Le kbal tro
Il correspond à la tête de l’instrument. Sa longueur est d’environ 20 cm. Sa partie supérieure, pouvant être creusée, est équipée d’un crochet permettant de suspendre le cordophone au mur. Cette section comprend les chevilles qui servent à tendre les cordes, dont deux sont placées à droite. Une autre est fixée à gauche pour les instruments à trois fils. Des trous latéraux facilitent leur insertion au niveau de la tête.
Le manche dang ou bampuong kandal
Il est traditionnellement fabriqué à partir de bambou de type russey chen. Cependant, les modèles plus raffinés sont conçus dans du bois de kranhung (espèce appartenant au genre Dalbergia, réservée à la confection d’objets pour le roi), et même en ivoire. Le manche mesure 15 cm de long. Des bagues métalliques l’entourent au niveau des deux extrémités afin de pallier les déformations.
Le rolie tro
Cette partie correspond à la caisse de résonance. Elle est généralement fabriquée en noix de coco ou en bois dur, suivant les types de tros. Sa forme est variable. La table d’harmonie peut être munie d’un revêtement de résonance en peau d’animal. Cette membrane est prélevée sur un veau ou un serpent. Dans le second cas, celle du pramaoy damrei, reptile également appelé « trompe d’éléphant », est privilégiée. Elle a la particularité de résister aux changements de température. Cette matière est collée avec du cyanoacrylate. Autrefois, le produit utilisé était la résine d’anhchei.
Un autre élément de la caisse de résonance est le chevalet yang. Il est taillé dans une pièce en bois. Cette structure peut être amovible afin de préserver la couverture de la table d’harmonie.
Le rolie tro est relié à une pointe, le praluonh tro. Elle est fabriquée dans le même bois que le manche. Un clou y est planté dans le but de fixer les cordes.
Le chhak tro ou archet
Il est confectionné dans le même bois que celui de l’instrument principal. Sa longueur varie autour de 35 à 40 cm, en fonction de celle du crin de cheval qui l’équipe. Cependant, de nos jours, ce dernier est remplacé par des fibres de nylon.
Types de tros
Dans la grande famille des tros, la plupart des instruments sont équipés de deux cordes. Seul le modèle dit « khmer » en compte trois. Celui-ci partage des caractéristiques communes avec le saw sam sai, originaire de Siam.
Tro u ou tro ou
Le tro u existe depuis la période « Lungvek » (époque spécifique de l’histoire du Cambodge, située entre 1528 et 1594, pendant laquelle cette ville était la seconde capitale du pays). Son accordage se fait à la quinte (do et sol).
Ce cordophone possède une caisse de résonance en noix de coco. Cette dernière est recouverte de peau de veau ou de serpent sur un côté. Elle peut être agrémentée de gravures sur sa face arrière. Selon le fabricant, différentes matières sont utilisées pour les cordes, comme la soie, le boyau, le métal ou le nylon. Elles sont disposées sur un chevalet en bois ou en bambou.
Le tro ou est joué dans les ensembles mahaori et ayai. Ce dernier orchestre est souvent employé en vue d’interpréter un chant théâtral faisant intervenir en alternance une femme et un homme.
Tro ou chamhieng
Il est exclusivement utilisé par les Chams, un groupe ethnique vivant au Cambodge. Sa facture est inspirée de celle du kanyi, un violon de la tribu Cham du Vietnam. Sa caisse de résonance est fabriquée à partir d’une carapace de tortue. Le tro ou chamhieng est surtout joué dans les ensembles de théâtre, comme celui du Bassac et du yike.
Tro sau ou tro sau thom
Le terme thom se traduit par « grand ». En effet, le tro sau thom est le plus large de cette famille d’instruments. Sa caisse de résonance est cylindrique et mesure 12 cm de hauteur pour 9 cm de diamètre. La longueur de son manche est de 62 cm. Ce type de vièle traditionnelle produit un son plus grave. Ses cordes, métalliques, sont accordées en quinte (ré et la).
Le corps du tro sau thom est fabriqué à partir de bois noir. Il est aussi possible d’utiliser d’autres matériaux comme la carapace de tortue et le bambou creux. Par ailleurs, son usage est courant dans les orchestres de musique classique cambodgienne (mohaori, ayai, kar et arak).
Tro che ou tro chhe
Ce cordophone est le plus petit de toutes les vièles à deux cordes. Son accordage est semblable à celui du tro sau, mais avec une octave au-dessus. Il possède ainsi la tonalité la plus haute. Sa chambre de résonance est cylindrique, avec une longueur de 10 cm et un diamètre compris entre 6,5 et 7 cm. Elle est conçue en ivoire ou en bois dur. La table d’harmonie est recouverte d’une peau de pangolin ou de serpent. Cet instrument est généralement joué au théâtre du Bassac avec le tro ou.
Tro sau toch
Cette variante est de petite taille. Sa caisse de résonance cylindrique mesure 8 cm de diamètre pour 11,5 cm de hauteur. Les différents éléments sont conçus dans du bois dur. Les cordes, métalliques, sont accordées à la quinte (sol et ré). Leur tonalité est plus haute que celle du tro sau thom. Ce modèle de vièle constitue l’instrument principal dans les orchestres de musique classique cambodgiens.