Embouchure / anche

D’après les peintures anciennes et le modèle conservé au musée de Boston, l’instrument est doté d’une embouchure. Toutefois, la véracité de cette caractéristique est entourée de controverses. 

Caractéristiques de l’anche d’après les auteurs grecs

Le grammairien Pollux donne une toute autre description de cet outil musical au II^e siècle. Il aurait une forme courbée ou droite et serait fabriqué en fer ou en bronze. Aussi, il serait doté d’une glōtta en os, souvent traduite par « anche ». Cette dernière est comparée à un dispositif similaire à l’anche utilisée dans un précurseur du hautbois, l’aulos. Certains pensent que Pollux confond anche et embouchure, mais son témoignage est appuyé par le philosophe grec Simplicios de Cilicie, qui mentionne des anches de salpinx et d’aulos dans l’orgue hydraulique.

Caractéristiques de l’anche d’après les peintures anciennes 

Sur les peintures anciennes, il est possible de voir des joueurs de trompette munis d’une large bande de cuir appelée phorbeia. Celle-ci est munie de plusieurs trous afin de laisser passer l’anche. Elle est souvent utilisée pour jouer de l’aulos. Cette bande sert à maintenir l’anche contre la bouche du joueur. Cela lui permet de respirer par le nez et de réduire la tension musculaire des joues, aboutissant ainsi à une musique puissante et continue.

Controverses sur la présence de l’anche

D’autres modèles de cet instrument à vent ont été découverts à Pompéi, avec une embouchure pour l’un et une anche pour deux autres. Ainsi, le terme « salpinx » rassemblait deux types d’instruments : celui avec une anche et celui sans. 

Cependant, des objections ont été soulevées, notamment sur la présence d’os, un matériau rigide, dans une anche. En effet, cette dernière doit être souple afin de vibrer correctement. De plus, les modèles retrouvés à Olympie étaient de forme circulaire, alors que la salpinx est généralement rectiligne. 

Enfin, dans le cadre militaire, un modèle dépourvu d’anche est mieux adapté sur un champ de bataille.

Types de salpinx

Outre la trompette grecque, les lexicographes de l’époque utilisaient le mot « salpinx » pour désigner plusieurs sortes d’instruments. Parmi ceux-ci figurent : 

• la trompette argienne ;
• la trompette tyrrhénienne ;
• la trompette celtique ou karnyx ;
• la trompette médique ;
• la trompette égyptienne ou chnous ;
• la trompette paphlagonienne ou boïnos.

À cette liste s’ajoutent d’autres variétés de forme particulière, dont les trompettes buccin, carnyx, cornu, κέρας et lituus.

Fonctionnement de la salpinx

L’apparence de la salpinx est similaire à celle du tuba des Romains. Au cœur de la vie militaire et civile, cet instrument était façonné à partir de matériaux divers tels que le bronze, l’os et la corne. Les hoplites, soldats grecs, la brandissaient avec puissance, la faisant résonner lors des batailles. 

Fabrication de la salpinx

Les modèles de salpinx pendant l’Antiquité présentaient diverses formes. Les parties de l’instrument étaient fabriquées à partir de différents matériels : le pavillon en bronze, l’embouchure en os et le tuyau en corne, en os, ou en bois entouré de fil de bronze. Plus tard, ce dernier a été entièrement conçu en fer ou en bronze.

Les images sur céramique montrent souvent la trompette tenue par un hoplite, un soldat grec armé. D’après les estimations, elle pesait environ 6 kg pour une longueur de 1 à 1,2 m. Il existait également une variété conique faite en bronze, dont deux ont été découvertes en Gaule.

La phorbeia, la bande de cuir qui tient l’outil musical, était parfois adaptée pour être tenue d’une seule main. Cette disposition était pratique pour les cavaliers jouant de la trompette. 

Utilisation de la salpinx

La salpinx était jouée à des fins cérémonielles ou lors des processions religieuses. En outre, elle était sonnée pendant les guerres, bien que son rôle fut minime. À l’époque, les armées grecques s’en servaient comme signal de retrait ou d’attaque. Un soldat était chargé de cette tâche. Dans les armées macédoniennes, la sonnerie militaire de la trompette indiquait le signal de l’assaut, du lever de camp et de la charge. Plus tard, les Romains se sont aussi emparés de cette technique.

Par ailleurs, le musicographe grec Aristide Quintiliano, dans son livre sur la musique, parle de l’importance des joueurs de salpinx appelés « salpinktès » pendant les batailles. Il explique que chaque commande pour les troupes était transmise en utilisant des tonalités et des mélodies spécifiques. Cela permettait à l’armée de recevoir des ordres uniques inconnus des ennemis.

Production sonore de la salpinx

Cette trompette se caractérise par une sonorité distinctive. Le dramaturge grec Eschyle la décrit comme « perçante » et « haut perchée ». Aristote, philosophe grec, quant à lui, fait une comparaison frappante en assimilant le son de cet instrument au barrissement d’un éléphant. Cette particularité a même conduit à son interdiction dans plusieurs villes d’Égypte, où son timbre aurait été jugé trop proche du braiment d’un âne. Cette singularité acoustique lui confère une place distincte dans le panorama musical antique.

Notation musicale de la salpinx

Une fanfare de trompette utilisée pour appeler à la guerre est enregistrée comme étant la musique la plus ancienne de l’Antiquité. Cette musique est notée sur un vase. Ce dernier a été peint vers la fin du V^e siècle avant notre ère et est maintenant exposé au musée d’Éleusis, à Athènes. Dans une scène de combat, une Amazone alerte ses compagnes au moyen d’une trompette. Autour d’elle se retrouvent cinq syllabes : TO, TO, TE, TO et TH. Celles-ci correspondent aux do, do, sol, do et mi. Cette notation spécifique n’était pas destinée à documenter formellement l’œuvre musicale, mais plutôt à aider les musiciens à interpréter et à reproduire la fanfare de manière pratique et directe.

La salpinx dans la culture 

La salpinx est mentionnée dans la littérature, mais figure peu dans les œuvres musicales et artistiques.

La salpinx dans la littérature 

Cette trompette apparaît pour la première fois dans la littérature au VIII^e siècle avant notre ère. Dans l’épopée grecque Iliade et Cypria, le son de cet outil musical a servi à déclencher le brandissement de l’épée du héros légendaire Achille. 

Il est dit que le guerrier de cœur ne peut ignorer l’appel de la trompette. Dans « La Bibliothèque » d’Apollodore, Ulysse partit à la recherche d’Achille et le trouva en jouant de cet instrument.

La salpinx n’est mentionnée qu’une seule fois dans l’Iliade d’Homère. Le texte décrit comment la voix puissante d’Achille, comparable à l’éclat d’une trompette lors d’une attaque ennemie, provoqua la panique parmi les Troyens. Dans cette même œuvre, le guerrier grec Stentor est défini comme ayant une voix exceptionnelle, aussi puissante que cinquante autres réunies. Par ailleurs, l’expression « avoir une voix de Stentor » fait référence à une voix puissante.

Il est important de noter que la trompette n’est véritablement apparue dans la littérature qu’au VI^e siècle avant notre ère, dans les œuvres du poète lyrique grecque Bacchylide et dans les monuments.

La salpinx dans les jeux olympiques anciens

En raison de son intensité sonore, la salpinx était peu adaptée à l’art. Cependant, des concours de trompette, particulièrement populaires en Béotie (Grèce-Centrale), ont vu le jour dès le V^e siècle av. J.-C.

Un siècle plus tard, elle fit son entrée dans les jeux olympiques antiques. Son évaluation se basait principalement sur sa puissance sonore plutôt que sur son aspect musical. L’art du clarino, un jeu mélodique, n’était pas une caractéristique de l’Antiquité. L’objectif était uniquement de se faire entendre le plus loin possible.