Impacts physiologiques
Plusieurs impacts de ces substances sont connus :
- effets sur l’activité cérébrale et le système nerveux : ils peuvent être psychodysleptiques, euphorisants, stimulants, hallucinogènes, psychédéliques, hypnotiques, paralysants, antalgiques, anesthésiants ou vomitifs ;
- activités antiparasitaires, notamment antipaludiques ;
- effets sur la division cellulaire, à l’image de la vincristine ou de la vinorelbine que l’on utilise en oncologie ;
- effets sur le système cardiovasculaire : certains agissent en tant que bronchodilatateurs, vasoconstricteurs et régulateurs de la tension artérielle. D’autres peuvent être antiarythmiques ou provoquent, au contraire, des arythmies. Les symptômes varient en fonction du produit et de son utilisation, même non thérapeutique.
À titre d’exemple, l’ergot de seigle, un champignon parasite du seigle (Claviceps purpurea), est capable de générer une multitude d’alcaloïdes. Certains, comme l’ergotamine, peuvent influencer la circulation sanguine et contribuer à la prévention de la migraine. Cependant, en raison de leurs potentiels effets secondaires, leur usage est désormais limité.
Place des alcaloïdes en nutrition
Ces composés n’ont pas de place spécifique en nutrition. Leur intérêt est plutôt thérapeutique. Ils forment, en revanche, un large ensemble de substances naturelles présentes dans diverses plantes. Ils agissent comme une défense pour les végétaux contre les ravageurs. L’Homme consomme certains alcaloïdes pyrrolizidiniques (AP) principalement via le miel, les épices, les herbes, le thé, les infusions et les compléments alimentaires. Souvent, des aliments d’origine végétale dépourvus d’AP peuvent être contaminés par des plantes sauvages. Il s’agit d’une éventualité en fonction de la récolte ou des processus de fabrication.
Les recherches indiquent que la plupart des AP présents dans les feuilles de thé ou les infusions se retrouvent dans la boisson infusée. En comparaison, le thé glacé semble offrir une absorption moindre de ces composés.
Applications des alcaloïdes
Ces composés organiques sont le plus souvent utilisés dans différents cas, selon leur particularité.
Modèles et dérivés synthétiques
Les alcaloïdes sont des sources d’inspiration pour la création de nouvelles molécules synthétiques et ont façonné diverses avancées médicales. La morphine, archétype des analgésiques, demeure une référence majeure dans le traitement de la douleur. Sa dérivée, la codéine, agit comme analgésique et antitussif. Elle a également servi de base à des variantes semi-synthétiques telles que la naloxone, utilisée dans la lutte contre les addictions.
Alcaloïdes significatifs
La cocaïne est issue des feuilles de coca et est initialement un anesthésique local. De nos jours, elle est peu employée dans le domaine médical, mais reste préoccupante en raison de son utilisation illicite comme drogue. L’atropine, présente dans la belladone et les daturas, a inspiré la création de médicaments pour traiter les spasmes viscéraux.
Le groupe des alcaloïdes de l’ergot de seigle occupe une place prépondérante. L’ergotamine, qui est un inhibiteur du système nerveux sympathique, est utilisée pour soulager les migraines. Son dérivé vasodilatateur cérébral est également prescrit pour venir à bout de certaines affections. La bromocriptine est utilisée dans des cas de stérilité en raison de sa particularité inhibitrice de la lactation.
Alcaloïdes indoliques
Les alcaloïdes indoliques ont une importance capitale. La réserpine extraite de la Rauvolfia serpentina a ouvert la voie aux neuroleptiques, révolutionnant ainsi la thérapie des psychoses. L’ésérine est à l’origine d’une série d’insecticides. La vincamine améliore le fonctionnement cérébral des sujets âgés. La vinblastine et la vincristine sont issues de la pervenche de Madagascar. Elles traitent diverses tumeurs, dont la leucémie et la maladie de Hodgkin.
Alcaloïdes notables
La quinine est utilisée comme antimalarique, et reste efficace contre certaines formes graves de paludisme. Sa variante, la quinidine, traite les arythmies cardiaques. La colchicine, extraite du colchique, soulage les crises de goutte. La tubocurarine et la C-toxiférine présentes dans les curares amazoniens ont permis le développement d’analogues synthétiques. Celles-ci sont utilisées en chirurgie pour relâcher les muscles avant une intervention.
Diversité des usages et des propriétés des alcaloïdes
Les alcaloïdes ne se limitent pas à des usages thérapeutiques. Selon les croyances ou les cultures, certains sont associés à des pouvoirs magiques, évoquant la sorcellerie. Par exemple, la bufoténine présente dans la peau de certains crapauds agit comme un agoniste de la sérotonine. Elle est hautement valorisée par les chamans sud-américains.
Par ailleurs, des composés tels que la morphine ou la codéine peuvent être détournés de leurs applications médicales à des fins dites « récréatives ».
Enfin, certains alcaloïdes comme la strychnine extraite des noix vomiques ont été utilisés comme poison. On en trouve notamment dans des produits destinés à éliminer les rongeurs. Son interdiction à la vente en France en 1999 n’a pas mis fin aux cas d’empoisonnement, bien que ces incidents restent rares. En effet, ils continuent d’être rapportés par les centres antipoison, même aujourd’hui.
La diversité des usages des alcaloïdes souligne leurs effets variés sur l’organisme, allant des vertus thérapeutiques à des impacts toxiques. Une situation qui impose la nécessité d’une utilisation raisonnée, sous avis médical, pour en prévenir les dangers potentiels.