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Sabar

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Caractéristiques du sabar

  • Classification : instrument de percussion
  • Pays d’origine : Afrique de l’Ouest
  • Matériaux : bois de dimb pour le corps, bois de tamarinier pour la baguette, peau de chèvre pour la membrane, bois pour les chevilles, coton pour les mèches, matière synthétique pour le cordage
  • Tessiture : aiguë, médium et grave
  • Genre de musique : mbalax, traditionnel, contemporain
  • Musiciens célèbres : Doudou Ndiaye Rose (1930 – 2015), Cheikh M’Baye and Sing Sing Rhythm (1987)
  • Chanson emblématique : danse du faux lion (traditionnelle)

Tout savoir sur le sabar : sa description, son histoire, sa place dans la culture, son fonctionnement, son apprentissage, son réglage et son achat

« Sabar » est un mot polysémique. Les Wolofs (une ethnie d’Afrique de l’Ouest) l’utilisent pour désigner un genre de musique, un style de danse et une fête traditionnelle. Le terme renvoie également à un ensemble d’instruments de musique : des tambours de différentes tailles. Toutes ces définitions sont reliées et intrinsèques à l’identité des Wolofs, des Sérères (centre-ouest du Sénégal) et des Lébous (Cap-Vert).

Description du sabar

Le sabar fait partie de la famille des percussions, et se compose de cinq types de tambours. Ceux-ci se ressemblent au niveau de leur aspect général, mais des différences en termes de tailles et de fonctions permettent de les distinguer. Ils sont fabriqués à partir de bois de dimb, un arbre à fût de la famille des Fabacées, scientifiquement appelé Cordyla pinnata. Terme pluriel, le sabar se présente sous la forme d’un cône, mais la nuance des sonorités de chaque tambour dépend de ses caractéristiques spécifiques. Par exemple, certains sont ouverts à la base, d’autres à moitié pleins et d’autres encore entièrement fermés. Leurs fonctions en tant que soliste ou en accompagnement dépendent de ces détails techniques.

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Caractéristiques principales

En règle générale, un sabar mesure 45 à 65 cm de haut sur un diamètre compris entre 25 et 30 cm. Il est taillé dans un tronc évidé, se présentant ainsi comme une sorte de fût en bois. Il comporte 6 ou 7 trous percés sur son bord. Ces fentes accueillent les chevilles (pegs) en bois, de 6 à 10 cm, qui fixent la peau de chèvre recouvrant une des parties convexes. Reprenant la technique de fabrication des instruments du même genre, le sabar présente aussi des petites cordes autour de la peau. Celles-ci passent par des petites entailles, et ont pour principale fonction le réglage des accords. 

Le percussionniste, traditionnellement un griot, utilise une baguette souple en bois de soump (Balanites aegyptiaca) ou dattier du désert. Cet accessoire, appelé galan en wolof, peut aussi être fabriqué à partir de bois de l’arbre qui produit le tamarin (Tamarindus indica). 

Cet ensemble de percussion est couramment utilisé au Sénégal et en Gambie, entre autres. 

Variantes de sabar

Chaque tambour sabar donne des rythmes variés en fonction de son rôle dans l’ensemble. Les variantes de plus en plus nombreuses évoluent à travers le temps. Toutefois, certaines demeurent basiques et se retrouvent dans la plupart des cérémonies. Il convient de distinguer quatre variantes principales.

Instrument de base

Le mbëng-mbëng constitue l’élément de base de la formation musicale sabar, servant ainsi de référence pour le rythme. Conçu pour s’adapter aux débutants, il est apprécié pour la stabilité de sa rythmique. Cette percussion assure une fonction d’accompagnement, principalement le mbalax, un rythme musical populaire au Sénégal. Elle se décline en deux versions, à savoir le mbëng-mbëng tungoné (gamme des aigus) et le mbëng-mbëng bal (basses). 

Chef d’orchestre

Sabar du soliste, le nder ou ndeer assure le rôle de chef d’orchestre. Il est identifiable à sa forme plus allongée et plus grande que les autres composants du groupe. 

Ancêtre

Surnommée « le grand-père », le lambe ou choll représente l’ancêtre de ces tambours. Il se détermine par sa tonalité sourde, sa forme de tonneau à fût et sa taille considérable. Ce modèle est fermé à sa base. 

Ténor

Le gorong talmbat montre des aspects similaires au choll, mais se révèle un peu plus étroit. Il constitue le ténor du sabar. 

Autres modèles à connaître

D’autres types existent, comme le khine, ayant davantage une vocation spirituelle plutôt que musicale. Il se reconnaît à sa taille plus courte et à son ouverture plus large. Néanmoins, cette variante tend à disparaître. 

D’autre part, un modèle plus récent a fait son apparition dans les années cinquante. Le gorong yeguel (inventé par Doudou N’diaye Rose) se démarque par sa spécificité : la possibilité de jouer assis. En effet, les autres tambours se jouent debout. 

Histoire du sabar 

La longue portée sonore du sabar en a fait un moyen de communication entre les villages. Le son pouvait se répandre jusqu’à une quinzaine de kilomètres. Ce groupe de percussions occupe une place notable dans les fêtes traditionnelles, mais aussi dans les rituels thérapeutiques. Ses situations d’usage varient selon les ethnies. Ces tambours résonnent dans les mariages, les naissances, les circoncisions et les baptêmes. Ils sont inséparables des occasions comme le simb ou la danse du faux lion, un spectacle traditionnel sénégalais. Par ailleurs, le ndëpp est propre à l’ethnie des Lébous qui utilise le sabar dans des rites de guérison.

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Organisation du sabar

Il est intéressant de noter qu’en dehors du Sénégal et de la Gambie, ce type d’instrument de percussion est moins répandu. Les autres pays de l’Afrique de l’Ouest penchent pour le djembé. L’autre fait marquant concerne la large diffusion de la danse éponyme dans plusieurs territoires africains. Toutefois, le Mali interdit sa performance en 2001, voyant dans ce type de chorégraphie un côté « indécent ».

Les rôles sont bien répartis dans le sabar. Les hommes jouent des percussions et les femmes exécutent des danses et des chants. Celles-ci sont également chargées d’organiser l’événement en s’occupant de la recherche de l’endroit, du recrutement des musiciens et de la logistique. La cérémonie se déroule en après-midi, en extérieur. Elle porte un autre nom (tànnêbeer) lorsqu’elle est organisée pendant la nuit. 

Néanmoins, l’ensemble forme un tout inséparable et constitue une occasion importante qui réunit la communauté. Par son caractère rituel, le jeu du sabar était autrefois réservé aux griots. Ces personnes font partie d’une caste professionnelle endogame et sont dotées de pouvoirs surnaturels. Aujourd’hui, la pratique est plus accessible, s’accompagnant d’une évolution en termes de jeu, de rythmes et d’usages.

Spécificités culturelles et musicales du sabar

La transmission (orale) du savoir autour de ces percussions incombe au père ou à l’oncle paternel chez les Wolofs. Ce dernier se charge de la formation du percussionniste appelé « gewel » dans la langue locale. Dès son plus jeune âge, l’apprenti frappe un tambour, connu sous le nom de « tama », pour travailler ses premiers rythmes. Fabriqué par l’enfant lui-même, ce modèle est composé d’une boîte de conserve recouverte d’un sac en plastique en guise de membrane. La validation des compétences s’effectue généralement dans deux circonstances : à l’occasion des répétitions ou de l’échauffement avant les événements. 

La polyvalence s’avère un critère important dans le sabar. Les musiciens maîtrisent obligatoirement l’ensemble des tambours. Un chef d’orchestre guide le groupe à travers des gestes précis et des appels à rythmes. Ces derniers respectent des règles strictes et un ordre spécifique de succession.

L’appel

Les rythmes d’appels sont des « bak » (phrase) et des « xardin ». Ils ne sont pas prévus pour être dansés, mais plutôt pour convier le public à se joindre à la fête.

L’ouverture

Les quatre rythmes suivants annoncent l’ouverture de la danse et de la cérémonie. Il s’agit du « farudjar », du « ceeb un jén » (rapide et destiné aux jeunes danseuses), du « sabar » et du « kaolack ».

La pause

Une pause se révèle nécessaire après cette ouverture du bal, permettant au chef d’orchestre d’identifier les nobles ayant répondu à l’invitation.

La reprise

Les rythmes appelés « mbabas », « coumba lawbé gassa » et « yaba » (lent et réservé aux danseuses âgées) sont lancés pour continuer la fête. 

L’enfant apprenti peut jouer de son tama à ce moment. Il peut interpréter les deux premiers rythmes de cette partie de la cérémonie, ainsi qu’un autre baptisé « gnari gorong ».

Répertoire du sabar

Le sabar se caractérise par un répertoire riche, grâce aux différents sons possibles, à savoir :

  • l’aigu : par le nder, un long tambour de soliste ;
  • le médium : par le mbëng-mbëng (accompagnement mbalax), par le tungune (accompagnement touli) ;
  • le sourd : par le thiol (base rythmique) ;
  • la basse : par le lamb (tambour major) ;
  • le sec : par le gorong yégué et le gorong mbabass.

Les danses et les rythmes font partie intégrante de ce répertoire traditionnel. Ils traversent les époques et continuent d’être réinventés par ceux qui sont appelés « grands maîtres tambours ». 

Place du sabar dans l’univers musical

Le sabar doit sa grande renommée à d’illustres musiciens qui ont mis un point d’honneur à perpétuer la tradition, tout en s’ouvrant à la modernité. 

Parmi les tambourinaires pionniers figurent notamment :

  • Boun Abass Guèye, réputé pour son accompagnement dans les combats de lutte dans lesquels il exécute des rythmes d’intimidation et d’auto-encouragement ;
  • Pape Mboup et Djogoye Mbaye dont la réputation n’est plus à faire (des fêtes traditionnelles jusqu’au monde du football, sans oublier les scènes internationales) ;
  • Doudou Ndiaye Rose, connu pour avoir joué un rôle prépondérant dans la diffusion mondiale de ce genre de rythmes grâce à « CD Djabote » ;
  • Lama Bouna Mbass Guèye, qui a dirigé l’Ensemble lyrique traditionnel du Sénégal (fin des années soixante).

Toutes les occasions sont propices au jeu du sabar, qu’il s’agisse de fêtes familiales, de cérémonies traditionnelles ou de manifestations diverses (culturelles, politiques, sportives, etc.). Les maîtres tambourinaires sont sollicités lors :

  • des annonces de la nuit de noces ou de la virginité de l’épouse ;
  • des tournois de lutte ;
  • des fêtes de quartier ;
  • des circoncisions ;
  • etc.

En somme, ces percussions rythment les petits et les grands événements du Sénégal, surtout jusqu’à son indépendance, proclamée en 1960. 

La nouvelle génération compte, entre autres, Omar Pène et Coumba Gwalo Seck, ainsi que le groupe Cheikh M’Baye and Sing Sing Rhythm. Ils ont porté haut le flambeau du rythme mbalax moderne. D’autres artistes brillent également sur la scène actuelle, à l’instar de Kourkou, Arona Ndiaye ou encore Idrissa Guèye. 

Cette liste de percussionnistes modernes est non exhaustive, car cet art ne cesse d’évoluer et d’attirer de nouveaux adeptes.

Fonctionnement du sabar

Outre l’innovation apportée par Doudou N’diaye Rose, le sabar, attaché à la taille de l’exécutant, se joue généralement debout. Le percussionniste tambourine avec une main nue, tandis que l’autre main tient une baguette. 

Facture du sabar

Des règles précises régissent la fabrication de ce genre de tambour, en l’occurrence le choix de l’essence du bois et celui des personnes intervenant dans chaque étape. 

Bon à savoir

Trois éléments fondamentaux spécifient la facture, à savoir : 

  • la préparation du fût par des lawbe (communauté importante de l’ethnie peule, spécialiste du travail du bois) ;
  • la fabrication par un menuisier choisi par le gewel ;
  • l’assemblage général par les soins d’un griot.
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Processus de fabrication

Le lawbé a préalablement écorcé et creusé le bois pour lui conférer sa forme au sabar. Il sculpte un calice allongé. Le bois de dimb, particulièrement répandu dans le sud-ouest du Sénégal, compose idéalement le corps de l’instrument. Une fois l’étape de préparation terminée, le gewel achète le fût au lawbé pour le confier au menuisier de son choix.

Ce dernier chauffe à blanc une barre de fer pour percer la partie supérieure du fût. Ces trous (7 ou 8) permettent de fixer les chevilles pour la tension de la membrane. L’artisan prépare la peau de chèvre en la rasant, puis la trempe dans l’eau pour l’assouplir. Il passe ensuite au montage, en utilisant une lame de rasoir pour faire 3 entailles dans l’emplacement prévu pour les pegs. 

Ce facteur travaille aussi sur les éventuelles inscriptions, comme le nom du percussionniste à faire figurer sur la membrane. Parfois, le tambour comporte des décors et des ornements, sans forcément être dotés de significations symboliques particulières. Des cordes synthétiques maintiennent la peau tendue qui recouvre le fût. Une mèche de coton de 12 m entoure le pourtour dont le serrage varie en fonction de la sonorité recherchée. Le nombre des chevilles (7) renvoie aux 7 tambours qui constituent traditionnellement le groupe d’instruments.

Techniques de jeu du sabar

D’emblée, il est essentiel de savoir que les frappes du sabar sont des onomatopées, et chacune a un nom qui lui est propre. Autrement dit, à un son particulier correspond une frappe précise. Ensuite, le percussionniste alterne sa main nue et sa baguette dans son jeu, selon le rythme guidé par le chef d’orchestre. Ce dernier représente généralement un aîné ou un maître tambour avec une longue expérience. Lors des cérémonies traditionnelles, il est de coutume de demander l’autorisation aux esprits avant de donner le premier coup. Cette responsabilité incombe au griot.

Apprentissage du sabar

Une multitude de possibilités permet d’apprendre à jouer du sabar, comme les cours auprès d’un maître tambour natif et les vidéos disponibles sur Internet. La pratique en autodidacte par l’écoute et le visionnage de contenus multimédias représente une alternative intéressante. 

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Réglage du sabar

L’accordage de cette percussion s’effectue dès sa facture, lors du montage. La peau de chèvre tendue présente de petites incisions par lesquelles passe une mèche en coton qui sert de support des cordes. La tension et le resserrage des nœuds autour des chevilles définissent le son obtenu. Parfois, le fabricant enfonce davantage les pegs au moyen d’une pierre pour accorder selon les spécificités attendues du tambour.

Lieu d’achat

Avec un catalogue régulièrement enrichi, France Minéraux propose aux mélomanes passionnés, aux amateurs de musique et aux curieux, une grande variété de sabars.

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