Fonctionnement du tambûr
Le tambûr fonctionne de la même manière que la famille d’instruments à cordes à laquelle il appartient. Autrement dit, il reprend le fonctionnement du saz et du baglama, entre autres. Concernant sa lutherie, elle est différente selon les régions.
Comment est-il fabriqué ?
Le procédé de fabrication du tanbur, quel que soit le pays, est sensiblement le même. Toutefois, les différents éléments qui le composent font que chaque modèle se révèle spécifique. En effet, la longueur du manche ou la forme et la structure de la caisse de résonance sont décisives. Il en va de même pour le nombre de cordes et de frettes. Le mode de jeu et les sonorités obtenues varient en fonction de ces paramètres.
Caisse de résonance
En général, cette partie du tumbûr est faite de bois de mûrier, de noyer, de hêtre, de toona, de jacquier ou de teck. Dans d’autres pays et pour d’autres variantes, les arbres utilisés sont le pêcher, le poirier, le cerisier ou le sycomore. Elle peut être taillée dans un tronc évidé ou dans un bloc monoxyle, ou encore confectionnée à partir de lamelles collées. Certains tanburs possèdent une caisse hémisphérique et non en demi-sphère comme d’autres. Parfois, un évent résonateur est disposé à l’arrière de ce compartiment de l’instrument. Les fabricants du sous-continent indien choisissent même de fabriquer la caisse de résonance avec de la citrouille ou du tumba.
Manche et frettes
La longueur, l’épaisseur et le matériau du manche sont variables selon le pays et l’époque. Cette partie peut être en abricotier, en mûrier ou en noyer. Elle comporte des frettes dont le nombre est différent suivant les modèles. Par exemple, la tamboura des Balkans en est dotée de 12 à 18, contre 48 à 58 pour la version turque. Ces éléments peuvent également être fixes ou amovibles. La variante pakistanaise n’en comporte aucun, mais dispose de trois grosses chevilles.
Quelques éléments décoratifs apparaissent sur le manche : appliques en ivoire ou en os, nacres, etc.
Table d’harmonie
Percée d’ouïes fines, la table d’harmonie du tambûr est généralement faite de bois comme le hêtre. Néanmoins, dans certains pays, elle est fabriquée avec une membrane animale, à l’instar de la peau de chèvre. Ces variantes existent principalement en Inde et au Tibet.
Cordes
Les cordes du tamboor sont disposées en chœur, dont certaines sont des sympathiques ou servent de bourdon. Elles sont en acier, en laiton, en nylon ou en métal. Leur disposition par paire permet de jouer à l’unisson deux aiguës, par exemple. Un chevalet est souvent fixé pour les maintenir en place. Parfois, des petites clés sont disposées au bout du manche pour l’accordage. Selon le type de cordes et d’accords, le tambûr est chromatique ou diatonique.
Comment en jouer ?
Le mode de jeu du tanbur dépend du modèle choisi. Toutefois, la maîtrise d’un instrument de la même famille suffit parfois pour s’initier. Par exemple, un joueur de saz est en mesure de jouer du tamboura sans rencontrer de grandes difficultés.
En règle générale, ce cordophone se tient entre les jambes, et se joue assis avec la main dominante. La caisse de résonance est placée sur la cuisse, et l’instrument est maintenu verticalement. Il convient de caler le manche sur l’épaule droite ou horizontalement sur la cuisse.
Les cordes se pincent avec les doigts, le dos des ongles ou un plectre (plastique ou écorce de cerisier). Le type de tambûr détermine la technique de jeu. Par exemple, sur certains modèles iraniens, il est impératif de relancer continuellement le son en caressant le moulinet. Pour les variantes chinoises, les cordes sont des bourdons, à l’exception du chœur aigu qui se joue avec la main gauche. Les exemplaires afghans nécessitent l’utilisation d’un onglet de métal pour le jeu.
La conception de ce cordophone influe largement sur les mélodies qu’il génère. Le dispositif musical s’utilise en solo ou en bourdon d’accompagnement. Il intègre également des ensembles. Parfois, le musicien effleure seulement les frettes sans les appuyer, au risque d’obtenir un son nasillant. Cette spécificité de jeu s’applique sur les références développées par les Turcs.