Généralités
La construction de base est généralement la même pour ce type de dispositif électronique, peu importe le modèle. Il comprend une entrée jack pour recevoir le signal de l’instrument et une sortie pour renvoyer le signal traité.
Encapsulé dans un boîtier souvent métallique, parfois en plastique, le cœur de la pédale est un circuit électronique. Ce dernier a pour fonction de modifier le son afin d’obtenir l’altération sonore désirée. Un interrupteur, souvent un bouton poussoir, active ou désactive l’effet, tandis qu’une diode électroluminescente indique son état.
Outre le contrôle au pied, des boutons supplémentaires permettent d’ajuster les paramètres manuellement. La pédale est alimentée soit par courant électrique, soit par piles. Certains modèles peuvent offrir des fonctionnalités plus complexes, dont une intégration MIDI, des systèmes de sauvegarde de presets ou des ports USB.
Spécificités de la pédale de pitch shift
La pédale de pitch shift est basée sur l’effet de « changement de hauteur », réglant le signal d’origine à un ton plus haut ou plus bas. Elle se décline en deux types. La version monophonique ne permet que la transposition d’une note. En revanche, celle polyphonique est capable de transposer plusieurs notes à la hauteur voulue, sans en modifier la durée.
Les potentiomètres de l’appareil sont :
- l’intervalle de transposition, exprimé en demi-tons ;
- la proportion de signal non traité ou dry.
À la différence de l’octaver, le pitch shifter est un effet numérique. Outre son intégration dans les pédales, il peut aussi se décliner sous forme de plug-in audio ou de rack.
Origine et histoire de la pédale de pitch shift
Au fil du temps, le pitch shifting a connu une évolution remarquable, tant dans sa sophistication technique que dans sa diversification d’applications.
Les débuts de l’effet
Entre 1940 et 1950, des compositeurs français, britanniques et néerlandais ont appliqué l’effet dans leurs œuvres grâce à des bandes magnétiques. Par ailleurs, il est retrouvé dans la bande originale de « Planète interdite », un film sorti en 1956. La mélodie a été composée par les artistes américains Louis et Bebe Barron.
L’année 1953 marque la sortie du Eltro information rate changer. Cet appareil est le premier de son genre à être capable de changer respectivement la vitesse et la hauteur d’un son, à partir d’un magnétophone à bandes. Il a servi à des fins musicales, notamment dans les sons de publicité. Aussi, il a trouvé un usage utile dans « 2001, l’Odyssée de l’espace », apparu en 1968, réalisé par Stanley Kubrick. Dans ce film, il a été employé pour diminuer petit à petit la voix de Douglas Rain, qui incarnait l’ordinateur CARL (HAL 9000).
La naissance d’appareils dédiés à l’effet
En 1950, le compositeur français Pierre Schaeffer dirige la conception d’appareils permettant une transposition plus précise du son sur bande magnétique, dont le phonogène. Ce dispositif est un lecteur de bande magnétique contrôlé par un clavier, dont la vitesse varie. Plus tard, en 1963, avec son équipe, il a perfectionné le phonogène universel, capable de modifier la hauteur des notes sans altérer leur vitesse.
Entre 1970 et 1980, l’apparition des premiers échantillonneurs numériques dans la production musicale apporte quelques changements. Ces outils ont la particularité d’effectuer du pitch shifting et du time stretching de façon indépendante. Cette deuxième technique transforme la durée du son sans en altérer la hauteur.
Le premier modèle d’harmoniseur a été créé par l’entreprise Eventide en 1975. Ce type de pitch shifter fusionne le son modifié avec l’original pour produire une harmonie à deux voix au minimum.
En 1989, le fabricant américain Digitech a sorti la WH-1 Whammy ou la whammy originale. À l’époque, elle était l’unique pédale de pitch shift disponible sur le marché. Cet appareil s’est démarqué par la présence de footswitch, servant à contrôler l’effet. Les autres équipements se présentaient sous forme de racks, qui étaient plus coûteux. Depuis, d’autres exemplaires sont sortis, avec des paramètres supplémentaires ainsi qu’une fonction polyphonique. Jusqu’à présent, cette marque reste la plus populaire.
Place de la pédale de pitch shift dans la culture
Le pitch shifter est intégré dans de nombreux domaines, non seulement dans la musique, mais aussi dans les films d’animation.
Le pitch shifter à la télévision
Ce dispositif a été utilisé dans de nombreux dessins animés afin de produire des voix d’animaux. Des exemples marquants incluent les voix accélérées du groupe virtuel d’animation américain Alvin and the Chipmunks. Les tons aigus des personnages Tweety et Daffy Duck ont aussi été modulés avec une pédale de pitch shift.
Dans les années 1970, les rediffusions d’émissions comme « I Love Lucy » ont été accélérées afin de diffuser davantage de publicités pendant les interruptions commerciales. L’harmoniseur Eventide H910 a servi à ramener les voix des personnages à la normale.
Trey Parker et Matt Stone, les créateurs de la série d’animation South Park, ont aussi appliqué le pitch shifting à la plupart de leurs personnages tout au long de la série.
Le pitch shifter dans la musique
Chuck Berry fut l’un des premiers utilisateurs du changement de hauteur dans la musique. Il l’a employé en vue de rajeunir sa voix.
De nombreux disques du groupe britannique The Beatles, sortis entre 1966 et 1967, ont été réalisés en enregistrant des pistes instrumentales un demi-ton plus haut et les voix plus basses. Cet effet se remarque dans leurs chansons « Rain », « I’m Only Sleeping » et « When I’m Sixty-Four ».
Dans l’intro de la chanson « Seven Nation Army » du duo américain The White Stripes, le guitariste Jack White joue d’une guitare électrique via une pédale de pitch shift réglée à une octave en dessous.
D’autres artistes marquants ont intégré l’effet dans leurs chansons, dont le musicien électronique Burial et le groupe de death métal Goregrind. De même, le symbole de l’amour, Prince, a modifié sa voix dans la chanson « Camille » grâce à cette technique.
Dans la liste se trouvent également Tom Morello, guitariste du groupe de rock américain Rage Against The Machine. Il a eu recours à la pédale de whammy dans la reproduction de sons hip-hop. Par la suite, l’appareil est devenu partie intégrante de son style sonore. Enfin, David Gilmour, Matthew Bellamy, Jonny Greenwood, John Scofield et Ed O’Brien comptent aussi parmi les utilisateurs de ce modèle les plus connus.