À son apogée, la musette baroque n’était pas uniquement réservée pour la musique de chambre. Elle jouait également un rôle majeur dans des compositions plus vastes telles que des opéras. Elle était, alors, associée à des thèmes pastoraux mettant en scène des bergers et des paysans. Cependant, après la Révolution française, cet aérophone a rapidement perdu sa popularité, tandis que des formes plus simples de cornemuse demeurent privilégiées.
À partir des années 1970, l’approche « interprétation historiquement informée » a émergé. Cette méthodologie consiste à interpréter et à exécuter des œuvres musicales, de manière à refléter les pratiques et les styles de l’époque à laquelle la musique a été composée. Elle a ouvert la voie à la redécouverte de compositions majeures. Parmi celles-ci figurent « Pastor Fido » de Chédeville, une adaptation des « Quatre Saisons » de Vivaldi. Il en est de même pour la musique de chambre de Boismortier, et même l’opéra-ballet « Les Fêtes d’Hébé » de Rameau. Cette approche a permis d’apprécier ces œuvres dans leur forme originale.
Répertoire de la musette de cour
La musette de cour a occupé une place particulière dans le paysage musical du XVIIe siècle. Elle était à la fois prisée des professionnels, des ensembles musicaux de la cour, des familles nobles, ainsi que des amateurs passionnés. Cette diversité d’audience a façonné un répertoire éclectique, allant de transcriptions d’airs populaires à des créations plus exigeantes des compositeurs renommés de l’époque.
La musique dédiée à l’instrument s’étend des danses folkloriques simples aux chansons d’opéras contemporains. Le traité de Borjon de Scellery et la Méthode de Hotteterre, deux ouvrages historiques importants sur la musette baroque démontrent cette diversité. Elle n’est pas conçue pour un jeu en solo, mais trouve sa place dans les duos et dans les sonates en trio. Les éditions modernes, souvent adaptées pour la flûte à bec, offrent une opportunité contemporaine de découvrir ce riche répertoire. Ils soulignent le fait que l’expérience complète doit inclure l’écoute des drones comme prévu par les artistes.
Des compositeurs, dont Bâton, Boismortier, Buterne, Chédeville (l’Aîné et le Cadet), Corrette, Delavigne, et Rameau, ont contribué à varier le répertoire de la musette. L’intérêt pour cet instrument semble s’être concentré principalement chez les compositeurs français. Cependant, des références se retrouvent également dans des œuvres telles que les suites orchestrales de Telemann.
Les traités de Borjon de Scellery et la Méthode de Hotteterre, tout en divergeant dans leurs approches, ont laissé un héritage pédagogique essentiel. Le premier, axé sur le grand chalumeau, propose des exemples allant des danses populaires aux chansons. Le second couvre l’étendue complète de l’instrument, avec des compositions originales visant à développer les compétences des musiciens. Ces ouvrages laissent entendre que leurs lecteurs résidaient probablement dans des régions où les fabricants et les mentors étaient facilement accessibles (Paris ou d’autres grandes villes provinciales).
Fonctionnement de la musette de cour
La musette de cour offre des possibilités sonores riches, tout en posant des défis significatifs à ses interprètes. Sa particularité réside dans sa sensibilité aux variations de pression de l’air, qui agissent différemment sur les anches des chalumeaux et des bourdons. La maîtrise de cet aspect devient impérative pour éviter toute altération des notes.
Dotée d’un doigté fermé, conforme aux pratiques de la cornemuse, cet aérophone permet des articulations musicales variées, notamment le lié, le détaché et le staccato. Il est également possible d’effectuer des ornementations sophistiquées comme les « battements », les « tremblements » et les « flattements ». Ces nuances subtiles, minutieusement exécutées par les doigts du joueur, ont un rôle crucial dans l’expressivité de l’instrument.
La musette de cour produit un volume relativement bas. Toutefois, sa sonorité lui permet de se faire entendre distinctement, que ce soit au sein d’un orchestre baroque complet, ou en accompagnement d’un chant. En raison de sa complexité, elle a du mal à être un instrument comme le violon ou la flûte, ce qui la rend unique.
Dans le contexte des opéras baroques, elle est utilisée de manière sélective, apparaissant sporadiquement dans certains mouvements. Cette approche souligne sa singularité au cœur de de la composition musicale.
Conservation de la musique de la musette de cour
La richesse musicale de la musette de cour est préservée à travers des œuvres originales et des recueils significatifs qui témoignent de son importance historique. Parmi les ouvrages notables, la « Méthode de Hotteterre » se distingue comme l’un des livres les plus influents consacrés à cet instrument. Ce recueil renferme des exemples tirés d’opéras populaires, offrant ainsi un éventail des possibilités musicales de cet aérophone. De plus, il couvre l’ensemble de la gamme, offrant aux musiciens une ressource complète pour leur apprentissage.
Le « Traité de Borjon de Scellery » constitue aussi une source précieuse. Cet ouvrage propose une compilation d’éléments essentiels comprenant des chansons et des airs de danse. Ces deux références majeures mettent à disposition des musiciens des tablatures spécifiques, ainsi que des notations standard, facilitant la transmission et l’interprétation du répertoire.
Par ailleurs, un ensemble de 120 livrets de partitions datant de 1720 à 1760 offre une variété de sonates et de concertos spécialement adaptés à la musette de cour. Cette collection met en avant l’effervescence créative et l’engouement pour cet instrument au cours de cette période.
Le dictionnaire de musique établi par Léon et Marie Escudier en 1872 contribue également à l’enrichissement de la compréhension de cet aérophone. Il le décrit comme un air en 6/8, caractérisé par un mouvement lent et une basse en soutien.
Ces références fournissent un cadre solide pour l’exploration et la préservation du répertoire de la musette. Elles soulignent son importance dans l’histoire de la musique baroque.