L’orgue liturgique portatif à soufflet dans les jeux de cirque
L’orgue connaît une expansion significative en Grèce et dans la Rome antique, devenant un élément majeur des fêtes païennes et des jeux de cirque. Il est dorénavant doté d’une quinzaine de « tuyaux » en roseau de différentes longueurs et d’un système de tirettes en bois pour produire la note. Cette version portative préfigure le futur clavier.
Vers le VIIIe siècle, une soufflerie activée par le musicien lui-même remplace l’hydraule encombrante. L’instrument devient ainsi entièrement à vent, éliminant le besoin d’eau pour son fonctionnement. Autour de l’an 750, à l’époque grégorienne, il se répand en Occident dans les abbayes, les églises et les cathédrales, introduisant un clavier à la place des tirettes.
L’invention du clavier
L’orgue se distingue comme le premier instrument à clavier de l’histoire. Au début, ce composant était doté de petites lames de bois coulissantes. Il nécessitait une action manuelle pour produire ou arrêter la note. L’idée d’utiliser des ressorts de rappel, en roseau ou en métal, est également attribuée à Ctésibios. Ce n’est qu’au XIIIe siècle que l’abrégé et le clavier à touches font leur apparition. Par la suite, il a progressivement évolué vers le clavier moderne actuel, couvrant de 2 à 5 octaves, voire plus. Actuellement, cet élément comprend 61 notes. Les modèles les plus avancés peuvent comporter jusqu’à cinq claviers.
Les innovations : orgue positif, grand orgue et grandes orgues
Les tubes, de formes et de dimensions variées, sont organisés en jeux, avec des innovations telles que le « grand orgue » installé au fond de l’église. Le « petit orgue » de chœur devient le « positif », et est positionné au bord de la tribune. L’invention des « accouplements » permet de jouer simultanément sur les deux orgues avec un seul clavier. Cette technique spécifique a ainsi donné naissance aux « grandes orgues ». Aujourd’hui, un orgue d’église peut compter entre 1 000 et 30 000 tuyaux.
L’invention du pédalier d’orgue à tuyaux
Au XIVe siècle, le pédalier a vu le jour. Il s’agit d’un véritable clavier permettant à l’organiste de jouer des parties musicales dans les registres graves avec les pieds. Actuellement, cet élément majeur comporte 32 notes, une caractéristique en place depuis environ un siècle. L’orgue liturgique a ainsi conquis une place de plus en plus prestigieuse au fil des siècles. Évoluant constamment, il a su s’imposer comme l’instrument roi des églises et des cathédrales.
La création du buffet
Le buffet de l’orgue sert à la fois d’ornement, de protection pour les nombreux tuyaux intérieurs, de mécanisme de transmission et de sommier. Il joue également le rôle de « porte-voix » et de résonateur. Il est alors un élément essentiel de l’esthétique et de la fonctionnalité de l’instrument.
Orgue d’église dans la culture
L’orgue se révèle être un instrument prédestiné à la composition et à l’orchestration. Cette particularité est due à la richesse de ses jeux et de ses possibilités de registration. La présence d’un pédalier permettant de jouer une ligne supplémentaire constitue également un atout majeur. C’est une des raisons pour lesquelles de remarquables organistes se sont rapidement révélés être de grands compositeurs. Les noms prestigieux, tels que François Couperin ou Louis-Nicolas Clérambault, entre autres, sont intimement associés à la musique d’orgue. Grâce à ces artistes, l’histoire de cet instrument reste mondialement connue jusqu’à nos jours.
Répertoire de la musique d’orgue d’église
La musique de ce type d’orgue constitue un répertoire spécialement composé pour être uniquement interprété avec l’instrument. Il est important de noter que l’improvisation est une composante inhérente à la culture des organistes, en plus de la composition. Il s’agit d’ailleurs de deux arts très proches, ce qui explique pourquoi la plupart des compositeurs de musique d’orgue sont également des organistes. Les noms de Titelouze, Frescobaldi, Couperin, Lebègue, Buxtehude, Pachelbel, Grigny, Clérambault et Bach, entre autres, se trouvent en tête de liste.
Jean-Sébastien Bach à l’orgue
Jean-Sébastien Bach occupe une place à part dans l’histoire de l’orgue d’église. Maître incontesté de cet instrument, il prend en charge toute la musique de l’église après son mariage avec Maria Barbara en 1707. Expert formé par le facteur J. Balthazar Held, Bach s’implique non seulement dans la réparation, mais aussi dans la construction et l’expertise. En plus de jouer de manière exceptionnelle, il assimile la facture de l’instrument, contribuant tout au long de sa vie à son optimisation.
Virtuose largement reconnu, Bach exerce une influence majeure sur la fabrication d’orgue au XVIIIe siècle. Tout au long de sa carrière, il écrit d’innombrables compositions connues et reconnues, comprenant préludes, fantaisies, toccatas et fugues. On n’oublie pas non plus les concertos, les sonates, les chorals et les passacailles qui témoignent de son génie incontesté dans tous les domaines de la composition.