Dans les théâtres radiophoniques ou les émissions culturelles de l’île, les sons de cet instrument sont communément utilisés comme des respirations, des ponctuations et des interludes. Dans les fêtes en tous genres, l’afindrafindrao, danse traditionnelle d’ouverture des cérémonies malgaches, est généralement accompagnée par les notes de cet instrument.
Comment fonctionne le valiha ?
Les deux types de valiha, à cordes végétales et métalliques, présentent sensiblement les mêmes fonctionnements. En revanche, une différence notable se situe au niveau de leurs sonagrammes. Le son est bref, avec une attaque franche et un spectre harmonique maximal de 8 KHz, pour la variante idiocorde. Quant au modèle hétérocorde, il se révèle à la fois stable et net au démarrage, avec une hauteur spectrale jusqu’à 16 KHz.
Comment est-il fabriqué ?
Traditionnellement, le valiha est confectionné à partir d’un segment de bambou, dont les nœuds à l’extrémité sont fermés. Les artisans privilégient les espèces qui poussent dans l’eau, car celles, cultivées sur sol, des Hautes Terres centrales sont surtout destinées à la fabrication des meubles. La longueur du tube influe également sur la tonalité. Un valiha courte émet un son aigu, et une longue diffuse une tonalité plus grave.
Il est possible de choisir un tronc avec plusieurs nœuds pour obtenir un long corps. Les artisans maîtrisent les techniques pour creuser et enlever les nœuds intermédiaires, ne gardant que ceux des extrémités.
Bien que la forme la plus courante de cet instrument soit tubulaire, il existe également des modèles rectangulaires, légèrement aplatis. Le marovany, plus répandu dans le Sud de Madagascar, en est un exemple. Ce dernier est fabriqué en bois, tandis que les cordes sont placées de manière opposée sur les côtés larges de la caisse de résonance.
Le nombre de cordes varie selon la taille de l’instrument, bien que la moyenne soit de 18. Il s’agit généralement de câbles de frein arrière de vélo, tendus autour du tube. Ils sont disposés en paire de deux ayant la même tonalité, et sont fixés à l’extrémité. Les clous de fixation sont dissimulés sous un cuir de zébu.
Comment en jouer ?
Grâce à la légèreté du bambou, le valiha peut être joué aussi bien assis que debout. Il est possible de le caler sous le bras ou de le poser sur le genou. Les mains sont ainsi libres pour pincer les cordes avec les doigts. En Chine et en ex-Yougoslavie, différentes techniques d’attaque sont employées, comme le frappé ou le gratté des cordes avec des baguettes. À Madagascar, la pratique la plus courante reste le pincement. En utilisant la pulpe des doigts, le son obtenu révèle une intensité douce. Avec l’ongle, la sonorité s’avère plus vive.
Les cordes du valiha sont placées en alternance, sur deux octaves, suivant une gamme diatonique. Les cordes voisines produisent des sons de tierces ascendantes. Généralement, cet instrument est accordé en do, donné à partir de la première corde à droite de la fente. Celle de gauche est le ré, puis la deuxième corde à droite est le mi, et ainsi de suite.
Dans l’art du jeu proprement dit, une multitude de techniques ont vu le jour. Certains musiciens alternent les mains, d’autres utilisent des arpèges pour créer une illusion d’accord. Le timbre offre également de nombreuses possibilités. Le choix des câbles de frein métalliques s’explique par les effets de jeu qu’ils permettent en termes d’intensité, de hauteur et de durée. Par ailleurs, le son émis par la corde diffère selon l’endroit où elle est pincée, même s’il reste dans la même tonalité. Autrement dit, le contenu spectral varie selon que l’attaque se fait en haut, en bas ou au milieu.