Les violons Hardanger sont richement décorés de peintures ornementales et de sculptures. Des incrustations de nacre et des dessins noirs à la plume ornent les parties boisées. Sa volute, sise à l’extrémité haute du violon, représente le plus souvent une tête d’animal, notamment celle d’un lion. Elle peut également se parer d’une tête humaine. Ces décorations varient selon la région où l’instrument est fabriqué et suivant le luthier qui le conçoit.
L’histoire et l’origine du violon Hardanger
L’histoire du violon Hardanger est bien connue, mais son origine est sujette à de nombreuses controverses. Selon certaines opinions, il est issu de la vielle à roue, un instrument qui date du Moyen Âge. D’autres avancent qu’il serait une adaptation locale de la vielle à roue. De nouvelles théories prétendent que l’hardingfele proviendrait de l’influence des violons baroques, introduits en Norvège.
Cet instrument de musique à cordes est apparu au milieu du XVIIe siècle, dans la région de Hardanger (dans le sud-ouest de la Norvège), d’où son appellation. Il est bel et bien inspiré du violon traditionnel. Le modèle le plus ancien a été inventé par Ole Jonsen Jaastad en 1951. Plus tard, Isaac Nilssen Botnen s’est lancé dans la fabrication d’un instrument plus amélioré avec un nombre variable de cordes, allant de deux jusqu’à six. Celui-ci est considéré comme le constructeur du hardingfele moderne. Jusqu’à aujourd’hui, les modèles qu’il a conçus figurent parmi les plus prisés et les plus recherchés.
Au fil du temps, ce violon s’est largement popularisé dans les autres régions du pays, dont Numedal, Telemark, Hallingdal, Setesdal, Valdres et plus loin Sunnmore et Vestlandet.
L’engouement pour ce dernier a continué jusque dans les années 90. Depuis, l’intérêt pour le Hardanger fiddle n’a cessé de s’amplifier, stimulé par les innombrables progrès techniques. Effectivement, il répond aux besoins et aux exigences des violonistes passionnés.
La place du violon Hardanger dans la culture
Le violon Hardanger est une pièce maîtresse de la musique folklorique norvégienne. Il intervient dans des contextes variés, dont les célébrations festives, les danses traditionnelles (polka, gangar, rull, halling, vals, pols, masurka reinlender) et les événements sociaux. Grâce à ses nombreuses évolutions et adaptations au fil des années, il est présent dans une multitude de genres musicaux modernes.
Il a inspiré de nombreux compositeurs contemporains qui l’ont intégré dans leurs œuvres. Parmi eux, on peut citer Johan Kvandal et Geirr Tveitt. La contribution de l’organiste, ethnomusicologue et éditeur de musique, Eivind Groven, a enrichi le paysage musical. Par ailleurs, la chanteuse norvégienne Kirsten Marie Bråten Berg a incorporé ce violon dans ses créations, ajoutant ainsi une dimension ethnique et traditionnelle à l’ensemble.
Le joueur Caoimhín Ó Raghallaigh est tombé amoureux du Hardingfele et a participé à son essor dans la musique traditionnelle irlandaise. Il est connu pour avoir créé un jeu au fiddle, utilisant les doubles cordes. Le son obtenu est similaire à celui d’un bourdon, rappelant la sonorité du uilleann pipes (cornemuse irlandaise).
Tuva Syvertsen, violoniste norvégienne, a largement utilisé cet instrument de musique dans ses compositions. Polyvalente, elle chante et joue de l’accordéon à la fois.
Le compositeur américain de film, Howard Leslie Shore, a utilisé le son unique du hardingfele dans sa bande sonore afin d’évoquer une ambiance historique. La présence du violon Hardenger souligne une atmosphère particulière. La musique de la trilogie cinématographique du Seigneur des Anneaux le met également à l’honneur.
Des artistes comme Ragnhild Hemsing ont révolutionné l’usage du Hardanger fiddle dans des festivals de grande renommée tels que le Festival Montréal Baroque. Associés, le violon baroque et cet instrument à cordes enrichissent un programme constitué de folklores nordiques, de Marais, de Lully et de Handel.