D’autres modèles sont manufacturés avec du cuir de bovin. Deux à quatre pièces sont cousues entre elles pour former une poche oblongue. À l’extrémité est fixé un manche en bois. L’utilisation de clous est parfois requise pour que l’assemblage soit solide.
Avec l’industrialisation, les maracas sont fabriquées en plastique. D’autres modèles sont en bois. Pour rester dans le principe de l’artisanat local, le cuir fait toujours partie des matières premières sélectionnées.
En ce qui concerne les éléments intérieurs, les graines de Canna edulis (le canna comestible) et de Canna indica (le canna des Indes) sont souvent intégrées dans ces instruments. Les graines d’Abrus precatorius (abrus à chapelet) peuvent aussi être exploitées. Toutefois, elles sont hautement toxiques. La consommation d’une demi-graine broyée peut s’avérer mortelle. Les cailloux sont une autre option courante.
Ces instruments existent en différentes versions. Les plus petites et les plus aiguës sont les cascabelina ou cascabel. En revanche, celles de grande taille produisent un son plus grave. Elles sont appelées macho.
Histoire des maracas
Les maracas existaient déjà avant la découverte de l’Amérique et l’arrivée des esclaves africains. Elles étaient utilisées par les peuples indigènes : les Quechuas, les Aztèques, les Mayas et les Incas. Ces instruments accompagnaient les chants traditionnels. À l’époque des Taïno (ethnie amérindienne), des percussions similaires étaient fabriquées à partir de figues, les fruits de higuera ou figuier commun, dont le nom scientifique est Ficus carica. Ces derniers étaient préalablement vidés.
Vers la fin du XIXe siècle, les maracas sont désormais considérées comme un instrument de musique à part entière, servant de conducteur de rythme. Cette valorisation a été initiée à Cuba, dans l’actuelle province de Santiago. En ces temps-là, les Européens les appelaient les « boules de rumba ». Celles-ci étaient remplies de graines, de morceaux de bois et même de résidus de munitions.
Pour profiter de la reconstruction des villes, la population rurale, qui ne se séparait jamais de ces percussions, migre vers les agglomérations après la guerre d’indépendance de Cuba (1868 – 1878). Très vite, ces instruments de musique sont devenus des figures emblématiques de la musique cubaine.
Maracas : place dans la musique et dans la culture
Les maracas constituent un pilier de la formule instrumentale dans certaines musiques. Avec la harpe et le cuatro venezolano, elles sont utilisées pour jouer le joropo, un genre musical populaire au Venezuela. Ce dernier fait partie de la música llanera ou « musique jouée dans les plaines ».
À Cuba, ces instruments sont indispensables aux orchestres de salsa. Dans ce cadre, ils sont surtout attribués aux chanteurs. Ces percussions sont également utilisées pour donner un rythme qui leur est propre dans le bolero, une autre musique cubaine.
En Colombie, les maracas sont un symbole de la musique traditionnelle : la cumbia. Lorsqu’elles viennent par paire, le maraquero les manipule individuellement. Ces instruments servent à marquer les contretemps dans cette musique à quatre temps. Ils se distinguent par leur taille imposante, comprise entre 15 et 20 cm. De ce fait, elles sont appelées maracón.
La maraca est associée à la flûte gaita dans la cumbia des gaiteros de San Jacinto. Chaque instrument est tenu dans une main, la percussion dans la droite et l’aérophone dans la gauche. Dans cette musique, dite afro-colombienne, des tambours viennent appuyer le contretemps caraïbéen typique. Ces derniers sont le llamador, l’alegre et la tambora.
Au-delà de leurs fonctions dans la musique, les maracas se retrouvent dans les événements religieux. Leur rôle principal est d’invoquer les esprits ou les divinités. Selon les croyances, elles possèdent un caractère magique. Cette hypothèse est appuyée par la mise en place de plantes symboliques dans la conception de l’instrument. Dans les rituels, celles-ci sont également utilisées pour la création de breuvage. Ces différents aspects marquent la cohérence et la communion avec la nature. Toutefois, cette idéologie tend à être masquée par la fonction artistique de l’instrument. Malgré cela, certaines communautés continuent de prôner les valeurs spirituelles de ce dernier.