Origines et histoire du serpent
Le chanoine français, Edmé Guillaume, créa le serpent à Auxerre vers 1590. Répandu dans toute l’Europe au début du XVIIIe siècle, il accompagna pendant longtemps le chant liturgique lors des offices religieux. Durant plus de deux décennies, son rôle consistait à renforcer les parties graves des chœurs. Il demeura ainsi essentiel à l’église, mais d’autres outils musicaux commencèrent à le remplacer vers 1830.
À partir du XVIIIᵉ siècle, le serpent était employé dans les musiques militaires. Il occupe alors une place importante dans ces formations proches de l’orchestre d’harmonie actuel. Cette évolution induisit des modifications techniques, surtout une adaptation de sa forme qui permet une manipulation plus facile lors des défilés. L’incorporation d’autres clés améliore son intonation et accroît sa virtuosité. Par conséquent, de nombreuses œuvres furent composées pour le serpent, en tant qu’instrument militaire. Cette utilisation persista en France, notamment pendant la Révolution, avec l’ouverture de deux classes au Conservatoire de Paris en 1795. Au XIXᵉ siècle, il fut intégré dans l’orchestre symphonique, grâce à sa forte charge symbolique religieuse.
Sa présence dans certaines fanfares espagnoles a été maintenue jusqu’en 1884. En Bretagne et en Normandie, son emploi a duré jusqu’à la Première Guerre mondiale. Malgré tout, il est resté en service dans les églises jusqu’aux premières années du XXᵉ siècle.
Place du serpent dans la culture
L’apparence du serpent, comme son nom l’indique, est semblable à celle d’un reptile. Il possède un timbre qui rappelle celui de la voix humaine. Ce dispositif à vent est spécialement créé pour accompagner certaines formations musicales. Pendant la Révolution française, il servait à rythmer les chants des cortèges militants.
Cet instrument est devenu une ressource intéressante pour les écrivains. Certains auteurs, compositeurs, musiciens et réalisateurs de films ont exploré le rôle du serpent dans leurs œuvres.
David Gasche, musicien
Dans son livre L’utilisation du serpent dans la Harmoniemusik viennoise, ce musicien examine la singularité de la Harmoniemusik viennoise entre 1760 et 1820. À première vue, l’instrument ne semblait pas prédominer au sein des ensembles à vent de cette époque. Cependant, une analyse approfondie a révélé son intérêt dans des circonstances spécifiques. Cet article met en lumière les relations du serpent avec la Harmoniemusik. De plus, il souligne le rôle significatif de celui-ci dans le répertoire viennois, grâce à sa forme distinctive et son timbre grave et puissant.
Hervé Audéon, artiste-musicien
Son ouvrage Le serpent dans les œuvres littéraires en France au XIXᵉ siècle parle de cet instrument et des serpentistes. Il reflète diverses questions sociales et culturelles liées à l’église, à l’armée, aux relations urbaine-rurale, au régionalisme, etc.
Dans Le serpent dans les orchestres des théâtres et des concerts en France (1770-1830), Hervé Audéon explore la présence originale et idiomatique de cet instrument à vent dans les groupes de l’époque. Cette technique visait à renforcer les basses et à consolider la coordination des instruments.