Spécificités culturelles et musicales du sabar
La transmission (orale) du savoir autour de ces percussions incombe au père ou à l’oncle paternel chez les Wolofs. Ce dernier se charge de la formation du percussionniste appelé « gewel » dans la langue locale. Dès son plus jeune âge, l’apprenti frappe un tambour, connu sous le nom de « tama », pour travailler ses premiers rythmes. Fabriqué par l’enfant lui-même, ce modèle est composé d’une boîte de conserve recouverte d’un sac en plastique en guise de membrane. La validation des compétences s’effectue généralement dans deux circonstances : à l’occasion des répétitions ou de l’échauffement avant les événements.
La polyvalence s’avère un critère important dans le sabar. Les musiciens maîtrisent obligatoirement l’ensemble des tambours. Un chef d’orchestre guide le groupe à travers des gestes précis et des appels à rythmes. Ces derniers respectent des règles strictes et un ordre spécifique de succession.
L’appel
Les rythmes d’appels sont des « bak » (phrase) et des « xardin ». Ils ne sont pas prévus pour être dansés, mais plutôt pour convier le public à se joindre à la fête.
L’ouverture
Les quatre rythmes suivants annoncent l’ouverture de la danse et de la cérémonie. Il s’agit du « farudjar », du « ceeb un jén » (rapide et destiné aux jeunes danseuses), du « sabar » et du « kaolack ».
La pause
Une pause se révèle nécessaire après cette ouverture du bal, permettant au chef d’orchestre d’identifier les nobles ayant répondu à l’invitation.
La reprise
Les rythmes appelés « mbabas », « coumba lawbé gassa » et « yaba » (lent et réservé aux danseuses âgées) sont lancés pour continuer la fête.
L’enfant apprenti peut jouer de son tama à ce moment. Il peut interpréter les deux premiers rythmes de cette partie de la cérémonie, ainsi qu’un autre baptisé « gnari gorong ».
Répertoire du sabar
Le sabar se caractérise par un répertoire riche, grâce aux différents sons possibles, à savoir :
- l’aigu : par le nder, un long tambour de soliste ;
- le médium : par le mbëng-mbëng (accompagnement mbalax), par le tungune (accompagnement touli) ;
- le sourd : par le thiol (base rythmique) ;
- la basse : par le lamb (tambour major) ;
- le sec : par le gorong yégué et le gorong mbabass.
Les danses et les rythmes font partie intégrante de ce répertoire traditionnel. Ils traversent les époques et continuent d’être réinventés par ceux qui sont appelés « grands maîtres tambours ».
Place du sabar dans l’univers musical
Le sabar doit sa grande renommée à d’illustres musiciens qui ont mis un point d’honneur à perpétuer la tradition, tout en s’ouvrant à la modernité.
Parmi les tambourinaires pionniers figurent notamment :
- Boun Abass Guèye, réputé pour son accompagnement dans les combats de lutte dans lesquels il exécute des rythmes d’intimidation et d’auto-encouragement ;
- Pape Mboup et Djogoye Mbaye dont la réputation n’est plus à faire (des fêtes traditionnelles jusqu’au monde du football, sans oublier les scènes internationales) ;
- Doudou Ndiaye Rose, connu pour avoir joué un rôle prépondérant dans la diffusion mondiale de ce genre de rythmes grâce à « CD Djabote » ;
- Lama Bouna Mbass Guèye, qui a dirigé l’Ensemble lyrique traditionnel du Sénégal (fin des années soixante).
Toutes les occasions sont propices au jeu du sabar, qu’il s’agisse de fêtes familiales, de cérémonies traditionnelles ou de manifestations diverses (culturelles, politiques, sportives, etc.). Les maîtres tambourinaires sont sollicités lors :
- des annonces de la nuit de noces ou de la virginité de l’épouse ;
- des tournois de lutte ;
- des fêtes de quartier ;
- des circoncisions ;
- etc.
En somme, ces percussions rythment les petits et les grands événements du Sénégal, surtout jusqu’à son indépendance, proclamée en 1960.
La nouvelle génération compte, entre autres, Omar Pène et Coumba Gwalo Seck, ainsi que le groupe Cheikh M’Baye and Sing Sing Rhythm. Ils ont porté haut le flambeau du rythme mbalax moderne. D’autres artistes brillent également sur la scène actuelle, à l’instar de Kourkou, Arona Ndiaye ou encore Idrissa Guèye.
Cette liste de percussionnistes modernes est non exhaustive, car cet art ne cesse d’évoluer et d’attirer de nouveaux adeptes.