L’acérola, ses caractéristiques, sa description, son origine, sa distribution et son habitat, ses vertus en phytothérapie, sa production, ses utilisations et ses contre-indications.
Origine de la plante et de son nom
Cette plante est issue de la zone qui va du Mexique à la partie nord de la Colombie. Plus tard, elle arrive au Brésil, en Inde, en Nouvelle-Calédonie, au Pérou, en Équateur, en République dominicaine, à Cuba, etc.
Nomenclature et étymologie
Augustin Pyramus de Candolle a nommé et décrit l’espèce sous l’appellation « Malpighia emarginata ». Il a attribué ce nom en l’honneur de Marcello Malpighi (1628-1694), un médecin et biologiste italien. Celui-ci a participé à l’anatomie cellulaire des plantes et a, en partie, décrit la physiologie animale.
La feuille de cette plante se caractérise par un bord présentant une minuscule encoche ou échancrure. Cela explique l’épithète spécifique « emarginata » qui vient du latin « emarginatus » signifiant « sans marge ».
En Espagne et en Amérique, le mot « acerola » désigne la plante elle-même et son fruit. Cela dépend du contexte, mais une autre plante porte aussi le nom d’acérola en Espagne, le Crataegus azarolus ou l’azérole. Les colons espagnols sont notamment ceux qui ont attribué son nom à la plante américaine. Cela s’est fait en raison de sa ressemblance extérieure aux fruits de cette dernière. L’origine de l’appellation est un mot arabe « az-zou`roûr » signifiant aubépine.
Synonymes
Il existe sept synonymes hétérotypiques de l’acérola :
Le Malpighia berteroana Spreng. dans Syst. Veg., éd. 16. 2 : 383 (datant de 1825),
Le Malpighia retusa Benth. dans Bot. Voy. Soufre : 74 (datant de 1844),
Le Malpighia umbellata Rose in Contr. U.S. Natl. Herb. 1: 310 (datant de 1895),
Le Malpighia punicifolia var. lancifolia Nied. dans Général Malpighia : 8 (datant de 1899),
Le Malpighia punicifolia var. obovata Nied. dans Général Malpighia : 8 (datant de 1899),
Le Malpighia lancifolia (Nied.) F.K.Mey. à Phanerog. Monogr. 23 : 222 (datant de 2000).
Deux espèces sont proches de cette plante. Il s’agit de :
Malpighia glabra qui provient de l’extrême sud du Texas. Là-bas, cette espèce se cultive exceptionnellement en guise d’arbuste ornemental. Malgré cela, une multitude de plantes commercialisées sous ce nom sont en réalité des M. emarginata. Malpighia emarginata ressemble à Malpighia glabra en termes de feuillages. En effet, les deux plantes ont des feuilles obtuses ou arrondies au niveau de l’apex. La plupart du temps, elles sont apiculées ou émarginées. Certaines sont également entassées en pousses denses avec des entre-nœuds très courts, tandis que des entre-nœuds plus longs séparent les autres. Elles sont toutes assez régulièrement espacées chez M. glabra.
Malpighia martinicensis qui est endémique, originaire des Petites Antilles. Il pousse notamment sur le littoral, dans les forêts sèches. Ses feuilles les plus jeunes disposent souvent de poils raides. Par ailleurs, sa cerise est de petite taille.
Ces plantes ont, toutefois, des éléments qui les distinguent les unes des autres.
Description de l’acérola
L’acérolier est un arbuste ou un arbrisseau d’une hauteur de 1 à 6 m avec un feuillage persistant. Il fait partie de la famille des Malpighiaceae. Les feuilles de la plante s’opposent. Elles sont notamment de forme ovale et se terminent par une pointe aiguë. Les plus grands limbes peuvent atteindre 3 à 10 cm de long et disposer d’une largeur de 1,5 à 5 cm. Ses fleurs possèdent des pétales rouges, roses, rose lavande et blancs. Leurs styles sont quasiment droits. Souvent, elles se regroupent en inflorescences axillaires d’une longueur de 4 à 10 cm.
Le fruit de cet arbuste est comestible et possède un goût acidulé. C’est une drupe de forme sphéroïde d’un diamètre de 7 à 13 mm. Sa couleur est rouge éclatant. Il semble gonflé même si ses pôles sont assez plats. Il dispose aussi de petites bosses et est trilobé. Le fruit de l’acérola renferme une pulpe molle de couleur jaune et d’un jus de saveur sucrée et aigrelette. Il renferme trois noyaux triangulaires.
On compte peu de temps entre la floraison et l’arrivée des fruits à maturité. Ceux-ci résistent peu à la chaleur. Cela rend leur conservation relativement difficile et demande des précautions particulières.
La floraison de l’arbre va de septembre à avril. La fructification, quant à elle, s’étend du mois d’octobre au mois de mai.
Distribution et habitat de l’acérola
Malpighia emarginata compte une aire de répartition indigène allant du Mexique au nord de la Colombie. Cela inclut de même le Honduras, Belize, le Guatemala, le Salvador et le golfe du Mexique. On peut aussi citer le Nicaragua, le Mexique (du Nord-Ouest au Nord-Est, et du Sud-Ouest au Sud-Est).
La plante est ensuite arrivée à Cuba, à Aruba, en République dominicaine, aux îles Cayman, en Jamaïque, à Haïti et en Équateur. Elle a aussi été introduite aux Antilles néerlandaises, au Pérou, en Nouvelle-Calédonie, au Windward, au Venezuela Antilles vénézuéliennes et à Trinité-et-Tobago.
Il existe de grandes plantations d’acérola au Brésil, en Inde et en Amérique du Sud. La plante grandit notamment au bord des routes. Plus précisément, elle pousse là où l’on peut trouver des bosquets. Elle préfère les plaines, notamment celles qui sont sablonneuses, allant jusqu’à 100 m d’altitude. Elle vit principalement dans des endroits où elle peut supporter les températures hivernales entre -1 à 15,6 °C.
Composition de l’acérola
Le fruit contient de nombreuses vitamines, dont la provitamine A, ainsi que les trois catégories de vitamine B. Cependant, la vitamine C est la plus abondante. Comparée à celle de l’orange, sa teneur en cette dernière est 20 à 100 fois plus importante. Il faut noter que surgeler le fruit n’affecte pas sa teneur en vitamine C.
Composé de seulement 9,4 % d’eau, une quantité de 100 g d’acérola est très riche en calories (332 kcal). En effet, cette quantité fournit 52,24 g de glucide, 16,94 g de protéine et 3,2 g de lipide. En outre, le fruit est très riche en acide ascorbique et en fibres alimentaires. Les teneurs sont respectivement de 26,5 % et de 66 mg/g.
L’acérola contient des composés bioactifs, dont les flavonoïdes, les anthocyanes, les composés phénoliques, etc. Il s’agit de composés phytochimiques, dits non nutritifs, que les scientifiques étudient. En effet, ils participent à une réduction de l’apparition de maladies chroniques.
Il n’existe pas de mesures absolues. Par conséquent, il est assez difficile de faire des interprétations. En revanche, plusieurs méthodes et divers indices disponibles permettent d’étudier les caractéristiques pharmacologiques qui distinguent ces composés.
L’étude comparative de M. Rufino et al. peut servir de référence. Ces chercheurs ont comparé 18 fruits tropicaux venant du Brésil, dont l’acérola et l’açaï. Ce dernier est un fruit du palmier Euterpe oleracea. Les composés bioactifs suivants ont été trouvés dans la pulpe de ces deux fruits :
Composés bioactifs
mg/100 g de matière fraîche (MF)
Fruit
Vit. C
Anthocyanes totales
Flavonoïdes jaunes
Caroténoïdes totales
Humidité
Açaï
84.0 ± 10
111 ± 30,4
91,3 ± 20,6
2,8 ± 0,4
84,1 ± 2,8
Acérola
1 357 ± 9,5
18,9 ± 0,9
9,6 ± 1,4
1,4 ± 0,1
91,0 ± 0,2
La cerise des Antilles contient bien plus de vitamine C que l’açaï. Cependant, ses teneurs en flavonoïdes, en caroténoïdes et en anthocyanes sont inférieures à celles de ce dernier.
La couleur rouge, violette ou bleue des fruits s’explique par l’anthocyane, composé aux couleurs vives. Cet élément est aussi à l’origine de la couleur de l’açaï qui est noir violacé. Dans le tableau de Dembitsky ci-dessus, deux génotypes d’acérola prélevés dans une culture brésilienne ont permis de déterminer des caroténoïdes. Ils comportaient du β-carotène (entre 265 et 1 669 μg/100 g MF) qui est un précurseur de la vitamine A. Ils contenaient aussi de la β-cryptoxanthine, de la lutéine (37-100 μg/100 g MF) et de l’α-carotène.
Il est préférable de consommer la cerise des Antilles aussitôt qu’elle est cueillie. En effet, le fruit est relativement périssable. Bon nombre de personnes la consomment en compote, en punch ou en jus. Il est possible d’adoucir sa saveur avec du sucre.
Le fruit acérola est vanté dans le commerce comme superfruit. Cela s’applique notamment aux États-Unis. La raison à cela est qu’il contient nettement plus de vitamine C que l’orange. Il s’agit du troisième fruit le plus riche en cette vitamine. La première place revient au fruit du Terminalia ferdinandiana (50 x). Celui du Myrciaria dubia ou Camu-Camu (30 à 40 x) occupe la deuxième position.
Les éléments composant la pulpe d’acérola varient grandement selon le stade de maturité, la variété du fruit ainsi que les conditions de culture. Les procédés de traitement, de stockage et de préparation influent également sur sa composition. Le fruit contient, de plus, une quantité remarquable de manganèse, de la vitamine A et de la vitamine B5. L’on y trouve aussi des vitamines appartenant au groupe B telles que la pyridoxine, la riboflavine et la thiamine. Les antioxydants dans l’acérola sont, en outre, des caroténoïdes, des anthocyanines et des flavonoïdes.
Vertus phytothérapeutiques du fruit acérola
En phytothérapie, la cerise des Antilles dispose d’un grand potentiel antioxydant en raison de sa richesse en flavonoïdes (rutine) et en vitamine C. Rufino et al. ont pu mesurer cette capacité antioxydante grâce à plusieurs méthodes. On peut citer le test ABTS•+ et le piégeage des radicaux libres DPPH•. Le test FRAP grâce au pouvoir réducteur ferrique est aussi efficace.
Polyphénols et capacité antioxydante d’extraits aqueux organiques de matière fraîche
Fruit
Polyphénol extractible
DPPH.
ABTS•+
FRAP
mg GAE/100 g
EC50 (g/g DPPH)
μmol TROLOX/ g
μmol F2SO4/g
Acérola
10,28 ± 77,7
49,2 ± 2,5
953 ± 34,1
1 996 ± 47
Açaï
3 268 ± 527
598 ± 164
64,5 ± 19,2
220 ± 32,9
Par rapport à la quantité de composés phénoliques que l’açaï possède, celle de la cerise des Antilles est faible. Il reflète donc un indice antioxydant DPPH inférieur. La relation entre vitamine C et capacité antioxydante de l’acérola est mise en évidence.
Les indices ABTS et FRAP de ce fruit sont, cependant, plus élevés comparés à ceux de l’açaï. Cela reste valable, tant pour les calculs utilisant de la matière sèche, que de la matière fraîche.
Les scientifiques se servent de la méthode DPPH avec les extraits organiques aqueux contenant des composés lipophiles et hydrophiles. Les méthodes ABTS et FRAP sont les plus adaptées pour les composés hydrophiles.
Daniela Leffa et al. ont réalisé des analyses sur les propriétés antioxydantes et les composants pharmacologiquement actifs du jus d’acérola. Il s’agit de la rutine et de la vitamine C. L’expérience a alors consisté à donner ces éléments comme compléments alimentaires à des souris. Celles-ci ont notamment suivi un « régime de cafétéria ». Ce dernier implique une consommation de produits que l’on trouve au supermarché. Il s’agit de nourriture pourvue d’une haute teneur énergétique et relativement riche en glucides ainsi qu’en graisses saturées.
Après 13 semaines de ce régime, les chercheurs ont pu constater que les dommages oxydatifs associés aux lipides et aux protéines dans le cortex des souris augmentaient. Il en va de même dans le foie, l’hippocampe, le cœur et les reins des animaux. Durant le mois qui a suivi, ces derniers ont reçu des suppléments composés de vitamine C ou de rutine ou de jus d’acérola. Cet apport eut des effets antioxydants positifs remarquables dans l’hippocampe.
Production de l’acérola
Le Brésil est le premier exportateur et le principal producteur de ce fruit sur la planète. En 2017, l’Institut brésilien de géographie et de statistiques (IBGE) évaluait pour le pays une production avoisinant les 61 000 tonnes. La région du Nord-Est, c’est-à-dire le Pernambuco, est l’état qui produit le plus d’acérola.
Néanmoins, d’autres pays fournissent aussi ce fruit. Il s’agit de l’Amérique centrale, de l’Amérique du Sud, du Mexique, des Caraïbes, de la République dominicaine et du Pérou. Cela concerne aussi les régions des États-Unis les plus méridionales ou de Porto Rico. On parle notamment de la basse vallée du Rio Grande au Texas, du sud de la Floride.
Utilisations de l’acérola
Dans la majorité des cas, les gens consomment le fruit en jus. Celui-ci est le plus souvent vendu en brique de carton. Les supermarchés des Antilles disposent tous de ce produit. Certains consomment aussi la poudre faite à partir de ce fruit. Sous cette forme, il convient d’en consommer 1 g/j. Cela correspond à une quantité de ½ cuillère à café, contenant un taux de vitamine C de 175 mg. La dose journalière de poudre d’acérola que l’on peut ingérer est de 110 mg/j, et il ne faut pas dépasser une dose de 1110 mg/j.
Contre-indications
En raison de la forte teneur en vitamine C de l’acérola, il est préférable de prendre certaines précautions en en consommant. Voici ce qu’il faut retenir.
En cas d’hypersensibilité ou d’allergies
Une personne hypersensible au fructose doit surveiller sa consommation de cette cerise des Antilles. Cela s’applique surtout durant la période de poussée si l’individu présente le syndrome de l’intestin irritable.
Les scientifiques ont également découvert récemment des LTP dans l’acérola. Il s’agit de phytoallergènes de certains légumes et de certains fruits tels que les noisettes, les pêches et les noix. Il est aussi préférable de lire les ingrédients que contiennent certains produits alimentaires. Tout ce qui a un goût acidulé peut, en effet, contenir ce fruit. Il s’agit du cas des bonbons, des confitures, des jus, des liqueurs, etc.
En cas de pathologies rénales
Il est préférable d’éviter de consommer l’acérola pour les personnes ayant des antécédents de calculs rénaux, notamment ceux de nature oxalique. Pour mieux le comprendre, il faut tout d’abord noter que la vitamine C en excès dans le corps s’élimine dans les urines. Elle prend la forme d’oxalates. Ainsi, lorsqu’une personne est victime de lithiases rénales, un apport excessif d’acide ascorbique (supérieur à 1 g/j) augmente la production de ces derniers.
Les oxalates vont se fixer aux minéraux afin de constituer des cristaux responsables des calculs rénaux. Ils accroissent notamment le risque de bloquer les voies urinaires. Pour ces raisons, les médecins déconseillent aussi la vitamine C chez les personnes atteintes d’insuffisance rénale pouvant être chronique ou aiguë. Selon une revue médicale suisse, la vitamine C serait un complément alimentaire qui pourrait éventuellement engendrer des effets néphrotiques. Cela survient si l’on consomme cette vitamine à forte dose pendant une période prolongée.
En cas d’hémochromatose
Le taux de ferritine indique une forme de stockage du fer dans l’organisme. Lorsque cet élément s’accumule et dépasse un certain taux dans le sang (300 mg/l), on parle d’hémochromatose. Lorsqu’une personne présente cette pathologie, l’idéal est de consulter son médecin avant de consommer l’acérola.
En effet, sa teneur en vitamine C favorise l’absorption du fer par l’organisme. Une absorption excessive peut entraîner avec la vitamine C un effet pro-oxydant et libérer excessivement des radicaux libres. Par conséquent, l’oxydation des cellules s’accélère, ce qui accentue la sénescence précoce de l’organisme.