Incorporation dans les protéines
L’intégration de la sélénocystéine dans les protéines est un processus complexe en raison de l’absence d’un codon spécifique. Un codon UGA, signalisant la fin de la traduction et traditionnellement nommé « codon-stop », le remplace sur l’ARN messager. Un ARNt spécifique, avec un anticodon complémentaire de UGA, permet cette incorporation dans la chaîne polypeptidique en formation. Le mécanisme permettant la distinction entre ces deux codons nécessite une machinerie protéique spécifique, impliquant l’ARNt sélénocystéine et facilitant son affiliation au site A du ribosome pendant l’étape d’élongation.
Ce processus inclut l’isopenténylation du complexe sélénocystéinyl-ARNtSec, marquée par l’ajout d’une courte chaîne hydrocarbonée sur une adénine de l’ARNt.
L’ARNm présente un élément de structure secondaire spécifique appelé « élément SECIS » (pour Selenocystein insertion sequence). Il est essentiel au recrutement du complexe protéine/ARNt chargé, permettant ainsi l’incorporation du sélénocystéinyl-ARNt au site A du ribosome.
Chez les bactéries, ce système comprend le facteur protéique SelB, similaire au facteur d’élongation classique EF-Tu, capable de reconnaître les 20 autres aminoacyl-ARNt.
Chez les eucaryotes, le mécanisme implique deux protéines, mSelB et SBP2, qui jouent les rôles respectifs de facteur d’élongation et de liaison aux éléments SECIS.
La sélénocystéine en nutrition
La sélénocystéine, bien que non essentielle à l’organisme, se trouve dans divers aliments. L’ail, les noix, l’avoine, le blé, le brocoli, le maïs et les noix du Brésil comptent parmi les sources alimentaires végétales de cette substance. Il en est de même pour les oignons, le riz et le soja. On peut également citer les poireaux sauvages qui poussent généralement sur des sols riches en sélénium. Les sources animales comprennent les viandes, les volailles (poulet, dinde), les fruits de mer, les œufs et le fromage.
Applications de la sélénocystéine
La sélénocystéine joue un rôle crucial dans la constitution des protéines en raison de son activité antioxydante. Elle est transformée en sélénoprotéines par le corps. Ces dernières interviennent dans l’amélioration des fonctions hépatiques et dans la prévention de l’intoxication au mercure. Contrairement à d’autres acides α-aminés, elle n’est pas directement incorporée dans des protéines, elle accomplit sa mission de manière autonome. En conséquence, elle est hyperréactive et ne suit pas le même mode d’utilisation que les autres aminoacides.
Le remplacement d’un résidu de sélénocystéine par de la cystéine entraîne une diminution significative de l’activité catalytique d’une enzyme, provoquant ainsi l’arrêt de l’activité de la glycine réductase.