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Vînâ 

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Caractéristiques de la Vînâ

  • Classification : Instrument à cordes pincées
  • Pays d’origine : Inde
  • Matériaux : bois, acier ou bronze (cordes)
  • Tessiture : quatre octaves et demie (sarasvati)
  • Genre de musique : classique hindoustanie, classique carnatique, dhrupad
  • Musiciens célèbres : Zia Mohiuddin Dagar (1929-1990), Asad Ali Khan (1937-2011), Gopal Shankar Misra (1957-1999), Bahauddin Dagar (né en 1970)
  • Chanson emblématique : Raag Malkauns de Zia Mohiuddin Dagar et Zia Fariduddin Dagar (1968), Raga Yaman de Zia Mohiuddin Dagar (1990), La tradition du dhrupad à la rudravina 1 de Bahauddin Dagar (1994), Raga Miyan Ki Todi d’Asad Ali Khan (2005)

Tout savoir sur la vînâ : ses caractéristiques, son historique, son fonctionnement, sa place dans la musique, son apprentissage, son entretien et son choix

La vînâ, vīṇā en sanskrit ou veena en anglais, représente un ensemble d’instruments à cordes originaire du sous-continent indien. Elle se divise en deux principales familles : la rudra veena dans le nord et la sarasvati veena dans le sud. Son existence remonte au IIe siècle, mais elle a évolué au fil du temps. Ces changements ont donné lieu au luth, à la cithare et à la harpe arquée. Le terme « veena » est inclus dans tous les noms de ces variantes. »

Description du vînâ

La rudra veena est une cithare sur bâton longue de 1 à 1,2 m, avec un corps creux et deux résonateurs en forme de gourde. Son manche rond comporte 22 à 24 frettes. Cet instrument est principalement utilisé dans la musique classique hindoustanie. Elle est équipée de quatre cordes mélodiques et de trois de bourdon, jouée à l’aide d’un plectre.

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En contraste, la sarasvati veena est prééminente dans la musique carnatique classique. Elle ressemble à un luth à long manche avec une caisse de résonance en bois en forme de poire. Ce dispositif musical possède 24 frettes, quatre cordes mélodiques et trois cordes de bourdon.

D’autres variantes incluent la mohan, une création hybride de Vishwa Mohan Bhatt inspirée de la guitare hawaïenne et le mayuri qui prend la forme d’un paon. Les veenas sans frettes, comme le vichitra et le chitra ou gottuvadhyam, offrent une sonorité proche de la voix humaine.

Des adaptations dans la musique musulmane indienne ont aussi vu le jour : le sitar et sa version basse, le surbahar. Le premier terme signifie « trois cordes » en persan. D’autres membres, historiques et régionaux, illustrent la diversité de la famille : l’ālāpiṇī, le bobbili et le kachapi.

Origines et histoire de la vînâ

L’origine du mot remonte à vana, un terme qui englobait tous les instruments à cordes dans les premiers textes sanskrits.

La vînâ est reconnue comme l’un des plus anciens instruments de musique de l’Inde. Elle est documentée dès le premier millénaire avant notre ère dans des ouvrages sacrés tels que le Rigveda et le Samaveda. Des représentations de Narada dans certains écrits anciens marque son indispensabilité dans la musique indienne traditionnelle. Elle est renforcée par des illustrations de la déesse Sarasvati, jouant de la veena, datant du VIe siècle de notre ère.

Les textes sacrés tels que le Mahabharata et le Natya Sastra mentionnent la harpe arquée ou Yazh comme l’une de ses ancêtres. Elle a été supplantée par les cithares sur bâton. Les modifications apportées à l’arc, telles que l’utilisation de chevilles pour tendre les cordes, ont mené à leur évolution. Le tuila, un instrument originaire de l’État de l’Orissa, est un exemple encore présent de cette transition. La rudra est connue comme une transformation de cette dernière à partir du IIe siècle avant J.-C, associée à la mythologie de Shiva. Vers le Xe siècle, elle s’est standardisée avec sept cordes et 24 frettes.

D’autres variations ont aussi été notées. Le sarod, d’origine afghane, a été enrichi par l’ajout de cordes sympathiques et d’un résonateur supérieur en arrivant en Inde. ileur a subi de nouvelles adaptations significatives au XVIIe siècle sous le règne de Raghunath Nayak à Thanjavur.

Le système des 72 modes fondamentaux de la musique carnatique a été exposé par le poète Venkatamakhin. Il est directement lié à l’invention de la veena moderne, facilitant la précision de leur interprétation.

Avec l’évolution technologique, la vînâ a également connu des versions électrifiées depuis les années 1980. Son corps est doté des microphones de contact ou des capteurs magnétiques pour amplifier le son. Les innovations récentes incluent un numérique équipé d’amplificateurs intégrés, de haut-parleurs, et de tamburas électroniques. Elles offrent une flexibilité accrue dans la gestion du volume et la possibilité d’ajuster les frettes.

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La vînâ dans la culture

L’interaction entre les cultures et les créations musicales a été cruciale dans l’évolution des instruments indiens. La vînâ tire son origine de ces processus d’hybridation et d’assimilation culturelle. Elle symbolise la divinité dans l’hindouisme, en particulier à travers l’iconographie de Sarasvati, déesse des arts et du savoir.

La tradition de la veena a engendré une multitude d’artistes. Parmi eux, figurent Meera Krishnan, Asit Kumar Banerjee, Siddhartha Banerjee et Aswathi Thirunal Rama Varma. N. Ravikiran joue principalement de la gottuvadhyam, une version rare sans frette.

Zia Mohiuddin Dagar était un maître éminent du dhrupad, émergeant d’une lignée familiale de chanteurs de la cour d’Udaipur. Il a innové dans le domaine de la rudra en l’introduisant comme instrument solo. Il a engendré des modifications qui rapprochaient son jeu de celui de la voix chantée.

Son fils, Bahauddin Dagar, poursuit l’héritage avec un profond respect pour la tradition et l’enseignement reçu de son père. Il y apporte tout de même sa touche personnelle et inventive.

Asad Ali Khan est issu d’une famille de Jaipur spécialisée dans le dhrupad. Il a enrichi sa pratique de la rudra avec des influences variées, notamment celles de la musique carnatique.

Gopal Shankar Misra est reconnu comme joueur de sitar, mais également de vichitra.

Fonctionnement de la vînâ

La vînâ permet une expérience de jeu unique grâce à sa conception et à ses caractéristiques distinctives. Ses cordes sont fixées d’un côté aux chevilles d’accord et de l’autre au chevalet. Cette position permet aux musiciens d’ajuster finement la tension des cordes pour atteindre la hauteur de note désirée.

Comment c’est fait ?

La lutherie de la vînâ diffère selon le type et la région.

La rudra est composée d’une tige centrale en bambou de 8 cm de diamètre et de 125 cm de longueur. Deux grands résonateurs sphériques faits de courges séchées y sont attachés, de part et d’autre, mesurant entre 50 et 70 cm de diamètre. Dotée de 24 frettes métalliques hautes, la rudra permet une grande variété de modulations microtonales et d’effets de glissando. Elle est équipée de 7 à 9 cordes réparties entre cordes mélodiques, rythmiques et un bourdon. L’instrument peut être simplement construit ou richement décoré avec des sculptures et des incrustations précieuses.

La vichitra est une version sans frettes, caractérisée par un corps en bois semi-cylindrique évidé. Elle est similaire au gotuvadyam de la tradition musicale du sud de l’Inde et est actuellement menacée de disparition.

La sarasvati ressemble à un grand luth avec une caisse de résonance en bois robuste. Le manche est orné à ses extrémités par une calebasse et une sculpture représentant une tête de dragon. Les 24 frettes de cuivre, très incurvées, y sont fixées, permettant une gamme étendue sur trois octaves et demie. Elle comporte 7 cordes d’acier, divisées en cordes de jeu et de bourdon, et n’inclut pas de cordes sympathiques.

Les conceptions modernes peuvent intégrer des matériaux comme la fibre de verre pour remplacer le bois et les courges.

Comment en jouer ?

Chacune des formes possède des propriétés et des techniques de jeu distinctes. Elles contribuent à leur sonorité unique et à leur capacité à interpréter le répertoire traditionnel indien, notamment le dhrupad.

Les méthodes de jeu varient entre la main droite et gauche, reflétant les caractéristiques des ragas et leurs ornements. 

MainTechniquesPrincipes
DroiteGotiPincement descendant avec l’index et le majeur
ValiPlumaison vers le haut avec un doigt, généralement l’index ou le majeur
KatriProduction d’un double son en pinçant rapidement deux cordes successivement
KutaPincement des cordes avec l’ongle du doigt, généralement le pouce, pour un son plus doux
GauchePortamentoGlissement d’une case à l’autre au lieu de soulever les doigts, reliant ainsi les notes
Tirer vers le hautDéplacement d’une position inférieure de frette à une position supérieure pour lier les sons
Pincement et arrêtPincement et retrait du doigt gauche tout en le maintenant sur la corde.

Les premières veenas de l’époque Gupta étaient des harpes arquées jouées avec les cordes parallèles au corps du musicien. Elles étaient illustrées sur les pièces d’or de Samudragupta.

Le jeu de la rudra s’effectue soit à l’horizontale, posée sur le genou gauche du musicien assis par terre, soit à la verticale, reposée sur son épaule gauche. Deux ou trois onglets métalliques ou mezrab se trouvent sur les doigts de la main droite. Ils permettent une réalisation précise des notes et des modulations. Cet instrument est indispensable dans l’exécution du dhrupad, suivant une structure codifiée comprenant l’alaap, jhor et jhala.

La vichitra se joue à l’horizontale devant le musicien. La main droite manipule deux onglets métalliques pour pincer les cordes. La gauche glisse une pierre de marbre ou une sphère de verre sur ces dernières.

L’instrumentiste place la sarasvati sur son genou gauche ou devant la poitrine, soutenu par l’épaule gauche. La main droite, munie d’onglets, pince les cordes.

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Comment la musique est-elle conservée ?

Sa notation s’appuie sur un système appelé sargam, basé sur les initiales des noms des notes dans la gamme indienne. Il offre une approche simplifiée, mais efficace pour la transcription musicale. Il peut être enrichi par des signes supplémentaires pour indiquer l’octave, le rythme, ou le cycle du tala. Toutefois, sa précision est limitée, ce qui le rend plus adapté comme aide-mémoire dans le contexte d’une tradition majoritairement orale.

NotesCorrespondance occidentale
Sado
Ri
Gami
Mafa
Pasol
Dhala
Nisi

Des efforts ont été faits pour affiner cette technique de notation, en particulier par Subbarama Dikshitar et Vidya Shankar. Ces compositeurs ont tenté de codifier les ornements musicaux ou gamakas, essentiels à l’expression dans la musique carnatique. Cependant, les définitions variées et parfois contradictoires entre ces auteurs ont introduit une certaine confusion.

L’emploi de la notation occidentale a également été explorée pour transcrire ce genre de musique. Des instrumentistes et chercheurs comme Karaikudi S. Subramanian ont développé des méthodes de notation plus complexes. Ils combinent différents systèmes pour capturer avec précision la richesse mélodique de la veena.

Ces méthodes avancées sont souvent compliquées pour une utilisation générale. Elles servent davantage à l’analyse musicale qu’à l’apprentissage ou à la performance.

Réglage et entretien de la vînâ

L’accordage est une étape cruciale pour garantir la qualité de son et la justesse du jeu. Il s’effectue à l’aide des chevilles situées sur le côté : deux au bout du manche et trois sous les frettes. L’utilisation d’un accordeur facilite la recherche de la fréquence correcte pour chaque corde pendant le réglage. Une autre méthode implique l’emploi d’un pitch pipe ou une boîte Shruti pour un ajustement auditif.

Les quatre cordes principales sont attribuées dans l’ordre, avec la première sur le do et les suivantes ajustées pour convenir à la gamme. Les cordes Tal représentent la hauteur tonale. Ils sont accordés en mi grave, si, et mi supérieur pour former la base de la hauteur choisie.

L’entretien de l’instrument englobe son nettoyage, sa maintenance et son rangement régulier. L’utilisation d’un pinceau ou un tissu doux est approprié pour récurer les motifs et entre les cordes. De l’huile sera appliquée sur ces dernières et le bois une fois par semaine. Le lieu de son rangement doit se faire dans un endroit sec, à l’abri du soleil direct, pour éviter d’endommager le matériau.

Pour un usage régulier, un changement trimestriel de cordes ainsi qu’une vérification constante de fissures sont recommandés. Une révision générale, tous les trois ans, et le remplacement du mélam, tous les deux ans, sont conseillés.

Apprentissage de la vînâ

Pour s’initier au vînâ, des stages d’immersion existent. Leurs buts sont d’apprendre le chant selon les méthodes traditionnelles de Purandara Dasa, un pionnier de la pédagogie musicale en Inde du XVe siècle.

Le programme introduit les principes de la musique carnatique et les notes indiennes, en initiant aux talas et aux gamakas. Il fait découvrir les ragas et la différenciation entre la musique du nord et celle du sud.

Les cours en ligne constituent une autre méthode de formation. Des professeurs qualifiés offrent l’opportunité d’apprendre cet instrument traditionnel indien de manière personnalisée et à distance. Elle est adaptée à tous les âges et à tous les profils.

Apprendre le veena en autodidacte est également une façon ludique de l’assimiler. Internet regorge de ressources infinies de documents et de vidéos.

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Choix de la vînâ

En général, le choix de la vînâ dépend des finances de chacun. Pour un petit budget, une personne peut obtenir un instrument d’occasion, vendu chez des antiquaires. Il convient à ceux qui veulent une qualité sonore mûrie sans dépenser une fortune. Les vînâs en fibre, pour le résonateur principal, entrent également dans cette tranche. Bien que légèrement plus lourdes et fragiles, elles représentent une option économique pour les débutants. La planche supérieure est faite en bois de jacquier.

Le Tanjore se distingue par ses caractéristiques et sa sonorité exceptionnelle, avec un budget moyennement élevé. Les tarifs varient selon les détails et les sculptures. Au sommet de la sélection de prix se trouve l’ekanta, taillé dans un seul bloc de bois.

Les veenas plus anciennes sont souvent privilégiées par rapport aux récentes. En effet, leur qualité sonore s’améliore avec le temps et l’utilisation.

France minéraux propose une variété de modèles de vînâ de qualité, qui facilite la sélection. Ils sont adaptés à tous les profils que ce soit pour une utilisation professionnelle ou pour l’apprentissage.

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