Les deux sistres minoens en bronze découverts ont révélé une méthode de fabrication distincte, suggérant qu’ils étaient créés en moulant séparément l’arc et la poignée, puis en les reliant ultérieurement avec des rivets. Les chercheurs demeurent incertains quant à savoir si les exemplaires en argile étaient réellement utilisés comme instruments musicaux ou s’ils avaient plutôt une signification symbolique. Cependant, la découverte d’une réplique en céramique a démontré qu’un son de claquement pouvait être produit, indiquant ainsi un usage rituel.
Étymologie
Le terme « sistre » trouve son origine dans le verbe grec seio, signifiant « secouer », tandis que le mot seistron fait référence à « un objet destiné à être secoué ». En langue égyptienne ancienne, il était appelé sekhem ou sesheshet, en raison du son émis lors de ses vibrations.
La langue anglaise a adopté le terme sistrum pour désigner les instruments contemporains d’Afrique de l’Ouest, évoquant ainsi l’origine et l’action fondamentale de secouer associées à cet outil musical.
Différents appareils musicaux à hochet contemporains originaires d’Afrique de l’Ouest et du Gabon sont désignés sous le terme sistra. Parmi ceux-ci figurent le sistre calebasse, le sistre d’Afrique de l’Ouest, ou encore le hochet disque (n’goso m’bara), aussi connu sous les noms de « hochet Wasamba » ou « Wassahouba ». Ce dernier est typiquement constitué d’une branche en forme de V munie d’un ou plusieurs disques de calebasse concaves attachés, parfois ornés de décorations.
Place du sistre dans la culture
À l’instar du triangle, le sistre apparaît très tôt dans des contextes religieux. Avec son successeur, le crotalus, il a maintenu son statut d’instrument liturgique au sein de l’église orthodoxe éthiopienne à travers les époques. Ces instruments demeurent des éléments essentiels de la danse exécutée par les Debera (chantres) lors des importantes fêtes religieuses. Toutefois, il s’est intégré de manière subtile dans la musique orchestrale et moderne.
Le sistre dans la culture ancienne égyptienne
Le sistre occupait une place significative dans la culture ancienne égyptienne, tant sur le plan iconographique que littéraire. Souvent représenté sur des reliefs funéraires, que ce soit seul ou tenu par la personne décédée, cet outil musical symbolisait la dévotion particulière du défunt. En tant qu’attribut divin, il était fréquemment associé à la déesse Isis, contribuant à la création de son image canonique adoptée par les prêtres et les fidèles.
Cette représentation s’étendait également à la sphère littéraire et numismatique, où il devenait l’emblème distinctif de la province d’Égypte. Le sistre se retrouvait entre les mains de la personnification d’Alexandrie ou dans des scènes nilotiques. De même, il revêtait une signification dynastique, rappelant la lignée des Ptolémée et de leurs successeurs, comme illustré lors de la bataille d’Actium. En l’an 31 av. J.-C., le poète latin Virgile annonça dans son livre « Énéide » : « La reine, au cœur du combat, appelle ses troupes au son du sistre de ses pères ».
Le sistre dans la culture musicale
Les chrétiens coptes et éthiopiens continuent d’employer cet appareil musical dans leurs offices religieux. En outre, une forme particulière appelée barcoo dog est présente dans la musique traditionnelle des bergers du Bush australien.
Cet instrument a connu un renouveau temporaire dans la musique orchestrale occidentale du XIXe siècle, notamment dans l’acte 1 de l’opéra « Les Troyens » d’Hector Berlioz. Toutefois, depuis, son usage a diminué au profit de son équivalent moderne, le tambourin.
L’effet distinctif produit par cet instrument ancien, caractérisé par des secousses brèves, aiguës et rythmées, vise à susciter le mouvement et l’activité. Ce tremblement rythmique, partagé avec le tambourin, est apprécié lors de concerts de rock et dans les tutti orchestraux à grande échelle.
Le compositeur classique Hans Werner Henze a intégré deux sistres dans sa composition « Sonate für sechs Spieler » en 1988. Cette sonate met en avant la persistance de cet instrument dans le paysage musical contemporain. En outre, il est mentionné dans le poème « Charleroi » de l’écrivain français Verlaine.