Comment fonctionne le saz ?
Pour mieux appréhender le fonctionnement d’un instrument, il est essentiel de comprendre comment il est conçu et comment en jouer.
Comment est fait le saz ?
Dans le temps, le saz était façonné par les paysans eux-mêmes pour servir aux bardes et aux ashiks. Ils creusaient un tronc de mûrier pour fabriquer la caisse dont la forme variait en fonction des régions. L’instrument comptait alors dix à douze frettes et son usage était restreint à quelques modes.
Aujourd’hui, en milieu urbain, cette partie est montée « en feuilles » à l’aide d’un moule. Le manche, appelé « sap » en turc, est en bois d’arbre fruitier, tandis que la table est en épicéa ou en cèdre. La première espèce est la plus couramment utilisée, car elle confère à l’instrument le ton cristallin qui le caractérise.
Le pont, la structure sur laquelle se trouvent les cordes, est traditionnellement composé de bois d’érable. Les chevilles sont faites de nombreux types de bois tels que le noyer, le palissandre ou l’ébène. Les cordes du saz sont en acier inoxydable ou en nylon. Celle de basse est enroulée.
Cet instrument de musique est joué par des personnes évoluant dans une zone géographique particulièrement étendue. De ce fait, de nombreuses tailles différentes sont conçues par les facteurs. La plus petite mesure 48 cm, tandis que la plus grande atteint 140 cm.
Comment en jouer ?
Quelques conseils pratiques sont utiles, surtout pour un débutant, pour jouer du saz :
La position de jeu
Pour bien démarrer, en position assise :
- détendez-vous ;
- redressez votre dos ;
- tenez votre instrument dans votre main gauche sans appuyer dessus ;
- positionnez la table d’harmonie face à vous ;
- pointez vos doigts en direction du manche.
Il ne vous reste qu’à enrouler votre main gauche autour du cou et à choisir l’accord.
Le jeu
Celui-ci varie en fonction des régions. Le plus courant est connu sous le nom de « bozuk düzen » ou de « kara düzen ». Il comporte les notes qui suivent : la3/la4, ré4, sol3/sol4 ou do, fa, sib. Sur le modèle à manche court dit « çöğür », l’accord est en général le bağlama düzeni : la3, la4, ré3, mi3/mi4.
Avec le saz, il est possible de jouer la totalité des demi-tons d’une gamme chromatique. Il en est de même pour certains quarts de ton qui se trouvent dans les makams ou « modes arabes ». Toutefois, l’absence des autres quarts de ton ne permet pas de jouer certains modes, sauf si les frettes sont déplacées.
Pendant sa prestation, le joueur pince les cordes avec le plectre, mais il peut aussi marquer le rythme. Pour le faire, il donne des coups mats sur la table d’harmonie avec son majeur droit. Le saz fait aussi office d’instrument de percussion.
Notation musicale : comment la musique est-elle conservée ?
La musique turque ou ottomane se démarque par l’usage de micro-intervalles basés sur des commas. Ceux-ci correspondent à un neuvième de ton et produisent des makamlar, des formes mélodiques où neuf intervalles divisent les tons.
Les partitions, que les anglophones appellent Common practice period, sont saisies et imprimées différemment de celles de la musique occidentale. L’utilisation des notes occidentales comme do, ré, mi, fa, sol est possible, mais l’altération caractéristique à la musique turque y est ajoutée.
Dans ce genre musical, chaque hauteur porte un nom unique. Comme le ton est divisé en neuf parts, un makam utilise une échelle de hauteurs différente des gammes et des modes occidentaux :
- koma : 1/9 de ton entier ;
- eksik bakiye : 3/9 ;
- bakiye : 4/9 ;
- kücük mücenneb : 5/9 ;
- büyük mücenneb : 8/9 ;
- artik ikili :12/9 ou 13/9.
Le ton entier est appelé tanîni.