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Valiha

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Caractéristiques du valiha

  • Classification : instrument à cordes
  • Pays d’origine : Asie du Sud-est
  • Matériaux : bambou
  • Tessiture : variable en fonction du nombre de cordes
  • Genre de musique : traditionnel
  • Musiciens célèbres : Rajery, Justin Vali, Donné Andriambaliha, Ratovo Valiha, Linda Volahasiniaina
  • Chanson emblématique : Afindrafindrao

Tout savoir sur la valiha : ses caractéristiques, son histoire, sa place dans la culture, son fonctionnement, son réglage, son apprentissage et son achat

De la famille des instruments à cordes, le valiha représente un emblème culturel de Madagascar. Confectionné en bambou, ce genre de cithare produit du son, grâce à la vibration de ses cordes. Il se décline en une multitude de variantes, et existe dans d’autres régions du monde, telles qu’en ex-Yougoslavie ou en Chine.

Quelles sont les caractéristiques du valiha ?

De forme cylindrique ou tubulaire, le valiha mesure entre 46 et 130 cm de long. Le corps de l’instrument sert de caisse de résonance et de table d’harmonie. Les nœuds aux extrémités du segment de bambou sont fermés et non percés. Une longue fente sur la longueur joue le rôle de l’ouïe.

Dans sa version hétérocorde, cet instrument de musique traditionnel malgache est muni d’une dizaine de cordes en métal ou en acier, généralement entre 16 et 18. Elles sont posées sur de petits chevalets fixes et amovibles, donnant la possibilité d’accorder les notes de base à travers la longueur vibrante. Quant aux anciens modèles, ils sont idiocordes. Les fibres longitudinales de l’écorce ont été décollées, sans être détachées, pour faire office de cordes.

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Ces deux variantes produisent des sons distincts, notamment en termes de timbre. Les cordes végétales émettent une sonorité inharmonique avec une répartition de l’énergie dans les graves. Les cordes métalliques produisent un spectre harmonique avec une répartition équilibrée de l’énergie. La sonorité est sensiblement la même que celle d’une cithare, et évoque une atmosphère romantique et nostalgique.

Bien que des recherches sur des versions électriques aient été menées, elles n’ont pas été très concluantes. En effet, l’électrification affecte de manière significative les caractéristiques organologiques de cet instrument, principalement son côté romantique et intimiste.

Quelles sont ses origines et son histoire ?

Le valiha, originaire d’Asie du Sud-est, a été introduit à Madagascar autour du XIe siècle. Bien que sa popularité ait commencé dans la région des Hautes Terres centrales, l’Imerina, il s’est répandu dans tout le pays. Il est désigné par différentes appellations, dont les plus connues sont betoroky, vadiha ainsi que marovany. Les chercheurs ont identifié une trentaine de factures et de techniques de jeu chez les musiciens de l’Imerina. Ces diverses pratiques résultent des transformations observées au sein de la société. Certaines qualifient les cordes selon leur matière de fabrication et leurs modalités d’accords, entre autres. D’autres servent à qualifier le résonateur, par rapport au matériau et aux formes.

Dans la Grande île de l’océan Indien, les cordes sont traditionnellement pincées pour produire des sons. Dans les autres pays, comme la Chine ou l’ex-Yougoslavie (l’actuel Serbie-et-Monténégro), la technique de jeu est particulière sur des instruments similaires. En effet, les musiciens de ces parties du monde jouent en frottant ou en frappant les cordes avec des baguettes. Par leurs origines malayo-polynésiennes, les ancêtres de ce type de cithare existent en Philippines, en Malaisie et dans la péninsule indochinoise. L’instrument y est surtout ancré dans le quotidien des populations des montagnes.

Historiquement, le valiha malgache a connu quatre grandes périodes. La première l’inscrit dans un contexte traditionnel, où il est utilisé dans les rites ancestraux. La seconde le situe dans un cadre monarchique, où il a acquis une place de choix à la Cour. Il a également gagné en prestige auprès des nobles. À cette même période, ce type de cithare fait son entrée à l’église pour accompagner les cultes religieux. Puis, les missionnaires l’ont délaissé au profit d’instruments européens. En dernier lieu, les troisième et quatrième périodes ont vu son introduction dans la société moderne malgache.

Aujourd’hui, le valiha figure parmi les éléments musicaux identitaires et emblématiques de Madagascar. Son apprentissage et sa transmission se sont effectués de manière orale. Sa pratique s’est ancrée dans la culture du pays, étendant son usage dans les cérémonies jusque dans la vie quotidienne. En effet, il n’est pas rare d’entendre ses notes vibrantes dans les moments de détente. Il est joué pendant les fêtes, dans les restaurants et lors des événements de toute sorte.

Par ailleurs, les chercheurs en musique ont également retrouvé des valihas fabriqués en bois ou en tôle. Des modèles à doubles ou triples cordes, à cordes filées ou encore à cordes amorties par un élastique sont apparus vers la fin du XXe siècle. Ils font partie des instruments contemporains.

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Quelle est sa place dans la culture ?

À l’origine, le valiha était utilisé lors de séances de guérison, de rituels de spiritisme ou de danses. La musique servait de lien entre les esprits et les hommes. Cette pratique était répandue de l’Imerina jusqu’au Sud de Madagascar. Progressivement, son utilisation s’est élargie à d’autres types de cérémonies, notamment les mariages traditionnels, la circoncision ou encore le retournement des morts ou exhumation.

Actuellement, ce type de cithare est renommé autant à Madagascar qu’à l’étranger. Parmi les artistes ayant contribué à sa notoriété à l’échelle mondiale figurent Donné Andriambaliha, Ratovo Valiha, Justin Vali, Linda Volahasiniaina, Tao Ravao ou encore Rajery. Le portrait de ce dernier fait l’objet du documentaire « Le prince de la valiha », réalisé par Bertrand Guerry et Thibaut Ras en 2013.

En 1974, le court-métrage « Izaho lokanga, ianao valiha »  s’inspire de Dox, une grande figure de la littérature malgache. Ce film est réalisé par Raymond Rajaonarivelo, un cinéaste malgache internationalement reconnu.

Dans les théâtres radiophoniques ou les émissions culturelles de l’île, les sons de cet instrument sont communément utilisés comme des respirations, des ponctuations et des interludes. Dans les fêtes en tous genres, l’afindrafindrao, danse traditionnelle d’ouverture des cérémonies malgaches, est généralement accompagnée par les notes de cet instrument.

Comment fonctionne le valiha ?

Les deux types de valiha, à cordes végétales et métalliques, présentent sensiblement les mêmes fonctionnements. En revanche, une différence notable se situe au niveau de leurs sonagrammes. Le son est bref, avec une attaque franche et un spectre harmonique maximal de 8 KHz, pour la variante idiocorde. Quant au modèle hétérocorde, il se révèle à la fois stable et net au démarrage, avec une hauteur spectrale jusqu’à 16 KHz.

Comment est-il fabriqué ?

Traditionnellement, le valiha est confectionné à partir d’un segment de bambou, dont les nœuds à l’extrémité sont fermés. Les artisans privilégient les espèces qui poussent dans l’eau, car celles, cultivées sur sol, des Hautes Terres centrales sont surtout destinées à la fabrication des meubles. La longueur du tube influe également sur la tonalité. Un valiha courte émet un son aigu, et une longue diffuse une tonalité plus grave.

Il est possible de choisir un tronc avec plusieurs nœuds pour obtenir un long corps. Les artisans maîtrisent les techniques pour creuser et enlever les nœuds intermédiaires, ne gardant que ceux des extrémités.

Bien que la forme la plus courante de cet instrument soit tubulaire, il existe également des modèles rectangulaires, légèrement aplatis. Le marovany, plus répandu dans le Sud de Madagascar, en est un exemple. Ce dernier est fabriqué en bois, tandis que les cordes sont placées de manière opposée sur les côtés larges de la caisse de résonance.

Le nombre de cordes varie selon la taille de l’instrument, bien que la moyenne soit de 18. Il s’agit généralement de câbles de frein arrière de vélo, tendus autour du tube. Ils sont disposés en paire de deux ayant la même tonalité, et sont fixés à l’extrémité. Les clous de fixation sont dissimulés sous un cuir de zébu.

Comment en jouer ?

Grâce à la légèreté du bambou, le valiha peut être joué aussi bien assis que debout. Il est possible de le caler sous le bras ou de le poser sur le genou. Les mains sont ainsi libres pour pincer les cordes avec les doigts. En Chine et en ex-Yougoslavie, différentes techniques d’attaque sont employées, comme le frappé ou le gratté des cordes avec des baguettes. À Madagascar, la pratique la plus courante reste le pincement. En utilisant la pulpe des doigts, le son obtenu révèle une intensité douce. Avec l’ongle, la sonorité s’avère plus vive.

Les cordes du valiha sont placées en alternance, sur deux octaves, suivant une gamme diatonique. Les cordes voisines produisent des sons de tierces ascendantes. Généralement, cet instrument est accordé en do, donné à partir de la première corde à droite de la fente. Celle de gauche est le , puis la deuxième corde à droite est le mi, et ainsi de suite.

Dans l’art du jeu proprement dit, une multitude de techniques ont vu le jour. Certains musiciens alternent les mains, d’autres utilisent des arpèges pour créer une illusion d’accord. Le timbre offre également de nombreuses possibilités. Le choix des câbles de frein métalliques s’explique par les effets de jeu qu’ils permettent en termes d’intensité, de hauteur et de durée. Par ailleurs, le son émis par la corde diffère selon l’endroit où elle est pincée, même s’il reste dans la même tonalité. Autrement dit, le contenu spectral varie selon que l’attaque se fait en haut, en bas ou au milieu.

Comment la musique est-elle conservée ?

La musique jouée sur le valiha est conservée à l’aide de notation standard. Les partitions et les notes suivent les références classiques du solfège. En revanche, il convient de rappeler que cet instrument de musique est rarement chromatique. Cette nuance influe significativement sur les musiques produites.

Comment régler et entretenir le valiha ?

Cet instrument se joue souvent en accord diatonique. Depuis son introduction à Madagascar, le valiha a également subi maintes transformations, que ce soit au niveau des cordes ou du tuyau lui-même. Ces changements sont à l’origine des modifications de timbre, de hauteur et d’intensité au fil du temps.

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Comment accorder le valiha ?

Les cordes de l’instrument, notamment leur matériaux, influent largement sur les modalités d’accord. Celles en métal sont aisées à régler, car elles donnent la possibilité de stabiliser les fréquences aisément. Toutefois, chaque musicien peut accorder son valiha selon une échelle diatonique. Des microphones de contact sont disposés sur la tête de l’instrument pour amplifier le son qu’il produit.

Cet instrument utilise ainsi un accord diatonique, en plus d’être accordé en tierce. La quinte correspond à la corde placée au milieu de la fente. Pour ajuster les notes, il est nécessaire de déplacer les chevalets amovibles, habituellement de bas en haut.

Comment l’entretenir ?

Le valiha ne supporte pas l’humidité, en raison de sa matière végétale. Par conséquent, il est conseillé de la ranger dans un endroit sec. Cette précaution est d’autant plus importante si les cordes sont en acier. De plus, il est essentiel de la protéger des chocs, car des impacts pourraient entraîner l’apparition de fissures susceptibles d’altérer sa sonorité. Il n’est pas rare de le voir suspendu à un mur, faisant ainsi office de décoration.

Comment et où apprendre du valiha ?

Initialement, l’apprentissage du valiha est transmis oralement, la culture malgache étant basée sur la tradition orale. Les musiciens contemporains ont ensuite recouru à des notes et à des partitions. Actuellement, de nombreuses ressources, telles que tutoriels et vidéos en ligne, sont disponibles sur l’internet pour apprendre à jouer de cet instrument de la famille de la harpe. Les cours en ligne constituent d’excellentes façons pour le maîtriser.

Où en acheter ?

Le site France Minéraux propose une sélection d’instruments de musique, y compris des valihas, dans son catalogue.

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