DÉCOUVREZ TOUTE L’HISTOIRE DE LA MUSICOTHÉRAPIE !
Histoire et Origine de la Musicothérapie
L’histoire de la musicothérapie remonte à l’Antiquité, où différentes civilisations utilisaient la musique à des fins thérapeutiques. Chez les Grecs anciens, par exemple, Pythagore pratiquait ce qu’on pourrait appeler de la musicothérapie pour apaiser l’esprit. Dans diverses cultures, les chants et la musique étaient souvent utilisés dans les rites de guérison. Au Moyen Âge, la musique continue d’être associée à la guérison, avec des théories comme celle des “humours” liant la musique à l’équilibre des fluides corporels. Au 17e et 18e siècle, l’intérêt pour la musique comme outil thérapeutique se développe en Europe. Des médecins comme Athanasius Kircher et Robert Burton étudient les effets de la musique sur l’humeur et la santé mentale. Cependant, c’est au 20e siècle, particulièrement après la Première et la Seconde Guerre mondiale, que la musicothérapie prend un essor significatif. Les musicothérapeutes commencent à travailler avec des soldats souffrant de troubles de stress post-traumatique, observant des améliorations notables.
Dans les années 1950, les premiers programmes universitaires en musicothérapie apparaissent. Elle s’est diversifiée avec des influences culturelles variées, intégrant des approches de médecine orientale et occidentale.
Aujourd’hui, la musicothérapie est reconnue mondialement, soutenue par des recherches scientifiques validant son efficacité.
La Musicothérapie : tout savoir sur l’histoire et les origines de la musicothérapie de l’antiquité à aujourd’hui.
La Musicothérapie dans l’Antiquité
Chez les Grecs
Dans la Grèce antique, la musique était perçue non seulement comme un art mais aussi comme une science, étroitement liée aux domaines des mathématiques, de la physique et de la médecine. Cette approche holistique reflète la croyance grecque dans l’harmonie et l’ordre du cosmos, où la musique jouait un rôle central.
Hippocrate, le célèbre médecin du Ve siècle av. J.-C., a réalisé une synthèse remarquable des connaissances médicales de son époque. Le Corpus hippocratique, bien que pas exclusivement écrit par des médecins, inclut des références à la médecine. Aristote, dans son œuvre “Politique”, identifie trois catégories de professionnels compétents pour discuter de médecine : le praticien, le professeur savant, et l’homme cultivé ayant étudié la médecine. Cette classification illustre la diversité des approches médicales de l’époque, y compris la musicothérapie.
Les Grecs anciens avaient déjà des pratiques ressemblant à la musicothérapie. Ils utilisaient différents instruments, rythmes et sons pour influencer l’humeur et les émotions. En fonction de l’affliction, ils choisissaient des instruments comme l’aulos, aux sonorités extatiques, ou la lyre, pour ses tonalités douces et harmonieuses.
Pythagore et ses disciples croyaient que tout dans l’univers était composé de nombres et de figures mathématiques, y compris la musique. Ils ont conceptualisé l’idée d’une “musique des sphères”, une harmonie générée par les mouvements célestes. Cette vision a conduit à l’élaboration d’une forme de musicothérapie pythagoricienne visant à aligner l’humanité avec l’harmonie des sphères célestes.
Les anciens Grecs croyaient que la musique possédait des pouvoirs remarquables sur l’âme. Leur analyse des modes musicaux (tels que dorien, ionien, phrygien) était détaillée, attribuant à chaque mode un caractère moral spécifique, influençant l’humeur et le comportement.
La musique avait une place essentielle dans l’éducation des jeunes Grecs, considérée comme indispensable à la formation du caractère. Platon et Aristote ont beaucoup écrit sur l’influence de la musique sur les passions et la moralité, insistant sur l’importance de choisir soigneusement la musique pour son impact sur l’individu et la société.
Platon et Aristote préconisaient que l’éducation musicale devrait être une affaire d’État, réglementée pour préserver la morale. Ils s’inspiraient de l’Égypte, où les chants étaient fixés par des lois. Cette vision de la musique comme outil régulateur de la société souligne son lien étroit avec les pratiques religieuses et la croyance dans son pouvoir transcendant.
Chez les Hébreux
Les Hébreux, un ancien peuple sémitique du Proche-Orient, tirent leur nom de l’hébreu “Ivri” (עברי), passé par le grec ancien Ἑϐραῖοι (Hebraioi) et le latin Hebraei. Ce peuple a marqué l’histoire par son adoption du monothéisme, une conception religieuse se distinguant nettement du polythéisme et des pratiques magiques répandues à l’époque. Dans leur culture, la musicothérapie occupait une place notable, comme en témoigne l’histoire biblique de David jouant de la cithare pour apaiser les troubles de l’esprit du roi Saül. Cette pratique ancienne illustre l’importance de la musique dans la vie spirituelle et thérapeutique des Hébreux.
L’histoire de David et Saül est un exemple emblématique : après avoir calmé Saül par sa musique, David retourne à sa vie de berger, puis rejoint l’armée d’Israël pour affronter les Philistins. Son triomphe sur Goliath, le champion philistin, marque un tournant, entraînant la victoire des hommes de Saül mais également le début de la jalousie du roi envers David. Au fil du temps, la culture hébraïque s’est enrichie d’influences grecques, notamment durant les périodes hellénistique et romaine. Cette assimilation culturelle a non seulement permis de préserver et de transmettre les aspects de la culture grecque, mais a également joué un rôle crucial dans la diffusion de cette dernière auprès des Arabes, contribuant ainsi à l’évolution du patrimoine culturel et intellectuel mondial.
En Chine
Bien avant notre ère, les Chinois avaient déjà développé une compréhension avancée de la musicothérapie, ayant identifié une centaine de formes différentes dès le 5ème siècle av. J.-C. Selon l’ethnomusicologue François Picard, la musique en Chine est perçue comme une résonance, une réponse spontanée et naturelle qui établit un lien harmonieux entre l’homme, le ciel et la terre. Cette vision met en lumière le rôle du son et de la musique dans la culture chinoise, où elle est vue comme un élément fondamental de l’harmonie universelle.
Dans cette ancienne sagesse, il était cru que chaque organe interne du corps humain possédait son propre rythme et donc vibrerait à une fréquence sonore particulière. Ces croyances ont conduit à l’association de six sons spécifiques, nommés Chui, Hu, Xi, Ke, Xu et Xia, avec différents organes.
Au cours de la dynastie Tang (618-907), la théorie des cinq éléments – bois, feu, terre, métal, et eau – a été intégrée à cette approche de la musicothérapie. Chaque élément était associé à une note spécifique du système pentatonique chinois : Júe (mi) pour le bois, Zhǐ (sol) pour le feu, Gōng (do) pour la terre, Shāng (ré) pour le métal, et Yù (la) pour l’eau. Ces associations n’étaient pas arbitraires, mais reflétaient les sons de la nature et leurs correspondances saisonnières et organiques. Par exemple, la note Do, associée aux organes cœur et intestin grêle, correspondait également à l’élément feu et à l’été.
La sélection des notes était basée non pas sur leur nom, mais sur leur timbre et leur fréquence, qui étaient censés influencer spécifiquement certains organes. Les sons graves étaient associés à la résonance dans l’abdomen et les organes correspondants, tandis que les sons aigus affectaient la région de la tête. Cette approche holistique démontre l’intégration profonde de la musique dans la compréhension chinoise de la santé et du bien-être, reliant le monde naturel à la physiologie humaine d’une manière unique et raffinée.
En Islam
Durant l’âge d’or de la civilisation islamique, plusieurs éminents savants et médecins ont exploré et appliqué la musicothérapie dans le traitement des maladies. Des figures telles que Zekeriya Er-Razi (854-932), Al-Farabi (870-950), et Avicenne (980-1037) ont été pionniers dans l’intégration de la musique dans la pratique médicale.
Al-Farabi, en particulier, a étudié en profondeur les effets psychologiques de différents modes musicaux, ou makams, de la musique turque. Il a classé ces makams selon leurs impacts émotionnels spécifiques sur l’âme humaine. Par exemple, il associait Rast au confort, Saba au courage, et Hicaz à l’humilité. Neva était relié au contentement, Uşşak au rire, et Hüseyni à la quiétude. D’autres makams, tels que Buselik, Isfahan, Rehavi, Kuçek, Büzürk et Zirgüle, étaient respectivement associés à la force, la confiance, une sensation d’éternité, la tristesse, la peur et le sommeil.
Avicenne, de son côté, a souligné l’importance cruciale du son dans l’expérience humaine. Il considérait que chaque son et mélodie, composés dans une disposition harmonieuse, exerçait un effet profond sur l’âme. Selon lui, l’impact du son était amplifié par l’intervention artistique humaine.
Jusqu’au XVIIIe siècle, les médecins ottomans et seldjoukides ont continué à utiliser la musicothérapie dans le traitement des troubles psychologiques, perpétuant ainsi une tradition ancienne. Cette pratique souligne l’importance accordée à la musique non seulement comme forme d’art, mais aussi comme outil thérapeutique influençant l’état psychologique et émotionnel. Cette perspective historique révèle une compréhension avancée de l’interaction entre la musique, l’esprit et le corps, une vision qui reste pertinente dans la musicothérapie contemporaine.
Moyen-Âge et Renaissance
Johannes Tinctoris, musicien et théoricien renommé, a marqué l’histoire de la musicothérapie par son œuvre “Efectum Musices”, où il explore les effets de la musique sur les personnes. Dans un contexte artistique, le peintre Hugo van der Goes est un exemple notable de l’utilisation thérapeutique de la musique, ayant bénéficié de ses bienfaits pour son traitement.
Au Maroc, la tradition Gnaoua, connue pour ses rituels musicaux et ses chants spirituels, reflète l’importance culturelle de la musique dans les pratiques de guérison et de bien-être. Cette tradition illustre comment la musique et le rythme sont utilisés pour influencer l’état émotionnel et psychologique.
En Europe, la musicothérapie a fait l’objet de recherches approfondies dans de nombreux instituts. L’Institut Karajan à Salzbourg, par exemple, se concentre sur l’étude des effets physiologiques de la musique. À Paris, l’ARATP (Association de Recherche et d’Application des Techniques Psychomusicales) et l’institut Émile Jaques-Dalcroze à Genève, fondé en 1915, jouent un rôle clé dans l’avancement de cette discipline.
En France, Jacques Jost, ingénieur du son, a été un pionnier de la musicothérapie dès 1954. Il a collaboré avec le Laboratoire d’Encéphalographie de la Clinique des Maladies Mentales et de l’Encéphale à Paris, menant des recherches sur les liens entre les émotions et la musique. Ses travaux ont inclus un programme d’écoutes musicales sur la radio, en partenariat avec un directeur de Radio France. Jost a également développé un test de réceptivité musicale utilisé en musicothérapie. Le premier congrès mondial de musicothérapie s’est tenu en France en 1974, à l’Hôpital de la Salpêtrière.
Avant Jost, d’autres figures en France ont contribué à la musicothérapie, comme le compositeur Hervé, Louis-Auguste-Florimond Ronger (1825-1892), et Georges Quertant (1894-1964), un adepte de la mélothérapie et neuropédagogue.
Plus récemment, en 2020, la violoncelliste Claire Oppert a publié “Le Pansement Schubert”, un récit démontrant les effets positifs de la musicothérapie auprès de divers groupes, y compris des enfants autistes, des personnes âgées en EHPAD, et des patients en fin de vie. Ce livre souligne l’impact profond et la portée de la musicothérapie dans des contextes variés, démontrant son efficacité et son potentiel dans le domaine du soin et du bien-être.