Évolution du tiple en Colombie
La vihuela espagnole, considérée comme ancêtre du modèle colombien, est un outil musical datant de la Renaissance. Celle-ci a été introduite dans le Nouveau Monde au XVIe siècle par les conquistadors espagnols. Le tiple a évolué vers sa forme actuelle vers la fin du XIXe siècle. Ses 12 cordes sont disposées en quatre groupes de trois. Le premier groupe est constitué de 3 cordes en acier accordées sur mi. Les deuxième, troisième et quatrième groupes ont une corde en cuivre au milieu de deux autres en acier. Les cordes centrales sont accordées une octave plus bas que celles environnantes du groupe. Cet arrangement produit l’ensemble d’harmoniques qui donne à l’instrument sa voix unique. En dehors de la Colombie, les cordes « en cuivre » sont plus souvent des cordes de guitare en acier standard en laiton ou en bronze.
Une autre variante, le tiple Colombiano requinto, est souvent simplement appelée requinto. Elle mesure environ 10 à 15 % de moins que l’original, et est parfois conçue avec une silhouette plus proche du violon ou du « sablier » que de la guitare. Ces différences lui confèrent un son généralement plus fin et plus aigu.
Place du tiple dans la musique
Un modèle moderne appelé Martin tiple était utilisé dans les groupes de jazz, de blues et de country old-time. Il a été employé comme une variante plus puissante du ukulélé.
Fonctionnement du tiple
Le fonctionnement du tiple est proche de celui de la guitare. La seule différence réside dans le nombre de cordes et dans les notes.
Fabrication du tiple
Des versions modernes de cet instrument existent. En 1919, le premier modèle nord-américain a été fabriqué par la société de guitares de Pennsylvanie CF Martin & Co. Il a joui d’une immense popularité, notamment pendant l’engouement pour l’ukulélé des années vingt et quarante. L’entreprise nord-américaine a produit de nombreuses variétés, avec des corps en acajou et en palissandre.
Le Martin tiple se distingue par un corps plus profond, bien qu’il soit similaire en longueur à un ukulélé ténor. Contrairement à ce dernier, il possède 10 cordes en acier. Celles-ci sont réparties en 4 chœurs à octaves mixtes de 2, 3, 3 et 2 cordes. Les notes sont accordées de la même manière qu’un ukulélé accordé en ré.
D’autres sociétés comme Harmony, Lyon & Healy, Regal, D’Angelico et Oscar Schmidt ont aussi produit des instruments similaires dans les années vingt et trente. La production de Martin, quant à elle, s’est poursuivie de manière intermittente jusque dans les années soixante-dix.
Au XXIe siècle, la marque Ohana a commencé à fabriquer une version entièrement en acajou similaire à celle de Martin, mais en le baptisant « ukulélé vintage inspiré du Tiple colombien ». Selon les instrumentistes, la corde la plus basse devrait être accordée en do.
Outre ces variantes, il existe également des tiples électriques. Ils adoptent généralement l’accordage et l’arrangement des cordes des modèles colombiens, soit à 12 cordes, ou des versions Martin à 10 cordes.
Accordage du tiple
Un tiple à 12 cordes s’accorde généralement comme suit :
- les trois premières cordes sont accordées en mi ;
- la cinquième corde est accordée en si, mais à l’octave inférieure (12 demi-tons) ;
- les quatrième et sixième cordes sont accordées en si, à une quinte juste (7 demi-tons) au-dessus ;
- les septième et neuvième cordes sont accordées en sol, à une sixte mineure (8 demi-tons) au-dessus ;
- la huitième corde est accordée en sol, mais à l’octave inférieure (12 demi-tons) ;
- les dixième et douzième cordes sont accordées en ré, à une quinte juste (7 demi-tons) au-dessus.
- la onzième corde est accordée en ré, mais à l’octave inférieure (12 demi-tons).
Bien accordé, cet instrument est parfait pour accompagner divers styles musicaux, des danses de salon aux services religieux, entre autres.