles

Sous le chapeau, les lamelles sont blanches et très serrées. Leur couleur est un élément qui permet de distinguer l’amanite phalloïde des champignons comestibles. Ces derniers présentent des lamelles brunes ou rosées. Tel est le cas des agarics et de la volvaire volvacée.

L’anneau

L’anneau est visible chez les jeunes champignons. Il est ample, rabattu et membraneux. Sa couleur est blanche, parfois teintée de vert. Lorsque les champignons se développent, cet anneau peut disparaître. 

Les spores

Les spores sont transparentes et laissent des traces blanches. Elles sont subglobuleuses ou amyloïdes et mesurent entre 8 et 10 μm de long.

L’odeur et le goût

Les spécimens adultes de l’amanite phalloïde dégagent une odeur désagréable de rose fanée. Cette senteur est discrète chez les jeunes champignons. Elle peut même avoir des notes sucrées. Par ailleurs, les personnes ayant ingéré accidentellement l’amanite phalloïde rapportent que celui-ci présente un goût appréciable. 

Variétés

Selon la classification établie par l’INPN (Institut National du Patrimoine Naturel), voici les différentes formes d’amanite phalloïde :

  • Amanita phalloides f. albescens,
  • Amanita phalloides f. atra,
  • Amanita phalloides f. bicolor, 
  • Amanita phalloides f. citrina,
  • Amanita phalloides f. lutea,
  • Amanita phalloides f. olivacea, 
  • Amanita phalloides f. virescens,
  • Amanita phalloides f. viridis.

En plus de ces formes, l’amanite phalloïde possède quelques cultivars. Le plus populaire est A. phalloides var. alba. Il est entièrement blanc, du chapeau au stipe. Sa chair présente la même odeur et la même saveur que l’espèce mère. 

Amanita phalloides f. fuscovolvata est une forme connue de l’amanite phalloïde. Elle se caractérise par un voile extérieur brunâtre. 

L’oronge verte possède une autre sous-espèce : A. phalloides var. larroquei. Sa couleur est plus claire comparée à l’espèce classique. Son chapeau est brun au centre. Cette variété pousse dans les dunes. 

Parmi les variétés connues de l’amanite phalloïde, on cite également :

  • Amanita phalloides var. pulla, 
  • Amanita phalloides var. euphalloides,
  • Amanita phalloides var. moravecii.

Certains auteurs catégorisent Amanita verna comme une sous-espèce de A. phalloides. La différence entre ces deux spécimens est constatée au niveau de leur couleur. A. verna se caractérise par un chapeau blanc uni, avec une nuance jaune ocre au centre.

Habitat et répartition

La nature de l’habitat des amanites phalloïdes et leur répartition s’expliquent par leur association avec certains arbres. 

Écosystème

L’amanite phalloïde se développe bien sur les sols riches en nutriments et présentant un bon drainage. Elle privilégie les textures sablonneuses ou sablo-limoneuses. Sa croissance et son développement requièrent un climat tempéré et une humidité optimale. En cas de fortes pluies, les champignons émergent en formant un grand cercle de fructification. Ils sont protégés des précipitations grâce aux feuilles des arbres environnants. 

Ce champignon s’observe souvent au cœur des forêts, dans les prairies ou dans les jardins peuplés par des feuillus, voire des conifères dans des cas rares. Il est prospère sous les chênes, les hêtres, les pins, les châtaigniers et les bouleaux. Parmi les arbres généralement associés avec cette espèce, on retrouve aussi l’épicéa, le noisetier et le marronnier. 

Dans les pays où elle est naturalisée, l’oronge verte s’observe surtout au niveau des essences exotiques. Toutefois, elle peut pousser avec la cigüe. Il est possible de la trouver aux pieds des arbres de la famille des Myrtacées comme l’eucalyptus, l’arbre à thé ou la kunzée. 

Répartition géographique

L’amanite phalloïde est répandue en Europe : en Scandinavie, en Irlande, en Pologne, en Italie et dans les pays baltes. Elle pousse dans d’autres régions de l’hémisphère nord, notamment en Amérique, en Asie et en Russie. 

La distribution de l’espèce A. phalloides ne se restreint pas à la partie nord du globe. Elle s’étend jusqu’en Afrique, avec une dominance en Tanzanie, au Maroc et en Algérie. Ce champignon se rencontre aussi en Australie et spécialement en Nouvelle-Zélande. Certaines observations témoignent de la présence de cette amanite en Amérique du Sud (en Argentine, au Chili et en Uruguay). 

La répartition de l’amanite phalloïde s’explique principalement par l’importation de feuillus et de conifères au niveau des zones géographiques citées. Ces arbres auraient emporté avec eux des spores ou des mycéliums du champignon. Sa résistance lui a permis de s’adapter aux conditions climatiques et édaphiques (relatives au sol) différentes d’un hémisphère à un autre. 

Écologie

L’amanite phalloïde s’associe aux racines des arbres, spécifiques à son aire de répartition naturelle, par le biais de son mycélium. Cette association est appelée mycorhize en biologie végétale. En fonction de la région, elle se fait uniquement avec certaines espèces d’arbres. Tel est le cas en Californie où l’oronge verte entre en symbiose avec les chênes et exclut les pins. 

Bien que le calice de la mort soit une espèce toxique, son association avec les arbres revêt un intérêt écologique. La mycorhization permet un échange de minéraux qui contribue à la croissance de ces végétaux. Le mycélium du champignon accède à des substrats nutritifs éloignés. Il augmente ainsi la surface d’exploration des racines des arbres. Par la même occasion, il accroît l’efficacité d’absorption des plantes environnantes.

Les espèces ressemblant à A. phalloides

La dangerosité de l’amanite phalloïde n’est plus à prouver. De plus, elle peut être confondue avec des espèces comestibles. 

La vesse-de-loup

Lorsqu’elles sont encore jeunes, les amanites phalloïdes sont en forme d’œuf. Elles ressemblent de près aux vesses-de-loup, en particulier à l’espèce perlée. Celle-ci se distingue par une structure interne homogène. Elle porte des verrues pointues situées entre des aiguillons coniques. 

La volvaire volvacée ou Volvariella volvacea

Cette espèce est appréciée dans la cuisine asiatique. Ses caractéristiques botaniques (couleur, port et odeur) sont proches de celles de l’amanite phalloïde. Cette ressemblance est l’une des principales causes d’empoisonnement dans le monde. La volvaire volvacée ne porte pas d’anneau et la disposition de ses lamelles diffère de celle du champignon toxique.

Des champignons blancs comestibles

La psalliote des bois et le tricholome colombette sont des champignons souvent apparentés aux formes blanches de l’amanite phalloïde. Ces dernières sont aussi confondues avec les espèces du genre Agaricus, surtout lorsqu’elles sont encore jeunes. Par contre, à maturité, leurs lamelles sont roses, puis elles brunissent. 

Les champignons du genre Russula et les tricholomes verts

Vue de près, les russules ressemblent à la forme verte de A. phalloides. Elles ne portent ni anneau ni volve et se démarquent par une chair cassante. 

En ce qui concerne les tricholomes verts ou tricholomes équestres, ils sont désormais classés dans la catégorie des champignons toxiques. La confusion n’est donc plus périlleuse pour les cueilleurs. Par contre, il est possible de ne pas savoir différencier l’amanite phalloïde avec le tricholome prétentieux qui est comestible. La distinction est d’autant plus compliquée lorsque la volve et l’anneau de l’espèce toxique disparaissent.

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Culture et reproduction de l’amanite phalloïde

Étant un champignon toxique, l’amanite phalloïde n’est pas cultivée par l’Homme. Elle se développe et se reproduit de façon naturelle dans son environnement. Sa multiplication se fait grâce à ses spores (ou basidiospores). 

Ces dernières sont légères et minuscules. Elles se dispersent sous l’effet du vent et peuvent aussi être transportées par les insectes. Une fois déposées sur le sol, et sous des conditions favorables, ces spores s’ancrent en développant un mycélium primaire. 

Pour permettre la croissance du champignon, une fibule assure l’union des noyaux opposés (positif et négatif) de chaque cellule du mycélium. Ce phénomène aboutit à la création du mycélium secondaire. 

La formation du mycélium tertiaire (basidiocarpe) se fait après division et transformation du mycélium secondaire. Les noyaux haploïdes au niveau des lamelles fusionnent ensuite pour donner des basidiospores diploïdes. Celles-ci vont donner naissance à un nouvel individu d’A. phalloides

La multiplication de l’amanite phalloïde peut se faire par fragmentation ou par clivage. Ainsi, le nouveau champignon se forme directement à partir de la division du mycélium. 

Composition de l’amanite phalloïde

Les prélèvements réalisés sur l’amanite phalloïde montrent la présence d’agents toxiques : les amatoxines, les phallotoxines et les virotoxines. Ils résistent à la cuisson, au séchage et à l’acidité. 

Les amatoxines

Ces toxines regroupent les amanitines α, β et γ. La plus toxique est l’α-amanitine. Dans un champignon de 40 g, on trouve 5 à 15 mg de cette substance. Or, la dose létale est de 0,1 à 0,3 mg/kg, soit environ 7 mg pour un adulte. Cette toxine s’attaque au foie et aux reins. Elle inhibe la synthèse des protéines et provoque ainsi la mort des cellules et l’arrêt des fonctions de ces organes. 

À cause des amatoxines, les personnes qui consomment accidentellement l’amanite phalloïde souffrent d’insuffisance hépatique aiguë fulminante. Dans les cas les plus graves, les fonctions hépatiques et rénales se détériorent de manière irréversible.

Les phallotoxines

Les phallotoxines les plus connues sont la phalloïdine et la phallacidine. Elles sont disponibles en grande quantité au niveau des lamelles. L’action des amatoxines permet leur passage dans le sang, puis dans le foie. Sans cette intervention, les phallotoxines ne peuvent agir sur l’organisme. 

Les virotoxines

Les virotoxines sont moins bien connues que les autres toxines trouvées dans l’amanite phalloïde. Leur action directe ne constitue pas de danger pour l’Homme. Avec les phallotoxines, elles ciblent l’actine et provoquent l’apparition d’œdème ainsi que la mort des cellules du foie. 

L’intoxication à l’amanite phalloïde

En cas d’ingestion d’amanites phalloïdes, le délai d’incubation ou d’apparition des premiers symptômes d’empoisonnement est souvent long. Il est de 12 à 48 heures. Pour plus de sécurité, il est important de connaître les différentes phases d’évolution de l’intoxication. 

Les symptômes

L’intoxication à l’amanite phalloïde commence par une phase d’agression, se manifestant par des vomissements et des diarrhées. Ces derniers induisent une déshydratation lorsqu’ils sont intenses. 

Les premiers symptômes qui se présentent lors de l’intoxication phalloïdienne sont typiques d’une gastro-entérite. Le diagnostic différentiel est confirmé en cas de collecte et de consommation antérieures de champignons.

Le deuxième stade d’évolution de l’empoisonnement est la phase de rémission. Elle est généralement trompeuse, car l’état du patient s’améliore et les symptômes cités précédemment disparaissent. Cependant, les toxines agissent en arrière-plan et attaquent le foie. Deux à trois jours après, les symptômes révèlent des lésions hépatiques et rénales. 

Durant la phase finale dite hépatorénale, le taux d’ammoniaque dans le sang est élevé. Il se produit aussi des troubles de la coagulation. Certaines personnes peuvent se retrouver dans le coma. Les symptômes d’affections rénales surviennent également. 

Les mesures curatives

L’empoisonnement phalloïdien est détecté par une prise de sang, permettant de déceler les toxines. De même, il peut être confirmé à partir d’un prélèvement urinaire. Ce dernier est à faire dans les 36 heures qui suivent la consommation de champignons. Au-delà de ce délai, les traces d’amanites sont totalement éliminées. 

Lors de l’apparition des premiers symptômes

En attendant les résultats des analyses, il est conseillé d’engager les premiers traitements. Tout d’abord, l’apport en eau est à maximiser. Il permet de compenser les pertes de fluides dues aux diarrhées et aux vomissements fréquents. Ainsi, la victime échappe à la déshydratation qui peut nuire à son état général. Dans l’optique de contrer l’effet des toxines et des troubles gastro-intestinaux, l’emploi de charbon actif est souvent recommandé. 

Par ailleurs, on peut procéder à un lavage gastrique. Néanmoins, cette méthode de décontamination n’est efficace que si elle est effectuée peu après la consommation accidentelle de champignons. Ce qui n’est pas toujours le cas. Le lavage gastrique aide plutôt à confirmer la cause réelle de l’intoxication. 

Dans ce contexte, les mesures d’accompagnement visent à rétablir le taux de glycémie et l’équilibre électrolytique. Elles sont aussi préconisées pour corriger l’acidose métabolique et les troubles de la coagulation sanguine. 

Les traitements proposés

Après le protocole Bastien en 1981, un autre traitement a été proposé pour soigner les victimes d’empoisonnement phalloïdien. Il inclut la silymarine antioxydante naturelle. Elle est composée de silibinine. Son administration est conseillée au plus tard 24 heures après l’intoxication. Elle se fait pendant cinq à six jours et est associée à la prise de pénicilline ou de N-acétylcystéine mucolytiques (NAC) à fortes doses. Le doute s’installe quant à la véritable efficacité de ce traitement. Son action reste encore floue. 

À ce jour, aucun remède n’a été trouvé contre le champignon le plus dangereux du monde. Toutefois, de récentes recherches réalisées à l’université Sun-Yat-sen à Canton (en Chine) ont permis de mettre en évidence la protéine contenue dans l’α-amanitine, responsable de l’intoxication. La méthode utilisée est le criblage génétique. Il consiste à rechercher le rôle des gènes dans l’empoisonnement. Cette même méthode a permis de découvrir un antidote contre les piqûres mortelles des méduses-boîtes. 

Les chercheurs ont découvert que la protéine incriminée dans l’intoxication phalloïdienne est STT3B. Grâce aux ressources de la FDA (Food and Drugs Administration), ils ont trouvé la molécule qui inhibe l’action de ce composé : le vert d’indocyanine (ICG). 

Le vert d’indocyanine est tout d’abord testé sur des cellules hépatiques intoxiquées. Il est ensuite expérimenté sur des souris. À l’issue de ces études, les conclusions sont positives. L’effet toxique de l’amanite phalloïde s’atténue. Actuellement, les chercheurs s’intéressent à l’efficacité de ce produit chez l’Homme. Les résultats semblent prometteurs. 

La greffe de foie

Les effets des toxines phalloïdiennes sur le foie sont dévastateurs. La détérioration complète de cet organe cause la mort des victimes. Dans ce cas, le dernier recours est la greffe de foie. Cette transplantation permet à l’organisme de retrouver les fonctions hépatiques qui lui sont vitales.

Précautions

Face au danger que présente l’amanite phalloïde, les mesures préventives sont de rigueur. Elles sont surtout adressées aux personnes qui ne s’y connaissent pas en mycologie.

  • Il est conseillé de ne ramasser que les espèces comestibles connues et dont les caractéristiques s’éloignent de celles de l’amanite phalloïde. Dans le doute, le mieux serait d’écarter le principal suspect. La présence de volve et d’anneau ainsi que la couleur des lames (blanche) sont des critères de rejet. 
  • Les champignons cueillis sont entiers et en bon état pour faciliter leur identification. On évite de les couper au niveau du stipe. Il est possible que la volve soit enterrée. 
  • La cueillette de champignons est déconseillée après les périodes de pluies abondantes et de gel. Ces intempéries peuvent changer l’aspect des champignons, notamment leur couleur.
  • Le mieux serait de cueillir des champignons en phase de maturation. Les spécimens jeunes d’amanite phalloïde ont une ressemblance frappante avec des espèces de champignons comestibles. 
  • Après la cueillette, les champignons sont à déposer dans une caisse cloisonnée pour faciliter le triage et pour vérifier leur identité. Il est aussi recommandé de prendre des photos de ces champignons. Celles-ci peuvent servir à l’identification de l’espèce fongique en cas d’intoxication. 
  • De manière générale, la consommation de champignons se fait en quantité raisonnable. Il est indispensable de les cuire pour minimiser les risques d’empoisonnement. 

Pour plus de sécurité, toutes les espèces du genre Amanita sont à exclure de la cueillette.

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