L’achillée odorante, son histoire, son origine, ses caractéristiques, ses vertus phytothérapeutiques et son utilisation.
Histoire de l’achillée odorante
La guerre de Troie a bien eu lieu et le nom de l’achillée aura marqué l’histoire. Achille, le grand guerrier grec, a utilisé cette plante pour soigner des blessures de combat assénées à l’arme blanche. Il a en particulier soigné Télèphe qu’il a blessé accidentellement.
L’histoire retiendra l’effet miraculeux d’une herbe antihémorragique. Malheureusement pour Achille, ce pansement n’a pas pu le sauver d’une blessure mortelle. Une flèche empoisonnée l’a atteint à son talon. Selon un mythe, la déesse Aphrodite, dans un élan d’empathie, conseilla au guerrier d’utiliser la fleur du combat pour soulager sa douleur.
Origine de l’achillée odorante
Étymologiquement, le mot « achillée » vient du grec αχίλλεια, akhíllia ou akhileios. La légende a voyagé et un synonyme en latin, achillea, est apparu. Cette fleur a continué à écrire son histoire sur les champs de bataille. Au XIXᵉ siècle, le mot « aquilée » a intégré le vocabulaire du moyen français. La forme retenue dans la langue contemporaine est « achillée ».
L’origine de la fleur achillée n’est pas connue comme celle de l’espèce odorante, mais celle de la variété millefeuille. De la famille des Astéracées, les achillées comptent pas moins de 85 espèces, dont 52 poussent sur le sol européen.
L’espèce achillée odorante a été décrite scientifiquement par Carl Linnæus, en 1759. Elle doit son appellation à la forte senteur d’absinthe que son feuillage dégage.
La fleur d’achillée odorante s’utilise dans la vie de tous les jours pour soigner les blessures dues aux accidents de la vie quotidienne. Ses qualités hémostatiques ont fait d’elle l’herbe des charpentiers ou encore l’herbe aux coupures. Une partie du mystère a été levée en 1866 après la découverte d’un alcaloïde dans ses composants.
Description de l’achillée odorante
D’origine Caucase, cette espèce d’Achillea est implantée dans l’hémisphère nord, précisément en Europe et dans la région méditerranéenne. Elle se distingue par ses feuilles alternes, de forme composée et avec des découpes très fines. Des fleurs multiples, de couleur blanc crème, se dressent au milieu de ce feuillage vert gris particulièrement dense. L’appellation odorante vient de l’arôme d’absinthe qui se dégage des feuilles.
Cette plante vivace à feuillage persistant prospère dans un milieu naturel peu accueillant. Climat chaud et sec, sol argileux ou sablonneux, terrain caillouteux, un environnement défavorable ne l’empêche pas de se développer. L’achillée odorante économise l’eau et se défend toute seule contre les herbes envahissantes. Facile à cultiver et à entretenir, elle est destinée à un usage ornemental pour couvrir un jardin ou un paysage.
Habitat de la plante
Comme toutes les achillées, l’espèce odorante pousse dans les régions ensoleillées, sur des terrains secs, rocailleux et bien drainés. On la retrouve au sud de l’Europe et dans les pays du Maghreb, soit dans le bassin méditerranéen. Dans le sud de la France, l’Achillea odorata pousse de manière spontanée sur un sol calcaire. Elle orne les bords de chemin dans la région méditerranéenne, des Alpes-Maritimes aux Pyrénées-Orientales. À l’intérieur du pays, cette fleur abonde en Lozère, en Ardèche et dans la Drôme.
Caractéristiques de l’achillée odorante
L’achillée odorante résiste bien à la sécheresse et au climat aride. Ce couvre-sol aux fleurs colorées et au feuillage vert gris embellit les paysages.
Cette espèce d’ espèce d’achillée est réputée vigoureuse. Légèrement ascendante, elle mesure entre 30 et 50 cm de hauteur. Elle a une envergure de 60 cm qui lui permet de couvrir entièrement le sol, aidée par son feuillage dense et abondant. Cette astéracée se propage à une vitesse élevée. Elle peut gagner en hauteur rapidement, même sur une terre peu fertile.
L’achillée odorante supporte le vent, le soleil et le climat maritime.Cette plante est appréciée pour sa vigueur. En effet, elle est capable de résister à l’hiver et de ne pas souffrir en été. Les températures extrêmes, comme -20 °C sous le froid ou 40 °C sous la canicule, sont tolérées par cette espèce rustique.
Un feuillage dense et raffiné
Les feuilles de l’achillée odorante restent vertes même en période de sécheresse. Elles ont un aspect plumeux et légèrement poilu, leur donnant une texture rugueuse. Elles sont découpées selon une géométrie variable et finement dessinée. Quand on froisse une feuille de cette variété d’achillée, une odeur puissante est libérée.
Ses feuilles alternes peuvent être divisées ou simples. Elles se distinguent par leurs petits capitules en corymbe. Elles sont découpées à plusieurs endroits. Elles ont un aspect tridenté au sommet de la plante. Elles ont des lobes presque entiers et sont dotées de cinq ligules blanches. Au revers, elles sont pubescentes.
La feuille de l’achillée odorante est bipennatiséquée. On dénombre 8 à 12 segments de chaque côté, avec une forme entière ou segmentée. Les deux côtés de la feuille sont équilibrés et les segments sont bien rapprochés. La feuille est petite et ne dépasse pas 2,5 cm de longueur. Son contour est oblong. Les feuilles sont caulinaires, portées par une tige. Le feuillage est vert, mais il a aussi un ton de couleur gris. La tonte permet d’avoir une touffe plus compacte.
Les fleurs et les tiges
L’achillée odorante porte de petites fleurs blanches, un peu jaunâtres. Les multiples pétales sont formés autour d’un noyau décoloré, avec un involucre de forme ovale. La floraison se passe en juin et juillet. Sous un climat favorable typique de la région méditerranéenne, elle commence parfois dès le mois de mai. Les fleurs de cette plante ont des ligules courtes et sont très compactes. Elles forment de petites ombelles de 3 ou 4 cm.
Les tiges sont peu ramifiées. Elles sont toutefois nombreuses, conférant aux feuillages qu’elles portent leur aspect touffu. Elles sont érigées, dressées vers le haut. Les tiges donnent de la largeur à la plante, lui permettant de couvrir plus de terrain. Elles mesurent entre 12 et 30 cm. En poussant sur les différents côtés, elles donnent à la plante un effet tapissant.
Les principales caractéristiques de l’Achillée odorante
Type
Plantes vivaces
Dimensions à maturité
50 cm de hauteur, 60 cm d’envergure
Port
buissonnant
Feuillage
persistant
Feuilles
alternes, couleur vert foncé et grisâtre, arôme d’absinthe
Fleur
à ligule courte, de couleur blanc-ivoire
Floraison
en été, de mai à juillet
Saisons d’intérêt
printemps, été, automne
Habitat
région au climat chaud, terre sablonneuse, calcaire et rocailleuse
Culture
par semis et par division, repiquage
Toxicité
aucune
Culture
La culture de l’achillée odorante se fait par semis ou par division. Le réensemencement se fait de manière spontanée. Pour éviter une densité trop forte, les jeunes plants doivent être repiqués à un autre endroit. Un semis en pépinière est possible. Les graines sont ensevelies sous un centimètre de terre. Considérant l’aspect dense de la plante, il faut se limiter à cinq pieds par mètre carré lors de la culture. Il doit y avoir 40 cm d’espace entre deux plants.
Comment planter l’achillée ?
Le jardinier doit creuser pas trop large, environ deux fois plus que le diamètre du pot. La motte de l’achillée doit être bien mélangée avec la terre meuble au fond du trou. Une fois ce dernier rebouché, on peut couvrir la surface avec de la paille ou des copeaux de bois d’une épaisseur de 2 ou 3 cm. Cette technique de paillage est importante pour avoir un sol plus équilibré et riche. Elle contribue à limiter le développement des adventices.
L’achillée odorante doit être plantée en plein air et dans un endroit ensoleillé. Elle n’aime pas les emplacements dans l’ombre. Toutefois, elle peut être cultivée entre les arbustes pour couvrir le sol. Le repiquage se fait idéalement à la fin de l’hiver, en avril et en mai. Pour préserver l’humidité du sol au niveau des racines, on peut pailler le pied de la plante. La fin de l’automne est aussi favorable à la mise en terre des plants. Les jeunes pousses d’achillée odorante doivent être robustes avant l’arrivée de la première gelée.
Le calendrier cultural de l’achillée odorante
Activités
Mois
Supprimer les tiges fanées
Mars
Semer en pépinière ou en terre
Avril, mai
Repiquer les plants
Mai, juin
Mettre en terre des plants achetés
Avril, mai et octobre, novembre
Diviser les touffes
Mars, avril, mai. À faire tous les trois ans.
Enlever les fleurs fanées
Juin, juillet
Rabattre les touffes
Mi-août
Entretien des plantes d’achillée odorante
Il suffit de planter l’achillée odorante et il n’y a plus grand-chose à faire. Cette plante vivace se défend bien contre les éléments et se développe toute seule.
Cette plante du genre Achillea aux senteurs d’absinthe peut se passer d’arrosage régulier. Elle se contente de peu d’eau pour porter des feuilles vertes toute l’année. Durant l’été, un arrosage tous les 15 jours lui permet de résister aux fortes chaleurs.
Grâce à un phénomène d’allélopathie, les racines de cette plante diffusent des molécules qui empêchent les mauvaises herbes de pousser abondamment. La première année, il convient de désherber régulièrement, du moins jusqu’à ce que la couverture du sol soit totale. Par la suite, deux ou trois désherbages manuels par an suffisent pour un petit jardin. Pour entretenir une plus grande surface, la tonte est à privilégier.
Pour que l’achillée odorante ait une croissance optimale, des travaux restent nécessaires. Les fleurs fanées doivent être enlevées pour allonger la période de floraison. Au mois d’août, il est d’usage de bien rabaisser la touffe. On obtient ainsi de bonnes remontées florales avant l’hiver. De même, une tonte à la fin de l’été, une fois la floraison terminée, permet de densifier les feuillages.
Compositions et vertus phytothérapeutiques
Une étude réalisée in vitro sur l’achillée odorante a permis de relever des composants potentiellement thérapeutiques.
Polyphénol
Sur la base d’une analyse phytochimique, cette plante contient des composés phénoliques qui ont des vertus inhibitrices de bactéries. Avec une teneur en polyphénol de 448,88±1,004 mg EAG/gEB, ses extraits ont une action limitée sur les bactéries.
Flavonoïdes
Ayant une teneur en flavonoïdes de 97,77±0,91 mg EQ/gEB, un extrait d’Achillea odorata pourrait avoir une propriété antibactérienne. Les flavonoïdes sont en effet un puissant inhibiteur de l’ADN de gyrase. La quercétine agirait sur l’ADN bactérien, en bloquant son activité et en empêchant les modifications topologiques.
Lactone et alcaloïde
L’achillée en général renferme de nombreux produits chimiques. On parle de plus d’une centaine de composants. Parmi les plus intéressants, la lactone donnerait à la plante des propriétés antiprurigineuses et anti-inflammatoires. Les plantes du genre Achillea contiennent un agent hémostatique actif apporté par ses flavonoïdes, en l’occurrence, l’achilléine. Cet alcaloïde explique l’efficacité de cette espèce à arrêter l’écoulement du sang sur une plaie ouverte.
Autres composants
La présence d’eugénol, d’acide salicylique et de menthol contribuerait à donner à l’espèce A. odorata des propriétés analgésiques et anti fièvre. Cette plante n’est pas à priori médicinale, contrairement à d’autres espèces du genre Achillea à l’instar du millefolium.
Usages de l’Achillée odorante
Rejoindre des centaines de plantes vivaces dans un jardin pour couvrir le sol et améliorer le paysage, telle est la destinée de l’achillée odorante.
Un usage ornemental
Un paysagiste peut composer un jardin ornemental en utilisant une achillée aux feuillages touffus et aux petites fleurs multiples. Les feuilles alternes de couleur vert gris sont assorties avec les fleurs d’un blanc crème.
L’achillée odorante permet un usage ornemental dans les régions au climat chaud et sec. Elle peut remplacer la pelouse sur les terrains difficiles. Elle met également en valeur un jardin sur gravier.
L’achillée comprend plusieurs espèces de différentes couleurs. Cette palette de couleurs permet de composer un paysage dans un jardin ou un espace vert. Le style naturel est suggéré du fait que cette plante pousse à l’état sauvage sur les coteaux.
Une plante utilitaire
La présence des achillées odorantes est bénéfique à plusieurs titres. Cette plante façonne les paysages et protège le sol. L’achillée odorante peut remplacer le gazon sur une partie de la pelouse. Elle permet une couverture très dense du sol et ne craint pas les piétinements légers.
Ces fausses plantes sauvages ne vont pas perdre leur rusticité dans un environnement proche des centres urbains. Elles sont toujours aussi résistantes que robustes. Utilitaires, elles viennent couvrir les terrains difficiles que l’on ne veut pas laisser inesthétiques.
En apiculture, cette plante permet de disposer de nombreuses fleurs à proximité. Les abeilles auront à leur disposition du nectar en quantité.