Composé d’une série de modules autonomes, cet appareil permet une approche avant-gardiste de la création sonore. Chaque élément, tel que le filtre (VCF), l’oscillateur (VCO), l’amplificateur (VCA), les générateurs d’enveloppe, les mixeurs et les effets, remplit une fonction spécifique.

Ce type d’équipement est prisé pour son approche, où les modules communiquent via des signaux analogiques. Cet aspect favorise souvent une synthèse soustractive, où des formes d’onde riches en harmoniques sont filtrées pour créer des sonorités uniques. Cependant, la production de musique polyphonique avec un synthétiseur modulaire peut s’avérer complexe, et nécessiter un oscillateur par voix.

Malgré leur encombrement et leur coût élevé, ce modèle offre une expérience sonore authentique. Aussi, son instabilité due aux variations de température a été contournée par l’utilisation de circuits pilotés numériquement. De même, la mémorisation des réglages a été améliorée.

Certains musiciens et fabricants préfèrent encore l’approche physique avec des connexions par câbles, ce qui souligne la flexibilité et la sonorité des instruments modulaires. Le son synthétisé de cette manière est unique par son absence d‘aliasing, tant les sons produits sont immaculés. De plus, les circuits analogiques se saturent progressivement, contrairement aux numériques qui font apparaître une distorsion harmonique brutale.

Bien que le système MIDI (Musical Instrument Digital Interface) et la synthèse modulaire semblent incompatibles, des modules permettent aujourd’hui de convertir des messages MIDI en signaux analogiques. Ainsi, ce système a priori dépassé peut être intégré à un protocole moderne.

Les types de modules

Il existe des modules standards, présents pratiquement sur tous les systèmes de ce type. Voici quelques composants fondamentaux.

• VCF (Voltage Controlled Filter) ou filtre contrôlé en tension : il filtre les fréquences (supérieures ou inférieures) du signal sonore en fonction de la tension appliquée.
• VCO (Voltage Controlled Oscillator) ou oscillateur contrôlé en tension : il génère des ondes sonores dont la hauteur est ajustée par des signaux de tension, offrant une variété de tonalités.
• VCA (Voltage Controlled Amplifier) ou amplificateur contrôlé en tension : il modifie l’amplitude du signal, permettant une modulation dynamique du volume sonore.
• LFO (Low-Frequency Oscillator) ou oscillateur basse fréquence : il émet un son en dessous de 20 Hz, inaudible mais utilisé pour contrôler d’autres modules.
• EG (Envelope Generator) ou générateur d’enveloppe : il crée des courbes de tension provoquées par un module ou un clavier, avec des segments ADSR (Attaque, Déclin, Soutien, Relâchement ou Attack, Decay, Sustain, Release) pour moduler le son.
• Mixer ou mélangeur : il combine de multiples signaux en un seul, offrant une diversité de possibilités de mixage.
• Noise ou générateur de bruit : il génère du bruit blanc (white noise) ou rose, ajoutant une dimension de chaos créatif.
• RM (Ring Modulator) ou modulateur en anneau : il multiplie les signaux audio pour créer de nouvelles fréquences, apportant une texture sonore à part.
• S&H (Sample and Hold) ou échantillonneur-bloqueur : il capture un échantillon de tension à chaque impulsion, souvent utilisé avec un générateur de bruit pour des résultats de modulation aléatoires.
• Arpégiateur : il génère des séquences de notes basées sur une ou plusieurs notes, offrant des variations mélodiques dynamiques.
• Step-sequencer ou séquenceur à pas : il émet des séquences commandes ou une ligne de notes sur un nombre défini de pas, créant des motifs ou bandes répétitifs.
• Slew Limiter ou LAG : il adoucit les variations brusques de tension, idéal pour les glissandos et les effets de portamento sur les notes.
• Custom Control Inputs ou entrées de contrôle personnalisées : il permet de connecter diverses commandes électroniques analogiques, élargissant les fonctionnalités du synthétiseur.

Ces derniers, dont certains de ces modules considérés comme quasi-indispensables, forment la base du processus de création sonore.

Origine et histoire

Le premier synthétiseur modulaire commercial remonte à 1963, avec des développements parallèles des constructeurs américains Moog et Buchla. En 1961, les deux géants s’inspirèrent d’un texte de l’allemand Harald Bode, décrivant les possibilités des systèmes à transistors pour faire passer le son. Bode avait déjà créé un oscillateur commandé en tension.

Ces synthétiseurs ont révolutionné la musique électronique, simplifiant la création par rapport aux méthodes d’enregistrement sur bande magnétique. D’autres pionniers ont également contribué à l’évolution du domaine. Des fabricants ont émergé plus tard aux États-Unis, en Europe et au Japon.

Bien que volumineux et fragiles, ces modèles étaient principalement destinés aux studios. Dans les années soixante-dix, des instruments portables sont apparus, offrant une alternative plus adaptée pour les musiciens en tournée.

Les années quatre-vingt ont vu l’avènement des synthétiseurs numériques, mais à la fin des années quatre-vingt-dix, les versions analogiques modulaires ont connu une résurgence de popularité.

Synthétiseur modulaire et culture musicale

Le synthétiseur modulaire a transcendé les frontières des genres, s’étendant bien au-delà du domaine de la musique pop et électronique. Même des groupes rock ont intégré cet instrument dans leurs créations. Les progrès fulgurants dans les années soixante-dix ont contribué à sa popularisation auprès du grand public dans les années quatre-vingt.

Au fil des décennies suivantes, ces synthétiseurs modulaires ont conquis tous les genres musicaux, de la scène hip-hop au disco, en passant par la house. Chaque exemplaire possède sa propre « voix », incitant les passionnés à explorer et à débattre des modèles utilisés dans des morceaux spécifiques.

Ces appareils musicaux sont aujourd’hui des objets de collection prisés, certains atteignant des prix vertigineux aux enchères. Par conséquent, ils se placent non seulement comme des instruments de musique, mais aussi comme des témoins de l’évolution sonore.

Comment fabriquer un synthétiseur modulaire ?

La première étape essentielle consiste à choisir un boîtier pour abriter les modules : compter pour cela les HP (unités de mesure des modules). Certains modèles peuvent accueillir jusqu’à 32 modules. S’assurer également de disposer d’une alimentation adéquate. Comme expliqué plus haut, les fondamentaux sont le VCA, le VCF, le VCO, les effets, etc. Concernant ces derniers, il existe des granulateurs, des reverbs, des retardateurs et bien d’autres.

Les câbles de raccordement constituent la structure qui relie les modules, et crée le paysage sonore recherché. Choisir une variété de couleurs et de tailles pour personnaliser la configuration.

Comment créer un patch ?

Contrairement aux synthétiseurs traditionnels, les modules ne fonctionnent que lorsque les connexions physiques sont établies. Cette manœuvre est appelée le « patching » : cela implique d’interconnecter les entrées et les sorties des modules à l’aide de câbles de raccordement. Pour un novice, élaborer le premier patch peut sembler intimidant. Avant tout, esquisser un plan du flux du signal pour éviter de se sentir dépassé par un enchevêtrement de connexions.

Il existe d’innombrables façons de créer un patch. Cependant, le résultat final dépend des modules à disposition et de la créativité.

Par exemple, le VCO génère une forme d’onde, le VCA régule l’amplitude de cette forme d’onde, et le mélangeur ajuste le signal avant de l’envoyer pour l’enregistrement. Cette configuration permet déjà de créer un son continu.

Pour une exploration plus approfondie, ajouter quelques modules supplémentaires. L’enveloppe accomplit la fonction ADSR. Cette fonctionnalité indique au VCA comment s’ouvrir et se fermer pour chaque note. Les informations de hauteur du VCO sont dirigées vers le VCF avant d’atteindre le VCA. Le VCF, similaire à un égaliseur sur un ampli hi-fi ou de guitare, est utilisé pour façonner le son de manière tonale.

Ces deux exemples illustrent une approche simple, mais en réalité, il n’existe pas de méthode erronée ou correcte pour créer un patch.

Comment enregistrer le son?

Pour enregistrer ses compositions, il faut synchroniser le synthétiseur modulaire avec un logiciel d’enregistrement DAW (Digital Audio Workstation), une station de travail audionumérique.

Pour commencer, choisir une interface audio de qualité. La méthode la plus courante consiste à traiter le synthétiseur comme tout autre instrument. Patcher la sortie principale dans l’interface d’enregistrement, ajuster le gain et appuyer sur « enregistrer ». Cette approche simplifie le processus en traitant le DAW comme un simple enregistreur audio ou une machine à bande.

Après l’enregistrement, il est possible d’éditer, de couper, de déplacer, de répéter et d’échantillonner la séquence dans le logiciel. Cependant, cette approche nécessite une synchronisation manuelle pendant la performance ou lors du montage, après avoir capturé l’audio.

Ajouter un module de convertisseur à votre configuration modulaire pour arranger des CV (tensions de contrôle) avec des données MIDI provenant de votre DAW ou d’autres périphériques externes. Ainsi, il devient possible de moduler des paramètres tels que la résonance d’un filtre en utilisant l’automatisation via le logiciel, de démarrer et d’arrêter le séquenceur à des points spécifiques du projet, ou de synchroniser la fréquence d’un LFO avec le tempo.

Il est important de noter que la résolution lors de la conversion de MIDI à CV est limitée à 128 valeurs. Cette contrainte peut affecter la précision de paramètres comme la fréquence d’un filtre. Toutefois, certains considèrent que ce compromis est acceptable pour profiter des avantages de la synchronisation grâce au logiciel.

Entretien d’un synthétiseur modulaire

À une époque où l’investissement dans les dernières technologies est synonyme de professionnalisme, il existe une communauté passionnée qui chérit le synthétiseur modulaire. Garder ces appareils musicaux non-numériques en bon état nécessite une attention particulière, car même si l’extérieur semble impeccable, des problèmes internes peuvent survenir.

Bien que souvent négligés, les condensateurs endommagés peuvent entraîner des pics de puissance et affecter les modules. Il convient de les examiner périodiquement pour détecter tout signe de gonflement ou de déformation. En effet, ces composants sont fabriqués à partir de matériaux périssables, ce qui peut causer des problèmes.

Les fuites de batterie peuvent être dévastatrices pour les circuits imprimés des synthétiseurs. Il est conseillé d’opter pour des piles au lithium, plus sûres et durables. Une vérification de l’intérieur, de façon régulière, est aussi recommandée.

La poussière et la fumée risquent d’endommager le matériel : maintenir un environnement sain autant que possible. Il est recommandé d’investir dans des cache-poussière, des chiffons en microfibres et des brosses spéciales pour réduire l’accumulation de poussière. Éviter l’exposition directe au soleil, non seulement pour préserver l’esthétique, mais aussi pour prévenir la surchauffe et la détérioration des joints de soudure.

Les synthétiseurs sont conçus pour être utilisés : ne pas laisser l’instrument éteint pendant de longues périodes, cela pourrait conduire au dessèchement des condensateurs. Toutefois, ne pas oublier de l’éteindre lorsqu’il n’est pas utilisé afin de réduire tout risque de détérioration.

Choix et achat

Découvrir l’univers de la synthèse modulaire marque une rupture avec les préréglages standards des autres synthétiseurs. Les patches que vous forgez sont des combinaisons uniques, réservés à votre usage exclusif : ils sont l’essence de votre créativité musicale.

Bien choisir son synthétiseur modulaire

Le choix des modules revêt une importance cruciale similaire à la sélection d’un instrument de musique. Comme pour choisir entre une guitare acoustique et une guitare électrique, opter pour un synthétiseur modulaire nécessite une réflexion approfondie. 

Il est vital de bien cerner vos objectifs. Posez-vous les questions essentielles. Quelle utilisation souhaitez-vous en faire ? Visez-vous une mono-synthèse pour une voix unique, ou préférez-vous la polyphonie ? Envisagez-vous un rack d’effets ou une source de modulation complexe ? Voulez-vous vous concentrer sur les tambours, les lignes de plomb ou les pads ? Privilégiez-vous le studio, les performances live ou les deux ? Préférez-vous un synthétiseur autonome ? Envisagez-vous l’utilisation d’un clavier ou d’un séquenceur externe pour les informations Pitch and Gate ?

L’exploration de ces questions vous guidera dans la sélection des modules initiaux, définissant votre orientation et établissant votre budget. Se questionner tôt dans le processus est essentiel pour éviter des dépenses inutiles et garantir que votre choix corresponde à vos attentes.

Avantages et inconvénients

Opter pour un synthétiseur modulaire induit un avantage majeur indéniable. Ce dernier réside dans la totale autonomie des fonctions, chaque aspect étant encapsulé dans son propre module. Cette liberté permet des combinaisons illimitées.

L’inconvénient principal de cet instrument est son coût assez élevé. Le marché des systèmes modulaires étant étroit, les tarifs peuvent être prohibitifs. Or, prévoir plusieurs modules et un boîtier s’avère nécessaire. Une autre lacune est l’absence de disque de stockage. Pour sauvegarder votre configuration (patching), vous pouvez soit l’écrire, soit faire des photos suffisamment détaillées.

Ce concept captive particulièrement ceux qui maîtrisent le procédé sous-jacent de ces appareils polyvalents. Si vous recherchez un synthétiseur simple d’utilisation produisant des sons instantanés, ce système pourrait ne pas être votre meilleure option. Cependant, si l’idée de consacrer du temps pour obtenir des résultats vous enthousiasme, l’investissement en temps et en argent en vaut la peine.

Achat du synthétiseur modulaire

Le site de France Minéraux propose une large gamme de synthétiseurs, dont des versions modulaires. N’hésitez pas à visiter la marketplace afin de trouver l’instrument qui convient à votre budget et à vos objectifs.