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Tro

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Caractéristiques du Tro

  • Classification : instrument à cordes
  • Pays d’origine : Cambodge
  • Matériaux : noix de coco, bois dur, carapace de tortue et ivoire (corps) ; peau animale (revêtement) ; soie ou métal (cordes)
  • Tessiture : selon le nombre de cordes
  • Genre de musique : musique traditionnelle khmer et classique
  • Musiciens célèbres : Kong Nay (né en 1946)
  • Chanson emblématique : « Tomnounh Tro Khmer » – Ros Sereysothea

Tout savoir sur le tro : caractéristiques, différents types, historique, place dans la culture, fonctionnement, apprentissage et entretien

Le mot tro désigne des modèles traditionnels de vièles cambodgiennes. Ils sont joués avec un archet et font ainsi partie de la famille des instruments à cordes frottées. Il en existe plusieurs variantes suivant le nombre de ces dernières. Leur usage est courant dans la musique classique de leur pays d’origine. Ces cordophones sont, en effet, utilisés dans divers orchestres typiques du Cambodge.

Caractéristiques du tro

Le tro est une vièle verticale jouée à l’aide d’un archet. Il se divise en trois éléments distincts. Ces derniers sont communs à chaque modèle d’instrument à cordes et à archet traditionnel cambodgien, bien que leur forme et leur taille puissent changer. 

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Le kbal tro

Il correspond à la tête de l’instrument. Sa longueur est d’environ 20 cm. Sa partie supérieure, pouvant être creusée, est équipée d’un crochet permettant de suspendre le cordophone au mur. Cette section comprend les chevilles qui servent à tendre les cordes, dont deux sont placées à droite. Une autre est fixée à gauche pour les instruments à trois fils. Des trous latéraux facilitent leur insertion au niveau de la tête.

Le manche dang ou bampuong kandal

Il est traditionnellement fabriqué à partir de bambou de type russey chen. Cependant, les modèles plus raffinés sont conçus dans du bois de kranhung (espèce appartenant au genre Dalbergia, réservée à la confection d’objets pour le roi), et même en ivoire. Le manche mesure 15 cm de long. Des bagues métalliques l’entourent au niveau des deux extrémités afin de pallier les déformations.

Le rolie tro

Cette partie correspond à la caisse de résonance. Elle est généralement fabriquée en noix de coco ou en bois dur, suivant les types de tros. Sa forme est variable. La table d’harmonie peut être munie d’un revêtement de résonance en peau d’animal. Cette membrane est prélevée sur un veau ou un serpent. Dans le second cas, celle du pramaoy damrei, reptile également appelé « trompe d’éléphant », est privilégiée. Elle a la particularité de résister aux changements de température. Cette matière est collée avec du cyanoacrylate. Autrefois, le produit utilisé était la résine d’anhchei.

Un autre élément de la caisse de résonance est le chevalet yang. Il est taillé dans une pièce en bois. Cette structure peut être amovible afin de préserver la couverture de la table d’harmonie.

Le rolie tro est relié à une pointe, le praluonh tro. Elle est fabriquée dans le même bois que le manche. Un clou y est planté dans le but de fixer les cordes.

Le chhak tro ou archet

Il est confectionné dans le même bois que celui de l’instrument principal. Sa longueur varie autour de 35 à 40 cm, en fonction de celle du crin de cheval qui l’équipe. Cependant, de nos jours, ce dernier est remplacé par des fibres de nylon. 

Types de tros

Dans la grande famille des tros, la plupart des instruments sont équipés de deux cordes. Seul le modèle dit « khmer » en compte trois. Celui-ci partage des caractéristiques communes avec le saw sam sai, originaire de Siam. 

Tro u ou tro ou

Le tro u existe depuis la période « Lungvek » (époque spécifique de l’histoire du Cambodge, située entre 1528 et 1594, pendant laquelle cette ville était la seconde capitale du pays). Son accordage se fait à la quinte (do et sol).

Ce cordophone possède une caisse de résonance en noix de coco. Cette dernière est recouverte de peau de veau ou de serpent sur un côté. Elle peut être agrémentée de gravures sur sa face arrière. Selon le fabricant, différentes matières sont utilisées pour les cordes, comme la soie, le boyau, le métal ou le nylon. Elles sont disposées sur un chevalet en bois ou en bambou.

Le tro ou est joué dans les ensembles mahaori et ayai. Ce dernier orchestre est souvent employé en vue d’interpréter un chant théâtral faisant intervenir en alternance une femme et un homme.

Tro ou chamhieng

Il est exclusivement utilisé par les Chams, un groupe ethnique vivant au Cambodge. Sa facture est inspirée de celle du kanyi, un violon de la tribu Cham du Vietnam. Sa caisse de résonance est fabriquée à partir d’une carapace de tortue. Le tro ou chamhieng est surtout joué dans les ensembles de théâtre, comme celui du Bassac et du yike.

Tro sau ou tro sau thom

Le terme thom se traduit par « grand ». En effet, le tro sau thom est le plus large de cette famille d’instruments. Sa caisse de résonance est cylindrique et mesure 12 cm de hauteur pour 9 cm de diamètre. La longueur de son manche est de 62 cm. Ce type de vièle traditionnelle produit un son plus grave. Ses cordes, métalliques, sont accordées en quinte ( et la). 

Le corps du tro sau thom est fabriqué à partir de bois noir. Il est aussi possible d’utiliser d’autres matériaux comme la carapace de tortue et le bambou creux. Par ailleurs, son usage est courant dans les orchestres de musique classique cambodgienne (mohaori, ayai, kar et arak).

Tro che ou tro chhe

Ce cordophone est le plus petit de toutes les vièles à deux cordes. Son accordage est semblable à celui du tro sau, mais avec une octave au-dessus. Il possède ainsi la tonalité la plus haute. Sa chambre de résonance est cylindrique, avec une longueur de 10 cm et un diamètre compris entre 6,5 et 7 cm. Elle est conçue en ivoire ou en bois dur. La table d’harmonie est recouverte d’une peau de pangolin ou de serpent. Cet instrument est généralement joué au théâtre du Bassac avec le tro ou.

Tro sau toch 

Cette variante est de petite taille. Sa caisse de résonance cylindrique mesure 8 cm de diamètre pour 11,5 cm de hauteur. Les différents éléments sont conçus dans du bois dur. Les cordes, métalliques, sont accordées à la quinte (sol et ). Leur tonalité est plus haute que celle du tro sau thom. Ce modèle de vièle constitue l’instrument principal dans les orchestres de musique classique cambodgiens.

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Tro khmer

Il possède un corps en noix de coco, recouvert de peau de serpent. Sa taille est variable (14 à 16 cm). Le tro khmer se démarque des instruments cités ci-dessus par ses trois cordes métalliques :

  • khse ko, la plus grave ;
  • khse kandal, de tonalité intermédiaire ;
  • khse ek, la plus aiguë.

Les deux dernières sont accordées en quarte, tandis que les graves et les médiums sont en quinte. Les triplets de notes possibles sont : mi – la – ré, la – ré – sol (une octave plus basse que le précédent) et si bémol – fa – si bémol (une octave au-dessus de la première note). Cet instrument sert généralement à interpréter de la musique classique cambodgienne.

Histoire du tro

La découverte du tro n’est pas datée de manière précise. Son apparition au Cambodge a sûrement été influencée par l’introduction du rebab dans les pays voisins. Ce dernier est d’origine arabe et possède une ou deux cordes frottées. Il a été développé à Sumatra et en Malaisie vers le XVe siècle.

Les Khmers considèrent le tro comme étant l’un des plus anciens instruments de leur pays. Il a la particularité de pouvoir exprimer leur sensibilité. Cette valorisation expliquerait l’usage du qualificatif « khmer » dans le nom du cordophone. 

Le plus vieux cliché connu de cette vièle à pointe date de 1871. Elle a été prise au Palais royal de Phnom Penh (capitale du Cambodge) par le photographe français Émile Gsell. Cependant, les similitudes avec le saw sam sai laissent penser qu’il s’agit d’une confusion. L’image est probablement celle de ce cordophone siamois. Le tro est également confondu avec le chapey, un luth cambodgien, et le krachappi, qui vient de Siam.

Tro dans la culture

Les tros sont joués dans les orchestres de mariage au Cambodge. Ils sont connus sous les noms de phleng kar (ou phleng kar boran) et de phleng arak. Ils sont populaires dans les provinces de Takeo et de Siem Reap. Toutefois, ces ensembles ne sont plus employés dans ce même contexte. Quelques musiciens les utilisent en mémoire de cette tradition. Certains d’entre eux font partie de la famille Maen à Siem Reap, la dernière détentrice du savoir-faire associé à cet orchestre de mariage ancien.

Le tro constitue aussi un instrument de musique de l’ensemble mohaori. Cette dernière est jouée au palais royal, notamment dans la cour Ayutthaya (ville de Thaïlande fondée en 1350) et au Cambodge. La mélodie interprétée à cette issue ne présente aucune fonction rituelle, elle est jouée pour se divertir. 

La vièle cambodgienne a inspiré des artistes peintres travaillant dans la décoration de bâtiments dans les monastères bouddhiques. Elle est souvent exposée dans le contexte du jeu de l’orchestre phleng kar boran. L’un des chefs-d’œuvre concernés s’intitule « Descente du Bouddha du ciel des trente-trois dieux » datant de 1953. 

Fonctionnement du tro

Le tro est associé à une sonorité assez aiguë dû à la taille de sa caisse de résonance. Pour le corriger, un coquillage, une rondelle de cuir ou une boule de résine et de pâte de riz peuvent être collés sur la table d’harmonie. Ces dispositifs atténuent le son perçant de ce cordophone. 

Dans le jeu du tro, l’archet peut rester immobile. Par conséquent, le musicien fait pivoter l’instrument autour de la pointe afin de provoquer les frictions. Il est essentiel de savoir moduler la tension des cordes lors du mouvement de rotation. Le son produit sera alors plus doux et plus chaleureux. Néanmoins, il est toujours possible d’opter pour la méthode commune aux cordophones frottés, c’est-à-dire de manipuler l’archet à l’horizontale.

Le jeu du tro implique également un travail de doigté avec la main gauche. En ajoutant de la pression sur les cordes, vous obtenez d’autres notes.

Différents moyens pour apprendre à jouer du tro

La pratique de cet instrument est plus ou moins cantonnée à son pays d’origine. Il peut ainsi être difficile de trouver des formations pour apprendre à en jouer.

Néanmoins, l’association Hon Daou fait partie des centres dédiés à la culture cambodgienne. Elle propose des activités tournant autour de l’art musical local, en plus d’autres loisirs divers. Vous pouvez aussi vous adresser à l’Institut Français du Cambodge. Ayant déjà mis en place un atelier de découverte sur la musique de ce pays, il bénéficie de ressources nécessaires pour mieux vous renseigner.

Sur Internet, vous avez la possibilité d’accéder à différentes vidéos d’apprentissage de la vièle du Cambodge. Certains contenus diffusés sont surtout des démonstrations. Tous constituent des supports exploitables permettant d’appréhender la manipulation de ce cordophone. Dans le but de renforcer la pratique, vous pouvez vous entraîner à jouer différentes mélodies en téléchargeant des partitions gratuites.

Que vous optiez pour une formation en présentiel ou en autodidacte, vous avez besoin de disposer de votre propre vièle cambodgienne. À cet effet, les sites de vente spécialisés dans les instruments de musique sont à consulter. Entre autres, France Minéraux vous propose une grande diversité de choix suivant le modèle qu’il vous faut.

Entretien du tro

L’entretien du tro dépend du matériau utilisé au cours de sa conception. Le bois est le plus courant. Il est cependant sensible à l’humidité et aux variations excessives de température. De ce fait, l’instrument doit être entreposé dans un endroit sec et tempéré. 

La tension des cordes est à ajuster au fur et à mesure que celles-ci commencent à devenir lâches. Leur fréquence de remplacement doit être proportionnelle à vos habitudes de jeu. Il en est de même pour la mèche de crins de l’archet. Lorsque plus d’un tiers de celle-ci est usée, elle doit être changée.

Préserver la propreté de l’instrument fait également partie des réflexes à adopter en vue de prendre soin d’un tro. Il est ainsi essentiel de se laver les mains avant chaque séance. L’utilisation d’un chiffon doux est recommandée pour enlever les résidus se déposant sur l’ensemble du cordophone. Enfin, ce dernier est à ranger dans un endroit à l’abri de la poussière dans le but d’éviter qu’il s’encrasse rapidement. Un étui peut s’avérer pratique afin d’assurer sa protection.

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